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Convention ouverte MTA

La convention ouverte de transfert de matériel ou open materials transfer agreement (nom officiel en anglais, communément abrégé OpenMTA), est un accord juridique qui fixe les conditions légales de transfert de matériel biologique lancé avec un commentaire publié dans la revue Nature Biotechnology en octobre 2018[1]

Convention ouverte MTA
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Logo de la convention OpenMTA − Open Material Transfer Agreement
DerniĂšre version (en)

L'OpenMTA s'inscrit dans le mouvement OpenWetWare (en)

Cette convention vise à régler par accord explicite entre deux parties, celle qui produit un matériel biochimique et celle qui souhaite réutiliser ce matériel. Dans cette forme de contractualisation, les normes et les politiques de propriété intellectuelle et propriété industrielle dans le domaine de la biologie synthétique (notamment des plantes qui est le champ premier abordé par le projet OpenMTA) viennent poser des problÚmes de libre échange et utilisation des productions. L'Open Material Transfer Agreement (OpenMTA) a été conçu pour servir d'outil juridique pour le partage de parties d'ADN et d'autres matériaux biologiques, facilitant le partage sans propriété intellectuelle des outils et informations de base tout en ne posant pas d'entrave à la commercialisation de nouvelles ressources avancées[2].

« Les fondateurs expliquent que de nombreux réactifs sont produits dans les universités et publiés mais jamais brevetés. Cependant, lorsque l'industrie demande ces réactifs, la réponse innée est l'incertitude quant aux droits. L'organisation des autorisations et de la distribution peut s'avérer complexe et fastidieuse selon leur expérience[3]. »

Principe de l’agrĂ©ment

Il s'agit d'échanger du matériel biochimique sans intermédiaire avec des rÚgles claires et brÚves de contractualisation consentie librement entre deux parties prenantes, ainsi qu'une relative gestion de la distribution à des tiers a posteriori. Ce procédé entend se détacher de l'usage des brevets tout en considérant ceux-ci comme facteurs influençant la circulation des matériels biochimiques.

« Cette disposition a Ă©tĂ© incluse pour assurer la flexibilitĂ© et la stabilitĂ© dans l'utilisation de l'OpenMTA parce que, comme c'est le cas pour tous les accords de transfert de matĂ©riel, le transfert de matĂ©riel spĂ©cifique peut ĂȘtre soumis Ă  des lois, rĂšgles et rĂšglements qui dĂ©pendent du contexte, de la juridiction et peuvent changer avec le temps (par exemple, les obligations d'accĂšs et de partage des avantages dĂ©coulant de la Convention sur la biodiversitĂ© et du Protocole de Nagoya). »

L'OpenMTA comprend Ă©galement un terme « fourre-tout » facultatif prĂ©cisant que les informations relatives au statut du matĂ©riel sont fournies dans une piĂšce jointe. Ce terme optionnel, suggĂ©rĂ© au cours du processus d'examen itĂ©ratif comme moyen de saisir les circonstances uniques ou imprĂ©vues, pourrait ĂȘtre utilisĂ© pour notifier au destinataire toute obligation supplĂ©mentaire qui pourrait s'appliquer Ă  l'utilisation du matĂ©riel (par exemple, les utilisations spĂ©cifiĂ©es dans les revendications de brevet). Enfin, Ă©tant donnĂ© que l'OpenMTA comprend la mĂȘme disposition de « non garantie » que celle prĂ©vue dans l'UBMTA et d'autres accords types, les bĂ©nĂ©ficiaires restent responsables de la conduite de leur propre diligence raisonnable pour l'utilisation des matĂ©riaux dans leur juridiction[4].

L'esprit et l'objectif

Cette convention par agrément vise à la fois à simplifier des échanges de matériels lui préexistant et couvrir d'autres usages d'échanges jusqu'alors non explicitement couverts.

Si la personne destinataire souhaite utiliser ou licencier le matériel ou les modifications à des fins commerciales, cette perssone destinataire accepte, avant une telle utilisation, de négocier de bonne foi avec la personne qui fournit pour établir les termes d'une licence commerciale. Cela n'exclut pas nécessairement une utilisation commerciale. Herzog explique : "Si nous voulons utiliser le matériel reçu avec une UBMTA à des fins commerciales, nous devons négocier de bonne foi avec le fournisseur"[5]

Son histoire

Trois types d'accords de transfert de matériel (Material transfer agreement (en)) sont les plus courants dans les établissements universitaires :

  • le transfert entre Ă©tablissements universitaires ou de recherche ;
  • le transfert de l'universitĂ© vers l'industrie ;
  • le transfert de l'industrie vers l'universitĂ©.

Chacun d'entre eux prévoit des conditions différentes.

Pour les transferts dits simples n'impliquant pas de propriĂ©tĂ© intellectuelle, le National Institutes of Health (NIH) recommande un Simple Letter Agreement. Pour les matĂ©riels biologiques qui peuvent ĂȘtre brevetĂ©s ou pour lesquels une protection accrue est souhaitĂ©e, l'Accord uniforme de transfert de matĂ©riel biologique (UBMTA)[6]peut ĂȘtre mis en Ɠuvre. De nombreux Ă©tablissements d'enseignement amĂ©ricains ont signĂ© l'accord-cadre UBMTA. L'AUTM (anciennement l'Association of University Technology Managers) sert de dĂ©positaire des accords-cadres UBMTA originaux et tient Ă  jour la liste des signataires.

Les matĂ©riels biologiques, tels que les rĂ©actifs, les lignĂ©es cellulaires, les plasmides, les sondes et marqueurs biologiques et les enzymes sont les matĂ©riels les plus frĂ©quemment transfĂ©rĂ©s, mais les accords de transfert de matĂ©riel peuvent Ă©galement ĂȘtre utilisĂ©s pour d'autres types de matĂ©riels, tels que les composĂ©s chimiques, les modĂšles de souris d'expĂ©rimentation et mĂȘme certains types de logiciels.

« Parmi les Accords de transfert de matĂ©riels les plus couramment utilisĂ©s, il existe deux limitations majeures au transfert de matĂ©riel qui ne sont souvent ni utiles ni souhaitĂ©es, a dĂ©clarĂ© M. Kahl. PremiĂšrement, les matĂ©riaux transfĂ©rĂ©s ne peuvent normalement pas ĂȘtre partagĂ©s avec des tiers. Et deuxiĂšmement, toute utilisation commerciale est expressĂ©ment interdite. Ruth Herzog, cheffe du dĂ©partement de transfert de technologie au Centre allemand de recherche sur le cancer (DKFZ) Ă  Heidelberg[7]. »

En juin 2017, Twist Bioscience et la Fondation BioBricks lancĂšrent un partenariat pour fournir 10 000 gĂšnes Ă  une communautĂ© de pratique de la biologie synthĂ©tique[8]. Selon les termes de l'accord, la Fondation BioBricks (BBF) finançait la synthĂšse de 10 000 gĂšnes provenant de Twist Bioscience. La BBF avait Ă  charge un forum en ligne gratuit et ouvert pour l'animation des interactions entre chercheuses, chercheurs Ă  travers le monde.

L'objectif Ă©tait de permettre Ă  une communautĂ© de personnes de proposer collectivement et de hiĂ©rarchiser 10 000 gĂšnes pour la synthĂšse ab initio d'ADN. Les gĂšnes proposĂ©s devant ĂȘtre vĂ©rifiĂ©s du point de vue de la sĂ©curitĂ© biologique, mĂ©dicale et sanitaire, de l'adĂ©quation technique et des Ă©ventuelles revendications de brevet par des tiers. Ces gĂšnes seront ensuite synthĂ©tisĂ©s et mis Ă  la disposition de l'ensemble de la communautĂ© de biologie synthĂ©tique dans le cadre de l'accord de transfert de matĂ©riel ouvert (OpenMTA) venant ainsi complĂ©ter les ressources juridiques dans le champ de la Bio-brique, notamment avec le l'Accord « BioBricks Public Agreement » datant de 2009.

L'accord ouvert de transfert de matériel (OpenMTA) est publié dans la revue Nature Biotechnology en octobre 2018. D'abord maintenu en publication web sur son nom de domaine dédié, le brouillon de cet accord est ensuite mis à disposition en version sur une page web de BioBricks Foundation. Il est également expliqué sur une autre page web du site OpenPlant.

Les dépositaires de la Déclaration de Panama pour la science ouverte, dont la version initiale a été créée lors du Forum CILAC [9], en octobre 2018, par un groupe organisé par la Fondation Karisma (es) promeuvent l'usage de la convention OpenMTA[10]

En 2020, en contexte de pandémie de Maladie à coronavirus 2019, la convention ouverte MTA est utilisée pour partager des ressources et du matériel biochimique dans la cadre de l'initiative Reclone[11] - [12] - [13] - [14]

Contexte

Depuis l'émergence de la description du vivant au niveau cellulaire, et ensuite à niveau génétique, la propriété intellectuelle et la propriété industrielle ont toujours apporté des lots de questions et de problÚmes sur l'utilisation du vivant.

« En dĂ©cernant, le 10 dĂ©cembre, le prix Nobel de mĂ©decine 2002 Ă  Sydney Brenner, H. Robert Horvitz et John Sulston pour leurs dĂ©couvertes sur la rĂ©gulation gĂ©nĂ©tique du dĂ©veloppement des organes et de la mort programmĂ©e des cellules, l’AcadĂ©mie Nobel de Stockholm rĂ©compense aussi trois des principaux acteurs de la formidable entreprise scientifique qui aboutira, courant 2003, Ă  la mise dans le domaine public de l’intĂ©gralitĂ© de la sĂ©quence du gĂ©nome humain. Une issue qui n’allait pas de soi, face aux appĂ©tits suscitĂ©s par les brevets gĂ©nĂ©tiques.[15] »

Au dĂ©but des annĂ©es 1980, un dĂ©bat sur les statuts juridiques du vivant se dĂ©roule sur les scĂšnes nationales et internationales. L’un des grands organismes internationaux de propriĂ©tĂ© intellectuelle, l’Office europĂ©en des brevets (OEB) prend des dĂ©cisions sujettes Ă  controverse concernant la reconnaissance des droits des peuples autochtones. Pourtant tous les États signataires de la Convention sur le brevet europĂ©en ont adoptĂ© la DĂ©claration des droits des peuples autochtones (DNUDPA) de 2007. Ce qui n’empĂȘche pas la biopiraterie de la Quinine de Cayenne[16] - [17], Quassia amara.

Depuis le dĂ©but des annĂ©es 1990, de nombreux instruments lĂ©gaux[18] et Ă©thiques ont Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©s Ă  l’échelle internationale dans plusieurs États pour encadrer les pratiques d’accĂšs, d’utilisation et de valorisation des savoirs. Ce cadre lĂ©gal est par ailleurs largement discutĂ© au sein de l’Organisation mondiale de la propriĂ©tĂ© intellectuelle (OMPI), en charge de l’élaboration d’un traitĂ© international dans ce domaine.

Par corollaire de cette histoire et avec la progression des sciences et techniques du vivant, les problÚmes s'étendent aux partages et à la commercialisation de matériel biologique et chimique.

Les coûts de transaction liés à l'acquisition et à l'obtention de l'autorisation d'utiliser des matériels biochimiques constituent un obstacle logistique et juridique important pour la recherche universitaire et le développement commercial des biotechnologies[19].

« Seuls 32 des 381 rĂ©pondants (8 %) ... ont menĂ© des recherches au cours des deux annĂ©es prĂ©cĂ©dentes en utilisant ... des connaissances couvertes par un brevet d'une autre personne. ... Personne n'a dĂ©clarĂ© avoir abandonnĂ© une ligne de recherche. Ainsi, sur 381 scientifiques universitaires, mĂȘme en incluant les 10 % qui affirment faire du dĂ©veloppement de mĂ©dicaments ou des travaux en aval connexes, aucun n'a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© par l'existence de brevets de tiers. Extrait traduit depuis Walsh, Cho and Cohen, 2005 »


Des dépÎts centralisés tels que l'Addgene ont contribué à rationaliser la distribution des matériels biochimiques dans la recherche universitaire avec collaboration[20]. Cependant, le partage, l'accÚs libre aux matériels biochimiques avec leurs données, leurs compositions et leurs méthodes de fabrication reste problématique pour les chercheuses et chercheurs des institutions à but non lucratif ou lucratif, ainsi que pour toute autre personne qui souhaiterait développer des applications non commerciales ou commerciales.

Le projet Open Insulin Project (en) (Insuline ouverte), débuté en 2015, est l'un des exemples phares de positionnement technique, philosophique, juridique, face à ces enjeux parcourus depuis au moins quarante ans.

Les termes

Les termes de l’agrĂ©ment par convention sont disponibles en anglais sur le site web[21] de l'Addgene.

Les termes sont présentés dans une articulation en cinq parties :

  • Une introduction concernant l'accord ouvert de transfert de matĂ©riel
  • Un paragraphe de dĂ©finitions des sĂ©mantiques des termes en neuf points (personne qui fournit, bĂ©nĂ©ficiaire, modifications de substances, fins commerciales possibles
)
  • Un paragraphe sur les conditions de cet accord ouvert en sept points (utilisation, attribution, distribution, frais, absence de licence implicite, responsabilitĂ©, fourniture sans garantie)
  • Les conditions supplĂ©mentaires concernant la personne bĂ©nĂ©ficiaire qui s'engage Ă  mentionner de maniĂšre appropriĂ©e la source du matĂ©riel dans toutes les publications, la personne destinataire qui s'engage Ă  informer la personne qui fournit lors de la redistribution du matĂ©riel Ă  des tiers.
  • Une lettre nominative signĂ©e entre les deux parties concernĂ©es par l'accord, contenant Ă©galement une clause sur de possibles frais engagĂ©s pour le transfert ou la rĂ©ciprocitĂ©.

Références

  1. Opening options for material transfer. Linda Kahl, Jennifer Molloy, Nicola Patron, Colette Matthewman, Jim Haseloff, David Grewal, Richard Johnson & Drew Endy. Nature Biotechnology volume 36, pages923–927(2018)
  2. Towards an Open Material Transfer AgreementOPENPLANT IP WORKING GROUP REPORT PDF
  3. Towards an Open Material Transfer AgreementOPENPLANT IP WORKING GROUP REPORT (PDF)
  4. Opening options for material transfer Linda Kahl, Jennifer Molloy, Nicola Patron, Colette Matthewman, Jim Haseloff, David Grewal, Richard Johnson & Drew Endy − Nature Biotechnology volume 36, pages923–927(2018)
  5. labojournal.de du 19/03/2019 Ruth Herzog, chef du département de transfert de technologie au Centre allemand de recherche sur le cancer (DKFZ) à Heidelberg dans labojournal.de
  6. Uniform Biological Material Transfer Agreement, dated March 8, 1995 for the Transfer of Materials between Non-Profit Institutions and an Implementing Letter for the Transfer of Biological Material
  7. Kompliziert, sicher, unverschÀmt? (19.03.2019).
  8. Twist Bioscience : and the BioBricks Foundation Announce First-of-its-Kind Partnership to Provide 10,000 Public-Benefit Genes to the Synthetic Biology Community. . Twist Bioscience and the BioBricks Foundation Announce First-of-its-Kind Partnership to Provide 10,000 Public-Benefit Genes to the Synthetic Biology Community
  9. Latin America and the Caribbean Open Science Forum - CILAC 2018
  10. DECLARACIÓN DE PANAMÁ SOBRE CIENCIA ABIERTA
  11. Reclone initiative, focus : OpenVent (DNA Polymerase)
  12. reclone initiative, focus : Research in Diagnostics Toolkit
  13. reclone initiative, focus : Bst Large Fragment
  14. reclone initiative, focus : MMLV reverse transcriptase
  15. Le gĂ©nome humain sauvĂ© de la spĂ©culation − Histoire d’une aventure scientifique et politique. Monde Diplomatique, dĂ©cembre 2002, pages 28 et 29
  16. DĂ©bat : La biopiraterie ou le vol des savoirs ancestraux. The Conversation, 6 mars 2018− Thomas Burelli et Leandro Varison.
  17. « En Guyane, des laboratoires pharmaceutiques exploitent, sans rétribution, la médecine traditionnelle des amérindiens. » Médecine d'outre-mer, Guyane. France TV, 2018 réalisé par : Antonin Broutard.
  18. Traditional Knowledge, Traditional Cultural Expressions & Genetic Resources Laws. Find laws, treaties and regulations on the protection of traditional knowledge (TK), traditional cultural expressions (TCEs) and genetic resources (GRs). https://www.wipo.int/tk/en/databases/tklaws/
  19. Walsh, Cho & Cohen, from the Bench: Patents and Material Transfers. Science. 2005;309:2002–2003 https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/16179461/
  20. Kamens, 2014 "Addgene: Making Materials Sharing ‘‘Science As Usual’’" https://www.researchgate.net/profile/Joanne_Kamens/publication/268230698_Addgene_Making_Materials_Sharing_Science_As_Usual/links/54807eec0cf20f081e72575f.pdf
  21. Addgene MTA: OpenMTA , https://www.addgene.org/agreement/9/

Voir aussi

Liens externes

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