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Constitution du 22 frimaire an VIII

La Constitution du 22 frimaire an VIII est le texte constitutionnel adopté le 13 décembre 1799 et instaurant le Consulat dans le cadre de la Première République. Elle consacre le désir d'ordre de la bourgeoisie et celui de pouvoir personnel de Napoléon Bonaparte.

Constitution du 22 frimaire an VIII
Description de cette image, également commentée ci-après
Présentation
Titre Constitution du 13 décembre 1799
Pays Drapeau de la France République française (Consulat)
Type Constitution
Branche Droit constitutionnel
Adoption et entrée en vigueur
Adoption 13 décembre 1799
Promulgation 28 février 1800
Entrée en vigueur 22 décembre 1799
Abrogation 1802

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Adoption

Bonaparte, après le refus du Conseil des Cinq-Cents de réviser la Constitution de l'An III, fait le coup d'État du 18 brumaire an VIII et prend le pouvoir avec Sieyès et Roger Ducos, établissant un consulat provisoire.

Il élabore avec Sieyès une nouvelle Constitution destinée à assurer un pouvoir exécutif fort et concentré dans les mains de Bonaparte. Les assemblées ont désigné chacune une commission pour les affaires judiciaires courantes et pour la préparation d'une nouvelle constitution. De nombreuses séances ont lieu en novembre et début décembre, Bonaparte intervient pour accélérer les choses.

La constitution de l'An VIII est rĂ©digĂ©e en 11 jours par Daunou, qui appartient Ă  la sociĂ©tĂ© des idĂ©ologues (des rĂ©publicains libĂ©raux hostiles au jacobinisme). Elle est adoptĂ©e le 13 dĂ©cembre 1799 et prĂ©sentĂ©e au public deux jours plus tard. Elle entre en vigueur dès le , sous le sceau de l'urgence, avant mĂŞme d'ĂŞtre ratifiĂ©e par un plĂ©biscite qui se dĂ©roule pendant 15 jours, et dont les rĂ©sultats officiels sont rendus publics le . Officiellement, le texte fondamental aurait Ă©tĂ© approuvĂ© par 3 011 107 citoyens contre 1 562, sur environ 6 millions d'inscrits sur les listes Ă©lectorales. Mais l'historien Claude Langlois dĂ©montre en 1972 que les rĂ©sultats du plĂ©biscite ont Ă©tĂ© massivement falsifiĂ©s par Lucien Bonaparte, frère du Premier Consul. Cette Constitution n'en est pas moins promulguĂ©e le .

Nouvel ordre constitutionnel

La constitution de l'An VIII marque une rupture avec les constitutions précédentes. Elle permet à Napoléon d'exercer un pouvoir personnel en maintenant une illusion de démocratie. C'est un texte avant tout technique qui définit principalement les pouvoirs du Premier Consul.

Ainsi comme le souhaite Sieyes, « l'autorité vient d'en haut et la confiance d'en bas ».

L'absence de déclaration des droits

Contrairement aux Constitutions républicaines précédentes, on ne trouve pas de déclaration des droits et des libertés. Cependant certains droits sont affirmés dans les dispositions générales, comme l'inviolabilité du domicile pour rassurer la bourgeoisie, la sûreté des personnes et le droit de pétition.

Le système électoral

Le suffrage universel masculin est instauré mais le système électoral ne permet pas l'expression des citoyens. En effet, les élections sont supprimées, les citoyens n'élisent pas de représentants mais se bornent à présenter des listes de notabilités. Ce sont des listes de candidats à partir desquelles les membres des Assemblées, les consuls et les fonctionnaires seront nommés ou élus par le Gouvernement ou par le Sénat.

Le suffrage universel est à trois degrés.

  1. Les électeurs de chaque canton désignent 1/10e d'entre eux pour constituer la liste d'arrondissement. Cette liste permet de choisir les fonctionnaires de l'arrondissement. Ces membres désignent encore 1/10e d'entre eux pour constituer la liste départementale.
  2. La liste départementale permet de choisir les fonctionnaires du département. Ces membres désignent encore 1/10e d'entre eux pour constituer la liste nationale.
  3. La liste nationale permet de choisir les fonctionnaires nationaux dont les membres du Corps législatif et du Tribunat.

De plus, la durée de séjour exigée d'un étranger pour prétendre à la citoyenneté française s'accroît : ce ne sont plus sept ans mais dix ans, soit deux fois plus que le délai prévu par la Constituante (1791).

La réalité du pouvoir personnel

La constitution apparaît comme taillée pour Bonaparte, qui est, fait rarissime, désigné explicitement par la Constitution comme Premier Consul. Il y a toujours trois consuls mais contrairement au Directoire, les deux autres n'ont plus qu'un pouvoir consultatif. La désignation de cinq citoyens nommés (Bonaparte, Cambacérès, Lebrun, Sieyès et Roger-Ducos) limite de fait l'applicabilité du texte à l'espérance de vie des intéressés.

Les pouvoirs du Premier Consul sont considérables. Il nomme aux principales fonctions publiques et il a un certain pouvoir d'initiative en matière législative. De même, il se retrouve doté de pouvoirs importants pour la diplomatie et en matière militaire.

Les organes constitutionnels

L'exécutif marginalisé pendant la Révolution détient désormais la réalité du pouvoir, aidé en cela par le rôle du Conseil d'État. Le législatif est affaibli par sa division entre trois Assemblées : le Sénat conservateur, le Tribunat et le Corps législatif.

Constitution an VIII et de l'Empire français.

Gouvernement par trois consuls

Il y a trois consuls nommés pour dix ans et indéfiniment rééligibles par le Sénat. Le deuxième et le troisième consul ne pouvant que faire connaître leur avis, la réalité du pouvoir appartient au Premier Consul qui a aussi une grande part du pouvoir législatif. Il propose et promulgue les lois, nomme et révoque les ministres et les fonctionnaires et n'est responsable devant personne.

Les trois premiers consuls désignés par la Constitution de l'an VIII sont Napoléon Bonaparte, Jean-Jacques-Régis de Cambacérès, Charles-François Lebrun.

Conseil d'État

Le Conseil d'État est le conseiller juridique du gouvernement. C'est une assemblée purement technique avec entre 30 et 50 membres nommés par le Premier Consul à partir de la liste nationale.

Il est consulté par le Premier Consul pour tous les projets de loi et de règlement, car sa principale fonction est la préparation des lois. Il doit également défendre ces projets devant le Corps législatif. Celui-ci a également pour but de régler les litiges s'élevant "en matière administrative", en se restreignant néanmoins à proposer une solution au chef de l'Etat qui, dans un tel système de justice retenue, prend la décision.

Un pouvoir législatif morcelé

Le morcellement a pour but d'affaiblir le pouvoir législatif. Ses compétences sont réduites. Aucune des assemblées ne détient l'initiative des lois.

Le Tribunat

Le Tribunat est composé de 100 députés élus pour cinq ans, renouvelé par 1/5e tous les ans. Il est chargé de discuter des projets de loi et de donner son avis sans pouvoir voter. Mais le pouvoir du tribunat est à relativiser car son avis n'a pas d'incidence sur les projets de lois du gouvernement ; il ne peut en aucun cas bloquer le projet de lois en émettant un avis.

Le Corps législatif

Le Corps législatif, composé de 300 membres, vote les projets de loi sans les discuter. Les membres en sont également élus pour cinq ans et renouvelable tous les ans par 1/5e.

Le SĂ©nat conservateur

Le Sénat n'est pas au départ un organe législatif. En effet, il est chargé de maintenir la constitution en annulant les actes administratifs anticonstitutionnels. Il doit élire les membres du Corps législatif et du Tribunat à partir de la liste nationale, les juges de cassation et les commissaires à la comptabilité.

Il est composé de 80 membres. Les 60 premiers nommés par Bonaparte cooptent les 20 autres. Les membres sont inamovibles et doivent avoir au moins 40 ans. Il est composé au départ de membres cooptés, ensuite nommés sur propositions des assemblées.

Cette « assemblée des sages » va progressivement rédiger des textes législatifs, les sénatus-consultes.

Par ailleurs, le Sénat dispose d'un pouvoir constituant sanctionnateur (il vérifie la conformité des lois à la Constitution) et déterminateur (pouvoir de révision).

Consulat Ă  vie et fin du RĂ©gime

Bonaparte instaure le Consulat Ă  vie avec la Constitution du 16 thermidor An X qui renforce ses pouvoirs.

Chronologie des constitutions françaises

Notes et références

    Voir aussi

    Bibliographie

    • Soulef Ayad-Bergounioux, « De Brumaire Ă  la formation de l'État bureaucratique consulaire : le rĂ´le des rĂ©publicains conservateurs », Annales historiques de la RĂ©volution française, no 378,‎ , p. 51-72 (ISSN 0003-4436, lire en ligne).
    • Sylvain Bloquet, « La genèse de la constitution de l'an VIII et ses ultimes modifications manuscrites : 1. ConfĂ©rence de la minute authentique de la Constitution de l'an VIII avec ses ultimes projets manuscrits ; 2. Élaboration des dispositions de la Constitution de l'an VIII ; 3. Minute originale de la Constitution de l'an VIII », Napoleonica. La Revue, no 25 « Du politique : constitutionnel, religieux, impĂ©rial, militaire, local »,‎ , p. 5-93 (DOI 10.3917/napo.025.0005, lire en ligne).
    • Pierre Bodineau et Michel Verpeaux, Histoire constitutionnelle de la France, Paris, Que sais-je ?, coll. « Que sais-je ? Droit » (no 3547), , 6e Ă©d., 127 p. (ISBN 978-2-7154-0320-8), « Le retour Ă  l'ordre : 1799-1815 », p. 34-46.
    • Jean Bourdon, La constitution de l'An VIII, Rodez, Carrère, , 125 p. (prĂ©sentation en ligne), [prĂ©sentation en ligne], [prĂ©sentation en ligne].
      (Thèse complémentaire, Université de Paris, Faculté des lettres.)
    • Malcolm Crook, « Les rĂ©actions autour de Brumaire Ă  travers le plĂ©biscite de l'an VIII », dans Jean-Pierre Jessene (dir.), Du Directoire au Consulat 3. Brumaire dans l'histoire du lien politique et de l'État-nation, Publications de l'Institut de recherches historiques du Septentrion, , 633 p. (ISBN 9782490296064, lire en ligne), p. 323-331.
    • Claude Goyard, « Constitution de l'an VIII », dans Jean Tulard (dir.), Dictionnaire NapolĂ©on, vol. 1 : A-H, Paris, Fayard, , 977 p. (ISBN 2-213-60485-1), p. 519-524.
    • Claude Langlois, « Le plĂ©biscite de l'an VIII, ou le coup d'État du 18 pluviĂ´se an VIII », Annales historiques de la RĂ©volution française, no 207,‎ , p. 43-65 (ISSN 0003-4436, lire en ligne).
    • Claude Langlois, « Le plĂ©biscite de l'an VIII, ou le coup d'État du 18 pluviĂ´se an VIII (suite) », Annales historiques de la RĂ©volution française, no 208,‎ , p. 231-246 (ISSN 0003-4436, lire en ligne).
    • Claude Langlois, « Le plĂ©biscite de l'an VIII, ou le coup d'État du 18 pluviĂ´se an VIII (suite) », Annales historiques de la RĂ©volution française, no 209,‎ , p. 390-415 (ISSN 0003-4436, lire en ligne).
    • SĂ©bastien Le Gal, « La suspension du Droit en RĂ©volution, entre volontĂ© de rupture et permanence d'une tentation : l'article 92 de la Constitution de l'an VIII », dans Le droit et les institutions en RĂ©volution, XVIIIe – XIXe siècles : actes de la table ronde, Bastia, 9-, du RĂ©seau de laboratoires d'histoire des idĂ©es et des institutions politiques, Aix-en-Provence, Presses universitaires d'Aix-Marseille, coll. « Collection d'histoire des institutions et des idĂ©es politiques » (no 29), , 286 p. (ISBN 2-7314-0468-X), p. 59-73.
    • Johan Menichetti, « L'Ă©criture de la constitution de l'An VIII : quelques rĂ©flexions sur l'Ă©chec d'un mĂ©canisme rĂ©volutionnaire », Napoleonica. La Revue, no 18 « Diplomatie, Droit, et Histoire des Arts »,‎ , p. 68-83 (DOI 10.3917/napo.133.0068, lire en ligne).
    • Serge Velley, « Une constitution trop « vivante » ? Heurs et malheurs de la constitution du 22 frimaire an VIII () », Napoleonica. La Revue, no 33 « SpĂ©cial Consulat »,‎ , p. 51-66 (DOI 10.3917/napo.033.0051, lire en ligne).

    Articles connexes

    Liens externes

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