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Constante de Michaelis

La constante de Michaelis (popularisée par le travail de Leonor Michaëlis (1875-1949) et Maud Menten (1879-1960)), ou Km, est une constante caractérisant une réaction enzymatique. C'est l'un des deux paramètres d'une enzyme, utilisé dans le modèle de cinétique enzymatique simplifié de Michaelis-Menten, l'autre étant la constante catalytique kcat de l'enzyme (également appelée turnover number, ou TON). Le Km correspond à la valeur de la concentration de substrat pour laquelle la vitesse de réaction enzymatique est égale à la moitié de la vitesse maximale Vmax.

Cette constante qui a la dimension d'une concentration (mole/litre) est reliée de la constante de dissociation de l'enzyme pour son substrat, mais n'est en général pas strictement égale à la constante de dissociation enzyme/substrat, mais est plus élevée que celle-ci.

Km et activité enzymatique

La constante de Michaelis Km est la concentration en substrat pour laquelle la vitesse initiale de la réaction est à la moitié de la vitesse initiale maximale. Cette constante est une concentration, elle a la même unité : mol.L-1.

La constante de Michaelis est une caractéristique de l'enzyme. Souvent, les Km des différentes enzymes sont adaptés à la concentration intracellulaire de leur substrats.

  • Plus le Km est Ă©levĂ©, plus la concentration de substrat nĂ©cessaire Ă  une activitĂ© importante de l'enzyme est Ă©levĂ©e. Cela traduit en gĂ©nĂ©ral une faible affinitĂ© de l'enzyme pour son substrat. On observe ceci pour les enzymes dont les substrats sont en concentration Ă©levĂ©e dans leur environnement, ou qui ont un spectre de substrat large et qui possèdent un Km relativement Ă©levĂ©. Par exemple les protĂ©ases.
  • Plus le Km est faible, plus l'activitĂ© enzymatique maximale est atteinte pour un faible niveau de concentration de substrat. L'affinitĂ© de l'enzyme pour le substrat est forte. Il s'agit en gĂ©nĂ©ral d'enzyme sĂ©lectives et/ou très actives. C'est par exemple le cas des peroxydases, qui doivent dĂ©grader des composĂ©s toxiques, dès des niveaux de concentration très faibles.

Modèle de Michaelis-Menten

Considérons ce schéma cinétique : .
Soit :

  • E + S → ES, la rĂ©action 1, de constante de vitesse du second ordre k1 ;
  • ES → E + S, la rĂ©action -1, de constante de vitesse du premier ordre k-1 ;
  • ES → E + P, la rĂ©action 2, de constante de vitesse du premier ordre k2 (parfois aussi appelĂ©e kcat, car il s'agit de l'Ă©tape catalytique) ;

où E désigne l'enzyme, S le substrat, ES le complexe enzyme/substrat et P le produit.

On cherche à calculer la vitesse de la réaction Vi= d[P]/dt = k2 [ES] au début de la réaction (vitesse initiale) et dans des conditions où cette vitesse est stationnaire (indépendante du temps).

  • Au dĂ©but de la rĂ©action, la concentration en substrat n'a pas encore eu le temps de varier significativement, on peut donc considĂ©rer qu'elle est constante, ce qui simplifie les calculs. De plus, la concentration en produit de la rĂ©action est encore petite, ce qui permet de nĂ©gliger la rĂ©action inverse et Ă©ventuellement l'inhibition de l'enzyme par le produit.
  • Si la vitesse de la rĂ©action est constante (stationnaire), cela implique que [ES] est constant, soit d[ES]/dt = 0. On appelle cette approximation l'Approximation de l'État Quasi-Stationnaire (AEQS). Cette hypothèse est justifiĂ©e par le fait que la concentration en enzyme est petite par rapport aux concentrations en substrat et produit, et donc la concentration en n'importe quel intermĂ©diaire catalytique est petite, et cette concentration ne peut pas varier beaucoup en valeur absolue.

Soit [E]T, la concentration totale d'enzyme, alors : [E]T = [E] + [ES], ce qui est Ă©quivalent Ă  : [E] = [E]T - [ES].
L'hypothèse de stationnarité implique:
k1 [E][S] - (k-1 [ES] + k2 [ES]) = 0
⇔ k1 [E]T[S] - k1 [ES][S] - (k-1 [ES] + k2[ES]) = 0
⇔ [ES] (k1 [S] + k-1 + k2) = k1 [E]T[S]
⇔ [ES] = k1 [E]T[S] / (k1 [S] + k-1 + k2) = [E]T / (1+(k-1+k2/k1 [S])).
Or Vi = k2 [ES] = k2 [E]T / (1+(Km/[S]).

Si pose Vmax = k2 [E]T , alors:

Avec :

  • : Concentration en substrat (en mol/L) ;
  • : vitesse initiale (c’est-Ă -dire en absence de produit) de la rĂ©action enzymatique pour une concentration de substrat (en µmol/min) ;
  • : Vitesse initiale maximale mesurĂ©e pour une concentration saturante de substrat (en µmol/min) ;
  • La constante cinĂ©tique k2 est aussi appelĂ©e constante catalytique kcat, ou frĂ©quence de turnover de l'enzyme. C'est le nombre maximum de rĂ©actions qu'une molĂ©cule d'enzyme peut catalyser par seconde.
  • : Constante de Michaelis spĂ©cifique de l'enzyme. C'est la concentration en substrat pour laquelle la vitesse initiale de la rĂ©action est Ă©gale Ă  (en mol/L). Elle correspond Ă  la constante de dissociation apparente du substrat. Il faut toutefois noter que la constante de Michaelis n'est pas rigoureusement une constante d'Ă©quilibre. Selon le mĂ©canisme ci-dessus, la constante de Michaelis est Km = (k-1 + k2)/k1, et sa valeur s'Ă©carte donc de celle de la constante de dissociation k-1/k1.

Graphiquement, l'Ă©quation de Michaelis est une branche d'hyperbole.

Constante de Michaelis et inhibiteurs

Un inhibiteur compétitif augmente la constante de Michaelis et donc diminue l'affinité.
Un inhibiteur non compétitif pur ne fait pas varier la constante de Michaelis mais varie vmax.
Un inhibiteur mixte (ou incompétitif) peut faire augmenter ou diminuer la constante de Michaelis et fait varier vmax.

Voir aussi

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