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ConquĂȘte militaire

La conquĂȘte est l'acte de dominer militairement une armĂ©e ennemie par la force des armes[1] - [2].

Vassili Verechtchaguine, ApothĂ©ose de la guerre, 1871 : l'Ɠuvre est dĂ©diĂ©e Ă  « tous les conquĂ©rants, passĂ©s, prĂ©sents et Ă  venir ». Il s'agit d'une pile de crĂąnes dans un dĂ©sert.

L'histoire militaire offre de nombreux exemples de conquĂȘtes : la conquĂȘte romaine de la Grande-Bretagne, la conquĂȘte de l'empire maurya sur l'Afghanistan, la conquĂȘte espagnole de l'Empire aztĂšque et les conquĂȘtes musulmanes, parmi maints autres. La conquĂȘte normande de l'Angleterre constitue un exemple : fondĂ©e sur des relations culturelles, elle conduit Ă  la domination du royaume d'Angleterre et place Guillaume le ConquĂ©rant sur le trĂŽne d'Angleterre en 1066.

La conquĂȘte peut nourrir des liens avec le colonialisme. Ainsi, l'Angleterre a connu des phases de conquĂȘtes et de colonisation par les Anglo-Saxons, les vikings et les Normands.

ConquĂȘtes dans l'AntiquitĂ©

Guillaume le ConquĂ©rant Ă  la tĂȘte de ses troupes Ă  la bataille d'Hastings en 1066. Tapisserie de Bayeux.

Les peuples antiques menĂšrent des guerres Ă  grande Ă©chelle qui Ă©taient, de fait, des conquĂȘtes[3].

Les amĂ©liorations de productivitĂ© dans l'agriculture n'a pas Ă©tĂ© un facteur de paix ; elle a conduit Ă  la spĂ©cialisation avec la formation d'armĂ©es de plus en plus imposantes et l'amĂ©lioration des technologies militaires. Ce facteur, joint Ă  la croissance dĂ©mographique et au contrĂŽle politique, a entraĂźnĂ© des guerres plus frĂ©quentes et plus destructrices[4]. Ainsi, des civilisations comme l'Égypte, Babylone, l'Assyrie et la Perse ont Ă©mergĂ© Ă  cause de leur militarisme, comparĂ©es Ă  des sociĂ©tĂ©s moins organisĂ©es qui les entouraient. Les opĂ©rations militaires ont pris de l'ampleur et la conquĂȘte effective est devenue possible.

MĂ©thodes de conquĂȘte

L'Empire ottoman recourt Ă  des mĂ©thodes de conquĂȘte progressive et non militaire, consistant Ă  Ă©tablir leur suzerainetĂ© sur leurs voisins puis dĂ©placer leurs dynasties rĂ©gnantes. Cette doctrine est systĂ©matisĂ©e pour la premiĂšre fois sous Halil Ä°nalcık[5]. Ce type de conquĂȘte ne repose pas sur des rĂ©volutions violentes mais procĂšde par une lente assimilation culturelle, soutenue par des instruments bureaucratiques comme des registres de la population et des ressources dans le cadre d'un systĂšme fĂ©odal de timar[6].

La migration humaine et la conquĂȘte forment un socle visible de la formation d'États modernes[7]. À mesure que l'État gagne en Ă©tendue et qu'il multiplie les Ă©changes culturels avec d'autres civilisations, certains conquĂ©rants substituent leur culture Ă  celle de leurs sujets[8].

Pillage

Le pillage est prĂ©sent en tout temps et en tout lieu Ă  l'issue d'une guerre ; les conquĂ©rants s'emparent de tous les objets de valeur qu'ils trouvent. Le dĂ©sir de possĂ©der des biens prĂ©cieux fait partie des causes les plus habituelles des guerres et des conquĂȘtes[9].

Domination

Lors de la soumission de populations vaincues, les distinctions entre classes sociales se renforcent. Les peuples conquis sont rĂ©duits en esclavage, ce qui donne lieu Ă  un division des conditions entre esclaves et personnes libres. Les esclaves sont obligĂ©s de travailler au bĂ©nĂ©fice des classes supĂ©rieures, pour qui cette servitude devient la principale source de revenus[10]. L'origine de l'État est la guerre et son existence se fonde sur l'application de la paix entre peuples conquĂ©rants et peuples conquis[11]. L'esclavage et la conquĂȘte favorisent la distinction des classes sociales et des mĂ©tiers : c'est ce qu'on appelle la division du travail[12]. La conquĂȘte transforme la sociĂ©tĂ© et la sĂ©pare entre une caste militaire au pouvoir et une caste de producteurs, infĂ©odĂ©s Ă  la premiĂšre.

Aspects culturels

AprĂšs une conquĂȘte oĂč une minoritĂ© s'impose Ă  une majoritĂ©, la minoritĂ© tend Ă  adopter la langue et la religion de la majoritĂ©, par la force du nombre et aussi parce qu'un gouvernement fort ne peut perdurer que par l'unitĂ© de ces deux facteurs[13]. Dans d'autres cas, surtout quand les conquĂ©rants instaurent et conservent des institutions culturelles ou sociales fortes, la culture conquise peut adopter les normes ou les idĂ©es issues de la culture des conquĂ©rants afin d'amĂ©liorer ses rapports avec la nouvelle caste dirigeante. Ces Ă©volutions sont souvent imposĂ©es de force aux peuples conquis, surtout lors des conquĂȘtes motivĂ©es par la religion.

Cause de migration

La conquĂȘte militaire fait partie des causes les plus durables des migrations humaines[14]. Or, les migrations et la conquĂȘte militaire participent au dĂ©veloppement politique d'un État.

DĂ©bats sur la Seconde Guerre mondiale

Des experts ont dĂ©battu sur l'existence d'une norme lĂ©gale interdisant la conquĂȘte depuis 1945[15] - [16]. Depuis 1945, peu de conquĂȘtes ont absorbĂ© de vastes pans de territoires mais des États ont continuĂ© Ă  procĂ©der Ă  des annexions de superficies limitĂ©es[16].

Notes et références

  1. Miquelon, Dale. 1977. Society and Conquest. (ISBN 0-7730-3132-4)
  2. Day, David. 2008. Conquest: How Societies Overwhelm Others. (ISBN 0-19-923934-7)
  3. Cambridge Ancient History. Vol I pg. 261, 519; Vol III, 99, 100-101 (ISBN 0-521-85073-8)
  4. Sumner, W. 1914. War Pg. 3.
  5. PĂĄl Fodor, In quest of the golden apple: imperial ideology, politics, and military administration in the Ottoman Empire, , p. 111
  6. Halil Inalcik, Ottoman Methods of Conquest, , 103–129 p. (JSTOR 1595144), chap. 2
  7. Jenks, E. 1919. The State and the Nation. pg. 121, 133, 152
  8. Wissler, C. 1923. Man and Culture. pg 42, 179.
  9. Spencer, H. 1969. Principles of Sociology I . pg. 631. (ISBN 0-208-00849-7)
  10. Gumplowicz, L. 1909. Der Rassenkampf pg. 163-175, 179-181, 219-238, 250-259
  11. Keller, G. 1902. Homeric society pg. 248
  12. Nieboer, H. 1900. Slavery as an industrial system.
  13. Smyth, R. 1878. The Aborigines of Victoria. Vol I. pg. 181
  14. Howitt, A. 1910. Native Tribes. pg. 185-186, 678, 682-683
  15. Gary Goertz, Paul F. Diehl et Alexandru Balas, The Development of Territorial Norms and the Norm against Conquest, Oxford University Press, (ISBN 978-0-19-930102-7, DOI 10.1093/acprof:oso/9780199301027.001.0001/acprof-9780199301027-chapter-5, lire en ligne)
  16. (en) Dan Altman, « The Evolution of Territorial Conquest After 1945 and the Limits of the Territorial Integrity Norm », International Organization, vol. 74, no 3,‎ , p. 490–522 (ISSN 0020-8183, DOI 10.1017/S0020818320000119, lire en ligne)

Articles connexes

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