ConquĂȘte militaire
La conquĂȘte est l'acte de dominer militairement une armĂ©e ennemie par la force des armes[1] - [2].
L'histoire militaire offre de nombreux exemples de conquĂȘtes : la conquĂȘte romaine de la Grande-Bretagne, la conquĂȘte de l'empire maurya sur l'Afghanistan, la conquĂȘte espagnole de l'Empire aztĂšque et les conquĂȘtes musulmanes, parmi maints autres. La conquĂȘte normande de l'Angleterre constitue un exemple : fondĂ©e sur des relations culturelles, elle conduit Ă la domination du royaume d'Angleterre et place Guillaume le ConquĂ©rant sur le trĂŽne d'Angleterre en 1066.
La conquĂȘte peut nourrir des liens avec le colonialisme. Ainsi, l'Angleterre a connu des phases de conquĂȘtes et de colonisation par les Anglo-Saxons, les vikings et les Normands.
ConquĂȘtes dans l'AntiquitĂ©
Les peuples antiques menĂšrent des guerres Ă grande Ă©chelle qui Ă©taient, de fait, des conquĂȘtes[3].
Les amĂ©liorations de productivitĂ© dans l'agriculture n'a pas Ă©tĂ© un facteur de paix ; elle a conduit Ă la spĂ©cialisation avec la formation d'armĂ©es de plus en plus imposantes et l'amĂ©lioration des technologies militaires . Ce facteur, joint Ă la croissance dĂ©mographique et au contrĂŽle politique, a entraĂźnĂ© des guerres plus frĂ©quentes et plus destructrices[4]. Ainsi, des civilisations comme l'Ăgypte, Babylone, l'Assyrie et la Perse ont Ă©mergĂ© Ă cause de leur militarisme, comparĂ©es Ă des sociĂ©tĂ©s moins organisĂ©es qui les entouraient. Les opĂ©rations militaires ont pris de l'ampleur et la conquĂȘte effective est devenue possible.
MĂ©thodes de conquĂȘte
L'Empire ottoman recourt Ă des mĂ©thodes de conquĂȘte progressive et non militaire, consistant Ă Ă©tablir leur suzerainetĂ© sur leurs voisins puis dĂ©placer leurs dynasties rĂ©gnantes. Cette doctrine est systĂ©matisĂ©e pour la premiĂšre fois sous Halil Ä°nalcık[5]. Ce type de conquĂȘte ne repose pas sur des rĂ©volutions violentes mais procĂšde par une lente assimilation culturelle, soutenue par des instruments bureaucratiques comme des registres de la population et des ressources dans le cadre d'un systĂšme fĂ©odal de timar[6].
La migration humaine et la conquĂȘte forment un socle visible de la formation d'Ătats modernes[7]. Ă mesure que l'Ătat gagne en Ă©tendue et qu'il multiplie les Ă©changes culturels avec d'autres civilisations, certains conquĂ©rants substituent leur culture Ă celle de leurs sujets[8].
Pillage
Le pillage est prĂ©sent en tout temps et en tout lieu Ă l'issue d'une guerre ; les conquĂ©rants s'emparent de tous les objets de valeur qu'ils trouvent. Le dĂ©sir de possĂ©der des biens prĂ©cieux fait partie des causes les plus habituelles des guerres et des conquĂȘtes[9].
Domination
Lors de la soumission de populations vaincues, les distinctions entre classes sociales se renforcent. Les peuples conquis sont rĂ©duits en esclavage, ce qui donne lieu Ă un division des conditions entre esclaves et personnes libres. Les esclaves sont obligĂ©s de travailler au bĂ©nĂ©fice des classes supĂ©rieures, pour qui cette servitude devient la principale source de revenus[10]. L'origine de l'Ătat est la guerre et son existence se fonde sur l'application de la paix entre peuples conquĂ©rants et peuples conquis[11]. L'esclavage et la conquĂȘte favorisent la distinction des classes sociales et des mĂ©tiers : c'est ce qu'on appelle la division du travail[12]. La conquĂȘte transforme la sociĂ©tĂ© et la sĂ©pare entre une caste militaire au pouvoir et une caste de producteurs, infĂ©odĂ©s Ă la premiĂšre.
Aspects culturels
AprĂšs une conquĂȘte oĂč une minoritĂ© s'impose Ă une majoritĂ©, la minoritĂ© tend Ă adopter la langue et la religion de la majoritĂ©, par la force du nombre et aussi parce qu'un gouvernement fort ne peut perdurer que par l'unitĂ© de ces deux facteurs[13]. Dans d'autres cas, surtout quand les conquĂ©rants instaurent et conservent des institutions culturelles ou sociales fortes, la culture conquise peut adopter les normes ou les idĂ©es issues de la culture des conquĂ©rants afin d'amĂ©liorer ses rapports avec la nouvelle caste dirigeante. Ces Ă©volutions sont souvent imposĂ©es de force aux peuples conquis, surtout lors des conquĂȘtes motivĂ©es par la religion.
Cause de migration
La conquĂȘte militaire fait partie des causes les plus durables des migrations humaines[14]. Or, les migrations et la conquĂȘte militaire participent au dĂ©veloppement politique d'un Ătat.
DĂ©bats sur la Seconde Guerre mondiale
Des experts ont dĂ©battu sur l'existence d'une norme lĂ©gale interdisant la conquĂȘte depuis 1945[15] - [16]. Depuis 1945, peu de conquĂȘtes ont absorbĂ© de vastes pans de territoires mais des Ătats ont continuĂ© Ă procĂ©der Ă des annexions de superficies limitĂ©es[16].
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Conquest » (voir la liste des auteurs).
- Miquelon, Dale. 1977. Society and Conquest. (ISBN 0-7730-3132-4)
- Day, David. 2008. Conquest: How Societies Overwhelm Others. (ISBN 0-19-923934-7)
- Cambridge Ancient History. Vol I pg. 261, 519; Vol III, 99, 100-101 (ISBN 0-521-85073-8)
- Sumner, W. 1914. War Pg. 3.
- PĂĄl Fodor, In quest of the golden apple: imperial ideology, politics, and military administration in the Ottoman Empire, , p. 111
- Halil Inalcik, Ottoman Methods of Conquest, , 103â129 p. (JSTOR 1595144), chap. 2
- Jenks, E. 1919. The State and the Nation. pg. 121, 133, 152
- Wissler, C. 1923. Man and Culture. pg 42, 179.
- Spencer, H. 1969. Principles of Sociology I . pg. 631. (ISBN 0-208-00849-7)
- Gumplowicz, L. 1909. Der Rassenkampf pg. 163-175, 179-181, 219-238, 250-259
- Keller, G. 1902. Homeric society pg. 248
- Nieboer, H. 1900. Slavery as an industrial system.
- Smyth, R. 1878. The Aborigines of Victoria. Vol I. pg. 181
- Howitt, A. 1910. Native Tribes. pg. 185-186, 678, 682-683
- Gary Goertz, Paul F. Diehl et Alexandru Balas, The Development of Territorial Norms and the Norm against Conquest, Oxford University Press, (ISBN 978-0-19-930102-7, DOI 10.1093/acprof:oso/9780199301027.001.0001/acprof-9780199301027-chapter-5, lire en ligne)
- (en) Dan Altman, « The Evolution of Territorial Conquest After 1945 and the Limits of the Territorial Integrity Norm », International Organization, vol. 74, no 3,â , p. 490â522 (ISSN 0020-8183, DOI 10.1017/S0020818320000119, lire en ligne)