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Conflicte lingüístic valencià

Conflicte lingüístic valencià: substitució lingüística i ideologies diglòssiques (en français : Conflit linguistique valencien : substitution linguistique et idéologies diglossiques) est un essai du sociolinguiste valencien Rafael Lluís Ninyoles publié en 1969 par Tres i Quatre. Il est considéré comme un ouvrage de référence en sociolinguistique[1].

Présentation

Dans cet essai, l'auteur s'attache à analyser les mécanismes qui ont conduit au Pays valencien à la dévalorisation puis à la marginalisation du catalan au profit du castillan. Selon Ninyoles, le processus s'est déroulé en trois grandes étapes : une première phase de diffusion dans une « direction horizontale et sélective », engagée dès le XVIe siècle, lors du vice-règne de Germaine de Foix sur la couronne d'Aragon, accentuée à la suite de la défaite des Germanías en 1523, au cours de laquelle l'aristocratie valencienne adopte le castillan comme signe de distinction prestigieux, suivie à partir du XIXe siècle d'une seconde phase de diffusion « descendante spontanée » où la langue se diffuse dans l'ensemble de la classe dominante et bureaucratique[2], et enfin une troisième phase de diffusion « coactive », fruit de la « politique assimilitioniste [menée] surtout au cours de la deuxième moitié du XXe siècle »[3] - [4], se caractérisant par un bilinguisme généralisé de tous les catalanophones et l'amorce d'un processus de substitution. Dans son essai, Ninyoles met également en évidence l'existence d'« idéologies diglossiques », et notamment la « fiction » ou le « mythe du bilinguisme »[1], représentation très diffusée dans la population qui opère une confusion entre la situation des comarques intérieures de la région, qui parlent un castillan autochtone, proche de l'aragonais, implanté lors du processus de colonisation qui a suivi la conquête du royaume de Valence au XIIIe siècle, et celle des régions catalanophones, où le castillan est issu d'un modèle importé de la cour de Castille, qui a pour effet de masquer le processus d'assimilation en cours, tout comme les discussions ou controverses relatives au nom de la langue (« catalan » ou « valencien »), à ses origines ou à ses relations avec les autres variétés de la langue catalane[5] - [6] - [7] - [8].

Le texte est considéré comme l'un des fondateurs de la sociolinguistique catalane[9]. Ninyoles introduit le concept de diglossie pour l’appliquer aux langues vernaculaires d'Europe et fait en cela figure de précurseur[1]. Il influencera notamment l'école sociolinguistique occitane qui mettra à profit des positions méthodologiques voisines[10] - [11] - [7] - [12] - [13].

Notes et références

  1. Mònica Torres, « Muere Rafael Ninyoles, el padre de la sociolingüística valenciana », El País, (lire en ligne, consulté le ).
  2. Le catalan est alors d'après Ninyoles essentiellement parlé par les membres de la bourgeoisie, de la bureaucratie, et les hommes originaires d'autres régions de l'État espagnol (essentiellement de Castille et d'Andalousie).
  3. Ninyoles 1985, p. 49
  4. Ninyoles fait ici allusion au franquisme sans le nommer (la censure franquiste était toujours en vigueur au moment de la publication du livre).
  5. Ninyoles 1985, p. 43 et s.
  6. (ca)Vicent Pitarch, Un cas singular de conflicte lingüístic: La situació actual del País Valencià, p. 44.
  7. (ca) Miquel Nicolàs Amorós (université de Valence), De la identitat del poder al poder de la identitat: algunes consideracions sobre la situació de la llengua catalana al País Valencià, Revista Catalana de Sociologia n° 20, décembre 2004, p. 79-80.
  8. Pradilla 2008, p. 68-71.
  9. Boix-Fuster et Milian-Massana 2003, p. 106
  10. La revue Lengas publiée par l'université Paul-Valéry de Montpellier fera par exemple un usage intensif de la terminologie de Ninyoles entre la fin des années 1970 et le début des années 1980.
  11. Henri Boyer, Langues en conflit : Études sociolinguistiques, Paris, L'Harmattan, coll. « Logiques sociales », , 274 p. (ISBN 2-7384-1084-7, lire en ligne)
  12. Christian Lagarde (université de Perpignan), Le « colonialisme intérieur » : d'une manière de dire la domination à l'émergence d'une « sociolinguistique périphérique » occitane, dans Cécile Van den Avenne (dir.), Revue de sociolinguistique en ligne n° 20, « Linguistiques et colonialismes », juillet 2012.
  13. (ca)Francesc Vallverdú, Hi ha o no hi ha diglòssia a Catalunya? Anàlisi d'un problema conceptual, Hemeroteca Científica Catalana, Institut d'Estudis Catalans, p. 17-18.

Voir aussi

Bibliographie

  • Emilie Boix-Fuster et Antoni Milian-Massana, Aménagement linguistique dans les pays de langue catalane, Paris, L'Harmattan, , 282 p. (ISBN 2-7475-4672-1)
  • (ca) Rafael Ninyoles, Conflicte lingüístic valencià : Substitució lingüística i ideologies diglòssiques, Valence, Eliseu Climent, coll. « L'ham », , 2e éd. (1re éd. 1969), 142 p. (ISBN 84-7502-121-2)
  • André-Louis Sanguin (dir.), Les Minorités ethniques en Europe : [actes du colloque international, Aoste, Italie, 25-27 mai 1992], Paris, L'Harmattan, , 369 p. (ISBN 2-7384-1953-4)
  • (ca) Miquel Àngel Pradilla, La tribu valenciana : Reflexions sobre la desestructuració de la comunitat lingüística, Benicarló, Onada Edicions, coll. « la nau 7 », , 150 p. (ISBN 978-84-96623-33-0).

Articles connexes

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