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Compagnie des mines de Thivencelle

La Compagnie des mines de Thivencelle était une compagnie minière qui exploitait la houille à l'aide de plusieurs fosses établies dans les communes de Fresnes-sur-Escaut et Thivencelle, tout à l'est du Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais.

Compagnie des mines de Thivencelle
Création
Disparition 1946 (Nationalisation)
Siège social Fresnes-sur-Escaut
Drapeau de la France France
Activité Houille

Vers 1837, pendant la pĂ©riode d'engouement pour les sociĂ©tĂ©s de houille, les sociĂ©tĂ©s de Thivencelle, Fresnes-Midi et CondĂ©enne effectuent des sondages dans une partie encore inexploitĂ©e du bassin, alors que le charbon y avait Ă©tĂ© dĂ©couvert quelques kilomètres plus au nord le 3 fĂ©vrier 1720 Ă  la Jeanne Colard no 1. Ces trois compagnies fusionnent, et trois concessions leur sont accordĂ©es par le dĂ©cret du , celles d'Escaupont, de Thivencelle, et de Saint-Aybert, pour une superficie de 1 546 hectares.

Plusieurs fosses sont ouvertes : l'avaleresse Bruneau et la fosse Pureur sont un échec, mais la fosse Soult no 1, ouverte en 1839 commence à produire dès l'année suivante. La fosse Soult no 2, établie dès 1839, ne voit son fonçage commencer qu'en 1845. La mise en route de la fosse Saint Pierre a connu bien des retardements, et n'a commencé à réellement produire qu'après la crise charbonnière de 1873, quand la Compagnie a eu l'occasion de le reprendre. Enfin, la fosse Saint-Aybert est la dernière à avoir été ouverte par la Compagnie, en 1925.

Lors de la Nationalisation, la Compagnie fait partie du Groupe de Valenciennes et cesse d'exister, les fosses Soult continuent d'extraire jusque 1947 puis sont affectées au service et à l'aérage de la concentration Ledoux avec les fosses Saint Pierre grand puits et Saint-Aybert. Les fosses Soult ferment en 1970, Saint-Aybert en 1956, et Saint Pierre en 1989.

Historique

Le Bureau des Mines de Thivencelle, Ă  Fresnes-sur-Escaut.

Les annĂ©es 1830 - 1840 se caractĂ©risent par un grand Ă©lan pour les entreprises industrielles de toute nature, particulièrement pour les mines de houille[E 1]. Dans le Nord, cet engouement fait suite Ă  la dĂ©couverte par la toute rĂ©cente compagnie des mines de Douchy d'un riche gisement de charbon gras[1]. Le sol, ou un vingt-sixième de cette compagnie, qui se vendait Ă  peine 2 230 francs en fĂ©vrier 1833, atteint en janvier 1834 le prix exorbitant de 300 000 francs[E 1]. Les demandes de concessions se multiplient dans la rĂ©gion (il y en aura jusqu'Ă  70 en 1837)[2]. Cette fièvre des recherches de charbon a pour consĂ©quence la crĂ©ation d'un grand nombre de compagnies ou de sociĂ©tĂ©s, dont peu finalement sont parvenues Ă  durer dans le temps[E 2].

À partir de 1837, la crise houillère encourage de nombreuses sociétés de recherches à entreprendre des sondages dans les zones non encore concédées dans les environs de Condé-sur-l'Escaut[A 1]. Les sociétés de recherches survivantes, celles de Thivencelle, Fresnes-Midi et Condéenne[E 3], ouvrent des fosses à Thivencelle et Fresnes-sur-Escaut après avoir effectué des sondages[A 1] - [E 3].

En 1838, la Compagnie Lenglet, aussi dénommée Compagnie de Fresnes-Midi implante la fosse Soult no 1 à Fresnes-sur-Escaut sur une zone que la Compagnie d'Anzin croit posséder en vertu de l'arrêté du Directoire du 29 Ventôse de l'An VII[A 1]. L'arrêté n'est pas explicite, l'ingénieur en chef chargé de la délimitation décide donc que cette dernière n'est pas possible, et qu'une nouvelle décision gouvernementale est nécessaire. Le , la Compagnie d'Anzin fait opposition à la demande de concession formulée par la Compagnie de Fresnes-Midi mais l'ordonnance royale du accorde la préférence à la nouvelle Société de Thivencelle[A 1].

Les trois compagnies fusionnent, et trois concessions leur sont accordĂ©es le : la concession d'Escaupont sur 110 hectares, la concession de Thivencelle sur 941 hectares, et la concession de Saint-Aybert sur 445 hectares, soit un total de 1 546 hectares[A 1] - [E 4].

La cité Saint Roch et polonaise, à Thivencelle.

En 1895, 565 ouvriers sont employĂ©s par la Compagnie, dont 419 au fond, et 146 au jour ; 46 105 tonnes sont produites Ă  la fosse Soult, et 100 005 tonnes Ă  Saint Pierre[A 2]. Un lavoir est installĂ© près de la fosse Soult. Une voie ferrĂ©e relie la fosse Soult Ă  son quai d'embarquement sur le canal de l'Escaut Ă  Fresnes-sur-Escaut, et Ă  la fosse Saint Pierre qui possède son propre quai d'embarquement sur le canal Mons-CondĂ©[A 2].

Après la Première Guerre mondiale, les installations sont dĂ©truites. Deux nouvelles installations de criblage-lavoir sont installĂ©es aux fosses Soult et Saint Pierre, deux centrales Ă©lectriques, ainsi que deux presses Ă  boulets, capables d'en produire 300 tonnes par jour[A 3]. Ă€ cette pĂ©riode, 880 ouvriers au fond et 414 au jour permettent Ă  la Compagnie de produire sur ses deux sites 95 900 tonnes Ă  Soult, et 90 300 tonnes Ă  Saint Pierre. La Compagnie possède aussi deux caisses de secours, 537 maisons et une Ă©cole primaire[A 3].

En 1939, la fosse Soult a produit 92 245 tonnes de charbon, et la fosse Saint Pierre 214 490 tonnes[A 3].

Les fosses

Il y a eu huit puits de mine, répartis sur cinq fosses et deux avaleresses.

Avaleresse Bruneau

50° 26′ 10″ N, 3° 38′ 37″ E[BRGM 1]

Une première fosse est tentĂ©e Ă  Thivencelle[JLH 1] (ou Crespin[BRGM 1]) en 1838[E 3] ou 1839[F 1], par la Compagnie de Thivencelle, dans une zone oĂą les morts-terrains ont une Ă©paisseur de 200 mètres[E 3]. L'avaleresse Bruneau est abandonnĂ©e la mĂŞme annĂ©e après avoir traversĂ© plus de cent mètres de craie[F 1]. Le puits, d'un diamètre de 3,30 mètres, est profond de 86 mètres[BRGM 1]. Charbonnages de France ne semble pas avoir matĂ©rialisĂ© la tĂŞte de puits, une stèle indique son emplacement, il n'est donc pas surveillĂ© par le BRGM[3].

Avaleresse Crespin

50° 26′ 09″ N, 3° 38′ 25″ E[BRGM 2]

L'avaleresse Crespin a Ă©tĂ© ouverte Ă  Crespin, Ă  environ 230 mètres Ă  l'ouest de l'avaleresse Bruneau, avec un diamètre de 3,30 mètres. Le puits est abandonnĂ© en 1839[BRGM 2].

Fosse Pureur

Veines recoupées par le sondage[K 1] - [F 2]
No ÉpaisseurProfondeur
780 cm349,21 m
697 cm305,74 m
522 cm288,96 m
414 cm285,56 m
330 cm278,56 m
210 cm258,57 m
112 cm232,85 m
50° 27′ 00″ N, 3° 36′ 58″ E[BRGM 3]

La fosse Pureur est ouverte en 1838 Ă  Thivencelle[JLH 1] - [BRGM 3] et non Saint-Aybert[A 4], dans la concession de Saint-Aybert, près du Canal Mons-CondĂ©[A 4], Ă  1 700 mètres environ Ă  l'est du chocher de Saint-Aybert[BRGM 3]. Le terrain houiller est rencontrĂ© Ă  la profondeur de 138 mètres[F 3], le puits traverse plusieurs veines de charbon, puis est arrĂŞtĂ© 200 mètres[A 4] - [K 1]. Les quatre veines sont Quinet, Ă  144 mètres, de cinquante centimètres d'ouverture, Pureur, Ă  155 mètres, de 80 centimètres d'ouverture, Hugon Ă  172 mètres et Veine Ă  filons Ă  188 mètres[BRGM 3].

Le puits, exécuté avec négligence, n'est pas vertical et la solidité du cuvelage laisse à désirer[A 4], des fuites ont même lieu[E 4]. La réfection du puits est donc est entreprise, mais le 7 janvier 1844, une pompe d'exhaure rompt ses attaches et culbute dans le puits qui est abandonné[A 4] - [F 3], avant d'avoir pu fournir des renseignements précis sur la régularité des terrains traversés[F 2].

La fosse est continuĂ©e en 1859 par un sondage qui a Ă©tĂ© poussĂ© de la profondeur de 200 mètres Ă  celle de 352 mètres[BRGM 3] - [K 1]. Six veines ou veinules ont Ă©tĂ© recoupĂ©es, dont trois veines Ă©paisses de 1,10 mètre, 97 et 80 centimètres respectivement Ă  259, 306 et 349 mètres, et trois veinules Ă©paisses de 12, 30 et 22 centimètres respectivement Ă  233, 279 et 289 mètres[BRGM 3] - [K 1].

Charbonnages de France ne semble pas avoir matérialisé la tête de puits, il n'est donc pas surveillé par le BRGM[3].

Fosse Soult no 1

La fosse Soult no 1 en 1906.
La fosse Soult no 1 vers 1900.
50° 25′ 48″ N, 3° 34′ 45″ E[BRGM 4]

Les travaux dĂ©butent le près du pont de Fresnes sur la rive droite du vieil Escaut, Ă  Fresnes-sur-Escaut[JLH 2], Ă  750 mètres au sud-est de la fosse Bonne Part[BRGM 4]. Le fonçage est fait en toute discrĂ©tion Ă  partir de 1839[BRGM 4] : un hangar est construit afin d'abriter soi-disant une tonnellerie. Un sondage est alors entrepris Ă  l'abri de regards, et pendant ce temps, Ă  Vicq, les palplanches destinĂ©es au fonçage du puits sont prĂ©parĂ©es[A 1]. Ă€ cette Ă©poque, la fosse est nommĂ©e fosse Lenglet. Elle est Ă©tablie sur la concession d'Escaupont[3].

La Compagnie Lenglet fait venir Augustin Bouillez, ancien conducteur de travaux de la Compagnie d'Anzin, qui vient de creuser la fosse Taffin. Augustin Bouillez, en compagnie de son fils, prend la direction du fonçage de la fosse[A 4]. Les morts-terrains sont très aquifères, leur traversĂ©e est assez difficile mais le 12 mai 1840, lorsqu'Ă  160 mètres de profondeur, une troisième veine exploitable, d'un excellent charbon un quart gras, est dĂ©couverte, tous les ouvriers entreprennent un pèlerinage Ă  la Basilique Notre-Dame de Bon-Secours[A 4].

L'extraction commence en 1840, la production au début est assez faible. La fosse Lenglet devient fosse Soult à une date inconnue mais c'est sans doute par reconnaissance envers Nicolas Jean-de-Dieu Soult que la Compagnie de Thivencelles rebaptise sa fosse de Fresnes. Il avait contribué au développement de la Compagnie[A 4].

En 1845, une galerie de reconnaissance est exĂ©cutĂ©e au niveau de 170 mètres Ă  travers bancs. Ă€ peu de distances du puits, les infiltrations d'eau ont commencĂ©[K 2]. Une petite galerie montante de reconnaissance a Ă©tĂ© essayĂ©e, mais l'eau n'a fait qu'affluer plus abondamment, car la galerie s'approchait davantage du grès vert, gorgĂ© d'eau[K 3]. Une machine d'Ă©puisement a Ă©tĂ© installĂ© Ă  cette Ă©poque et est occupĂ©e Ă  enlever l'eau qui s'introduit continuellement dans les travaux[K 3].

Vers 1886, le dernier Ă©tage d'extraction est Ă  344 mètres, et le fond du puits Ă  354 mètres[BRGM 4]. En 1894, la fosse Soult produit 46 165 tonnes de charbon[A 2]. Le 1er dĂ©cembre 1923 est terminĂ© le raval du puits de 414 Ă  600 mètres[BRGM 4]. L'approfondissement du puits a permis de dĂ©couvrir des veines dĂ©jĂ  recoupĂ©es par les fosses des mines d'Anzin de Vieux-CondĂ© et Fresnes-sur-Escaut[BRGM 4]. Dans les annĂ©es 1920, la production est de 95 900 tonnes, et 92 245 tonnes en 1939[A 3].

La fosse Soult no 1 cesse l'extraction en 1947, peu après la Nationalisation. De 1947 Ă  octobre 1955, elle est utilisĂ©e comme puits de service, puis, avec d'autres fosses, elle assure l'aĂ©rage de la fosse Ledoux jusqu'en 1970[B 1]. Le puits, profond de 583 mètres, est comblĂ© en 1971 et le chevalement abattu au dĂ©but de l'annĂ©e 1978[B 1]. La Soginorpa occupĂ© dĂ©sormais le carreau de la fosse. La tĂŞte de puits est matĂ©rialisĂ©e, ce qui permet sa surveillance par le BRGM[3].

Terril no 235, Soult

La fosse Soult possédait un terril.

Fosse Soult no 2

La fosse Soult no 2 vers 1910.
50° 25′ 43″ N, 3° 34′ 31″ E[BRGM 5]

La fosse Soult no 2 est symboliquement ouverte durant l'Ă©tĂ© 1838, mais le fonçage ne dĂ©bute qu'Ă  partir de 1845[A 4]. Elle est situĂ©e Ă  330 mètres au sud-ouest de la fosse no 1, Ă  Fresnes-sur-Escaut[JLH 2].

De manière gĂ©nĂ©rale, le gisement n'est pas beaucoup accidentĂ©, contrairement Ă  la concession de la Compagnie des mines d'Anzin oĂą de grandes cassures ont Ă©tĂ© rencontrĂ©es[K 4]. La veine NapolĂ©on forme un dressant sous la fosse Soult no 2, si bien que les travaux de cette fosse ont recoupĂ© trois fois cette veine sur une hauteur de cinquante mètres[K 4]. La veine forme un dressant haut d'une vingtaine de mètres[K 4] et deux crochets Ă  la profondeur de 191 mètres[K 3].

Des accidents de terrain se prĂ©sentent parfois de manière fort irrĂ©gulière : une veine qui est bel et bien stratifiĂ©e sur un point se montre fort tourmentĂ©e sur d'autres points[K 3]. Les travaux ont atteint une assez grande profondeur et les infiltrations des eaux du grès vert ne sont plus Ă  craindre. Des galeries Ă  travers bancs Ă  des Ă©tages infĂ©rieurs sont donc creusĂ©es vers 1867 pour faire des reconnaissances dans les quatre veines du sud, mais aussi pour explorer une bande de 300 mètres de largeur[K 3], qui reste encore au midi de la concession, et dans laquelle les travaux n'ont pas encore pĂ©nĂ©trĂ©[K 1]. La concession d'Escautpont Ă©tant très peu Ă©tendue, les exploitants considèrent comme important de l'explorer tout entière[K 1].

La profondeur de 293 mètres est atteinte en 1886 et la fosse produit 49 605 tonnes en 1891[A 4]. Le puits Soult no 2, profond de 601 mètres, est comblĂ© en 1970 et le chevalement abattu le 26 avril 1974[B 1]. Une zone industrielle occupe au sud l'emplacement de la fosse et du lavoir, quant au puits, il est localisĂ© dans un espace vert au nord du site. La tĂŞte de puits est matĂ©rialisĂ©e, ce qui permet sa surveillance par le BRGM[3].

Avaleresse Lenglé

Une fosse dĂ©nommĂ©e LenglĂ©, diffĂ©rente de celle de Fresnes-sur-Escaut, est foncĂ©e en 1844 Ă  Thivencelle[JLH 3], mais elle est très vite abandonnĂ©e dans les sables boulants[A 2] - [F 2]. Le puits est restĂ© Ă  l'Ă©tat d'avaleresse. En 1859, un sondage est effectuĂ© Ă  la fosse Pureur abandonnĂ©e depuis 1844, et un autre dĂ©nommĂ© Saint Pierre situĂ© 480 mètres au sud de la fosse Pureur, ils incitent la Compagnie de Thivencelles Ă  reprendre la fosse LenglĂ©[A 2], mais c'est finalement une nouvelle fosse qui va ĂŞtre construite. Charbonnages de France ne semble pas avoir matĂ©rialisĂ© la tĂŞte de puits, il n'est donc pas surveillĂ© par le BRGM[3].

Fosse Saint Pierre

Veines recoupées par le sondage de Saint Pierre[K 5] - [F 2]
No ÉpaisseurProfondeur
795 cm297,16 m
6115 cm266,46 m
5202 cm256,24 m
490 cm233,59 m
360 cm225,79 m
240 cm198,31 m
155 cm190,21 m
La fosse Saint Pierre en 1949.
La fosse Saint Pierre en 1976.
50° 26′ 46″ N, 3° 37′ 10″ E[BRGM 6]

La fosse Saint Pierre est situĂ©e 500 mètres au sud de la fosse Pureur[K 6]. Le sondage de Saint Pierre[F 2] a permis de dĂ©montrer que le faisceau de veines est bien diffĂ©rent de celui dĂ©couvert Ă  la fosse Pureur, toutefois, des veines pourraient ĂŞtre communes aux deux sondages[K 5].

Deux nouveaux puits sont creusĂ©s Ă  Thivencelle[JLH 4] en 1861 et sont dĂ©nommĂ©s Saint Pierre, grand puits et petit puits[A 2], une dĂ©nomination unique dans le bassin. Le terrain houiller est atteint Ă  la profondeur de 171 mètres[F 2], mais le gisement brouillĂ© incite la Compagnie Ă  abandonner la fosse alors que le puits atteignait 309 mètres de profondeur[A 2]. Des accrochages ont Ă©tĂ© Ă©tablis Ă  278 et 309 mètres[BRGM 6] - [F 4].

Au nord, les bowettes ne sont poussĂ©es que sur une faible distance. Vers le sud, elles sont poursuivies sur une longueur dĂ©veloppĂ©e de 800 mètres, mais seuls des lambeaux de veines inexploitables sont recoupĂ©s, rejetĂ©s par de nombreux accidents[F 4]. Les bancs sont gĂ©nĂ©ralement peu inclinĂ©s, ils sont presque plats Ă  600 mètres environ de la fosse, si bien qu'il est inutile de continuer l'exploration, puisque les galeries restent toujours dans la mĂŞme bande de terrain houiller. Si le creusement de la bowette sud de l'Ă©tage de 278 mètres avait Ă©tĂ© prolongĂ©, le grès vert aurait très certainement Ă©tĂ© recoupĂ© puisqu'il descend Ă  une grande profondeur dans cette rĂ©gion de la concession[F 4].

L'insuccès de la fosse Saint Pierre doit être attribué à ce que, vers 1860, les sondages fournissaient encore des renseignements incomplets sur la régularité des terrains traversés[F 4]. Il n'était pas facile de bien découper et remonter les échantillons venant du fond, de sorte que les résultats n'indiquaient que l'importance en houille de la zone explorée, mais pas les chances d'une exploitation future[F 4]. Selon Albert Olry, si l'industrie des sondages avait eu la perfection qu'elle possède dans les années 1880, les ingénieurs auraient été mis en garde contre l'irrégularité des terrains recoupés à Saint Pierre, et ils auraient peut-être hésité à y ouvrir une fosse[F 4].

On se rĂ©signe difficilement Ă  abandonner un travail dans lequel on a engagĂ© des capitaux considĂ©rables[F 4]. La Compagnie de Thivencelle a pu augmenter son capital Ă  la suite de la crise de 1873, elle reprend alors la fosse Saint Pierre et ravale un des puits Ă  430 mètres en 1876[A 2], au lieu d'en ouvrir une autre dans une partie encore inexploitĂ©e de ses vastes concessions[F 4]. Des accrochages sont Ă©tablis Ă  360 et 420 mètres[F 4] puis Ă  492, 550 et 609 mètres lors des approfondissements successifs du puits[JLH 4]. Le gisement plus profond est favorable, l'exploitation dĂ©bute dans de bonnes conditions, bien que les terrains soit encore assez tourmentĂ©s[F 4].

La fosse Saint Pierre, dont les travaux sont peu dĂ©veloppĂ©s, nĂ©cessite chaque jour l'exhaure de 2 500 hectolitres d'eau, bien que le grès vert soit cuvelĂ© en fonte sur toute la hauteur de l'un des puits[F 1], et ne soit Ă  nu dans l'autre que sur une hauteur de 1,20 mètre[F 5]. La nĂ©cessitĂ© d'un Ă©puisement considĂ©rable, qui augmente naturellement quand les travaux s'Ă©tendent, constitue une circonstance dĂ©favorable et onĂ©reuse pour l'exploitation[F 5]. 85 157 tonnes de houille sont produites en 1891, 100 005 tonnes en 1895[A 2]. Dans les annĂ©es 1920, la production est de 90 300 tonnes, et 214 490 tonnes en 1939[A 3].

Le petit puits, profond de 617 mètres est remblayĂ© en 1955. Les chevalements sont abattus en dĂ©cembre 1955 et celui du grand puits est remplacĂ© par un autre en bĂ©ton permettant l'entretien du puits[B 1]. De puissants ventilateurs assurent le retour d'air de la fosse Ledoux jusqu'Ă  sa fermeture en 1989. Le grand puits, profond de 653 mètres, est ensuite remblayĂ© et le chevalement dĂ©moli en juillet 1989[B 1]. Les tĂŞtes des deux puits sont matĂ©rialisĂ©es, ce qui permet leur surveillance par le BRGM[3].

Terril no 197, Saint Pierre

La fosse Saint Pierre possède un petit terril plateau, désormais recouvert par la végétation.

Fosse Saint-Aybert

Le chevalement de fonçage, vers 1925.
La fosse Saint-Aybert en 1949.
50° 26′ 56″ N, 3° 38′ 34″ E[BRGM 7] - [BRGM 8]

La concession de Saint Aybert est restée inexploitée à cause de son épaisse couche de morts-terrains[A 3]. La Compagnie de Thivencelle a pour objectif d'y ouvrir une fosse moderne, avec un puits de grand diamètre.

Le fonçage commence le 11 mai 1925, Ă  Thivencelle[JLH 5], près du Canal Mons-CondĂ©. Le diamètre du puits est de cinq mètres. Le terrain houiller est atteint après avoir traversĂ© 285 mètres de morts-terrains[A 3]. En 1929, le puits de Saint-Aybert atteint la profondeur de 600 mètres[A 3]. Le fonçage du puits Saint Aybert est achevĂ© en fĂ©vrier 1930, Ă  la profondeur de 623,35 mètres[BRGM 7] - [B 1]. Les couches de houille ont dix Ă  19,4 % de matières volatiles, elles sont plus grasses que le faisceau de la fosse Saint Pierre qui ont entre douze et quatorze pour cent de matières volatiles. L'allure des couches de la fosse Saint Aybert est aussi beaucoup plus tourmentĂ©e[BRGM 7].

Cette fosse n'a jamais produit de charbon, elle a servi d'aérage et de puits de secours pour la concentration de Ledoux de la Nationalisation jusqu'en 1956. Le puits est remblayé en 1973. La tête de puits est matérialisée, ce qui permet sa surveillance par le BRGM[3].

Notes et références

Notes
    Références
    Références aux fiches du BRGM
    Références à Guy Dubois et Jean Marie Minot, Histoire des Mines du Nord et du Pas-de-Calais. Tome I,
    Références à Guy Dubois et Jean Marie Minot, Histoire des Mines du Nord et du Pas-de-Calais. Tome II,
    Références à Émile Vuillemin, Le Bassin Houiller du Pas-de-Calais. Tome III, Imprimerie L. Danel,
    Références à Albert Olry, Bassin houiller de Valenciennes, partie comprise dans le département du Nord, Imprimerie Quantin. Paris,
    1. Olry 1886, p. 155
    2. Olry 1886, p. 148
    3. Olry 1886, p. 147
    4. Olry 1886, p. 149
    5. Olry 1886, p. 156
    Références à Émile Dormoy, Topographie souterraine du bassin houiller de Valenciennes, Paris, Imprimerie Impériale,
    1. Dormoy 1867, p. 187
    2. Dormoy 1867, p. 185
    3. Dormoy 1867, p. 186
    4. Dormoy 1867, p. 176
    5. Dormoy 1867, p. 189
    6. Dormoy 1867, p. 188

    Voir aussi

    Articles connexes

    Bibliographie

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