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Compagnie Guipuscoane de Caracas

La Compagnie Royale Guipuscoane de Caracas (Real Compañía Guipuzcoana de Caracas), fondée légalement le , en vertu de la cédule royale du roi Philippe V, par des commerçants basques qui avaient le monopole du commerce et du développement au Venezuela. Cette Compagnie surnommée la Flotte des Lumières a une influence notable dans le développement économique, scientifique, culturel et social de la province du Venezuela. Elle est associée en 1765 à la Real Sociedad Bascongada de Amigos del País pour la promotion et la transmission de la culture en divisant leurs activités en quatre sections : L'agriculture ; les sciences et les arts ; l'industrie et le commerce ; la politique et les belles-lettres.

Compañía Guipuzcoana de Caracas
Histoire
Fondation
Dissolution
Cadre
Type
Domaines d'activité
Commerce, négrier
Siège
Pays
Vice-royauté de Nouvelle-Grenade nommée aussi Santa Fe (en rose) et la province du Venezuela (en jaune) en 1742 qui deviendra la Capitainerie générale du Venezuela en 1777.
La Guaira pendant la colonie
Theobroma cacao. Cacaoyer dont le commerce a été monopolisé par la Compagnie Guipuscoan.

À partir du , elle devient la Compagnie royale des Philippines, sous la direction de l'afrancesado François Cabarrus.

Action de la Compagnie (Madrid, 1er juin 1752)

Origine

En 1728, le roi d’Espagne Philippe V créa la Compagnie Royale Guipuscoane, à qui il donne le monopole des importations, des exportations, du développement, de l'exploitation des matières premières à la province correspondant au Venezuela. Une des motivations était de mettre fin au trafic de cacao organisé par les contrebandiers hollandais au départ de la colonie néerlandaise de Curaçao, via le port vénézuélien de Tucacas, qui avait un grand succès dans les arrière-pays, mais ne profitait pas à la Couronne castillane et attirait les pirates et flibustiers d’autres nationalités majoritairement anglaises et hollandaises.

La Compagnie Royale Guipuscoane était animée par les commerçants basques du Guipuscoa, qui fournissaient les navires, les marins et leur armement, pour parer aux attaques des pirates sur les côtes du Venezuela. Elle avait pour ordre, en échange de son monopole de patrouiller le long de ces côtes. Elle eut le monopole du commerce au Venezuela durant une grande partie du XVIIIe siècle. Manuel Larramendi en arrive à dénoncer la désertion des villages côtiers par les jeunes, attirés par un travail au sein de la Compagnie Guipuscoane. La plupart des marins de la localité de Getaria, au Guipuscoa, se sont engagés dans cette grande compagnie royale ce qui a entraîné une crise dans la pêche et la chute de la production du txakoli[1]. Tout au long de son histoire, ses 70 navires ont permis d’entretenir des échanges réguliers entre le Guipuscoa, Cadix et le Venezuela. À cet effet, la compagnie dispose de ses propres chantiers navals à Pasaia (qui fabriqueront de la moitié de sa flotte). Elle a parfois affrété des navires étrangers lorsque les circonstances l’imposaient (durant les guerres, par exemple). Vers 1743, la Compagnie eut l'autorisation d'affréter des navires sous le drapeau français permettant de commercer directement avec le Venezuela. Les principaux bénéficiaires de cette décision étaient sans aucun doute la côte de la province basque du Labourd et de Bayonne.

« La Capitanie Générale de Venezuela avant le XVIIIe siècle était très faiblement peuplée et sa contribution économique à l’Espagne était nulle ou même négative. C’est grâce à la Compañía Guipuzcoana de Caracas, fondée en 1728, que la colonie américaine s’est modernisée, en la proveyant de ports, routes et de nouveaux produits. Sa population reçut une apportation de sang basque et la province est passée de déficitaire à autosufissante et même rentable. C’est grâce en particulier aux basques emplacés dans ces terres qu’y s’est établie une nouvelle classe de gens dynamiques et entreprenantes. »

— Ramón de Basterra y Zabala

Objectifs

Les opérations de la Compagnie Guipuzcoana ont commencé au milieu de 1730, lorsque les deux premiers navires sont arrivés à La Guaira. Les résultats de son activité ont été pleinement satisfaisants, et l'on peut dire que les commerçants ont atteint les objectifs qui avaient été proposés lors de la création de l'entreprise :

  • Premièrement : Assurer un commerce exclusif avec la province du Venezuela, qui bĂ©nĂ©ficiait auparavant Ă  d'autres groupes, principalement des contrebandiers anglais et hollandais.
  • Deuxièmement : Assurer l'envoi de fruits Ă  l'Espagne, en rĂ©gularisant les livraisons de plus en plus dense de cacao, de tabac et d'indigo principalement, et donc pourraient influencer sur la baisse des prix de ces fruits vers la pĂ©ninsule.
  • Troisièmement : RĂ©ussir Ă  arrĂŞter et rĂ©duire la contrebande, chassant et harcelant les marchands Ă©trangers qui se livraient illĂ©galement Ă  des activitĂ©s commerciales au dĂ©triment de la Couronne.
  • Quatrièmement : Influencer de façon dĂ©cisive la politique interne de la province du Venezuela, Ă  travers les gouverneurs d'origine basque qui ont dirigĂ© la province et la capitainerie gĂ©nĂ©rale du Venezuela après sa crĂ©ation en 1777.
  • Cinquièmement : Les navires de la Compagnie Guipuscoane, Flotte des Lumières, Ă©taient responsables de l'introduction des idĂ©es de l'illustration au Venezuela, comme le souligne Ramon de Basterra dans son livre "Les navires des Lumières (1925)". Ce n'est donc pas un hasard si les idĂ©es rĂ©publicaines française de Rousseau puis de Montesquieu (la division des pouvoirs, la primautĂ© du droit, etc.), trouvent une diffusion rapide au Venezuela, oĂą les familles terriennes de Caracas discutaient de ces idĂ©es (qui ont longtemps Ă©tĂ© opposĂ©es Ă  un droit de veto en Espagne). Elles Ă©taient Ă  l'origine, Ă  leur tour, des idĂ©aux de l'indĂ©pendance amĂ©ricaine. Et ce n'est pas une coĂŻncidence si ces idĂ©aux sont nĂ©s Ă  Caracas, puis dans d'autres parties de l'AmĂ©rique espagnole, pour la mĂŞme raison. La phrase de l'hymne national « suivez l'exemple donnĂ© par Caracas » se rĂ©fère Ă  ce fait.
  • Sixièmement : La Compagnie a Ă©galement promu et a pris une part active dans l'exploration du territoire vĂ©nĂ©zuĂ©lien (par exemple, la question des limites du bassin de l'OrĂ©noque en 1750, dirigĂ© par JosĂ© de Iturriaga et Aguirre).

Contestations

Depuis Philippe V, la Compagnie Guipuscoane obtint un traitement préférentiel pour éviter la résistance que les gouverneurs et officiers royaux avaient présentés aux compagnies précédemment fondées, celle-ci est mise sous protection royale et des instructions à tous les fonctionnaires des Indes furent envoyés pour qu'ils ne fassent pas obstruction à leurs travaux, mais, au contraire, offre toutes sortes d'installations. Enfin, le gouverneur de la province de Caracas a été nommé juge conservateur de la compagnie. De cette façon, le caractère officiel de la compagnie était consacré entre les mains du contrôle économique de la province. L'arrivée de la Compagnie a provoqué une réaction défavorable, car pour cette décision, la mairie locale n'avait pas été prise en compte.

Ainsi, la majorité des producteurs et commerçants coloniaux avaient, dans un premier temps, les raisons suivantes de s'opposer à la Compagnie Guipuscoane :

  • Interrompre le dĂ©veloppement et le contrĂ´le de leurs activitĂ©s commerciales.
  • Attaquer directement les intĂ©rĂŞts des propriĂ©taires fonciers en essayant d'empĂŞcher la contrebande.
  • TentĂ© de s'emparer du commerce entre le Venezuela et le Mexique, contrĂ´lĂ© par les producteurs de cacao..
  • Baisser les prix des produits vĂ©nĂ©zuĂ©liens.
  • Ne pas payer pour ses achats avec de l'argent, mais avec des marchandises Ă  des prix inflationnistes
  • Ne pas utiliser des mĂ©thodes arbitraires dans l'acquisition de produits vĂ©nĂ©zuĂ©liens et dans la distribution de marchandises europĂ©ennes.
  • DĂ©placer tous les commerçants, y compris ceux de Cadix, du commerce.
  • ContrĂ´ler et rĂ©glementer le marchĂ© de l'Asiento sous contrebande nĂ©erlandaise.
  • La province de Caracas n'a pas Ă©tĂ© approvisionnĂ©e, ce qui a nui au commerce de dĂ©tail.   

Dans ce contexte, de 1730 à 1733, deux ans après sa création la Compagnie affronte, à la rivière Yaracuy, une révolte dirigée par Andresote et organisée par des contrebandiers hollandais qui soutinrent financièrement cette révolte, car elle confortait leurs intérêts commerciaux après la perte de Tucacas en 1717. La propagande et la révolte sont finalement matés par une armée royale et les insurgés durent se réfugier dans les collines. Andresote prend la fuite en direction de Curaçao, la colonie néerlandaise. Malgré la résistance espagnole, la moitié du cacao de la vallée de Yaracuy continua à sortir durablement via cette contrebande hollandaise, qui offrait de meilleures marchandises, à meilleur prix[2]. La concurrence entre transporteurs basques et hollandais stimula la production.

Notes et références

  1. http://www.getaria09.com/02historia_getaria.html
  2. The town of San Felipe and colonial cacao economies, par Eugenio Piñero, page 113

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