Compère Guilleri
Compère Guilleri est une chanson enfantine.
Origines de la chanson
Les frères Guilleri ?
La chanson reprend peut-être le nom des frères Guilleri[1] - [2], nobles de Bretagne, soldats de l'armée de la Ligue catholique pendant la huitième guerre de Religion, sous les ordres du duc de Mercoeur, devenus bandits de grand chemin, après la soumission de leur chef à Henri IV en mars 1598 et la promulgation de l'édit de Nantes en avril, qui met fin aux guerres de Religion en France.
La paix[3], a pour effet de démobiliser la plupart des soldats engagés, sauf ceux de l'armée royale et les troupes autorisées par l'édit de Nantes. Certains hommes d'armes éprouvent des difficultés à revenir à la vie civile et continuent d'utiliser la violence, mais pour leur propre compte.
Les frères Guilleri constituent ainsi une bande de brigands qui, pendant dix ans, pille les campagnes françaises dans les provinces de Bretagne, de Poitou, de Saintonge et de Guyenne. Ils sont faits prisonniers en 1608, condamnés à mort et roués vifs à Saintes.
Adéquation de la chanson à l'histoire des frères Guilleri
Mais le « compère Guilleri » de la chanson n'est pas présenté comme un criminel (contrairement par exemple à la Complainte de Mandrin) : il s'agit d'un chasseur qui se blesse au cours d'une partie de chasse à la perdrix et est soigné par les dames de l'hôpital le plus proche. Il est à noter que la "chasse au perdrix" est une métaphore évoquant les armoiries des Seigneurs de l'Aunis, une des régions où sévissaient les frères Guilleri : "de gueules à une perdrix couronnée d'or".
Dans l'ensemble, les paroles ont un aspect humoristique (le chasseur est un peu ridicule). Une phrase a cependant une dimension tragique : « Te lai[sse]ras-tu mouri[r] ? ».
Autre origine possible
Une autre interprétation repose sur le fait qu'en vieux français, « guilleri » désignait le chant du moineau, par métonymie, le moineau lui-même[4], et par métaphore le sexe masculin. C'est ainsi que le dauphin Louis, fils d'Henri IV, enfant, désignait son sexe, affirmant même qu'il y avait « un os dedans »[5].
Dans ce cas, la « chasse aux perdrix » pourrait peut-être être envisagée comme une métaphore de la recherche de compagnie féminine, avec le risque de devoir ensuite aller à l'hôpital se faire soigner.
Paroles
Il Ă©tait un p'tit homme
Il s'en fut Ă la chasse
Il monta sur un arbre
La branche vint Ă rompre |
Il se cassa la jambe
Les dam's de l'hĂ´pital
L'une apporte un emplâtre
On lui banda la jambe
Pour remercier ces dames |
Notes sur la langue de la chanson :
- « mouri », « couri » au lieu de « mourir » et « courir » ;
- « Te lairas-tu » pour « Te laisseras-tu » ;
- « tombit », « embrassit » au lieu de « tomba », « embrassa ».
Musique
Postérité
La chanson est utilisée dans les films
- Jeux interdits de René Clément (1952) : la petite fille, Paulette (Brigitte Fossey), la chante pour se donner du courage alors qu'elle marche dans la nuit avec son copain Michel (Georges Poujouly).
- Les Choristes de Christophe Barratier (2004) : les jeunes choristes la chantent Ă l'internat.
Notes et références
- Histoire de la vie, grandes voleries et subtilités de Guilleri, et de ses compagnons: Et de leur fin lamentable & malheureuse., Chez J.A. Garnier, (OCLC 55791234, lire en ligne)
- Foucault, Michel, 1926-1984., Vigiar e punir : nascimento da prisĂŁo, Vozes, , 262 p. (ISBN 978-85-326-0508-5 et 85-326-0508-7, OCLC 817320369, lire en ligne)
- André Corvisier, La Guerre, essais historiques, p. 191.
- "Robert historique de la langue française", entrée "guilleret", Ed. Le Robert
- Plusieurs sources, synthétisées dans Le bouquin des mots du sexe d'Agnès Pierron, Ed. Laffont/Bouquins