Commotio cordis
La Commotio cordis — expression latine signifiant « choc sur le cœur » — est la survenue d'une mort subite à la suite immédiate d'un choc sur la poitrine provoquant une fibrillation ventriculaire, et ce, en l'absence d'anomalie structurale du cœur secondaire au traumatisme.
Spécialité | Médecine d'urgence |
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Mise en garde médicale
Historique
Cette entité nosologique a été remarquée dès le XVIIIe siècle mais le terme Commotio cordis est utilisé depuis le XIXe siècle[1].
Épidémiologie
Elle concerne essentiellement le garçon, enfant, adolescent ou jeune adulte. Elle est rare chez la fille et au-delà de 25 ans[2]. La moitié des cas concerne des sports de compétition où le patient reçoit un projectile (balle ou palet, au hockey) sur la poitrine. L'autre moitié est accidentelle[2].
MĂ©canisme
Les modèles expérimentaux animaux impliquent la survenue d'une fibrillation ventriculaire, trouble du rythme cardiaque conduisant à un arrêt cardiorespiratoire irréversible spontanément. Cette fibrillation ventriculaire survient uniquement si le choc est contemporain d'une courte période vulnérable, correspondant à une dizaine de millisecondes juste avant le sommet de l'onde T sur l'électrocardiogramme[3]. La zone vulnérable est donc très brève puisqu'elle correspond à environ 1 % du cycle cardiaque.
Typiquement, le choc responsable est provoqué par une balle arrivant à près de 60 km/h[4] sur la poitrine, ce qui est la vitesse atteinte lors d'une compétition de hockey ou de baseball en junior[1].
La percussion de la paroi thoracique se répercuterait sur le muscle cardiaque en élevant brutalement sa pression : l'étirement brutal et transitoire des membranes cellulaires modifierait la répartition de certains ions à travers cette dernière et des modifications de la repolarisation ce qui serait le terrain à la survenue d'une fibrillation ventriculaire[5]. La susceptibilité individuelle serait cependant très variable[6].
Par définition, aucune maladie cardiaque sous-jacente n'est retrouvée, en particulier aucun syndrome du QT long.
Traitement
C'est celui de l'arrêt cardiocirculatoire : massage cardiaque externe et mise en place le plus rapidement possible d'un défibrillateur automatique externe.
En cas de récupération, il n' y a pas de preuve d’un sur-risque de récidive ou d’évènements arythmiques ultérieurs. Et il n'existe pas de contre-indication à la reprise du sport ni d'indication à la pose d'un défibrillateur automatique implantable[1], sauf en cas d’autres pathologies le nécessitant.
Notes et références
- (en) Maron BJ, Estes NA 3rd, « Commotio Cordis » N Eng J Med. 2010; 362:917-97. DOI 10.1056/NEJMra0910111
- (en) Maron BJ, Gohman TE, Kyle SB, Estes III, Link MS, « Clinical profile and spectrum of commotio cordis » JAMA 2002;287:1142-6.
- (en) Link MS, Wang PJ, Pandian NG. et al. [www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJM199806183382504#t=article « An experimental model of sudden death due to low-energy chest-wall impact (commotio cordis) »] N Engl J Med. 1998;338:1805-11.
- (en) Link MS, Maron BJ, Wang PJ, VanderBrink BA, Zhu W, Estes III « Upper and lower limits of vulnerability to sudden arrhythmic death with chest wall impact (commotio cordis) » J Am Coll Cardiol. 2003;41:99-104.
- (en) Bode F, Franz MR, Wilke I. et al. « Ventricular fibrillation induced by stretch pulse: implications for sudden death due to commotio cordis » J Cardiovasc Electrophysiol. 2006;17:1011-7.
- (en) Alsheikh-Ali AA, Madias C, Supran S, Link MS, « Marked variability in susceptibility to ventricular fibrillation in an experimental commotio cordis model » Circulation 2010;122:2499-504.