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Commission Stasi

La commission Stasi est une commission française présidée par Bernard Stasi, médiateur de la République de 1998 à 2004. Composée de 20 membres, cette commission de réflexion sur l'application du principe de laïcité est mise en place le par Jacques Chirac, président de la République. Elle rend ses conclusions le .

Commission Stasi
Cadre
Type

Présentation

Le , le président de la République Jacques Chirac crée une commission de réflexion « sur l'application du principe de laïcité dans la République ». Il en a confie la présidence à Bernard Stasi, alors Médiateur de la République [1].

La commission est composée de vingt membres de divers horizons : enseignants, chercheurs, juristes, politiques, responsables d'établissements scolaires... Pendant près de trois mois, elle auditionne quelque 140 personnes représentant la société civile, les partis politiques et les instances religieuses du pays, dont une centaine en séance publique[2].

Alors que depuis des mois le débat s'était focalisé sur la question du voile islamique à l'école et la nécessité ou non de faire une loi interdisant le port de signes religieux en milieu scolaire, Jacques Chirac a souhaité que le travail de la commission soit plus large et porte également sur la place de la laïcité dans le monde du travail, les services publics, les lieux publics, etc.

Toutefois, le foulard islamique a monopolisé les débats dans le champ médiatique, laissant apparaître les profonds désaccords de la classe politique.

En réponse à ce rapport, le président Chirac a appelé dans un discours du les Français à se rassembler autour du principe de laïcité, « pierre angulaire de la République, faisceau de nos valeurs communes de respect, de tolérance, de dialogue[3] ».

Rapport

La commission a remis son rapport au président de la République, le . Elle y écrit que :

« La liberté de conscience, l’égalité de droit, et la neutralité du pouvoir politique doivent bénéficier à tous, quelles que soient leurs options spirituelles. Mais il s’agit aussi pour l’État de réaffirmer des règles strictes, afin que ce vivre en commun dans une société plurielle puisse être assuré. La laïcité française implique aujourd’hui de donner force aux principes qui la fondent, de conforter les services publics et d’assurer le respect de la diversité spirituelle. Pour cela, l’État se doit de rappeler les obligations qui s’imposent aux administrations, de supprimer les pratiques publiques discriminantes, et d’adopter des règles fortes et claires dans le cadre d’une loi sur la laïcité[4]. »

Principes

Le rapport, après un historique de la laïcité en France, expose ses deux principes majeurs : la neutralité de l’État, qui impose à la République d’assurer « l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion », et la liberté de conscience avec notamment sa déclinaison en liberté de culte. Elle relève que des tensions peuvent apparaître entre ces deux pôles que sont la neutralité de l’État laïque et la liberté de conscience, notamment dans son expression religieuse ; les cadres de ces tensions sont principalement l’armée, la prison, l’hôpital et l’école.

La commission appelle également à des « accommodements raisonnables », c’est-à-dire des réponses pouvant être donnés aux situations qui sortent du champ de la loi de 1905 (octroi de permis pour l’édification de nouveaux lieux de culte, aménagement des menus de la restauration collective, respect des exigences liées aux principales fêtes religieuses, rites mortuaires, ou enseignement du fait religieux). Elle reconnaît que la mise en œuvre du principe de laïcité n’a pas encore permis de combler des déficits d’égalité entre les croyants ou entre ceux-ci et les athées, les rationalistes et les libres-penseurs.

Constats

Le document reprend de nombreux exemples de manquements à la laïcité de la part d’usagers dans les lieux publics, au nom de leur croyance :

  • École : port d’un signe religieux ostensible Ă  l’école ; demandes d’absences systĂ©matiques un jour de la semaine ; interruption de cours et d’examens pour un motif de prière ou de jeĂ»ne ; contestation du programme d’histoire ou de sciences et vie de la terre ; certificats mĂ©dicaux injustifiĂ©s pour se faire dispenser des cours d’éducation physique et sportive : autoritĂ© des enseignantes contestĂ©e par des Ă©lèves ou leurs parents. La commission rappelle que « toutes ces attitudes sont illĂ©gales. MĂŞme si elles ne sont le fait que d’une minoritĂ© activiste, elles portent gravement atteinte aux principes qui rĂ©gissent le service public. »
  • HĂ´pital : opposition Ă  des transfusions sanguines ; refus par des hommes de voir leurs Ă©pouses ou leurs filles soignĂ©es ou accouchĂ©es par des mĂ©decins hommes ; couloirs transformĂ©s en lieux privatifs de prière ; cantines parallèles aux cantines hospitalières.
  • Justice et prison : expression de la vie spirituelle et religieuse des dĂ©tenus ; influences sur des dĂ©tenus pour qu’ils se soumettent Ă  certaines prescriptions religieuses ; demande de rĂ©cusation d’un magistrat en raison de sa confession supposĂ©e.
  • Espace public : demande de crĂ©neaux d’utilisation non mixte d’équipements (piscines) ; fonctionnaires exigeant de porter, sur leur lieu de travail, une kippa ou un voile manifestant leur appartenance confessionnelle.

La commission constate que les fondements du pacte social sont sapés : le repli communautaire se développe, la situation des femmes et jeunes filles est en régression dans certains lieux (« la situation des filles dans les cités relève d’un véritable drame »), la christianophobie, l'islamophobie, l’antisémitisme et la xénophobie sont en augmentation.

Propositions

Elle propose des solutions (ou des statu quo) à ces constats, notamment à l’école, parmi lesquelles :

  • Adopter solennellement une Charte de la laĂŻcitĂ© qui serait remise Ă  diffĂ©rentes occasions.
  • École :
    • Faire respecter strictement les règles d’obligation scolaire et le contenu des programmes.
    • Mieux assurer l’enseignement du fait religieux.
    • Rendre possible l’accès Ă  l’école publique dans toutes les communes.
    • En Alsace-Moselle, inclure l’islam au titre des enseignements religieux proposĂ©s et laisser ouvert le choix de suivre ou non un enseignement religieux.
    • LĂ©gifĂ©rer pour que l’espace scolaire reste un lieu de libertĂ© et d’émancipation, en interdisant les tenues et signes manifestant une appartenance religieuse ou politique — les Ă©tablissements privĂ©s pouvant adopter, s’ils le souhaitent, des règles Ă©quivalentes Ă  celles des Ă©tablissements d’enseignement public ; ces propositions inspireront les termes de la loi sur les signes religieux dans les Ă©coles publiques du .
    • Faire des fĂŞtes religieuses de Kippour et de l’AĂŻd el-Kebir des jours fĂ©riĂ©s dans toutes les Ă©coles de la RĂ©publique.
    • CrĂ©er une École nationale d’études islamiques.
  • Établissements publics :
    • Inviter les administrations Ă  prĂ©voir des mets de substitution dans les cantines publiques.
    • Affirmer le strict respect du principe de neutralitĂ© par tous les agents publics.
    • Recruter des aumĂ´niers musulmans dans l’armĂ©e et dans les prisons.
    • ComplĂ©ter la loi hospitalière pour rappeler aux usagers leurs obligations, notamment l’interdiction de rĂ©cuser du personnel soignant.
    • CrĂ©er une disposition lĂ©gislative rappelant l’exigence de mixitĂ© dans les lieux publics, notamment les Ă©quipements publics sportifs.
  • Donner aux courants libre-penseurs et aux humanistes rationalistes un accès Ă©quitable aux Ă©missions tĂ©lĂ©visĂ©es de service public.

Membres

  • PrĂ©sident :
  • Rapporteur GĂ©nĂ©ral :
    • RĂ©my Schwartz, conseiller d’État, doyen des commissaires du gouvernement

Voir aussi

Bibliographie

  • Henri Peña-Ruiz, « LaĂŻcitĂ© et Ă©galitĂ©, leviers de l'Ă©mancipation », Le Monde diplomatique, , p. 9

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. France 5, Dossiers - Débat Public : La laïcité (La Commission Stasi)
  2. http://www.assemblee-nationale.fr/12/rapports/r1275-t2.asp
  3. Jacques Chirac, « Discours relatif au respect du principe de laĂŻcitĂ© dans la RĂ©publique », sur http://www.elysee.fr,  : « La laĂŻcitĂ© garantit la libertĂ© de conscience. Elle protège la libertĂ© de croire ou de ne pas croire. Elle assure Ă  chacun la possibilitĂ© d’exprimer et de pratiquer sa foi, paisiblement, librement, sans la menace de se voir imposer d’autres convictions ou d’autres croyances. Elle permet Ă  des femmes et Ă  des hommes venus de tous les horizons, de toutes les cultures, d’être protĂ©gĂ©s dans leurs croyances par la RĂ©publique et ses institutions. Ouverte et gĂ©nĂ©reuse, elle est le lieu privilĂ©giĂ© de la rencontre et de l’échange oĂą chacun se retrouve pour apporter le meilleur Ă  la communautĂ© nationale. C’est la neutralitĂ© de l’espace public qui permet la coexistence harmonieuse des diffĂ©rentes religions »
  4. Commission Stasi, « Commission de rĂ©flexion sur l’application du principe de laĂŻcitĂ© dans la RĂ©publique : rapport au PrĂ©sident de la RĂ©publique », sur http://www.ladocumentationfrancaise.fr,  : « Ce rapport rend compte des travaux de la commission prĂ©sidĂ©e par Bernard Stasi et installĂ©e par le PrĂ©sident de la RĂ©publique le 3 juillet 2003. Abordant la laĂŻcitĂ© comme principe universel et valeur rĂ©publicaine puis comme principe juridique, la commission propose ensuite un « diagnostic » et une sĂ©rie de propositions visant Ă  « affirmer une laĂŻcitĂ© ferme qui rassemble ». »
  5. http://www.patrick-weil.com/Fichiers%20du%20site/2005%20-%20Lever%20le%20voile%20(Revue%20Esprit)..pdf Le Point de vue de Patrick weil
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