Colosse de NĂ©ron
Le colosse de NĂ©ron (Colossus Neronis) est une statue colossale en bronze installĂ©e Ă la demande de l'empereur NĂ©ron, prĂšs de la Domus aurea. DâaprĂšs Pline l'Ancien, lâauteur de cette statue de cent dix pieds de haut, soit plus de trente mĂštres, est ZĂ©nodore, qui sâĂ©tait rendu cĂ©lĂšbre par la rĂ©alisation dâune statue colossale de Mercure pour les Arvernes[1]. L'historien romain SuĂ©tone la dĂ©crit ainsi Dans son vestibule, on avait pu dresser une statue colossale de NĂ©ron, haute de cent vingt pieds[2].
Colosse de NĂ©ron | ||
Reconstitution du Colosse | ||
Lieu de construction | Regio IV Templum Pacis Velia |
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Date de construction | Vers 64 apr. J.-C. | |
Ordonné par | Néron | |
Type de bĂątiment | Colosse | |
Le plan de Rome ci-dessous est intemporel. |
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CoordonnĂ©es | 41° 53âČ 28âł nord, 12° 29âČ 29âł est | |
Liste des monuments de la Rome antique | ||
La statue n'Ă©tait pas finie Ă la mort de NĂ©ron, et Ă la suite de sa damnatio memoriĂŠ, la statue a Ă©tĂ© remodelĂ©e par ses successeurs en une figure d'HĂ©lios (Sol ou Apollon), dieu du soleil, par l'ajout de la couronne solaire[1]. La tĂȘte de NĂ©ron a Ă©tĂ© remplacĂ©e Ă plusieurs reprises par celles de divers empereurs. Elle fut transportĂ©e sous Hadrien devant le temple de VĂ©nus et de Rome, Ă proximitĂ© de lâamphithĂ©Ăątre Flavien. L'Histoire Auguste rapporte l'Ă©pisode ainsi :
- Sous la direction de lâarchitecte DĂ©crianus, [Hadrien] fit dĂ©placer le colosse de lâendroit oĂč se trouve maintenant le temple de la Ville en le soulevant du sol en position verticale, opĂ©ration si formidable quâelle nĂ©cessita le concours de vingt Ă©lĂ©phants. Il consacra au Soleil cette statue qui avait auparavant le visage de NĂ©ron, son premier dĂ©dicataire[3].
Le colosse donna ensuite son nom à l'amphithéùtre voisin, qui devint le Colisée.
Postérité du colosse
Lâannexe du Curiosum, inventaire des monuments de Rome en date du rĂšgne de Constantin Ier mentionne lâexistence de deux colosses. Si lâun dâeux est bien le colosse dâApollon, celui-ci Ă©tait donc encore en place dans les annĂ©es 310-330, soit 250 ans environ aprĂšs son Ă©rection[4].
Un second inventaire des monuments de Rome, dressĂ© vers 540 par le rhĂ©teur Zacharie de MytilĂšne mentionne encore deux trĂšs grandes statues de hĂ©ros. On ne sait toutefois pas sâil sâagit toujours du Colosse[4].
Au VIIIe siÚcle, BÚde le Vénérable (ca. 672-735) écrivit une célÚbre épigramme célébrant la signification symbolique de la statue : Quandiu stabit coliseus, stabit et Roma ; quando cadet coliseus, cadet et Roma ; quando cadet Roma, cadet et mundus (« Tant que durera le Colosse, Rome durera ; quand le Colosse tombera, Rome tombera ; quand Rome tombera, le monde tombera »)[6]. Ceci est souvent mal traduit, en se référant au Colisée plutÎt qu'au colosse (ex. : dans le fameux poÚme de Byron « Childe Harold's Pilgrimage ») : à l'époque de BÚde, le nom masculin coliseus était appliqué à la statue plutÎt qu'à ce qui était encore connu sous le nom d'amphithéùtre Flavien.
En dépit de ses liens païens, la statue est restée debout une bonne partie de l'époque médiévale, et était créditée de pouvoirs magiques. Elle fut finalement considérée comme un symbole iconique de la permanence de Rome[7].
Le colosse de NĂ©ron a fini par tomber, probablement jetĂ© bas en vue de la rĂ©utilisation de ses Ă©lĂ©ments de bronze. Le nom de Colosseum (nom neutre) a Ă©tĂ© utilisĂ© vers l'an 1000, pour dĂ©signer l'amphithĂ©Ăątre. La statue elle-mĂȘme a Ă©tĂ© en grande partie oubliĂ©e, et seule sa base a survĂ©cu, entre le ColisĂ©e et le Temple de VĂ©nus et de Rome tout proche[8].
Selon l'archĂ©ologue Serena Ensoli (d), des fragments de la statue auraient pu ĂȘtre rĂ©employĂ©s en tant que spolia dans le colosse en bronze de Constantin[9].
- Avers : Gordien III, légende IMP GORDIANVS PIVS FELIX AVG. Revers : taureau aux prises avec un éléphant, dans le Colisée ; à gauche, colosse de Néron et Meta Sudans ; à droite, temple de Vénus et Rome, ou Ludus Magnus ; légende : MVNIFICENTIA GORDIANI AVG.
- Avers : Buste lauré et drapé de SévÚre Alexandre ; légende : IMP CAES M AVREL SEV ALEXANDER AVG. Avers : à gauche du Colisée, l'empereur accomplit un sacrifice prÚs de la Meta Sudans et de la grande statue d'Hélios ; à droite, un édifice distyle à deux frontons ; légende : PONTIF MAX TR P III COS PP.
Notes et références
- Pline lâAncien, Histoire naturelle, livre XXXIV, 18, 6
- Suétone, Vie des douze Césars, Néron, 31
- Histoire Auguste, Vita Hadriani, XIX, 10-13
- Cité dans Le sac de Rome de André Piganiol
- Il s'agit trÚs probablement du fameux colosse de bronze de Néron et donc de la seule représentation de cette statue qui reste de nos jours.
- Le Colisée, Encyclopédie Catholique
- Colosse de Néron, statue pourvue des attributs de la Fortune, tenant un gouvernail et appuyée sur la Meta Sudans.
- Amanda Claridge, Rome: An Oxford Archaeological Guide, Oxford University Press, 1998, p. 276â282 (ISBN 0-19-288003-9)
- Serena Ensoli (d), « Il Colosso di Nerone-Sol a Roma: una âfalsaâ imitazione del Colosso di Helios a Rodi. A proposito della testimonianza di Plinio e della ricostruzione del basamento nella valle del Colosseo », in Yves Perrin (dir.), Neronia VII. Rome, lâItalie et la GrĂšce. HellĂ©nisme et philhellĂ©nisme au premier siĂšcle aprĂšs J.-C. Actes du VIIe colloque international de la SIEN (AthĂšnes, 21-23 octobre 2004), Bruxelles, Latomus, 2007, p. 406-427.
Bibliographie
- Suétone, traduction de Henri Ailloud, Vies des douze Césars, Le livre de poche, Paris, 1961
- André Piganiol, Ve siÚcle, le sac de Rome, Albin Michel, Collection Le mémorial des siÚcles, Paris, 1964
Liens externes
- Le Colosse de Néron, ancienne restitution 3D par l'université de Caen.
- Nocturne du Plan de Rome - 3D - Le Colisée (04 février 2015), conférence sur le complexe du Colisée intégrant la nouvelle restitution 3D du Colosse de Néron