Accueil🇫🇷Chercher

Cluny III

« Cluny III Â» est l'expression employĂ©e pour dĂ©signer le troisième chantier de l'abbatiale de Cluny, construite entre 1088 et 1130, sous l'abbatiat d'Hugues de Semur.

Abbaye de
Saint-Pierre et Saint-Paul de Cluny
Image illustrative de l’article Cluny III
Présentation
Culte Catholique romain
Type Abbatiale
Rattachement Saint-Siège (dépendait directement du pape)
DĂ©but de la construction 1088
Fin des travaux 1130
Style dominant Roman (Cluny III)
Protection Monument historique (1862)
GĂ©ographie
Pays Drapeau de la France France
Région Bourgogne-Franche-Comté
DĂ©partement SaĂ´ne-et-Loire
Ville Cluny
CoordonnĂ©es 46° 26′ 05″ nord, 4° 39′ 34″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Abbaye deSaint-Pierre et Saint-Paul de Cluny
GĂ©olocalisation sur la carte : SaĂ´ne-et-Loire
(Voir situation sur carte : SaĂ´ne-et-Loire)
Abbaye deSaint-Pierre et Saint-Paul de Cluny
GĂ©olocalisation sur la carte : Cluny
(Voir situation sur carte : Cluny)
Abbaye deSaint-Pierre et Saint-Paul de Cluny
Cluny III

Cluny III Ă©tait un bâtiment roman d'une grandeur exceptionnelle, avec ses 187 m de longueur pour une largeur de 90 m au niveau du transept. Il Ă©tait, Ă  son Ă©poque, le plus grand de la chrĂ©tientĂ©, titre qui ne lui sera ravi que cinq siècles plus tard par la basilique Saint-Pierre de Rome. Avant cela, elle fut surnommĂ©e Maior Ecclesia (« La plus grande Ă©glise »).

Vendue comme bien national à la Révolution, l'abbaye de Cluny fut presque intégralement détruite de 1798 à 1823.

Historique

Construction

La construction aurait pour origine le songe d'un ancien abbé de Baume-les-Messieurs redevenu simple moine, Gunzo, à qui saint Pierre aurait demandé de dire à Hugues de Semur de bâtir une nouvelle église. L'apôtre lui aurait inspiré le plan de la nouvelle abbaye, qui devait être apte à abriter un millier de moines. En fait le songe merveilleux permet de justifier un projet très orgueilleux pour un ordre religieux. L'ordre de Cluny a toutefois les moyens de ses ambitions. C'est l'ordre le plus influent du Moyen Âge, qui intègre des établissements de toute l'Europe (Allemagne, Italie, Terre Sainte, Angleterre). C'est même un appui indispensable pour les entreprises réformatrices du pape. De plus, il bénéficie d'un apport de dons en numéraire énorme, par les princes et rois de Castille, dont Ferdinand III et Alphonse X, qui assurent chaque année des quantités importantes d'or.

Si la légende a retenu Gunzo comme architecte, le vrai maître d’œuvre est sans doute Hézelon, chanoine mathématicien de Liège devenu moine à Cluny.

L'église est consacrée en 1130, par le pape Innocent II. L'autel principal avait déjà été consacré par le pape Urbain II le .

Démantèlement

L'édifice est vendu comme bien national en 1798. Pour en faciliter la vente, l'ensemble est divisé en 4 lots par Pierre Jean Guillemot, ingénieur en chef du département. Ce partage, qui implique le percement d'une rue nord-sud coupant l'abbatiale en deux, signe l'arrêt de mort de la Maior Ecclesia. L'édifice et ses terrains sont finalement achetés le 21 avril 1798 par un groupe de 4 marchands. Les propriétaires rentabiliseront leur achat en utilisant l'église comme une carrière : les démolitions débutent le 6 juillet 1798. Plusieurs tentatives de sauvetage ont cependant lieu, notamment à l'initiative du Maire de Cluny qui en appelle au Préfet de Mâcon et au Ministre de l'Intérieur, Jean-Antoine Chaptal, lequel tente de mettre un terme aux démolitions à 2 reprises entre 1800 et 1801. Avertis de la décision du ministre prise le 3 juin 1801, les démolisseurs se hâtent de porter un coup fatal à l'édifice avant la publication de l'arrêté préfectoral, le 10 juin : la destruction des voûtes du 6 au 9 juin 1801 constitue ainsi un point de non retour. D'autres tentatives auront lieu en 1805 puis en 1809, en vain. De 1798 à 1823, Cluny III sera démolie pierre par pierre, au rythme des besoins du marché. Seuls 8 % de l'édifice seront finalement sauvés[1].

Description

L'alignement de la nef. À droite, au premier plan, vestige de la façade ouest ; au second plan, le grand transept.

De Cluny III, ne subsistent que les bras sud du grand et du petit transept, ainsi que le clocher de l'Eau bénite, qui coiffe le croisillon sud du grand transept. On peut voir aussi les restes des tours des Barabans, qui encadraient le portail, et les parties basses de l'avant-nef. Tout cela représente moins de 10 % de la surface d'origine de Cluny III.

On peut trouver des fragments de cette abbaye dans les musées alentour : musée du Palais Jean de Bourbon et musée du Pape Gélase, où se situent aujourd'hui le centre régional des Arts et Métiers ParisTech.

Toutes les dimensions de l'abbatiale sont des multiples d’un module de base de cent pieds supposés romains et des multiples de sept[2].

Plan général

Reconstitution de l'abbatiale Cluny III

L'Ă©difice d'art roman doit beaucoup aux architectes Gauzon et HĂ©zelon de Liège. Le plan fait Ă©tat d'un Ă©difice impressionnant, de 190 mètres de long, un dĂ©ambulatoire ornĂ© de cinq chapelles rayonnantes, un double transept de 59 et 73 mètres[2] comportant des absidioles sur les façades orientales, achevĂ©es en 1100. La nef est aussi grande que le grand transept, avec onze travĂ©es, et succède Ă  un narthex (ou avant-nef, ou encore galilĂ©e) de cinq travĂ©es, ce qui prendra 12 ans Ă  construire (1107-1115) et 6 ans Ă  voĂ»ter. Les deux tours carrĂ©es des Barabans, hautes Ă  l'origine de 50 mètres[2], en gardent l'entrĂ©e.

Portail

Vestiges du portail et du narthex : bases des tours, au fond ; mur sud du narthex, au centre.

Le portail, détruit à l'explosif en 1810 et dont les fragments sont emmenés par des particuliers ou servent alors de remblai, fait l'objet de nombreuses recherches et tentatives de reconstitution[3].

L'exposition « Cluny, 1120 Au seuil de la Major Ecclesia Â»[4] au MusĂ©e national du Moyen Ă‚ge prĂ©sente un Ă©tat des lieux de ces recherches. Un remontage de ce portail sur une armature mĂ©tallique de sept mètres de haut y est prĂ©sentĂ©, qui sera exposĂ© ensuite de manière permanente au musĂ©e Ochier de Cluny (Bourgogne). De plus de 16m de haut (environ 1,5 fois celui de la basilique Sainte-Marie-Madeleine de VĂ©zelay), il marquait l'entrĂ©e de l'abbaye avant la construction de l'avant-nef gothique (appelĂ©e GalilĂ©e[5] dans la culture Clunisienne). Il Ă©tait surmontĂ© d'une chapelle, la chapelle Saint-Michel.

D'après les travaux de Kenneth John Conant et les sources qu'il a pu réunir, on peut faire quelques suppositions sur l'iconographie de ce portail. Le tympan monolithe figurait un christ en gloire dans une mandorle bénissant entouré de quatre anges et des quatre évangélistes. Une première voussure à motif végétaux, appartenait encore au tympan qui pesait environ 17 tonnes. Le linteau figurait sans doute les douze apôtres entourant la Vierge Marie (perdue), reliant ainsi le registre terrestre au registre céleste incarné par le Christ qui la surmonte. D'autres personnages entouraient les apôtres, sans doute à gauche la scène des saintes femmes au tombeau, ce qui semble indiqué par un morceau figurant le visage d'un soldat endormi. À droite, Conant pensait que figurait la scène des pèlerins d'Emmaüs.

Les morceaux les plus importants retrouvés sont :

Nef

Vestiges de la nef et du transept

Mais c'est l'Ă©lĂ©vation qui constitue l'Ă©lĂ©ment le plus impressionnant. Le vaisseau central de la nef, Ă©largi par des collatĂ©raux doubles, s'Ă©levait en effet Ă  30 mètres sur trois niveaux. Sa voĂ»te lĂ©gèrement brisĂ©e Ă©tait soutenue Ă  l'intĂ©rieur par des arcs doubleaux, et Ă©paulĂ©e par des contreforts Ă©vidĂ©s.

Grand transept

La croisĂ©e du grand transept Ă©tait couverte d'une coupole de 40 mètres de haut, surmontĂ©e d'une tour barlongue, accompagnĂ©e au nord et au sud, au milieu des bras du grand transept, de deux tours de plan octogonal.

Seule subsiste le bras sud du grand transept, avec le clocher octogonal de l'Eau-Bénite, flanqué du petit clocher de l'Horloge, de plan carré.

  • Bras sud du grand transept
  • Grand transept, vu de la tour des Fromages.
    Grand transept, vu de la tour des Fromages.
  • Bras sud du grand transept, avec la tour octogonale et l'abside romane de la chapelle Saint-Étienne.
    Bras sud du grand transept, avec la tour octogonale et l'abside romane de la chapelle Saint-Étienne.
  • Bras sud du grand  transept, vestiges du triforium
    Bras sud du grand transept, vestiges du triforium
  • Bras sud du grand transept, vestiges de la nef et des collatĂ©raux.
    Bras sud du grand transept, vestiges de la nef et des collatéraux.
  • Triforium du grand transept
    Triforium du grand transept
  • Croisillon du grand transept
    Croisillon du grand transept
  • Coupole et croisillon du grand transept
    Coupole et croisillon du grand transept

Petit transept

De même, la croisée du petit transept était surmontée d'une souche de plan octogonal coiffée d'une flèche en charpente.

  • Bras sud du petit transept
  • Vestiges du second transept.
    Vestiges du second transept.
  • Vestiges du second transept.
    Vestiges du second transept.
  • Second transept. Porte d'entrĂ©e de la chapelle Jean de Bourbon.
    Second transept. Porte d'entrée de la chapelle Jean de Bourbon.
  • FenĂŞtre de la chapelle Jean de Bourbon.
    FenĂŞtre de la chapelle Jean de Bourbon.
  • Chapelle Jean de Bourbon.
    Chapelle Jean de Bourbon.
  • Chapelle Jean de Bourbon.
    Chapelle Jean de Bourbon.
  • Chapelle Jean de Bourbon.
    Chapelle Jean de Bourbon.
  • Second transept.
    Second transept.
  • Abside du petit transept.
    Abside du petit transept.
  • Chapiteau de l'abside du petit transept.
    Chapiteau de l'abside du petit transept.

Voir aussi

Notes

  1. Bruno Marguery, La destruction de l'abbaye de Cluny 1789-1823, Centre d'Études Clunisiennes, 1985
  2. Marcel Pacaut, Les ordres religieux au Moyen Ă‚ge, Nathan, 1970, p.74
  3. Marion Cocquet, « Quand Cluny revit », sur Le Point,
  4. [PDF]"Cluny, 1120 Au seuil de la Major Ecclesia"
  5. Galilée
  6. « Aigle, symbole de saint Jean l'Evangéliste », sur Musée du Louvre (consulté le ).

Sources

Bibliographie

  • Jean-Paul Lemonde, Le code de Cluny et le tracĂ© de l'Apocalypse, Ă©ditions DERVY, 2006, (ISBN 2-84454-429-0)
  • Bruno Marguery, La destruction de l'abbaye de Cluny 1789-1823, Centre d'Études Clunisiennes, 1985
  • Julie Roux, Cluny, In Situ, MSM, 2010.
  • Dominique Vingtain, L'abbaye de Cluny, Centre de l'Occident mĂ©diĂ©val, Éditions du CNRS, 1998.
  • Histoire Antique & MĂ©diĂ©vale hors-sĂ©rie n° 30, CLUNY 1120, au seuil de la Major Ecclesia, mars 2012

Articles connexes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.