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Claude Auclair

Claude Auclair est un auteur de bande dessinée français, né le à La Barre-de-Monts en Vendée et mort le à Nantes en Loire-Atlantique[1].

Claude Auclair
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Biographie
Naissance
Décès
(Ă  46 ans)
Nantes
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Prix Saint-Michel ( et )
Ĺ’uvres principales

S'intĂ©ressant principalement Ă  la science-fiction post-apocalyptique (Jason Muller, Simon du Fleuve) et au monde celte (Bran Ruz), c'est un des dessinateurs rĂ©alistes marquants des annĂ©es 1970 et 1980. Son Ĺ“uvre, Ă©cologiste et utopique, « empreinte d'un grand humanisme[2] Â», est marquĂ©e par un certain didactisme.

Biographie

Après avoir passé son enfance dans le marais breton, Claude Auclair déménage à dix ans à Nantes, ce qu'il vit comme un déracinement[3]. À la suite de ses études aux Beaux-Arts de Nantes, il devient, au milieu des années 1960, décorateur de théâtre[4]. Lassé, il arrête en 1967 et part en voyage autour de la Méditerranée[5]. À son retour, il se lance dans l'illustration de science-fiction pour des revues des éditions OPTA tels que Galaxie-Bis ou Fiction. Redécouvrant alors la bande dessinée, il étudie Jijé, Alex Raymond et Harold Foster afin de définir son style et publie une histoire dans Phénix en 1968[2].

Chez OPTA, Jean Giraud lui propose de collaborer à Pilote après un essai concluant dans Undergound Comics[2]. En 1970, Claude Auclair entre dans l'hebdomadaire avec la série post-apocalyptique Jason Muller (dont les deux premiers épisodes sont écrits par Giraud et les suivants par Pierre Christin)[2]. En 1971, il crée, dans Tintin, La Saga du Grizzly, western pro-indien, puis Les Naufragés d'Arroyoka (avec Greg)[2].

L'année suivante, René Goscinny, refusant de publier la suite de Jason Muller, et la collaboration avec Greg ne s'étant pas avérée fructueuse[6], Auclair livre à Record Catriona Mac Killigan, traitant de la révolte des Écossais contre Londres (avec Jacques Acar), avant d'entamer (à la suite d'un changement de la rédaction à Record) en 1973 dans Tintin la bande dessinée qui le fait connaître auprès du grand public : Simon du Fleuve, une nouvelle série post-apocalyptique écologiste[2]. Il en réalise six histoires avant qu'un différend avec Le Lombard la lui fasse arrêter en 1978[2]. Cité N.W n°3, publiée dans Tintin en 1978, est la dernière bande dessinée qu'il scénarise lui-même[2].

Il entre alors dès le premier numĂ©ro dans l'Ă©quipe d’(A SUIVRE), oĂą il s'intĂ©resse tout d'abord au monde celte, dĂ©jĂ  abordĂ© avec Catriona Mac Killigan, dans Bran ruz (1978-1981, avec Alain Deschamps) et Tuan Mac Cairill (1982, avec Deschamps) puis Ă  l'esclavagisme dans Le Sang du flamboyant (1984, avec François Migeat)[2]. En 1981, Alan Stivell publie le disque Terre des vivants, dont la pochette est illustrĂ©e par Claude Auclair. En 1988, celui-ci entame une collaboration avec Alain Riondet, rĂ©alisant en deux ans quatre nouveaux Ă©pisodes de Simon du Fleuve, moins polĂ©miques mais nĂ©anmoins remarquĂ©s[2]. En 1989, il publie dans (A SUIVRE), avec le mĂŞme scĂ©nariste, Celui-lĂ , « Ă©popĂ©e de la civilisation[2] Â», dont il laisse le second volume inachevĂ© Ă  sa mort le [2], des suites d'une longue maladie[7]. Afin que celui-ci puisse ĂŞtre proposĂ© au public, Jacques Tardi et Jean-Claude MĂ©zières l'achèvent[2].

L'Ĺ“uvre d'Auclair

Un pionnier de la bande dessinée post-apocalyptique

Tendance lourde de la science-fiction littĂ©raire dans la fin des annĂ©es 1960, le post-apocalyptique reste cependant peu prĂ©sent dans la bande dessinĂ©e francophone, les auteurs du genre lui prĂ©fĂ©rant une approche plus baroque (Philippe Druillet) ou plus humoristique (le premier Jean Giraud). Dès sa première histoire, « Après Â», publiĂ©e en 1970 dans Underground Comics, Auclair met en scène une humanitĂ© survivant dans un monde ayant rĂ©gressĂ© technologiquement, oĂą les villes sont abandonnĂ©es[8]. Au discours assez « lourd Â», cette histoire est suivie des deux premières de Jason Muller qui, manquant de cohĂ©rence, montrent l'hĂ©sitation d'Auclair entre la dĂ©fense de la construction d'une sociĂ©tĂ© nouvelle sur les ruines de l'ancienne, ou de la restauration de celle-ci[9]. Les deux autres histoires de Jason Muller, parues deux ans plus tard, montrent plus clairement ce balancement, et l'engagement d'Auclair en faveur d'une sociĂ©tĂ© nouvelle[10], avant que Simon du Fleuve ne l'entĂ©rine complètement.

La caractĂ©ristique de Simon du Fleuve dans le genre est son aspect pĂ©dagogique marquĂ©[11]. Reprenant les clichĂ©s du post-apocalyptique (« malfaisance de la science, folie humaine, rĂ©gression de la civilisation Â»), il dĂ©crit une utopie dont les aspects idĂ©alistes (vie dans les champs, sans hĂ©ros ni rĂ©gime politique, exaltation de l'« individu moyen Â») sont tempĂ©rĂ©s par un certain rĂ©alisme : Simon utilise la violence, et est gĂŞnĂ© par son impossibilitĂ© d'appartenir Ă  une nouvelle sociĂ©tĂ© qui se veut sans distinctions[11]. Cette volontĂ© sincère « d'apporter une rĂ©ponse au problème de la violence et des rapports humains Â» reste handicapĂ©e par l'ancrage très fort de l'auteur dans l'idĂ©ologie des annĂ©es 1970[11].

Cette domination du pédagogisme, de la démonstration lyrique, a conduit Jean-Pierre Andrevon à voir dans la science-fiction d'Auclair un moyen pour véhiculer une idéologie ruraliste et empreinte de mysticisme chrétien plutôt qu'une réelle réflexion sur le post-catastrophisme, ce que montrerait son abandon de la science-fiction en 1978 pour Bran Ruz[12] puis le caractère encore plus utopique de sa reprise de Simon en 1988.

La défense des minorités et de la nature

Bien qu'il se dĂ©fende d'ĂŞtre un « chantre des minoritĂ©s Â», Auclair base son travail sur la dĂ©monstration du « mal que font les cultures dominantes », ce qui le conduit Ă  la dĂ©fense des cultures opprimĂ©es[13]. RĂ©alisateur d'un des premiers westerns pro-indien en bande dessinĂ©e en 1971, il a mis en scène en 1973 dans Catriona Mac Killigan la RĂ©volte des Écossais contre les Anglais, dĂ©nonce ce qu'il perçoit comme l'oppression des Celtes dans Bran Ruz de 1978 Ă  1982 (en confĂ©rant Ă  l'histoire une portĂ©e universelle[14]) et s'est intĂ©ressĂ© Ă  l'esclavagisme en Martinique dans Le Sang du flamboyant en 1984. Faisant l'apologie de l'Ă©galitarisme communautaire et de la vie rurale, Auclair propose une vision de la femme originale dans la bande dessinĂ©e de son Ă©poque : « ni biches fragiles ni baroudeuses de choc, elles font preuve d'une « nature fĂ©minine Â» saine et complexe, qui les place d'emblĂ©e Ă  Ă©galitĂ© de jeu avec l'homme[15] ».

Cette dĂ©monstration des mĂ©faits d'un monde obsĂ©dĂ© par le progrès, Ă©vidente dans ses Ĺ“uvres de science-fiction, a pour corollaire un Ă©cologisme marquĂ©, la nature jouant pour lui un rĂ´le fondamental et protecteur dans la construction de l'individu[3]. Nostalgique de l'ordre prĂ©-industriel, Auclair est « l'homme des paysages[16] Â». Attachant une grande importance aux Ă©lĂ©ments naturels, il leur confère un lourd rĂ´le symbolique : l'eau est la borne de la vie humaine, son commencement comme sa fin[17], le feu destruction purificatrice qui devient bĂ©nĂ©fique dans le cadre utopique[18], la terre, fĂ©conde et nourricière, comme la femme est la base de la vie humaine[19] tandis que le ciel est avant tout un dĂ©cor, un prĂ©texte mystique[20].

Un humaniste typique des années 1970

Cette prĂ©dilection pour les mondes disparus, utopiques, qu'ils soient prĂ© ou post-modernes, ressort chez Auclair d'une vision humaniste du monde. Ă€ ses dĂ©buts « naĂŻf, fougueux et gĂ©nĂ©reux[9] Â», cet humanisme s'assombrit au cours des annĂ©es 1970, et les Simon du Fleuve de l'Ă©poque sont porteurs d'une vision plus pessimiste du progrès humain. Cependant, « la visĂ©e utopiste pervertit quelquefois la rĂ©flexion et l'analyse[21] Â» : la description du monde communautaire semble tout droit sortie « du documentarisme triomphant du cinĂ©ma soviĂ©tique des annĂ©es 1930[12] Â» et Simon du Fleuve reste « typique des courants de pensĂ©e des annĂ©es 1970[21] ».

Son travail sur Bran Ruz entĂ©rine le caractère avant tout idĂ©aliste et utopique des Ĺ“uvres d'Auclair : « le mysticisme chrĂ©tien [et] la recherche des valeurs confraternelles et rurales n'ont plus besoin des prĂ©textes d'un futur fantasmĂ© pour pouvoir s'exprimer[12] Â». Ce mysticisme est cependant non transcendant, c'est une exaltation de l'union de l'homme aux Ă©lĂ©ments naturels plus qu'au ciel[22], doublĂ© d'une dĂ©nonciation des dominations. Les derniers Simon du Fleuve et Celui-lĂ  entĂ©rinent cette vision.

Un symbole des faiblesses de l'art engagé ?

Cet intĂ©rĂŞt pour les « paraboles philosophiques Â», « la sincĂ©ritĂ© profonde Â» de l'auteur limitent cependant souvent « la validitĂ© artistique Â» de son Ĺ“uvre, bien qu'il reste rĂ©tif aux « grands systèmes explicatifs Â»[23]. Ses textes sont marquĂ©s par « un lyrisme descriptif quelque peu dĂ©suet[21] », ses mondes dĂ©crits semblent souvent s'inspirer « du rĂ©alisme socialiste le plus conventionnel[24] Â». De plus, son engagement contre l'Ă©touffement des particularismes culturels, le conduit Ă  la fois Ă  une vision tronquĂ©e de l'Histoire et Ă  une mise en scène très dĂ©monstrative qui le mènent Ă  un certain pompiĂ©risme des dessins et Ă  une tendance Ă  l'utilisation de clichĂ©s littĂ©raires dans des descriptifs redondants du texte[14]. Bruno Lecigne et Jean-Pierre Tamine voient ainsi dans Bran Ruz un projet plus didactique qu'artistique, qui manifeste le problème de la « pauvretĂ© artistique Â» de l'art engagĂ©[14].

Publication

PĂ©riodiques[25]

  • Deux histoires dans Comics 130, 1970
  • 19 « actualitĂ©s » (dessin), avec des scĂ©naristes divers (principalement Serge de Beketch), dans Pilote, 1970-1972
  • Quatre histoires de Jason Muller[n. 1], dans Pilote, 1970-1972
  • La Saga du grizzly, dans Tintin, 1971
  • Six histoires des NaufragĂ©s d'Arroyoka (dessin), avec Greg (scĂ©nario), dans Tintin, 1971
  • Quatre histoire de Catriona Mac Killigan (dessin), avec Jacques Acar (scĂ©nario), dans Record, 1972-1973
  • Simon du Fleuve, dans Tintin :
  1. La Ballade de Cheveu Rouge, 1973
    parution (en France) dans Tintin l'Hebdoptimiste du no 3 (23.1.73) au 11, puis du 18 au 24 (19.6.73), 46 planches
  2. Le Clan des Centaures, 1974
  3. Les Esclaves, 1975
  4. Maïlis, 1975-1976. Bande dessinée publiée dans l'édition belge seulement
  5. Les Pèlerins, 1977-1978
  6. Cité N.W n°3, 1978

Claude Auclair a également participé à Phénix (1968), Underground comix (1970) et au Canard sauvage (1975).

One shot

  • Bran Ruz, Casterman, « Les Romans (A suivre) Â», 1981
    Scénario : Alain Deschamps - Dessin : Claude Auclair - (ISBN 2-203-33409-6)
  • Jason Muller, Les HumanoĂŻdes associĂ©s, « Mirage Â», 1975
    Scénario : Jean Giraud - Dessin : Claude Auclair
  • Les NaufragĂ©s d'Arroyoka, Lombard, « Jeune Europe Â» no 105, 1975
    Scénario : Greg - Dessin : Claude Auclair
  • La Saga du Grizzli, Les HumanoĂŻdes associĂ©s, « Mirage Â», 1976
    Scénario et dessin : Claude Auclair
  • Le Sang du flamboyant, Casterman, « Les Romans (A suivre) Â», 1985
    Scénario et dessin : Claude Auclair - (ISBN 2-203-33427-4)
  • Tuan Mc Cairill, Les HumanoĂŻdes AssociĂ©s, « Aventures (HumanoĂŻdes AssociĂ©s) Â», 1985
    Scénario : Jacques Acar et Alain Deschamps - Dessin : Claude Auclair - (ISBN 2-7316-0302-X)

SĂ©ries

RĂ©compenses

  • Prix Saint-Michel :
    • Meilleur dessin et du meilleur scĂ©nario rĂ©alistes pour Le Clan des centaures (Simon du Fleuve), en 1975 Ă  Bruxelles
    • Meilleur scĂ©nario rĂ©aliste, pour MaĂŻlis (Simon du Fleuve, tome 3), en 1976[27]
  • Grand Prix PhĂ©nix, pour Simon du Fleuve, en 1976 Ă  Paris
  • Prix Saint-Michel du meilleur dessin rĂ©aliste, pour MaĂŻlis (Simon du Fleuve, tome 3) en 1977[27]

Notes et références

Notes

  1. La première histoire est scénarisée par Gir, la seconde par Linus.

Références

  1. https://deces.matchid.io/search?size=n_60_n&q=Claude+Auclair
  2. Gaumer 2004, p. 38.
  3. Auclair 1984, p. 7.
  4. Gaumer 2004, p. 37.
  5. Auclair 1984, p. 9.
  6. Auclair 1984, p. 10.
  7. Claude Auclair a rejoint les dieux celtiques, Le Soir, 1990-01-25.
  8. Pierpont 1984, p. 15.
  9. Pierpont 1984, p. 16.
  10. Pierpont 1984, p. 17.
  11. Ecken 1984, p. 18-19.
  12. Andrevon 1984, p. 21.
  13. Auclair 1984, p. 13.
  14. Lecigne et Tamine 1984, p. 35.
  15. Groensten 1984, p. 29.
  16. Chante 1984, p. 25.
  17. Chante 1984, p. 26.
  18. Chante 1984, p. 26-27.
  19. Chante 1984, p. 27.
  20. Chante 1984, p. 27-28.
  21. Ecken 1984, p. 19.
  22. Chante 1984, p. 28.
  23. Thierry Groensteen, « Claude Auclair », Les Cahiers de la bande dessinée, no 58,‎ , p. 6.
  24. Wilbur Leguèbe, La Société des bulles, éd. Vie ouvrière, 1977, p. 156
  25. Cance 1984.
  26. La Ballade de Cheveu Rouge n’est pas repris dans la sĂ©rie rĂ©gulière des albums Lombard Ă  la suite d'un litige avec Gallimard et a fait l'objet d'une Ă©dition pirate Ă  500 exemplaires en 1981, avant d'ĂŞtre rĂ©Ă©ditĂ©e intĂ©gralement dans La Dame noire, la biographie rĂ©alisĂ©e par Johan Vanbuylen en 1999. En effet, cette histoire, comme le prĂ©cise Claude Auclair dans la toute dernière case, s'inspire fortement du roman Le Chant du monde (1934) de Jean Giono, Ă©ditĂ© par Gallimard (portĂ© Ă  l'Ă©cran en 1965 par Marcel Camus).
  27. MaĂŻlis a valu Ă  Claude Auclair des rĂ©compenses deux annĂ©es de suite aux prix Saint-Michel ; en 1976 pour la version prĂ©publiĂ©e, en 1977 pour la version album.

Annexes

Dossiers, ouvrages

  • « Dossier Auclair », dans Zounds no 4, , p. 3-20
  • « Dossier Auclair », dans Les Cahiers de la bande dessinĂ©e no 58, juin-, p. 5-42
  • Johan Vanbuylen, La Dame noire, P&T Productions, 1999. Biographie avec reprise de La Ballade de Cheveu-Rouge en noir et blanc (ISBN 2872651039)

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