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Citerne de l'Hebdomon

La Citerne de l’Hebdomon (en grec : ÎșÎčΜστέρΜη Ï„ÎżáżŠ ጝÎČÎŽÎżÎŒÎżÏ…) Ă©tait l’une de quatre grandes citernes Ă  ciel ouvert de l’ancienne Constantinople[N 1]. Elle Ă©tait situĂ©e Ă  Hebdomon, faubourg situĂ© hors des murs de la Constantinople byzantine. À l’époque ottomane, elle fut connue sous le nom de Fildamı Sarnıcı ("Citerne de la maison aux Ă©lĂ©phants"[1]). De nos jours, l’Hebdomon fait partie du district Bakirköy dans les faubourgs d’Istanbul [2].

Les environs de Constantinople.

Emplacement

Aujourd’hui situĂ©e dans la banlieue d’Istanbul, district de Bakirköy et mahalle (litt: quartier[N 2]) d’Osmaniye, entre Fildamı Arkası et Çoban çeƟme Sokak, au nord-ouest du champ de courses Veli Efendi, la citerne se trouve Ă  environ deux kilomĂštres Ă  l’ouest de la Corne d’Or dans la partie ouest d’une petite vallĂ©e, aujourd’hui complĂštement construite qui se dirige en direction sud vers la mer de Marmara[2].

Histoire

Vue aĂ©rienne de la citerne telle qu’elle apparait de nos jours.

À l’époque byzantine, l’Hebdomon (en grec : ጝÎČÎŽÎżÎŒÎżÎœ, litt : le septiĂšme, ainsi appelĂ© parce que situĂ© Ă  sept milles romains du Million qui indiquait le point de dĂ©part de toutes les routes partant de Constantinople[3]) Ă©tait une agglomĂ©ration situĂ©e Ă  l’extĂ©rieur de Constantinople, un endroit de villĂ©giature apprĂ©ciĂ© prĂšs de la mer et bien arrosĂ©. L’empereur Valens (r. 364 – 378) y avait fait bĂątir le Palais de la Magnaure, alors que Justinien Ier (r. 527 – 565) avait fait Ă©riger celui que l’on appelle Jucundianae (aussi appelĂ© Secundianae), tous deux prĂšs des rives de la mer de Marmara[4], lĂ  oĂč se trouve de nos jours la marina Ataköy. On y trouvait Ă©galement deux Ă©glises dĂ©diĂ©es l’une Ă  saint Jean l’ÉvangĂ©liste, l’autre Ă  saint Jean le Baptiste, cette derniĂšre abritant la tĂȘte du saint et le tombeau de l’empereur Basile II (r. 976 – 1025).

L’armĂ©e de Thrace y avait aussi un terrain d’exercice appelĂ© Kampos tou Tribounaliou (en grec : ÎšÎŹÎŒÏ€ÎżÏ‚ Ï„ÎżáżŠ τρÎčÎČÎżÏ…ÎœÎ±Î»ÎŻÎżÏ…; en latin : Campus Tribunalis). C’est sur ce Champ de Mars ou terrain d’entrainement militaire que furent acclamĂ©s plusieurs empereurs[4] dans la vallĂ©e dite Veli Efendi oĂč se trouve de nos jours le champ de courses d’Istanbul[5]. La cour impĂ©riale venait rĂ©guliĂšrement Ă  Hebdomon pour assister aux parades militaires, pour acclamer l’empereur Ă  son retour de campagne militaire ou pour prier dans l’église Saint-Jean-le-Baptiste[4].

On ne peut dĂ©terminer avec certitude la date de construction de cette citerne en pĂ©riphĂ©rie d’Hebdomon; toutefois, il est pratiquement certain qu’elle fut Ă©rigĂ©e entre les Ve siĂšcle/VIe siĂšcle et le VIIIe siĂšcle[1] - [2] - [6]. La taille des briques suggĂšrerait une date d’édification vers la fin du rĂšgne de Justinien (r. 527 – 565) alors que l’absence de poinçon sur les briques est typique des constructions faites aprĂšs la fin du VIe siĂšcle[6]. La citerne servait sans aucun doute Ă  l’alimentation en eau des deux palais impĂ©riaux ainsi qu’à l’armĂ©e de Thrace qui s’exerçait sur le Champ-de-Mars et aux nombreux animaux qu’elle possĂ©dait dans son train.

À la fin du XIIe siĂšcle toutefois, le systĂšme d’adduction d’eau avait Ă©tĂ© abandonnĂ©, rĂ©sultat sans doute de nombreuses secousses sismiques. AprĂšs la chute de Constantinople en 1453, un nouveau systĂšme fut construit qui tirait son eau de sources plus rapprochĂ©es Ă  Halkali et dans la forĂȘt de Belgrade[6]. Maintenant vide, le rĂ©servoir fut utilisĂ© par les Ottomans comme endroit oĂč garder les Ă©lĂ©phants du sultan, d’oĂč les noms turcs de Fihane ou Fildami, signifiant « maison » ou « rĂ©paration » des Ă©lĂ©phants[1] - [2] - [7]. Par la suite, il devait servir de jardin potager, devenant l’un des quatre Çukurbostan (litt : jardin en creux) d’Istanbul[1]. En 1996, l’État acheta le terrain et le transforma en terrain pour concerts populaires Ă  ciel ouvert pouvant contenir jusqu’à 12 000 spectateurs[8]. DĂšs 2003 cependant, il devint Ă©vident que les vibrations causĂ©es par ces concerts Ă©branlaient les murs tout en effrayant les chevaux du champ de courses voisin. On cessa alors cette utilisation et depuis le terrain, administrĂ© par le belediye de Barirköy, sert surtout Ă  l’organisation de rassemblements[8].

Description

La plus petite des quatre citernes Ă  ciel ouvert de Constantinople[6], cette citerne, de dimensions rectangulaires, avait 127 mĂštres de longueur sur 76 mĂštres de largeur pour une superficie totale de 9 600 mĂštres carrĂ©s[1] - [2] - [7]. Sa profondeur moyenne Ă©tait d’environ 11 mĂštres Ă  l’intĂ©rieur, mais beaucoup moins Ă  l’extĂ©rieur, car la citerne, Ă  l’instar des autres citernes Ă  ciel ouvert de Constantinople, eut tendance Ă  s’enfoncer dans le sol avec le temps[1]. Elle pouvait contenir environ 105 000 mĂštres cubes d’eau. Ses murs, toujours en place, avaient 4,10 mĂštres d’épaisseur sur les cĂŽtĂ©s nord et sud, et 7 mĂštres sur les cĂŽtĂ©s est et ouest[1]. Ils Ă©taient construits en utilisant la technique romaine de l’opus listatum, c’est-Ă -dire en alternant rangĂ©es de briques et de pierre Ă  raison de cinq pour deux[7], sauf prĂšs du sommet oĂč la relation Ă©tait de cinq pour quatre (ou pour cinq)[1] - [7]. On retrouve cette mĂȘme technique dans la construction des trois citernes situĂ©es Ă  l’intĂ©rieur des murs de Constantinople, celles d’Aspar, d’Aetius et de Mocius. Le mur extĂ©rieur ouest est imbriquĂ© dans la colline, alors que le mur intĂ©rieur ouest et le mur extĂ©rieur est sont renforcĂ©s grĂące Ă  une sĂ©rie de dix-neuf niches semi-circulaires formant contreforts pour supporter le poids de la colline[1] - [6]. Deux escaliers, de nos jours en partie dĂ©truits, sont construits dans les cĂŽtĂ©s nord et sud qui permettaient l’accĂšs Ă  l’intĂ©rieur[1]. Autre particularitĂ© intĂ©ressante de cette citerne, le chĂąteau d’eau (en latin : castellum aquae) construit Ă  l’extĂ©rieur du coin sud-ouest. Ce genre de rĂ©servoir Ă©tait utilisĂ© pour stabiliser la pression hydraulique d’un aqueduc en Ă©vacuant l’eau lorsque le niveau descendait au-dessous d’un certain niveau[6]. Ce chĂąteau d’eau avait une double paroi ainsi qu’un escalier cylindrique au centre, sĂ©parĂ©e de l’extĂ©rieur par un coffrage contenant l’eau qui entrait par une arrivĂ©e d’eau placĂ©e Ă  la base de la tour[6]. Plusieurs canaux de sortie permettaient de distribuer l’eau du rĂ©servoir en diffĂ©rentes directions[6]. On ignore si la citerne, situĂ©e Ă  basse altitude, tirait son eau directement de sources avoisinantes et, le cas Ă©chĂ©ant, si celles-ci Ă©taient suffisantes pour la remplir, ou si l’eau venait par divers canaux de la Thrace voisine[6].

Dans la mĂȘme vallĂ©e on trouve un peu plus Ă  l’ouest trois plus petites citernes Ă  ciel ouvert, de forme elliptique, s’alignant en direction nord-sud[9]. Celle du centre est complĂštement dĂ©truite alors que les deux autres, encore en existence, sont appelĂ©es Domuzdami (litt : maison des cochons), car elles servaient d’abris pour animaux[9].

Bibliographie

  • Altun, Feride Imrana. Istanbul`un 100 Roma, Bizans Eseri. Istanbul, Istanbul Buyukșehir Belediyesi KĂŒltĂŒr A.ƞ. Yayınları, 2009. (ISBN 978-9944-370-76-9).
  • (en) Crow, James. The Water Supply of Byzantine Constantinople. Roman Society Publications, 2008. (ISBN 978-0907764366).
  • (fr) Eyice, Semavi. Petite Guide Ă  travers les Monuments Byzantins et Turcs. Istanbul, Istanbul Matbaası, 1955.
  • (en) Goncal, Serhat. "Fildami Cistern, its role in Constantinople and its historical background through history". 26/12/2009. Recherche 17 fĂ©v. 2020.
  • (fr) Janin, Raymond. Constantinople Byzantine. Paris, Institut Français d'Études Byzantines, 1964. ISSN 0402-8775.
  • (en) Mamboury, Ernest. The Tourists' Istanbul. Istanbul, Çituri Biraderler Basımevi, 1953.
  • (de) MĂŒller-Wiener, Wolfgang. Bildlexikon zur Topographie Istanbuls: Byzantion, Konstantinupolis, Istanbul bis zum Beginn d. 17 Jh. TĂŒbingen, Wasmuth, 1977. (ISBN 978-3-8030-1022-3).

Notes et références

Notes

  1. Les trois autres Ă©tant la citerne de Mocius, la citerne d’Aspar et la citerne d’Aetius, situĂ©es, contrairement Ă  la citerne de l’Hebdomon, Ă  l’intĂ©rieur des murs de Constantinople
  2. Dans le systÚme territorial turc, le quartier est décrit comme une unité administrative se trouvant en relation de voisinage avec d'autres montrant parmi leur population, des besoins, des priorités et des particularités similaires

Références

  1. Mamboury (1953), p. 326
  2. Janin (1964), p. 205)
  3. Janin (1964) p. 446
  4. Janin (1964) p. 447
  5. Janin (1964) p. 448
  6. Goncal (2009) « Fildami Cister, It’s role in Constantinople and it’s historical backgroung through history »
  7. Altun (2009) p. 142
  8. BambaƟka Bakırköy Gazetesi (10): 14. Mars 2009.
  9. Janin (1964) p. 206

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

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