Citerne d'Aspar
La Citerne dâAspar (en grec : áŒĄ ÏοῊ áŒÏÏαÏÎżÏ ÎșÎčÎœÏÏÎÏΜη) ou Grande Citerne (en grec : ÎŒÎ”ÎłÎŻÏÏη ÎșÎčÎœÏÏÎÏΜη), connue en turc comme Sultan Selim Ăukurbostanı (« Jardin en creux du Sultan Selim »)[1] Ă©tait lâune de quatre citernes Ă ciel ouvert de lâancienne Constantinople[N 1].
Emplacement
La citerne est situĂ©e Ă Istanbul, dans le district de Fatih, sur la partie la plus Ă©levĂ©e du quartier du Phanar. Son nom turc vient de Ăukurbostan prĂšs de la mosquĂ©e Yavuz Selim elle-mĂȘme situĂ©e entre Sultan Selim Caddesi et Yavuz Selim Caddesi. Elle surplombe la Corne dâOr sur les pentes de la cinquiĂšme colline dâIstanbul.
Histoire
La construction de la citerne dĂ©buta en 459, au cours du rĂšgne de lâempereur Maurice(r.450-457) dans la quatorziĂšme rĂ©gion de Constantinople, dans une rĂ©gion appelĂ©e par les Byzantins « Petrion »[N 2], un quartier regroupant nombre dâĂ©glises et de monastĂšres cĂ©lĂšbres. La configuration du terrain sây prĂȘtait bien, car les pentes raides de la Corne dâOr ne permettaient guĂšre la construction de maisons particuliĂšres alors que les monastĂšres sây trouvaient plus Ă©loignĂ©s du monde extĂ©rieur que dans dâautres quartiers et pouvaient donc vivre dans un isolement relatif tout en restant Ă proximitĂ© de la ville. Lâinitiative en revient au patrice Aspar, Alain dâorigine et arien de religion, qui se distingua en Italie oĂč il mit fin Ă un complot contre lâempereur Valentinien III (425). Ne pouvant en raison de son origine monter sur le trĂŽne, il y installa son tribun militaire, LĂ©on Ier dit le Thrace (r. 457-474). Celui-ci combla dâhonneur son mentor et le fils d'Aspar, Patrice, Ă©pousera la fille de LĂ©on.
Selon la Chronicon Paschale, document du VIIe siĂšcle, la construction commença en 459, sous la direction des deux fils dâAspar, Ardabur et Patricius, alors que Patricius et Ricimer, Ă©taient consuls[2]. DâaprĂšs le mĂȘme document, la citerne se trouvait « prĂšs de lâancien mur de la citĂ© », câest-Ă -dire prĂšs du mur de Constantin[2]. Pendant longtemps les auteurs qui se penchĂšrent sur le sujet furent incapables dâĂȘtre plus prĂ©cis, identifiant celle-ci avec les citernes de Bonus, dâArcadius ou mentionnant simplement le Petrion; ce nâest que rĂ©cemment que son identification put ĂȘtre prĂ©cisĂ©e avec certitude[1]. AprĂšs la chute de Constantinople en 1453, le voyageur français Pierre Gilles put observer que vers 1540 la citerne Ă©tait vide[2]. Il se pourrait toutefois que son utilisation comme rĂ©servoir ait cessĂ© avant la chute de la Ville, car il Ă©tait dĂ©jĂ connu Ă cette Ă©poque sous le nom de Xerokepion (en grec : ÎηÏÎżÎșÎźÏÎčÎżÎœ ou « Jardin assĂ©chĂ© »)[3].
Selon la tradition, la citerne aurait Ă©tĂ© directement reliĂ©e Ă Hagia Sophia qui se trouve Ă environ trois kilomĂštres au sud-est, grĂące Ă un passage situĂ© au centre du cĂŽtĂ© sud-est, lequel aurait Ă©tĂ© obturĂ© vers le milieu du IXe siĂšcle[3]. Pendant le rĂšgne du sultan Suleyman Ier (r. 1520-1566) une petite mosquĂ©e fut Ă©rigĂ©e Ă lâintĂ©rieur du rĂ©servoir assĂ©chĂ©[1]. Au cours de la pĂ©riode ottomane, comme le laisse prĂ©sumer son nom turc de Ăukurbostan (litt. : jardin en creux), la structure fut utilisĂ©e comme jardin potager; par la suite on y construisit un petit village entourĂ© de vergers et de jardins[1] - [4]. Depuis 2004, le village, sauf la mosquĂ©e, a fait place Ă un stationnement automobile[5]. Le terrain est maintenant utilisĂ© Ă la fois comme stationnement automobile et stade sportif[6].
Description
ĂrigĂ©e sur un plan carrĂ©, la citerne fait 152 mĂštres de cĂŽtĂ© et couvre une superficie de 23 100 m2. Sa profondeur varie de 10 Ă 11 m[1]. Elle pouvait contenir entre 0,230 et 0,250 millions de mĂštres cubes dâeau[1]. Ses murs, dont une partie subsiste, avaient une Ă©paisseur de 5,20 mĂštres et Ă©taient construits selon la technique romaine dite opus listatum alternant cinq rangĂ©es de briques et cinq rangĂ©es de pierre, technique qui sera aussi utilisĂ©e dans la citerne dâAetius[3]. Sur les murs intĂ©rieurs on peut voir les traces dâanciennes arches ce qui a portĂ© certains Ă prĂ©sumer que la citerne aurait pu ĂȘtre recouverte[3]. Une autre citerne lui est adjacente dans son angle sud-est, celle de PulchĂ©rie[5].
Une identification difficile
Comme les autres citernes de Constantinople, celle dâAspar ne put ĂȘtre identifiĂ©e avec certitude que vers le milieu du XXe siĂšcle. Selon des sources byzantines, le rĂ©servoir Ă©tait situĂ© prĂšs du Palais du PorphyrogĂ©nĂšte, des monastĂšres de Kaiouma, du Chrysobalanton de Manuel, de la « Theotokos tĂĄ KoronĂšs » et du monastĂšre de sainte ThĂ©odosie[2]. Deux indications importantes ont Ă©galement permis dâaider Ă identifier le site : le fait quâil se trouvait prĂšs du mur de Constantin et sa description comme « imposant » (en grec : ÎŒÎ”ÎłÎŻÏÏη)[2].
Au cours des ans, on avait successivement identifiĂ© comme Ă©tant la citerne dâAspar : (1) une citerne situĂ©e prĂšs de la mosquĂ©e Bodrum; (2) une citerne couverte situĂ©e au sud-est du Ăukurbostan de la Porte dâAndrinople sur le mur de ThĂ©odose et connue sous le nom de Zina Yokusu Bodrumi; (3) la citerne prĂšs de Sivasti Dede Mescid, au sud-est de la mosquĂ©e du sultan Selim Ier; (4) le Ăukurbostan de la Porte de Charisius, lequel fut identifiĂ© avec certitude par la suite comme Ă©tant la citerne dâAetius[2]. On peut Ă©carter les deux premiers sites comme Ă©tant trop Ă©loignĂ©s de la muraille de Constantin, le deuxiĂšme Ă©tant trop petit pour rĂ©pondre aux critĂšres. Le troisiĂšme site, bien que de grande dimension est Ă©galement trop loin des murailles, alors que le quatriĂšme est de petite dimension[2]. La seule citerne qui rĂ©ponde aux deux critĂšres (grande dimension et prĂšs des murailles) est celle connue Ă Istanbul sous le nom de Yavuz Selim Ăukurbostani, Ă proximitĂ© de la mosquĂ©e du sultan Selim Ier, ce qui conduisit Ă identifier celle-ci avec la citerne dâAspar vers le milieu du XXe siĂšcle[1].
Bibliographie
- (en) Ernest Mamboury, The Tourists' Istanbul, Istanbul, Ăituri Biraderler Basımevi,
- Semavi Eyice (en), Istanbul : Petit guide à travers les monuments byzantins et turcs, Istanbul, Istanbul Matbaası, (OCLC 17906510)
- (en) John Freely et Ahmet S. Ăakmak, Byzantine Monuments of Istanbul, New York, Cambridge University Press, (ISBN 978-0-521-17905-8)
- Raymond Janin, « Ătudes de topographie byzantine : Les citernes d'AĂ©tius, d'Aspar et de Bonus », Ătudes byzantines,â , p. 85-115 (DOI 10.3406/rebyz.1943.904, lire en ligne)
- (de) Wolfgang MĂŒller-Wiener, Bildlexikon zur Topographie Istanbuls : Byzantion, Konstantinupolis, Istanbul bis zum Beginn des 17. Jh., TĂŒbingen, Wasmuth, (ISBN 978-3-8030-1022-3)
- (tr) Feride Imrana Altun, Ä°stanbul'un 100 Roma, Bizans Eseri, Istanbul, Istanbul BuyukÈehir Belediyesi KĂŒltĂŒr A.Ć. Yayınları, (ISBN 978-9944-370-76-9).
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Cistern of Aspar » (voir la liste des auteurs).
Note
- Les trois autres Ă©tant la citerne de Mocius, la citerne dâAspar et la citerne dâAetius, situĂ©es Ă lâintĂ©rieur des murs de Constantinople.
- Le PĂ©trion formait Ă Constantinople, sur la partie nord de la cinquiĂšme colline (Raymond Janin, « Le PĂ©trion de Constantinople : Ătude historique et topographique », Revue des Ătudes byzantines,â , p. 31-51 (DOI 10.3406/rebyz.1937.2890))
Références
- MĂŒller-Wiener (1977),p. 279
- Janin (1964) p. 204
- Mamboury (1953) p. 325
- Eyice (1955) p. 62
- Freely and Ăakmak (2004) p. 55
- "ÎÎčÎœÏÏÎÏΜα ÎÏÏαÏÎżÏ". http://eistinpolin330.blogspot. Recherche 20 dĂ©cembre 2018.