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Citerne d'Aspar

La Citerne d’Aspar (en grec : áŒĄ Ï„ÎżáżŠ áŒŠÏƒÏ€Î±ÏÎżÏ‚ ÎșÎčΜστέρΜη) ou Grande Citerne (en grec : ÎŒÎ”ÎłÎŻÏƒÏ„Î· ÎșÎčΜστέρΜη), connue en turc comme Sultan Selim Çukurbostanı (« Jardin en creux du Sultan Selim Â»)[1] Ă©tait l’une de quatre citernes Ă  ciel ouvert de l’ancienne Constantinople[N 1].

Emplacement

La citerne d’Aspar transformĂ©e en parc public (2013).

La citerne est situĂ©e Ă  Istanbul, dans le district de Fatih, sur la partie la plus Ă©levĂ©e du quartier du Phanar. Son nom turc vient de Çukurbostan prĂšs de la mosquĂ©e Yavuz Selim elle-mĂȘme situĂ©e entre Sultan Selim Caddesi et Yavuz Selim Caddesi. Elle surplombe la Corne d’Or sur les pentes de la cinquiĂšme colline d’Istanbul.

Histoire

Aspar et son fils ainĂ©, Ardabur, selon le Missorium d’Aspar (vers 434).

La construction de la citerne dĂ©buta en 459, au cours du rĂšgne de l’empereur Maurice(r.450-457) dans la quatorziĂšme rĂ©gion de Constantinople, dans une rĂ©gion appelĂ©e par les Byzantins « Petrion »[N 2], un quartier regroupant nombre d’églises et de monastĂšres cĂ©lĂšbres. La configuration du terrain s’y prĂȘtait bien, car les pentes raides de la Corne d’Or ne permettaient guĂšre la construction de maisons particuliĂšres alors que les monastĂšres s’y trouvaient plus Ă©loignĂ©s du monde extĂ©rieur que dans d’autres quartiers et pouvaient donc vivre dans un isolement relatif tout en restant Ă  proximitĂ© de la ville. L’initiative en revient au patrice Aspar, Alain d’origine et arien de religion, qui se distingua en Italie oĂč il mit fin Ă  un complot contre l’empereur Valentinien III (425). Ne pouvant en raison de son origine monter sur le trĂŽne, il y installa son tribun militaire, LĂ©on Ier dit le Thrace (r. 457-474). Celui-ci combla d’honneur son mentor et le fils d'Aspar, Patrice, Ă©pousera la fille de LĂ©on.

Selon la Chronicon Paschale, document du VIIe siĂšcle, la construction commença en 459, sous la direction des deux fils d’Aspar, Ardabur et Patricius, alors que Patricius et Ricimer, Ă©taient consuls[2]. D’aprĂšs le mĂȘme document, la citerne se trouvait « prĂšs de l’ancien mur de la citĂ© », c’est-Ă -dire prĂšs du mur de Constantin[2]. Pendant longtemps les auteurs qui se penchĂšrent sur le sujet furent incapables d’ĂȘtre plus prĂ©cis, identifiant celle-ci avec les citernes de Bonus, d’Arcadius ou mentionnant simplement le Petrion; ce n’est que rĂ©cemment que son identification put ĂȘtre prĂ©cisĂ©e avec certitude[1]. AprĂšs la chute de Constantinople en 1453, le voyageur français Pierre Gilles put observer que vers 1540 la citerne Ă©tait vide[2]. Il se pourrait toutefois que son utilisation comme rĂ©servoir ait cessĂ© avant la chute de la Ville, car il Ă©tait dĂ©jĂ  connu Ă  cette Ă©poque sous le nom de Xerokepion (en grec : ÎžÎ·ÏÎżÎșÎźÏ€ÎčÎżÎœ ou « Jardin assĂ©chĂ© »)[3].

Selon la tradition, la citerne aurait Ă©tĂ© directement reliĂ©e Ă  Hagia Sophia qui se trouve Ă  environ trois kilomĂštres au sud-est, grĂące Ă  un passage situĂ© au centre du cĂŽtĂ© sud-est, lequel aurait Ă©tĂ© obturĂ© vers le milieu du IXe siĂšcle[3]. Pendant le rĂšgne du sultan Suleyman Ier (r. 1520-1566) une petite mosquĂ©e fut Ă©rigĂ©e Ă  l’intĂ©rieur du rĂ©servoir assĂ©chĂ©[1]. Au cours de la pĂ©riode ottomane, comme le laisse prĂ©sumer son nom turc de Çukurbostan (litt. : jardin en creux), la structure fut utilisĂ©e comme jardin potager; par la suite on y construisit un petit village entourĂ© de vergers et de jardins[1] - [4]. Depuis 2004, le village, sauf la mosquĂ©e, a fait place Ă  un stationnement automobile[5]. Le terrain est maintenant utilisĂ© Ă  la fois comme stationnement automobile et stade sportif[6].

Description

ÉrigĂ©e sur un plan carrĂ©, la citerne fait 152 mĂštres de cĂŽtĂ© et couvre une superficie de 23 100 m2. Sa profondeur varie de 10 Ă  11 m[1]. Elle pouvait contenir entre 0,230 et 0,250 millions de mĂštres cubes d’eau[1]. Ses murs, dont une partie subsiste, avaient une Ă©paisseur de 5,20 mĂštres et Ă©taient construits selon la technique romaine dite opus listatum alternant cinq rangĂ©es de briques et cinq rangĂ©es de pierre, technique qui sera aussi utilisĂ©e dans la citerne d’Aetius[3]. Sur les murs intĂ©rieurs on peut voir les traces d’anciennes arches ce qui a portĂ© certains Ă  prĂ©sumer que la citerne aurait pu ĂȘtre recouverte[3]. Une autre citerne lui est adjacente dans son angle sud-est, celle de PulchĂ©rie[5].

Une identification difficile

Carte de Constantinople byzantine. La citerne d’Aspar est situĂ©e au nord de la ville, sur les pentes est de la cinquiĂšme colline.

Comme les autres citernes de Constantinople, celle d’Aspar ne put ĂȘtre identifiĂ©e avec certitude que vers le milieu du XXe siĂšcle. Selon des sources byzantines, le rĂ©servoir Ă©tait situĂ© prĂšs du Palais du PorphyrogĂ©nĂšte, des monastĂšres de Kaiouma, du Chrysobalanton de Manuel, de la « Theotokos tĂĄ KoronĂšs » et du monastĂšre de sainte ThĂ©odosie[2]. Deux indications importantes ont Ă©galement permis d’aider Ă  identifier le site : le fait qu’il se trouvait prĂšs du mur de Constantin et sa description comme « imposant » (en grec : ÎŒÎ”ÎłÎŻÏƒÏ„Î·)[2].

Au cours des ans, on avait successivement identifiĂ© comme Ă©tant la citerne d’Aspar : (1) une citerne situĂ©e prĂšs de la mosquĂ©e Bodrum; (2) une citerne couverte situĂ©e au sud-est du Çukurbostan de la Porte d’Andrinople sur le mur de ThĂ©odose et connue sous le nom de Zina Yokusu Bodrumi; (3) la citerne prĂšs de Sivasti Dede Mescid, au sud-est de la mosquĂ©e du sultan Selim Ier; (4) le Çukurbostan de la Porte de Charisius, lequel fut identifiĂ© avec certitude par la suite comme Ă©tant la citerne d’Aetius[2]. On peut Ă©carter les deux premiers sites comme Ă©tant trop Ă©loignĂ©s de la muraille de Constantin, le deuxiĂšme Ă©tant trop petit pour rĂ©pondre aux critĂšres. Le troisiĂšme site, bien que de grande dimension est Ă©galement trop loin des murailles, alors que le quatriĂšme est de petite dimension[2]. La seule citerne qui rĂ©ponde aux deux critĂšres (grande dimension et prĂšs des murailles) est celle connue Ă  Istanbul sous le nom de Yavuz Selim Çukurbostani, Ă  proximitĂ© de la mosquĂ©e du sultan Selim Ier, ce qui conduisit Ă  identifier celle-ci avec la citerne d’Aspar vers le milieu du XXe siĂšcle[1].

Bibliographie

  • (en) Ernest Mamboury, The Tourists' Istanbul, Istanbul, Çituri Biraderler Basımevi,
  • Semavi Eyice (en), Istanbul : Petit guide Ă  travers les monuments byzantins et turcs, Istanbul, Istanbul Matbaası, (OCLC 17906510)
  • (en) John Freely et Ahmet S. Çakmak, Byzantine Monuments of Istanbul, New York, Cambridge University Press, (ISBN 978-0-521-17905-8)
  • Raymond Janin, « Études de topographie byzantine : Les citernes d'AĂ©tius, d'Aspar et de Bonus », Études byzantines,‎ , p. 85-115 (DOI 10.3406/rebyz.1943.904, lire en ligne)
  • (de) Wolfgang MĂŒller-Wiener, Bildlexikon zur Topographie Istanbuls : Byzantion, Konstantinupolis, Istanbul bis zum Beginn des 17. Jh., TĂŒbingen, Wasmuth, (ISBN 978-3-8030-1022-3)
  • (tr) Feride Imrana Altun, Ä°stanbul'un 100 Roma, Bizans Eseri, Istanbul, Istanbul Buyukșehir Belediyesi KĂŒltĂŒr A.ƞ. Yayınları, (ISBN 978-9944-370-76-9).

Notes et références

Note

  1. Les trois autres Ă©tant la citerne de Mocius, la citerne d’Aspar et la citerne d’Aetius, situĂ©es Ă  l’intĂ©rieur des murs de Constantinople.
  2. Le PĂ©trion formait Ă  Constantinople, sur la partie nord de la cinquiĂšme colline (Raymond Janin, « Le PĂ©trion de Constantinople : Étude historique et topographique », Revue des Études byzantines,‎ , p. 31-51 (DOI 10.3406/rebyz.1937.2890))

Références

  1. MĂŒller-Wiener (1977),p. 279
  2. Janin (1964) p. 204
  3. Mamboury (1953) p. 325
  4. Eyice (1955) p. 62
  5. Freely and Çakmak (2004) p. 55
  6. "ΚÎčΜστέρΜα Î†ÏƒÏ€Î±ÏÎżÏ‚". http://eistinpolin330.blogspot. Recherche 20 dĂ©cembre 2018.

Voir aussi

Articles connexes

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