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Cincinnatus Leconte

Jean-Jacques Dessalines Michel Cincinnatus Leconte dit Cincinnatus Leconte, né le à Saint-Michel de l'Attalaye et mort le à Port-au-Prince[1], est un homme politique et militaire haïtien qui fut président de la République du 14 août 1911 jusqu'à sa mort le 8 août 1912.

Cincinnatus Leconte
Illustration.
Photographie du président Cincinnatus Leconte.
Fonctions
Président de la République d'Haïti
�
(11 mois et 25 jours)
Élection
Prédécesseur François Antoine Simon
Successeur Tancrède Auguste
Secrétaire d'État des Travaux publics et de l'Agriculture
�
Président Tirésias Simon Sam
Prédécesseur Jean-Chrisostome Arteaud
Successeur Démosthène Césarions
Biographie
Nom de naissance Michel Cincinnatus Leconte
Date de naissance
Lieu de naissance Saint-Michel de l'Attalaye (Haïti)
Date de décès
Lieu de décès Port-au-Prince (Haïti)
Nationalité Haïtien
Parti politique Parti national
Conjoint Reine-Joséphine Laroche
Enfants Marie-Euphémie Leconte (fille illégitime)
Profession Ingénieur, commerçant, industriel, général

Cincinnatus Leconte
Présidents de la République d'Haïti

Officier, il étudia à l'université de Mayence[2] avant d'entamer une carrière politique. Élu président après la démission de Antoine Simon, son mandat prend fin le par un terrible attentat perpétré par des opposants politiques. Cette action qui n'avait pour but initial que de mettre en garde le président, entraîna le décès de celui-ci avec plusieurs membres de sa famille et de nombreux soldats, ainsi que la destruction du Palais national.

Après la mort du président Cincinnatus, le pays fut en crise. Le Conseil des Secrétaires d'État composé de Edmond Lespinasse, Antoine Constantin Sansaricq, Jacques Nicolas Léger, John Déjoie Laroche et Tertullien Guilbaud dirigea le pays pendant quelques heures, puisque ce même jour, l'assemblée nationale se réunit et élit Tancrède Auguste pour lui succéder.

L'un de ses neveux, Joseph Laroche[3], était le seul passager noir à bord du mythique Titanic qui a coulé dans la nuit du 14 au [4].

Carrière politique

Descendant d'un fils naturel de Jean-Jacques Dessalines, Leconte, avocat de profession, avait été ministre de l'Intérieur sous le régime de Nord Alexis. Il a été contraint à l'exil en Jamaïque après la révolution de 1908 qui a renversé Alexis et a donné la présidence à François Antoine Simon[5].

De retour d'exil en 1911 après l'amnistie du président Simon, Leconte entre dans l'opposition au sein du parti national. Il prend la tête d'un mouvement populaire et contraint le président Simon à la démission[6]. Le 7 août 1911, Leconte est élu à l'unanimité président de la République par le Congrès pour un mandat de sept ans[7]. Son salaire était fixé à 24 000 $ par an[8].

Président de la République

À son arrivée à la présidence, Leconte a institué un certain nombre de réformes: pavage des rues, augmentation des salaires des enseignants, installation de lignes téléphoniques et diminution de la taille de l'armée. Collier's Weekly a soutenu en août 1912 qu'il était « généralement admis » que l'administration de Leconte était « le gouvernement le plus habile et le plus propre qu'Haïti ait eu en quarante ans »[5]. Zora Neale Hurston, écrivant dans les années 1930 après des recherches approfondies en Haïti, a souligné que Leconte était « crédité d'avoir entamé de nombreuses réformes et avoir généralement pris des mesures positives »[9].

Leconte a mené une politique discriminatoire à l'égard de la population syrienne locale (migrants chrétiens de Syrie ottomane), un groupe minoritaire déjà persécuté[10]. Avant d'accéder à la présidence, Leconte avait promis de débarrasser Haïti de sa population syrienne[11]. En 1912, le ministre des Affaires étrangères a publié une déclaration déclarant qu'il était « nécessaire de protéger les nationaux contre la concurrence déloyale des Orientaux dont la nationalité est incertaine »[12]. Une loi de 1903 (visant spécifiquement les Syriens) limitant les niveaux d'immigration et les activités commerciales des étrangers a été relancée, et le harcèlement des Syriens qui avait prévalu dans les premières années des années 1900 a repris. L'administration Leconte a cependant continué de traiter les plaintes déposées par des Syriens persécutés par le gouvernement de Nord Alexis[13]. Lorsque Leconte est mort subitement en 1912, un certain nombre de Syriens ont célébré son décès et ont été emprisonnés en conséquence, tandis que d'autres ont été déportés. Sa politique « syrienne » sera néanmoins poursuivie par ses successeurs[14].

Mort

Malgré son élection pour un mandat de sept ans, le mandat de Leconte a été de courte durée. Le 8 août 1912, une violente explosion détruit le Palais national, tuant le président et plusieurs centaines de soldats[15]. Un rapport d' Associated Press à l'époque notait :

« La force de l'explosion était si grande, qu'un certain nombre de petits canons, des fragments de fer et d'obus ont été lancés sur de longues distances dans toutes les directions, et de nombreux agents du palais ont été tués. Chaque maison de la ville a été violemment secouée et toute la population, très alarmée, s'est précipitée dans la rue[5]. »

Un compte rendu de 1912 de l'explosion du Political Science Quarterly a rapporté qu'un « allumage accidentel de magasins de munitions a causé la mort du président Cincinnatus Leconte »[16] tandis qu'un article de 1927 dans le même journal considérait sa mort comme un « assassinat ». Les histoires orales circulant en Haïti �dont certaines ont été relatées par Hurston dans les années 1930 dans son livre Tell My Horse: Voodoo and Life in Haiti and Jamaica �diffèrent considérablement de la plupart des récits écrits. Comme l'explique Hurston, « les livres d'histoire disent tous que Cincinnatus Leconte est mort dans l'explosion qui a détruit le palais, mais les gens ne le disent pas de cette façon. Aucune personne, haute ou basse, ne m'a jamais dit que Leconte avait été tué par l'explosion. Il est généralement admis que la destruction du palais devait couvrir le fait que le président était déjà mort. » Selon Hurston, il y avait « de nombreuses raisons invoquées pour le présumé assassinat », mais les principaux acteurs du complot supposé étaient des hommes « ambitieux et susceptibles de gagner le pouvoir politique par la mort du président Leconte »[17].

Quelques mois seulement avant la mort de Leconte, son neveu, Joseph Laroche, avait été l'un des 2200 passagers et membres d'équipage à bord du RMS Titanic pour son premier voyage. Alors que l'épouse et les filles de Laroche ont survécu au naufrage du paquebot, Laroche lui-même, le seul homme d'origine africaine à bord du navire, a péri dans la catastrophe.

Notes et références

  1. Paul H. Douglas, « The American Occupation of Haiti I », Political Science Quarterly, vol. 42, no 2,�/span> , p. 232 (DOI 10.2307/2142787)
  2. « Cincinnatus Leconte sa présidence », Le Nouvelliste, no 4196,�/span> , p. 1-2 (lire en ligne)
  3. Zondra Hughes, « What Happened to the Only Black Family on the Titanic », sur Ebony, (consulté le )
  4. Rosny Ladouceur, « Joseph Laroche, Haïtien, « le seul passager noir du Titanic » », Loop Haiti,�/span> (lire en ligne)
  5. William Henry Ferris, The African Abroad,: Or, His Evolution in Western Civilization, Tracing His Development Under Caucasian Milieu, V. 2, The Tuttle, Morehouse & Taylor press, , 624�25 p. (lire en ligne)
  6. Hugh Chisholm, The Britannica year book, The Encyclopædia Britannica Company, , 1086 (lire en ligne) :
    « Cincinnatus Leconte. »
  7. « Leconte in Haiti's Capital; Revolutionary Leader Takes Possession of National Palace », The New York Times,�/span> , p. 4 (lire en ligne [PDF], consulté le )
  8. Horace Greeley, The Tribune Almanac and Political Register (The Tribune Association, 1912), p. 502
  9. Zora Neale Hurston, Tell My Horse: Voodoo and Life in Haiti and Jamaica, New York City, Harper & Row, , p. 104
  10. In 1905 the Syrian population of Haiti was estimated to be 15,000.
  11. Brenda Gayle Plummer, « Race, Nationality, and Trade in the Caribbean: The Syrians in Haiti, 1903�934 », The International History Review, vol. 3, no 4,�/span> , p. 517�18 (DOI 10.1080/07075332.1981.9640260)
  12. Charles Arthur and J. Michael Dash, A Haiti Anthology: Libète (Markus Wiener Publishers, 1999), p. 219
  13. Plummer, pp. 522�3, 533.
  14. Plummer, p. 536.
  15. Mark Danner, « To Haiti, With Love and Squalor », The New York Times,�/span> (lire en ligne, consulté le )
  16. Carlton H. Hayes et Edward M. Sait, « Record of Political Events », Political Science Quarterly, vol. 27, no 4,�/span> , p. 752 (DOI 10.2307/2141264)
  17. Hurston, p. 103.

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