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Chronologie du sport dans la Rome antique

Royauté (753 av. J.-C. - 509 av. J.-C.)

  • -600 : Tarquin l'Ancien (roi de Rome Ă©trusque de -616 Ă  -578) Ă©rige selon de nombreux historiens le Circus Maximus dans la vallĂ©e de la Murcia, haut lieu du sport romain oĂą se tiennent les fameuses courses hippiques. Les courses de chars sont sans contestation possibles « le » sport roi de l’AntiquitĂ©. Les cochers (auriges) sont de vĂ©ritables stars au mĂŞme titre que les chevaux, d'ailleurs. Signalons que d’autres sports (lutte, pugilat, athlĂ©tisme) Ă©taient Ă©galement pratiquĂ©s en Étrurie comme le confirment les vestiges archĂ©ologiques.

RĂ©publique (509 av. J.-C. - 27 av. J.-C.)

  • 6/13 juillet -212 : Ă  Rome, première Ă©dition des Jeux Apollinaires qui deviennent annuels en -208.
  • 12/19 avril -202 : première Ă©dition des jeux romains dĂ©diĂ©s Ă  CĂ©rès.
  • -200 : Ă  l'occasion de la deuxième guerre punique, multiplication des Ludi (jours consacrĂ©s aux compĂ©titions sportives) Ă  Rome.
  • 4/10 avril -191 : les jeux romains des Ludi Megalenses deviennent annuels.
  • -186 : premiers concours athlĂ©tiques Ă  la mode grecque organisĂ©s Ă  Rome. La nuditĂ© des participants est perçue comme exotique, typiquement grecque plus prĂ©cisĂ©ment. Ă€ Rome, le port du pagne est obligatoire pour les sportifs, d'autant que les tribunes sont ouvertes aux femmes, ce qui n'est pas le cas en Grèce.
  • 28 avril/3 mai -173 : première Ă©dition des jeux annuels romains des Ludi Florales.
  • -146 : les Romains participent dĂ©sormais aux Jeux olympiques.
  • -105 : pratiquĂ©s depuis l’époque Ă©trusque, les combats de gladiateurs sont intĂ©grĂ©s aux jeux publics romains par Marius. Ces combats parfois mortels Ă©taient très codifiĂ©s et ne ressemblent en rien aux caricatures prĂ©sentĂ©es par les films hollywoodiens notamment. Toutefois, les Romains eux-mĂŞmes s’interrogèrent très tĂ´t sur l’intĂ©rĂŞt et la lĂ©gitimitĂ© d’un tel sport-spectacle. La gladiature nĂ©cessitait en effet le renoncement aux droits liĂ©s Ă  la citoyennetĂ© romaine ; c’est presque une hĂ©rĂ©sie pour un Romain ! Le jeu en valait pourtant la chandelle pour certains, car la gloire et la fortune rĂ©coltĂ©es dans l’arène Ă©tait considĂ©rable. Attention Ă  ne pas confondre les combats de gladiateurs avec les vĂ©ritables spectacles Ă  base d’animaux sauvages et autres reconstitutions de batailles. Les historiens Ă©tudient dĂ©sormais avec un Ĺ“il nouveau la gladiature romaine dans une optique plus « sportive » tranchant ainsi nettement avec une historiographie dite classique sous l’emprise totale des textes chrĂ©tiens très hostiles Ă  cette pratique. Les Grecs adoptent Ă©galement ce sport martial, mais la gladiature n’est pas pratiquĂ©e partout dans l’Empire. En Égypte et au Moyen-Orient en particulier on se contente des courses de chars, le sport roi de l'AntiquitĂ©.
  • 26 octobre/1er novembre -80 : les Jeux olympiques sont tronquĂ©s par l'organisation Ă  Rome de jeux Ă  la mode grecque voulus par le consul Sylla. Les athlètes professionnels grecs prĂ©fèrent en effet aller courir le cachet Ă  Rome oĂą Sylla n’a pas lĂ©sinĂ© sur les montants des primes afin de proposer un meilleur spectacle. Les sports dits « grecs », essentiellement l’athlĂ©tisme, connaissent un certain succès Ă  Rome, mais ne parviendront pas Ă  s’exporter ailleurs dans l’Empire.
  • 6/13 juillet -33 : Ă  Rome, l’édile Agrippa finance des Jeux Appolinaires fastueux qui marquèrent longtemps la mĂ©moire des Romain

Empire (27 av. J.-C. Ă  476)

Quadrige. Mosaïque du gymnase de la Villa romaine du Casale, Sicile, IIIe / IVe siècle
  • -4 : le futur empereur Tibère est champion olympique de course de chars (quadrige).
  • 14 Ă  37 : règne de l'empereur romain Tibère qui cherche Ă  faire des Ă©conomies et refuse de financer les compĂ©titions sportives…
  • 27 : catastrophe de Fidènes. Profitant de la politique d’austĂ©ritĂ© de Tibère, certains opportunistes mettent sur pied des Ă©preuves qui ne bĂ©nĂ©ficient pas toujours des meilleures conditions de sĂ©curitĂ©. L’effondrement d’un amphithéâtre Ă©difiĂ© Ă  la hâte Ă  Fidènes, Ă  quelques kilomètres de Rome, marque profondĂ©ment les Romains… Tacite qui relate la tragĂ©die dans ses Annales, cite le chiffre de 50 000 morts et blessĂ©s ! Ă€ la suite de cette catastrophe, la lĂ©gislation sur l’organisation de spectacles sportifs fut très sĂ©vèrement rĂ©glementĂ©e dans l’Empire.
  • 37 : Ă  contre-courant du règne de Tibère, l'empereur romain Caligula (37-41) multiplie le nombre des courses de chars et autres Ă©preuves sportives Ă  Rome. Il participe lui-mĂŞme aux Ă©preuves et prĂ©fère de beaucoup la frĂ©quentation du monde sportif Ă  celui de la politique. Caligula reste dans la mĂ©moire collective comme l'archĂ©type de l'empereur fou ; mais il Ă©tait surtout dingue de sport… Caligula, en bon Romain, Ă©tait un fervent supporter de courses de chars, « le » sport romain par excellence ; il privilĂ©gia Ă©galement la gladiature qui, dès lors, fait figure de grand sport romain, Ă  l’image de la boxe.
  • 40 : le poète Martial Ă©voque quatre jeux de balle pratiquĂ©s par les Romains : pila paganica, pila trigonalis, follis et harpastum.
  • 67 : NĂ©ron, authentique passionnĂ© de sports n'hĂ©sitant pas Ă  prendre part lui-mĂŞme aux courses de chars, est sacrĂ© champion olympique de la course de quadrige. Cette victoire est en fait achetĂ©e par l'empereur romain qui est le seul participant Ă  l'Ă©preuve... avec un attelage de 10 chevaux !! Cette victoire (très) controversĂ©e fut d'ailleurs par la suite rayĂ©e des palmarès.
  • 86 : construction Ă  Rome du stade de Domitien, enceinte de 30 000 places rĂ©servĂ©e aux compĂ©titions « grecques ».
  • 100 : l'intellectuel romain Pline le Jeune (v. 61-v. 113) dĂ©crit dans l'une de ses fameuses Lettres la folie sportive qui frappe les Romains : « Rome est tout entière au cirque ». Attention au terme « cirque » qui dĂ©signe exclusivement l’hippodrome ; les « Jeux du Cirque » sont des courses de chars. Les rues sont souvent dĂ©sertes (les courses ont lieu en moyenne un jour sur trois) et un service d'ordre spĂ©cial est mis en place depuis longtemps dĂ©jĂ  afin d'Ă©viter le pillage des quartiers vidĂ©s de leurs habitants. Texte hostile au sport (c'est certainement ce qui nous vaut d'en disposer encore aujourd'hui), il s'avère d'une richesse incroyable :

« C'étaient les jeux du cirque, genre de spectacle qui ne me séduit à aucun degré. Là-dedans rien de nouveau, rien de varié, rien qu'il ne soit assez d'avoir vu une fois. Aussi, suis-je étonné que tant de milliers d'hommes soient sans cesse repris, comme de grands enfants, du désir de voir des chevaux lancés à la course, des cochers debout sur les chars. Si encore on s'intéressait soit à la rapidité des chevaux, soit à l'habileté des cochers, ce goût pourrait s'expliquer ; mais c'est l'habit qu'on applaudit, c'est l'habit qu'on aime. »

Cet « habit », c'est en fait la couleur de l'Ă©curie : les Verts et les Bleus sont les plus fameuses devant les Blancs et les Rouges. Ces Ă©curies fonctionnent comme les clubs contemporains, transferts, fan-clubs et produits dĂ©rivĂ©s inclus. Pline le Jeune est une exception, y compris dans le monde intellectuel. Le Circus maximus pouvait accueillir au moins 150 000 spectateurs, tandis que plusieurs centaines de milliers de personnes se massaient hors de l'enceinte afin de suivre la course sans la voir ! Toute la sociĂ©tĂ© romaine Ă©tait lĂ , de l'empereur au simple plĂ©bĂ©ien, en passant par les intellectuels et les femmes. Quelques empereurs tentèrent bien d'exclure les femmes des tribunes, mais toutes ces tentatives Ă©chouèrent. La femme romaine Ă©tait bien moins docile que son homologue grecque.

  • 146 : dĂ©cès du cĂ©lèbre aurige romain Gaius Appuleius Diocles (104-146). En 24 ans de carrière, cet « Hispanus lusitanus » prend part Ă  4257 courses pour 1462 victoires. Mis Ă  part Dioclès, citons ici Publius Aelius Gutta Calpurnianus (1127 victoires), Flavius Scorpus (2048), Marcus Aurelius Liber (3000) et Pompeius Muscosus (3559 victoires). Flavius Scorpus compte plus de 2000 victoires quand il trouve la mort Ă  26 ans en course ; il est dès lors l’objet d’un authentique culte Ă  Rome et dans tout l’empire.
  • 180 : Pollux de Naucratis mentionne le jeu de balle de l’Episkuros. Ce sport d’équipe grĂ©co-romain apparaĂ®t comme l’ancĂŞtre du rugby.
  • 200 : Tertullien (v. 155-v. 222), premier des auteurs chrĂ©tiens en langue latine, condamne le sport : “LĂ  oĂą il y a plaisir, il y a passion, c’est la passion qui donne au plaisir sa saveur. LĂ  oĂą il y a passion, il y a compĂ©tition, il y a aussi fureur, colère, amertume, ressentiment et les autres passions qui en dĂ©coulent incompatibles avec la morale (…) Il ne suffit pas de nous abstenir d’agir ainsi. Il ne faut pas s’associer Ă  ceux qui le font (…) Il est indigne de vous de regarder ce qui se passe dans un stade. » Ces critiques chrĂ©tiennes ne dĂ©rangent pas vraiment les amateurs de sport du Bas-Empire. Cette pĂ©riode est en effet marquĂ©e par la multiplication des compĂ©titions et l’ensemble de l’Empire est dĂ©sormais touchĂ© par cette passion sportive. Le grand hippodrome de Carthage peut accueillir 60 000 spectateurs, celui d’Antioche, 80 000, tandis qu’une myriade de cirques (hippodromes) et stades de toutes tailles font du sport un des piliers de la romanitĂ©.
  • 203 Ă  223 : l’empereur romain Septime SĂ©vère fait construire un hippodrome Ă  Byzance.
  • 1er octobre 326 : Constantin Ier supprime la gladiature par l'Ă©dit de BĂ©ryte. Cependant cette mesure n'Ă©tant applicable que dans un certain rayon, il ne s'agit lĂ  que d'une mesure partielle[1].
  • 330 : après travaux, l’hippodrome de Byzance peut dĂ©sormais accueillir plus de 100 000 spectateurs.
  • 354 : après la multiplication des Ludi Ă  Rome, 109 jours sont dĂ©sormais consacrĂ©s chaque annĂ©e aux jeux, dont 62 pour les seules courses de chars ; 20 Ă  24 courses avaient lieu par jour. Ce calendrier Ă©tait celui de la ville de Rome, mais chaque citĂ© de l’Empire avait son propre calendrier sportif. Ainsi, dans les provinces les plus reculĂ©es, courses et compĂ©titions Ă©taient au programme avec l’espoir d’envoyer un jour un champion se produire Ă  Rome. Se produire dans la capitale Ă©tait dĂ©jĂ  une consĂ©cration ; s’y imposer Ă©tait l’objectif de tous les sportifs.
  • 399 : sous la pression chrĂ©tienne, fermeture des Ă©coles de gladiateurs Ă  Rome. Ce « sport-spectacle » romain est honni par les ChrĂ©tiens qui ne parviennent toutefois pas Ă  en interdire la pratique, mĂŞme Ă  Rome.
  • 404 : l'empereur Honorius interdit les combats de gladiateurs Ă  la suite d'une rixe dans le ColisĂ©e[2].
  • 418 : derniers combats de gladiateurs Ă  Rome, soit près d'un siècle après l'interdiction promulguĂ©e par l'empereur Constantin.
  • La « nouvelle Rome » perpĂ©tuera jusqu'Ă  la fin du XIIe siècle, la tradition des courses de chars.

Notes et références

  1. Serge Jodra, 2008. - Reproduction interdite., « Les combats de gladiateurs. », sur cosmovisions.com (consulté le ).
  2. Éric Teyssier, La Mort en face : Le Dossier gladiateurs, Actes Sud, , p. 477

Voir aussi

Bibliographie

  • Decker Wolfgang et Thuillier Jean-Paul, Le sport dans l'AntiquitĂ©, Paris, Picard, 2004 (ISBN 2-7084-0596-9)
  • Thuillier Jean-Paul, Le sport dans la Rome antique, Paris, Errance, 1996
  • Veyne Paul, Le pain et le cirque. Sociologie historique d'un pluralisme politique., Paris, 1976
  • BathĂ©lĂ©my S. et GourĂ©vitch D., Les loisirs des Romains, Paris, 1975
  • Olivova V., Sports and Games in the Ancient World, New Haven-Londres, 2004
  • Humphrey J.H., Roman Circuses. Arenas for Chariotracing, Berkeley-Los Angeles, 1986
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