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Christoph von Graffenried

Christoph von Graffenried (Worb, - 1743) était un noble bernois, membre du Conseil des Deux-Cents, bailli d'Yverdon de 1702 à 1708, qui fonda en 1710 la colonie de New Bern en Caroline du Nord.

Christoph von Graffenried
Titres de noblesse
Baron
Landgrave (en)
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Temple de Worb (d)
Domiciles
Formation
Activités
Père
Anton von Graffenried (d)
Mère
Catherine Jenner (d)
Enfant
Christopher de Graffenried (d)
Titre honorifique
L'honorable
Blason
Plaque commémorative
Vue de la sépulture.

Famille et études

Christoph von Graffenried est le fils d'Anton, bailli d'Aigle et de Katharina Jenner. Il étudie le droit, l'histoire et les mathématiques, à Heidelberg où il est l'hôte de l'électeur palatin, puis à Leyde et enfin à Cambridge où il obtient le titre de maître ès arts en 1682. À Londres, il est présenté à Charles II, puis à Louis XIV à Versailles, grâce au cercle des officiers bernois de la Garde suisse. Son père le contraint alors à rentrer à Berne, pour y servir son pays et non un souverain étranger. En 1684, il épouse Regina Tscharner, avec qui ils auront quatre fils et sept filles.

L'Amérique

Raisons de son départ

Von Graffenried est noble, un savant pour son époque, titulaire d'un bailliage, mais il est aussi le père d'une famille nombreuse dans un pays qui à l'époque est pauvre. Comme nombre de baillis alors, il pourrait pressurer le peuple dont il a la charge, mais comme il le dit lui-même dans son ouvrage :

« ...la Fortune ne me regardant pas d'un oeuil Si favorable come je l'aurois Souhaitté, apres avoir finis mon Bailliage d'Yverdon, grand et important a Contentement de mon Souverain, des Estats voisins, et des Ressortissants, Dieu Soit loué, avec une Conscience bone et nette, mais n'y ayant pas profité pur y avoir eu des Contretems, d'autre Coté n'ayant pas esté homme a m'enrichir aux dépens des pauvres Ressortissants... »[1]

Il a été impressionné par l'Angleterre et surtout par les récits sur ses colonies d'Amérique, alors qu'il résidait chez le Duc d'Albemarle qui avait été vice-roi de Jamaïque[2]. Aussi décide-t-il d'aller tenter sa chance dans les colonies anglaises d'Amérique. Il abandonne alors femme et enfants et part pour l'Angleterre.

L'Angleterre

À cette époque, un grand nombre de paysans du Palatinat ont trouvé refuge en Angleterre, alors qu'ils subissaient dans leur pays des persécutions religieuses. Bien qu'ils aient été bien accueilli, leur nombre et leur conditions de vie inquiètent la Couronne britannique. La plupart vivent dans des villages de tentes, aux alentours de Londres, survivant grâce à la charité, sans espoir de trouver un travail. La Couronne entrevoit alors la possibilité de les envoyer comme colons dans ses possessions américaines. On fait donc circuler des tracts en allemand au sein de ces villages précaires, ventant les terres généreuse de Carolina.

Von Graffenried les lit et rencontre un explorateur britannique, John Lawson, qui vient de rentrer de cette terre promise et qui est à Londres pour superviser la publication de son ouvrage, A New Voyage to Carolina. Il n'en faut pas plus pour convaincre Christoph que la fortune lui sourira là-bas. Il rentre à Berne, pour y chercher de quoi financer son voyage. Il fonde avec Franz Louis Michel, Georg Ritter et Peter Isot, la Bern-Ritter Colonization Company dont le but est de coloniser la terre et d'y chercher du minerai d'argent. Il obtient de Leurs Excellences de Berne une demande officielle adressée à la reine Anne de Grande-Bretagne, d'accorder à l'État de Berne un district dans ses colonies qui ne dépendrait d'aucun gouverneur, mais directement de sa Majesté ou de son Conseil[3].

De retour en Angleterre, il signe un accord avec la Couronne, elle ne lui accorde pas les dérogations souhaitées par Berne mais l'autorise à prendre des terres en Virginie au-dessus de la chute du Potomac aux mêmes conditions que les autres ressortissants de sa Majesté. Afin de lui donner quelque autorité sur les colons qui l'accompagneront, et débarrasseront sa Majesté de leur présence, on lui accorde les titres de « Landgrave de Caroline, Baron de Bernbery, et Chevallier du Cordon pourpre »[4]. Il achète des terres situées « sur la Riviere de News et Trent et ... Weetock River ». Il a choisi ces terres, non pas situées en Virginie, mais au nord de la Carolina, parce qu'elles sont moins chères mais, comme il le dit lui-même, plus « eloignéz des Plantations Chrestiennes. »[5]

Dans la commission royale qui lui est accordée, il est dit que ses Colonistes lui doivent fidélité, obéissance et respect et qu'il leur doit protection. Il doit fournir à chaque famille une vache, deux cochons et diverses fournitures qui lui seront restitués dans les 3 ans, ainsi que 300 arpents de terres qui leur louera à 2 sols par acre[6].

L'Amérique

Il cherche ensuite des navires pouvant transporter les 600 à 1000 colons qui l'accompagneront dans cette entreprise. En janvier 1710, ceux-ci embarquent, von Graffenried les rejoint accompagné de ses fils, l'aîné Christoph et l'un des cadets Franz Ludwig. Après bien des péripéties, le 11 septembre 1710, tout le monde se retrouve au confluent de la Trent et de la Neuse et commence à bâtir ce qui deviendra New Bern.

New Bern

Depuis la colonie de Roanoke établie par Walter Raleigh entre 1584 et 1587, c'est la première fois qu'une tentative de colonisation organisée débute sur ces terres. Il n'y avait, en 1710, guère plus de 10 000 européens vivant en Caroline du Nord. Il s'agissait pour la plupart de trappeurs, de chasseurs et de fermiers qui vivaient assez isolés le long des plaines côtières de Virginie jusqu'en Caroline du Sud. Il n'y avait ni véritable centre urbain ni vraiment trace d'un quelconque gouvernement. La seule communauté de quelque importance était Bath et n'avait même pas la moitié des habitants de la colonie de Graffenried.

La région est hostile, les maladies, le manque de nourriture commencent à se faire sentir ainsi qu'une tension croissante entre les colons et les indiens Tuscarora. En 1711, certains prétendent que Graffenried et ses hommes chassèrent de leurs terres, un groupe d'indiens, ce que lui-même dément dans une lettre adressée au gouverneur[7]. Dès lors, cependant, les Tuscarora se lancent dans des raids qui sèment la mort et font des dégâts au sein de la colonie.

Pendant l'été 1711, John Lawson entraîne Graffenried dans une expédition en amont de la rivière Neuse. Graffenried est inquiet à cause des indiens qui rôdent alentour, mais il est désireux de mieux connaître la région et de savoir jusqu'où il est possible de remonter la rivière pour éventuellement trouver un chemin plus court et plus sûr vers la Virginie. Lawson le rassure, lui disant qu'il a déjà fait ce voyage et qu'aucun « Indien sauvage » ne se trouve le long de ce bras de la rivière[8]. Ils s'embarquent avec deux noirs (sans doute des esclaves) et deux voisins indiens que Graffenried connait et pour lesquels il a eu « quelques bontés » et dont il imagine qu'ils seront leur assurance vis-a-vis des indiens qu'ils pourraient rencontrer[8].

Alors qu'ils remontent la rivière, ils rencontrent quelques-uns de ces « indiens sauvages » qui n'étaient pas censés s'y trouver. Ceux-ci sont inquiets de cette exploration, ils préviennent l'un des deux indiens de l'expédition qu'ils n'autorisent pas les européens à aller plus avant dans leurs terres[9]. Malgré cet avertissement, les explorateurs n'obtempèrent pas et sont faits prisonniers puis conduits dans le village indiens de Zurutha.

Graffenried et Lawson comme prisonniers des Tuscarora
Graffenried et Lawson comme prisonniers des Tuscarora

Tous deux sont jugés, Graffenried est tellement bien habillé et montre sans doute de telles « bonnes manières » qu'il est acquitté, les Indiens le prennent pour le gouverneur de la province[10], par contre Lawson est condamné. Après son exécution, le chef dit à Graffenried que son peuple envisage de mener la guerre contre la Caroline du Nord[11]. Comme ils comptent agir par surprise, en particulier contre New Bern, qui pour eux se nomme Caduca, il l'informe qu'il ne peut le relâcher avant que l'assaut ne soit donné par ses hommes[12]. Quelque temps après, effectivement, il voit les guerriers rentrer avec leur trophées pris aux habitants, avec des prisonniers, femmes et enfants. Il peut même s'entretenir avec certains des prisonniers qui lui confirment que New Bern a été détruite et que la plupart des colons ont été massacrés[13].

Pendant encore six longues semaines Graffenried est prisonnier, puis les indiens l'emmènent à cheval hors du village, puis le laissent partir à pied avec un peu de nourriture[14].

Retour en Suisse

Sa colonie détruite, ses colons morts, prisonniers ou ayant pris la fuite, Graffenried, tentera quand même de la ressusciter et de défendre son honneur et son point de vue par plusieurs démarches et lettres adressées au gouverneur de Caroline du Nord. Ruiné et endetté, il revend ses terres de New Bern à Thomas Pollock, puis, il rentre à Berne (en Suisse) en 1714. De nouveaux colons, arrivés d'Angleterre, remplaceront les Suisses et les Palatins et rebâtiront New Bern.

Graffenried mourut pauvre et endetté en 1743.

Œuvre

Bibliographie

  • Oskar Schär, Christoph von Graffenried, 1661-1743 : ein bernischer Stadtgründer, Bern : GS-Verlag [Gute Schriften], cop. 1978. (OCLC 6087271)
  • Wolfgang Friedrich von Mülinen, Christoph von Graffenried : Landgraf von Carolina, Gründer von Neu-Bern, Bern : K.J. Wyss, 1896. (OCLC 12397156)
  • « Graffenried, Christoph, Baron von. » dans American national biography. v. 9 1999. (OCLC 53132367)
  • L L Hendren, De Graffenreid and the Swiss and Palatine settlement of New Bern, N.C., Durham, NC : Historical Society of Trinity College, 1900. (OCLC 27113085)

Notes et références

  1. von Graffenried, p. 323-324
  2. von Graffenried, p. 323 : « ...jeu l'honneur de faire quelque Sejour chez feu le Duc d'Albemarlea Londre qui fust alors establis du Roy Charle II. vice Roy de Jamaique, par la Relation qu'on me fist de la beauté, bonté, et richesses de L'Amerique Angloise,... »
  3. von Graffenried, p. 325: « ...de sonder aupres de sa Maj: La Reine de la Grande Bretagne, Si Elle seroit disposée d'accorder a L'État de Berne un district de Terres pour la Colonie proposée avec Jurisdiction Sous certaine Clauses et sans dependre d'aucun Gouverneur mais directement de la Reine ou Son Conseil;... »
  4. von Graffenried, p. 326
  5. von Graffenried, p. 325
  6. von Graffenried, p. 327
  7. von Graffenried, p. 275: « Certain jealous and indiscreet inhabitants of Carolina have asserted that I or my colony was the cause of this Indian war and massacre. »
  8. von Graffenried, p. 263
  9. von Graffenried, p. 263: « ...said to our Indian that he should go immediately to us and announce to us that they would not allow us to go further up through their country. »
  10. von Graffenried, p. 265: « ...they took me for the Governor of the whole province »
  11. von Graffenried, p. 270: « ..they had it in mind to make war on North Carolina. »
  12. von Graffenried, p. 270: « Especially did they wish to surprise the people of Pamtego, Neuse, and Trent Rivers, and Core Sound. So that for good reasons they could not let me go until they were through with this expedition. »
  13. von Graffenried, p. 270: « ...my colony was all gone, and especially when I asked the little fellow what had happened and taken place. Weeping bitterly he told me that his father, mother, brother, yes, the whole family had been massacred by the very same Indian above mentioned. »
  14. von Graffenried, p. 275

Liens externes

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