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Christian Almer

Christian Almer est un guide de haute montagne suisse, né le à Grindelwald (Oberland bernois) où il est mort le .

Christian Almer
Portrait de Christian Almer
Portrait de Christian Almer
Biographie
Nationalité Drapeau de la Suisse Suisse
Naissance ,
Grindelwald
Décès ,
Grindelwald
Carrière
Disciplines Alpinisme
Compagnons de cordée William Auguste Coolidge, Ulrich Almer
Ascensions notables Eiger (1858), Grandes Jorasses (1865), Pic Coolidge (1877)

Il loua ses services en particulier à Edward Whymper, Adolphus Warburton Moore, Leslie Stephen, Gottlieb Samuel Studer, Francis Fox Tuckett et l'Américain William Auguste Coolidge.

Biographie

Christian Almer dans les années 1860 - gravure d'Edward Whymper

Berger[1], il commença à parcourir la montagne en chassant le chamois. En 1854, il rattrapa et dépassa avec Ulrich Kaufmann la cordée du britannique Alfred Wills et de ses guides, qui croyait faire la première ascension du Wetterhorn au-dessus de Grindelwald (la première avait été faite en 1845). Ils emmenaient un jeune sapin pour le planter au sommet comme un drapeau. Après avoir manqué d'en venir aux mains avec les guides chamoniards de Wills, ils s'associèrent, et parvinrent ensemble au sommet. Cette ascension, et le récit qu'en fit Wills dans Wandering among the high Alps, marque pour les Britanniques le début de l'âge d'or de l'alpinisme, dont Almer fut en tant que guide, un des principaux protagonistes.

Il épousa en 1846 Margaritha Kaufmann. Son fils Ulrich Almer (1849-1940) devint également guide et l'accompagna dans de nombreuses ascensions. En 1896, il fêta ses noces d'or par une ascension du Wetterhorn avec sa femme, alors qu'ils avaient 70 et 71 ans[2].

De 1857 à 1862, il mena plusieurs premières importantes dans l'Oberland bernois, dont celles du Mönch, de l'Eiger et du Gross Fiescherhorn.

1864-1865 : des Écrins à la Verte avec Whymper

Le saut d'Almer (Almer's Leap) à la descente de la première ascension de la Barre des Écrins. Gravure d'Edward Whymper : « Il n'était pas possible de descendre, et nous devions s'il fallait absolument franchir cette brêche, sauter par-dessus pour retomber sur un bloc fort peu solide situé de l'autre côté. On décida de tenter l'aventure ; Almer allongea la corde qui le liait à nous et sauta ; le bloc vacilla au moment où il retomba dessus, mais il en étreignit un autre dans ses bras et s'y amarra solidement »[3].

La Barre des Écrins et le saut d'Almer

En 1864, Edward Whymper avec son guide Michel Croz s'associe avec A. W. Moore et Horace Walker, qui ont pris pour guide Christian Almer, afin de réaliser des premières dans les montagnes du Dauphiné, qui commencent à être explorées[4]. « Réunir Croz et Almer était un vrai coup de maître. Tous deux étaient dans la force de l'âge, doués d'une force et d'une activité bien au-dessus de la moyenne ordinaire ; leur courage et leur expérience étaient également incontestables. Le caractère d'Almer était de ceux que rien ne saurait rebuter ; intrépide mais sûr, on le trouvait toujours plein de patience et d'obligeance. Ce qui lui manquait comme vivacité, comme élan, Croz qui à son tour était modéré par Almer, le possédait Â»[5].

Il réussirent ainsi le la première ascension de la Barre des Écrins, point culminant du massif des Écrins. Ils empruntèrent un couloir à 50° dans le versant Nord (couloir Whymper), Croz et Almer se relayant pour tailler des marches avec leurs piolets (les crampons n'existaient pas). La redescente ne semblant pas praticable par le même chemin, ils repartirent par l'arête Ouest (voie normale actuelle), Almer prenant la tête et jouant un rôle déterminant en sautant une brêche qui semblait infranchissable et en taillant des marches jusqu'à la rimaye[6].

L'aiguille Verte

En 1865, Whymper engagea à nouveau Croz et Almer, avec le porteur Franz Biener. Ils réalisèrent tout d'abord en Valais la première ascension du Grand Cornier le , et la troisième de la difficile dent Blanche, mettant plus de 10 heures pour les 700 m du versant sud-ouest[7]. Le , ils firent une tentative sur le Cervin, le grand problème du moment (c'est la septième tentative de Whymper), furent repoussés par des chutes de pierre[8]. Whymper, souhaitait faire une nouvelle tentative, mais en fut dissuadé par ses guides, « Almer me dit même avec plus de logique que de politesse : « Pourquoi ne cherchez-vous pas à faire des ascensions possibles ? Â»[9]. Ils partent alors pour le massif du Mont-Blanc, réussissant le la première ascension des Grandes Jorasses, se contentant du sommet occidental (pointe Whymper, plus bas de 30 m que le point culminant, la pointe Walker), afin de mieux observer leur objectif principal, l'aiguille Verte[10].

Croz ayant un autre engagement, Almer fut le guide-chef pour l'ascension, réussie le . Almer, que Whymper décrit comme « très taciturne en marche Â» s'écria en bas du couloir Whymper, clé de l'itinéraire : « Oh aiguille Verte, vous êtes morte, et bien morte ! »[11]. De retour dans la vallée, Almer et Biener furent pris à partie par les guides de Chamonix, et leur réussite mise en doute, car Whymper n'avait engagé que des guides étrangers pour cette première prestigieuse et convoitée[12].

Ils retournèrent au Breuil faisant au passage la première traversée du col de Talèfre[13], et la première ascension de la Ruinette, à la descente de laquelle Almer et Whymper tombèrent dans une crevasse, retenus par Biener[14]. Almer essaya à nouveau de dissuader Whymper : « Tout ce que vous voudrez, excepté le Cervin, cher monsieur, disait Almer ; j'irai n'importe où, excepté au Cervin Â»[15]. Whymper s'associa finalement avec l'autre grand prétendant au Cervin, le guide Jean-Antoine Carrel (qui lui fit finalement faux-bond), et congédia Almer[16].

En 1871, Whymper (ayant finalement réussi le Cervin avec Croz, qui se tua à la descente) dit d'Almer dans Scrambles in the Alps : « Excepté Melchior Anderegg, il n'existe peut-être pas un autre guide dont l'expérience soit aussi vaste et dont les expéditions aient été couronnées d'un aussi invariable succès. »[17].

Meta Brevoort et Coolidge

Le guide Christian Almer, avec son fils Ulrich Almer et leurs clients Meta Brevoort, William Auguste Coolidge et la chienne Tschingel, vers 1874

En 1868, il est engagé par l'Américaine Meta Brevoort qu'accompagne son jeune neveu William Auguste Coolidge. Il offrit à Coolidge, âgé de 17 ans, sa chienne Tschingel pour le consoler d'une tentative avortée à l'Eiger[18]. Tschingel accompagna Coolidge dans de nombreuses ascensions, et devint, à titre honoraire, le seul membre féminin du très britannique et traditionaliste Alpine Club.

Après 17 ans d'association de 1868 à 1884, Coolidge fit l'éloge d'Almer qui ne pouvait plus continuer l'alpinisme à cause de la perte de ses orteils dans une ascension avec des touristes : « Inutile de dire que ce triste accident m'a affligé profondément, car le père Almer était devenu pour moi un ami aussi bien qu'un guide, et nous avons affronté tant de dangers ensemble que le lien entre nous était des plus étroits. Personne ne saura seulement la moitié de ce que je dois à Almer, dont la fidélité était au-dessus de toute épreuve et qui était réellement un guide hors ligne. c'est là une perte qui ne se peut réparer[19]. »

Les hivernales

Almer perdit plusieurs orteils lors de la première hivernale de la Jungfrau en 1884[2]. À partir de ce moment il ne put continuer d’accompagner Coolidge, ce fut son fils qui prit la relève comme guide.

Polémique

Après sa mort, Coolidge rédigea sa nécrologie, dans laquelle il accusa Whymper d'avoir inventé l'épisode fameux du « saut d'Almer » (Almer's leap) à la descente de la Barre des Écrins, raconté et illustré dans Scrambles in the Alps. Il s'ensuivit une polémique au sein de l'Alpine Club[20].

Ascensions marquantes

Notes et références

  1. Simon Thompson, Unjustifiable Risk ? : The Story of British Climbing p. 34
  2. Thompson, p. 34
  3. Whymper 1994, p. 92-93
  4. Whymper 1994, p. 81
  5. Whymper 1994, p. 82
  6. le récit de cette ascension est dans Whymper 1994, p. 83-97
  7. Whymper 1994, p. 133-141
  8. Whymper 1994, p. 146-149
  9. Whymper 1994, p. 150
  10. Whymper 1994, p. 152
  11. Whymper 1994, p. 162-167
  12. Whymper 1994, p. 167-169
  13. Whymper 1994, p. 170-173
  14. Whymper 1994, p. 174-176
  15. Whymper 1994, p. 176
  16. Whymper 1994, p. 177
  17. Whymper 1994, p. 162
  18. « I do not clearly recollect hearing of Tschingel till July 11, 1868. That month Almer had for the first time become guide to my aunt, the late Miss Brevoort, and myself. On July 8 we all three made our first high climb together (the Wetterhorn) and on July 11 started from Little Scheidegg for the ascent of the Eiger. But the rocks (as often) were glazed, and we had to retreat. This disappointed me bitterly, for I was not quite eighteen years of age […] Almer sympathised much with me, and so, as we were walking down that afternoon to Grindelwald, tried to comfort me by promising to give me his dog Tschingel, as one of her sons, Bello by name, was now able to act as watchdog… Â» W. A. B. Coolidge, « Alpine Studies », in Mountains, ed. A. Kenny, Londres, John Murray, 1991, p. 197
  19. W. A. Coolidge, Coolidge en Dauphiné - Récits de courses en Dauphiné (1870-1895), Vourles, Alpage, , 183 p. (ISBN 978-2-9535439-0-2, lire en ligne), p.105
  20. Ronald William Clark, An eccentric in the Alps : the story of the Rev. W.A.B. Coolidge, the great Victorian mountaineer, Museum Press, 1959, p. 171-185
  21. Yves Ballu, Les alpinistes, Éditions Glénat, 1997, « Les alpinistes dans les Alpes et les Pyrénées » p. 447-507
  22. François Labande, Guide du Haut-Dauphiné, Éditions de l'envol,

Annexes

Liens externes

Bibliographie

  • Carus Dunlop Cunningham, A facsimile of Christian Almer's Führerbuch 1856-1894, Sampson Low, Marston & Co, 1896
  • G. Asler, « The Almers and their Führenbücher », Alpine Journal, vol. 51,‎ , p. 257-270 (lire en ligne)
  • William Auguste Coolidge, In memoriam Christian Almer, 1826-1898, 1899
  • Edward Whymper, Escalades dans les Alpes [« Scrambles in the Alps in the years 1860-69 »], Hoëbeke, (1re éd. 1871)
  • Ronald W. Clark, The Early Alpine Guides, Phoenix House, 1949
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