Accueil🇫🇷Chercher

Chirurgie hystéroscopique

La chirurgie hystéroscopique est une technique chirurgicale, utilisée en gynécologie, reposant sur l'usage de l'hystéroscopie afin d'apporter un traitement chirurgical à des anomalies, des maladies, et des malformations de la cavité utérine.

Canal cervical et cavité utérine.

Principes

L’hystéroscopie consiste à voir à l’intérieur de l’utérus (hystéro = utérus, et scopie = « regarder » : « Regarder dans l’utérus »).

La chirurgie hystéroscopique consiste donc à opérer à l’intérieur de la cavité utérine, en introduisant un instrument appelé hystéroscope opératoire. Le diamètre de cet hystéroscope peut varier de 1,7 mm à 9 mm. On parle de « résectoscope » quand il est constitué d’une optique, d’une « anse » de résection (sorte de « fil à couper le beurre » dans lequel passe un courant électrique de section qui permet de couper sous contrôle de la vue), et d’un « tunnel à double voie » par lequel arrive et repart du liquide (du sérum physiologique, le plus souvent)).

L’instrument est introduit par le col de l’utérus, il n’y a donc ni ouverture, ni cicatrice (le col de l’utérus est, en général, préalablement « préparé » par deux comprimés de prostaglandine (le misoprostol, longtemps utilisé en France sous le nom commercial de Cytotec a toutefois été retiré du marché en 2018) placés dans le vagin une à deux heures avant l’intervention, afin d'assouplir le col utérin et de le dilater facilement pour pouvoir introduire l’instrument, qui mesure mm de diamètre).

Le chirurgien voit en permanence ce qu’il est en train de faire, grâce à l’optique qui est reliée à un « moniteur » (écran de télévision).

La cavité utérine est lavée en permanence pendant toute la durée de l’intervention par un flux de liquide (du sérum physiologique si le courant électrique utilisé est bipolaire, ou du glycocolle si le courant électrique utilisé est monopolaire) qui permet à la fois de distendre cette cavité pour avoir une bonne vision, et d’évacuer le sang.

Contrairement à l'hystéroscopie diagnostique, qui peut s'effectuer le plus souvent sans anesthésie ou avec une anesthésie locale grâce au très faible diamètre de l'hystéroscope alors utilisé, le recours à la chirurgie hystéroscopique s'accompagne généralement d'une anesthésie régionale ou générale, quelques interventions mineures pouvant se faire sous anesthésie locale[1].

Indications

La chirurgie hystéroscopique est indiquée lorsque le traitement médical s’est révélé inefficace pour traiter une pathologie de la cavité utérine responsable de symptômes gênants ou comme alternative à la chirurgie traditionnelle. Elle est le plus souvent proposée dans les cas suivants :

  • Fibrome de la cavitĂ© utĂ©rine, dit fibrome sous-muqueux, responsable de saignements anormaux (mĂ©trorragies), de règles longues et abondantes (mĂ©norragies), et de douleurs. (On parle alors de rĂ©section hystĂ©roscopique de fibrome).
  • Polype bĂ©nin de la cavitĂ© utĂ©rine, responsable de saignements anormaux (mĂ©trorragies), de règles longues et abondantes (mĂ©norragies), et de douleurs. (On parle alors de rĂ©section hystĂ©roscopique de polype).
  • Épaississement anormal de la muqueuse utĂ©rine (endomètre) responsable de saignements anormaux (mĂ©trorragies) et de règles longues et abondantes (mĂ©norragies), et pour lequel le traitement mĂ©dicamenteux n’a pas fonctionnĂ©. (On parle alors d’endomĂ©trectomie).
  • Malformation utĂ©rine (rĂ©section de cloison utĂ©rine dans les utĂ©rus cloisonnĂ©s).
  • SynĂ©chies utĂ©rines (c'est-Ă -dire l’existence d’un accolement anormal entre les deux faces de la cavitĂ© utĂ©rine, Ă  la suite d'un curetage utĂ©rin trop appuyĂ© avec mise Ă  nu du myomètre).
  • StĂ©rilisation tubaire par pose de dispositif obturateur dans les orifices utĂ©rins (ostium tubaire) des trompes utĂ©rines.

Le retrait de polypes ou de fibromes pourrait faciliter la grossesse pour les femmes présentant des problèmes de fertilité, avec un niveau de preuves faible[2].

Intérêts

Les intérêts de la chirurgie hystéroscopique, par rapport à une chirurgie classique (laparotomie, ou chirurgie par voie vaginale, ou cœlioscopie) sont multiples, et ils ont été maintes fois prouvés par des études comparatives :

  • Conservation de l’utĂ©rus (alors qu'avant l'existence de la chirurgie hystĂ©roscopique, beaucoup de femmes se voyaient proposer une hystĂ©rectomie en raison d'une pathologie de la cavitĂ© utĂ©rine).
  • Pas de fragilisation de l’utĂ©rus en vue d’une grossesse future (contrairement aux interventions « Ă  utĂ©rus ouvert »).
  • OpĂ©ration moins invasive, impliquant des douleurs post-opĂ©ratoires moindres que les autres interventions chirurgicales, mais Ă  ne pas nĂ©gliger cependant en fonction de diamètre de l'hystĂ©roscope utilisĂ© et de la nature de l'intervention.
  • Diminution du risque infectieux.
  • Pas d’ouverture de la paroi abdominale.
  • Diminution de la durĂ©e opĂ©ratoire.
  • Diminution de la durĂ©e d’hospitalisation (puisque cette chirurgie se fait la plupart du temps en ambulatoire, avec une sortie de la patiente le jour mĂŞme).
  • Diminution de la durĂ©e d’arrĂŞt de travail et reprise plus rapide des activitĂ©s (La diffĂ©rence est de un jour d’arrĂŞt pour la chirurgie hystĂ©roscopique, contre un mois d’arrĂŞt pour une intervention « Ă  utĂ©rus ouvert »).
  • Accessoirement, absence de cicatrice apparente.

Choix anesthésiques et gestion de la douleur

Alors que l'évitement de douleurs inutiles est une obligation éthique résultant du code déontologie médicale, et que sa non-prise en compte est le principal facteur d'échec des hystéroscopies[3], ce facteur n'est pas toujours pris au sérieux. Une méta-revue Cochrane analysant 32 études sur ce sujet pour de simples hystéroscopies diagnostiques, fait état de résultats non concluants en raison de la très faible qualité de ces études et des biais qui les affectent[4]. En Grande-Bretagne, en 2013, une députée a fait état au Parlement de nombreux cas de patientes opérées sans aucune anesthésie, ou avec une anesthésie locale notoirement insuffisante, alors que certaines disaient avoir enduré des douleurs bien supérieures à celles d'un accouchement[5].

Anesthésie locale

L'application de lidocaïne par aérosol sur le col réduit la douleur et la sensation d'inconfort, tandis que l'administration d'un gel ou d'une solution de lidocaïne à 2 % (5ml) s'est révélée inefficace dans des cas de biopsie de l'endomètre, et ne prévenait pas en outre le risque de malaise vagal[3].

L'utilisation d'anti inflammatoires non stéroïdiens une heure avant l'intervention, bien que controversée, était jugée raisonnable en 2011[3].

Anesthésie générale

Le principe est de préférer des anesthésiants à faible durée d'action, afin de permettre une opération en ambulatoire. Le Rémifentanil, dont la demi-vie est très courte, est un bon candidat. Cette option est parfois préférée à une anesthésie régionale, où la demi-vie des produits est plus élevée. Cette option toutefois ne permet pas d'atténuer les douleurs post-opératoires, et leur gestion doit avoir été prévue au préalable[6].

Préparation et dilatation du col utérin

Si les hystéroscopes de très faible diamètre ne nécessitent pas de mesure de dilatation du col utérin, le recours à des mesures de préparation doit être envisagé pour des diamètres plus élevés, surtout en l'absence d'anesthésie générale. Chez les nulligestes, patientes ménopausées, ou présentant des massifs cervicaux opérés ou de petite taille, des césariennes antérieures et utérus très anté ou rétro versés, la préparation peut éviter l'une des complications connues, le faux-trajet[7]. Le passage du col vaginal représente la moitié des complications enregistrées[8].

Le Misoprostol a longtemps été préconisé. Toutefois, selon une méta-revues de 2013, il ne présenterait pas d'avantages scientifiquement prouvés en termes de bénéfices-risques par rapport à un simple placebo[9] bien qu'il présente un bénéfice chez la patiente avant la ménopause et puisse être retenu en seconde intention pour les cas difficiles, eu égard à ses effets secondaires[9] - [10].

L'utilisation d'agents osmotiques telles que les laminaires a également été étudiée, et semble plus efficace que le Misoprostol sur le nombre de dilatations mécaniques nécessaires, bien que la qualité de l'étude soit de niveau faible[8].

Limites techniques

Les examens pratiqués avant l’intervention (échographie, hystérosonographie…) permettent dans la majorité des cas d’apprécier au mieux le volume et la situation d’un fibrome ou d’un polype et de décider s’il est possible de l’enlever par une chirurgie hystéroscopique ou pas. Mais il arrive parfois qu’une chirurgie hystéroscopique ait été décidée, et que le chirurgien s’aperçoive, une fois qu’il a débuté l’hystéroscopie, qu’un fibrome est particulièrement volumineux, ou qu’il a moins de la moitié de son diamètre à l’intérieur de la cavité utérine, ou qu’il est mal situé (à côté d’une trompe utérine). Il décide alors finalement de ne pas « se lancer » dans une intervention qui risque d’être trop hémorragique, ou trop longue, ou trop risquée (risque de perforation de l’utérus, en particulier). L’intervention initialement prévue n’a alors pas lieu, et un autre traitement est discuté ensuite avec la patiente.

Complications

Même s’il n’y a pas de cicatrice, et même si on quitte la clinique le jour-même, la chirurgie hystéroscopique n’est pas une « petite chirurgie » ! Comme pour toute intervention chirurgicale, la chirurgie hystéroscopique comporte des risques opératoires et anesthésiques, et des complications post-opératoires. Ces risques et ces complications sont essentiellement représentés par :

  • Des hĂ©morragies par blessure d’un vaisseau sanguin du muscle utĂ©rin (myomètre) en cours d’intervention, obligeant très rarement Ă  ouvrir le ventre, voire Ă  pratiquer une ablation de l’utĂ©rus (hystĂ©rectomie) en urgence.
  • Des perforations utĂ©rines (c'est-Ă -dire que l’instrument de rĂ©section, ayant « creusĂ© » trop en profondeur dans le muscle utĂ©rin (myomètre), finit par traverser la paroi externe de l’utĂ©rus et se retrouve dans la cavitĂ© abdominale, risquant ainsi de blesser l’intestin, le rectum, les voies urinaires, ou les vaisseaux sanguins). Ces perforations utĂ©rines en cours d’intervention obligent Ă  arrĂŞter l’intervention, et Ă  pratiquer une cĹ“lioscopie pour regarder dans l’abdomen afin de s’assurer qu’il n’y a pas eu de blessure d’un organe intra-abdominal.
  • Des hĂ©morragies secondaires dans les heures ou les jours qui suivent l’intervention, qui obligent parfois Ă  rĂ©intervenir.
  • Des complications infectieuses (endomĂ©trite, salpingite).
  • Des synĂ©chies utĂ©rines, c'est-Ă -dire un accolement anormal des deux faces de la cavitĂ© utĂ©rine Ă  l’endroit oĂą la chirurgie a eu lieu, obligeant Ă  rĂ©intervenir pour lever cet accolement.

Ces risques sont limités (le risque de complication grave, selon les études, est de moins d’un cas sur 1000). C’est essentiellement en raison de ces risques de complications que le chirurgien consulté peut être amené à refuser une chirurgie hystéroscopique s’il estime qu’un fibrome est trop volumineux, ou mal situé (près des vaisseaux sanguins, ou trop près de la paroi externe de l’utérus). Il discutera alors le choix d’un autre traitement avec la patiente.

Conséquences

  • Sur la vie quotidienne et sur la sexualitĂ© :

Passés les quelques jours qui suivent l’intervention (où la patiente est encore gênée par les effets de la chirurgie elle-même), cette chirurgie ne provoque aucun changement dans la vie de tous les jours, ou dans les rapports intimes. Toutes les activités habituelles, y compris les activités sportives et sexuelles, sont autorisées.

  • Sur la possibilitĂ© de procrĂ©ation :

Hormis le cas très rare où cette chirurgie se complique d’une synéchie utérine (accolement anormal des deux faces de la cavité utérine), la chirurgie hystéroscopique a le plus souvent pour but d’améliorer la possibilité de procréer (par exemple en enlevant un fibrome ou un polype qui empêchaient jusque-là la nidation correcte de l’œuf dans l’utérus). De plus, cette chirurgie ne provoque pas de fragilisation de la paroi utérine, de sorte qu’un accouchement naturel est possible.

Notes et références

  1. (en) Tirso Perez-Medina et Enrique Cayuela Font, Diagnostic and Operative Hysteroscopy, JP Medical Ltd, (ISBN 978-93-80704-69-2, lire en ligne), p. 202-204
  2. (en) Bosteels J., van Wessel S., Weyers S., Broekmans FJ et al., « Hysteroscopy for treating suspected abnormalities of the cavity of the womb in women having difficulty becoming pregnant », sur www.cochrane.org, (consulté le )
  3. (en) Tirso Perez-Medina et Enrique Cayuela Font, Diagnostic and Operative Hysteroscopy, JP Medical Ltd, (ISBN 978-93-80704-69-2, lire en ligne), p. 25
  4. (en) « Pain relief for hysteroscopy as an outpatient », sur www.cochrane.org (consulté le )
  5. « House of Commons Hansard Debates for 19 Dec 2013 (pt 0003) », sur publications.parliament.uk (consulté le )
  6. (en) Tirso Perez-Medina et Enrique Cayuela Font, Diagnostic and Operative Hysteroscopy, JP Medical Ltd, (ISBN 978-93-80704-69-2, lire en ligne), p. 205
  7. Dr. Landowski, « Hysteroscopie, Préparation du Col | Hysteroscopie opératoire », sur www.hysteroscopie.org, Paris, (consulté le )
  8. (en) « Preparing the cervix with different ripening agents before operative hysteroscopy », sur www.cochrane.org, (consulté le )
  9. M. Lesavre, G. Legendre et H. Fernandez, « Utilisation en gynécologie du misoprostol (hors AMM) », sur EM-Consulte, Journal de gynécologie obstétrique et Biologie de la reproduction, (consulté le )
  10. Elsevier Masson, « État des lieux et expertise de l’usage hors AMM du misoprostol en gynécologie-obstétrique : travail du CNGOF (texte court) », sur EM-Consulte, Journal de gynécologie obstétrique et Biologie de la reproduction, (consulté le )

Lien externe

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.