Cheval en Corée du Nord
Le cheval en Corée du Nord (coréen : 말 / mal), malgré le faible nombre de sources disponibles à son sujet, semble tenir une grande importance culturelle locale. Il existe au moins un centre équestre dans la banlieue de Pyongyang. Une race de poneys nord-coréens, le Kwangok, a également été documentée.
Cheval en Corée du Nord | |
Le centre équestre de Mirim, près de Pyongyang. | |
Espèce | Cheval |
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Nombre | 48 000 têtes (2017) |
Races élevées | Pyongwon, Sabyol et Kwangok |
Objectifs d'élevage | Travail agricole, équitation, propagande |
La pratique de l'équitation par la famille dirigeante des Kim s'accompagne d'un usage important de l'image du cheval blanc à des fins de propagande. Le cheval ailé Chollima, très présent dans les traditions et représentations artistiques nord-coréennes, est lui aussi repris à des fins politiques.
Histoire
Il est particulièrement difficile d'obtenir des sources fiables relatives à la Corée du Nord, en raison d'un verrouillage de l'information et de la parution d'un nombre très faible de démentis[1].
Le royaume de Goryeo, qui inclut les actuelles Corées du Nord et du Sud, fut régulièrement confronté à l'utilisation militaire du cheval lors de ses affrontements contre des cavaliers nomades[2], avant d'intégrer lui-même le cheval à ses unités militaires, et de développer la poste aux chevaux, au contact des Mongols[3].
Le réalisateur Michael Sztanke, qui s'est rendu en Corée du Nord en 2007, 2012 et 2014, décrit sur son blog et dans son documentaire, Corée du Nord, la grande illusion, l'existence d'un centre équestre construit peu avant 2012 dans la banlieue de la capitale Pyongyang[4]. Ce centre équestre est également mentionné par un voyagiste, en 2013[5].
L'écrivain français Jean-Louis Gouraud visite la Corée du Nord à l'automne 2016, et décrit à cette occasion le centre équestre ainsi qu'un spécimen d'une race locale de chevaux, le Kwangok[6].
En septembre 2020, des images satellites montrent qu'un hippodrome est en cours de construction dans l'Est de Pyongyang, près d'un hôtel luxueux géré par Air Koryo[7].
Pratiques et usages
Le cheval était utilisé au travail agricole dans les rizières, mais cet usage tend à reculer[8].
Élevage
En 2017, dans l'ouvrage Equine Science, la population chevaline nord-coréenne est estimée à 48 000 têtes, ce qui représenterait 0,08 % de la population chevaline mondiale[9].
La base de données DAD-IS ne fournit aucune information à propos des races de chevaux élevées en Corée du Nord[10]. Le guide Delachaux fait état de ce manque d'information disponibles, supposant une proximité entre les chevaux de Corée du Nord et ceux de Corée du Sud[11].
Jean-Louis Gouraud cite l'existence de trois races, le Pyongwon, le Sabyol et le Kwangok, dont il a photographié un specimen alezan en 2016[8].
D'après le média NK News, au moins depuis les années 1990, la famille dirigeante nord-coréenne a pour tradition d'acheter des trotteurs Orlov russes[12]. Les sanctions internationales appliquées à la Corée du Nord ne s'appliquant pas au commerce des chevaux, en 2019, une douzaine de chevaux de « pure race » d'une valeur de 75 509 $ sont importés depuis la Russie[13] - [14]. Les données d'import obtenues depuis la Russie indiquent que parmi ces chevaux importés par le régime en 2019, figurent deux Trotteurs Orlov ainsi qu'un poney Welsh[13] - [14].
En 2020, une nouvelle importation porte sur 30 chevaux russes croisés, de valeur plus faible, pour un montant de 19 600 $[12].
Culture
La figure du cheval apparaît dans la mythologie coréenne. Cependant, dans le cadre de l'affirmation d'une identité nationale, ces chevaux de la mythologie coréenne sont cités d'une manière exclusive dans chacune des deux Corées, l'appel à la figure de Chollima étant exclusif à la Corée du Nord, et le cheval blanc céleste à la Corée du Sud[15].
Chollima
Le cheval mythique Chollima est présent à travers le mouvement Chollima, mouvement de mobilisation des travailleurs de la fin des années 1950 et du début des années 1960, qui est plutôt décrit comme une « série d'exercices de renforcement de la légitimité et le principal moyen par lequel le régime nord-coréen a préservé l'hégémonie de Kim Il-sung après la guerre de Corée »[16]. Il existe aussi une représentation fameuse de ce cheval à Pyongyang, sous forme de statue[17].
Symbole de la famille Kim
Le cheval est l'un des symboles de la famille dirigeante de la Corée du Nord, les Kim[18].
Kim Jong-un a recouru plusieurs fois à la symbolique du cheval blanc pour se mettre en scène dans des clips de propagande diffusés en Corée du Nord ; ces clips le montrent au galop dans divers paysages, dans le but probable de symboliser la vitalité et le dynamisme, mais aussi « son dévouement et son travail acharné pour le peuple »[19] - [18]. En 2022, il est ainsi présenté galopant dans la montagne, probablement pour symboliser un redressement de l’économie du pays[18].
Notes et références
- « Corée du Nord : pourquoi est-ce si difficile d'obtenir des informations fiables ? », sur Franceinfo, (consulté le ).
- (ko) 허인욱 ( Heo In-uk ), « 유목사회의 특성과 고려-거란 전쟁 », 한국중세사연구, vol. 60, no 0, , p. 49–79 (ISSN 1225-8970, lire en ligne, consulté le ).
- (en) Tschung-Sun Kim, « THE DEVELOPMENT OF THE SILK ROAD: THE POSTAL RELAY ROUTE OF MONGOL AND GORYEO », Acta Via Serica, vol. 1, no 1, , p. 105–117 (ISSN 2508-5824, DOI 10.22679/AVS.2016.1.1.105, lire en ligne, consulté le ).
- « Le cheval coréen... », sur Corée du nord, la grande illusion, (consulté le ).
- (en-US) « New DPRK Site Spotted: Mirim Equestrian Riding Club », sur Uri Tours, (consulté le ).
- Élise Rousseau, « Cheval domestique : une biodiversité riche mais menacée. Etat des lieux de la diversité des races de chevaux domestiques en 2016 », Ethnozootechnie, no 101, , p. 48 (lire en ligne).
- (en-US) « From planes to stallions: North Korea’s Air Koryo breaks into the horse business », sur NK PRO, (consulté le ).
- Gouraud 2017, Chap. Corée du Nord.
- (en) Rick Parker, Equine science, Delmar Cengage Learning, , 5e éd., 640 p. (ISBN 978-1-305-94972-0 et 1-305-94972-2, OCLC 1054197727, lire en ligne), p. 32.
- « Races par espèces et pays », sur www.fao.org, Système d’Information sur la Diversité des Animaux Domestiques (DAD-IS) | Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (consulté le ).
- Élise Rousseau (ill. Yann Le Bris), Tous les chevaux du monde, Delachaux et Niestlé, , 544 p. (ISBN 2-603-01865-5).
- (en-US) « North Korea imported more Russian horses amid new work on elite equestrian parks », sur NK PRO, (consulté le ).
- (en) « North Korea imported purebred horses from Russia as Kim Jong Un took snowy ride », sur Reuters, (consulté le ).
- (en-US) « North Korea imported a dozen purebred horses from Russia last year, data shows | NK News », sur NK News - North Korea News, (consulté le ).
- (en) Chealin Won et Anne Huntington, « What it means to be Korean: national identity in North and South Korean elementary textbooks, 1960–2019 », Comparative Education, vol. 57, no 2, , p. 267–289 (ISSN 0305-0068, DOI 10.1080/03050068.2020.1812237, lire en ligne, consulté le ).
- (ko) Moody et Peter Graham, « Chollima, the Thousand Li Flying Horse: Neo-traditionalism at Work in North Korea », Sungkyun Journal of East Asian Studies, vol. 13, no 2, , p. 211–233 (lire en ligne, consulté le ).
- (en-US) « What is Chollima? The Significance of the Legendary horse in North Korea ⋆ Visit North Korea », sur Visit North Korea, (consulté le )
- « Corée du Nord : une nouvelle vidéo de Kim Jong-un sur son cheval blanc », sur Le Point, (consulté le ).
- « Kim Jong-un mis en scène sur un cheval blanc dans une vidéo de propagande », sur www.20minutes.fr (consulté le ).
Annexes
Article connexe
Bibliographie
- [Gouraud 2017] Jean-Louis Gouraud, Petite géographie amoureuse du cheval, Belin / Humensis, , 615 p. (ISBN 978-2-410-00205-8 et 2-410-00205-6, lire en ligne)
- [Porter et al. 2016] (en) Valerie Porter, Lawrence Alderson, Stephen J. G. Hall et Dan Phillip Sponenberg, Mason's World Encyclopedia of Livestock Breeds and Breeding, CAB International, , 6e éd., 1 107 p. (ISBN 1-84593-466-0, OCLC 948839453).