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Cherokees

Les Cherokees[2] (en cherokee : ᎠᏂᏴᏫᏯ (ah-ni-yv-wi-ya)), sont un peuple autochtone d’Amérique du Nord qui habitait dans l’Est et le Sud-Est des États-Unis avant d’être forcé à se déplacer vers le plateau d’Ozark. Les ethnologues estiment qu’il existe aujourd’hui entre cinq et sept millions de personnes descendant des Cherokees.

Cherokees
Description de l'image Cherokees.jpg.
Populations importantes par région
Drapeau de l'Oklahoma Oklahoma 215 632 (2015)[1]
Drapeau de la Californie Californie 127 332 (2015)[1]
Population totale 1 108 037 (2015)[1]
Autres
Langues Anglais, cherokee
Description de cette image, également commentée ci-après
Carte de l’aire cherokee actuelle en Oklahoma.

Actuellement, les principales communautés sont la Nation Cherokee et l’United Keetoowah Band of Cherokee Indians (en) en Oklahoma et l’Eastern Band of Cherokee Indians (en) en Caroline du Nord.

La nation est également représentée en Géorgie, en Alabama, en Arkansas, dans le Missouri et dans le Tennessee.

Pour certains, le cœur spirituel de la nation est la Keetoowah Nighthawk Society.

Étymologie

À l’origine, les Cherokees s’auto-désignaient Aniyunwiya, mais étaient appelés par les Creeks Tsalagi, nom qu’eux-mêmes ont adopté et déformé au cours du temps en Cha-ra-gi et en Cherokee.

Histoire

Selon leur tradition orale, les Cherokees, parlant une langue iroquoienne, auraient migré vers le Sud-Est des États-Unis depuis la région des Grands Lacs, où l’on retrouve différents peuples iroquois[3]. L’archéologie ne permet de les distinguer des autres amérindiens pendant cette longue période.

De 1736 Ă  1743, l’utopiste allemand Christian Priber se rend en territoire cherokee et organise en tant que « premier ministre » la rĂ©sistance autochtone face aux Treize Colonies. Ă€ cette Ă©poque, les Cherokees sont dĂ©jĂ  christianisĂ©s, en partie mĂ©tissĂ©s et font partie de l’organisation dite des « Cinq tribus civilisĂ©es Â».

Ă€ l’époque de la guerre d'indĂ©pendance des États-Unis, les violations rĂ©pĂ©tĂ©es des traitĂ©s par les colons poussent une minoritĂ© de Cherokees Ă  « prendre le sentier de la guerre Â». Ces dissidents, nommĂ©s les Chickamaugas et menĂ©s par le chef Dragging Canoe, s’allient avec les Chaouanons et les Britanniques pour mener des raids contre les Ă©tablissements des colons amĂ©ricains.

John Ross (Koowescoowe en langue cherokee) est un des personnages importants dans l’histoire de la nation cherokee. Son père émigre d’Écosse avant la révolution américaine. Sa mère, également fille d’Écossais, possède un quart de sang cherokee. John Ross commence sa carrière publique en 1809. Comme l’autorise la constitution de l’époque, la Nation Cherokee est créée en 1820, avec des représentants officiels élus ; John Ross est nommé chef de la nation en 1828, et le reste jusqu’à sa mort.

Sceau de la Nation Cherokee.
Drapeau des Cherokees (Oklahoma).

Les Cherokees ont Ă©tĂ© dĂ©placĂ©s de force de leurs terres ancestrales vers le Territoire indien en Oklahoma, principalement Ă  cause de la ruĂ©e vers l'or aux environs de Dahlonega dans les annĂ©es 1830. La dĂ©portation du peuple cherokee porte le nom de Piste des Larmes. Une fois arrivĂ©s dans ce territoire moins fertile, aux eaux plus rares et au climat plus contrastĂ© que leur terre d'origine des Carolines et du nord de la GĂ©orgie, les tensions s’aggravent et la suspension de la « Loi du Sang Â» cherokee est ignorĂ©e. Le , après l’ajournement d’une assemblĂ©e tribale, plusieurs des plus importants signataires du TraitĂ© de New Echota sont assassinĂ©s, y compris le rapporteur de la « Loi du Sang Â», Major Ridge, ainsi que John Ridge et Elias Boudinot. C’est le dĂ©but d’une guerre civile de 15 ans parmi les Cherokees. Un des survivants notables, Stand Watie, devient gĂ©nĂ©ral confĂ©dĂ©rĂ© pendant la guerre de SĂ©cession. Les Cherokees sont une des Cinq tribus civilisĂ©es qui ont signĂ© des traitĂ©s, et ont Ă©tĂ© reconnus par les États confĂ©dĂ©rĂ©s d'AmĂ©rique.

Des Cherokees, dans l’ouest de la Caroline du Nord, ont servi au sein de la « Thomas' Legion Â», une unitĂ© d’environ 1 100 hommes d’origine cherokee et europĂ©enne, combattant principalement en Virginie, oĂą leur rĂ©ussite est impressionnante. La « Thomas' Legion Â» fut la dernière unitĂ© confĂ©dĂ©rĂ©e Ă  se rendre en Caroline du Nord, Ă  Waynesville, le .

Avant la guerre de Sécession, les Cherokees, comme d’autres peuples autochtones du Sud des États-Unis, avaient des esclaves. Initialement issus d’autres tribus amérindiennes vaincues par les Cherokees, ils ont pu aussi être d’origine africaine et issus du commerce triangulaire. Les esclaves ont été libérés à la fin de la guerre, mais nombre d'entre eux sont alors restés dans les nations où ils vivaient, et se sont métissés.

Les Cherokees d’Oklahoma ont perdu le droit d’élire leur propre chef en 1907 lorsque l’Oklahoma est devenu un État, peuplé par les colons. Divers dirigeants sont désignés par les présidents jusqu’en 1970, lorsque les Cherokees ont récupéré le droit d’élire leur gouvernement, par à un décret du Congrès signé par le président Richard Nixon. W. W. Keeler a été le premier chef élu des Cherokees d’Oklahoma, il a été aussi président de Phillips Petroleum. Ross Swimmer, Wilma Mankiller, Joe Byrd et actuellement Chad Smith lui ont succédé.

Le , le Conseil tribal de la Nation cherokee dĂ©finit officiellement le mariage comme une union entre un homme et une femme, mettant de fait hors la loi le mariage homosexuel. Cette dĂ©cision rĂ©pond Ă  une demande d’union d’un couple lesbien dĂ©posĂ©e le . Le chef Chad Corntassel Smith explique que le motif principal de cette dĂ©cision est d’homogĂ©nĂ©iser la lĂ©gisation de la Nation cherokee avec celle de l’État d’Oklahoma, traditionnellement basĂ©e sur la Bible (l’Oklahoma fait partie de la « Bible Belt Â»). Dans le mĂŞme Ă©tat d’esprit, dĂ©but , les Cherokees ont votĂ© en majoritĂ©, Ă  77 %, pour l’expulsion des descendants d’anciens esclaves afro-amĂ©ricains de leur nation s'ils ne peuvent prouver une ascendance amĂ©rindienne[4] - [5].

Comme toutes les nations amĂ©rindiennes officiellement reconnues par le gouvernement des États-Unis, les Cherokees bĂ©nĂ©ficient d’avantages et de subventions, et les critiques ne voient dans ce scrutin qu’une façon d’écarter de ces avantages ceux qui ne sont pas de « pur sang Â» autochtone, « pur sang » d’ailleurs mythique puisque le mĂ©tissage (mais avec des blancs) a commencĂ© au XVIIIe siècle.

DĂ©mographie

Évolution de la population
AnnéePop.±%
1990369 035—
2000729 533+97.7%
2010819 105+12.3%
20151 108 037+35.3%
Source : [6] - [7] - [8] - [1]

Communautés

Le gouvernement américain reconnait trois entités au sein de ce qui peut être défini comme la "nation cherokee"[9].

Communautés Membres[10] - [11] Territoire État Population[12]
Nation Cherokee 299 862 Cherokee OTSA Drapeau de l'Oklahoma Oklahoma 511 793
United Keetoowah Band (en) 14 300
Eastern Band (en) 13 000 Qualla Boundary (en) Drapeau de la Caroline du Nord Caroline du Nord 9 796

Langue et alphabet

Le syllabaire inventé par Sequoyah pour écrire le cherokee.

Les Cherokee parlent une langue iroquoienne polysynthétique, le Tsa-la-gi qui s’écrit grâce à un syllabaire inventé par Sequoyah. Pendant des années, beaucoup de gens transcrivaient en alphabet latin ou utilisaient des polices peu adaptées pour écrire le syllabaire sur les outils informatiques. Cependant, après l’ajout récent des syllabes cherokee à Unicode, la langue cherokee est en train de vivre une renaissance de son utilisation sur Internet. Il existe un Wikipedia en cherokee.

Notes et références

  1. (en) « Cherokee tribal grouping alone or in any combination », sur factfinder.census.gov (consulté le ).
  2. Écrit le plus souvent « Cherokees » d’après l’orthographe anglaise, mais aussi plus rarement « TchĂ©rokĂ®s, ChĂ©rokĂ®s, ChĂ©rakis, Cheraquis » ou « ChĂ©rokĂ©es » en français.
  3. Mooney 1902.
  4. « Les Noirs exclus par les Cherokees », sur liberation.fr, (consulté le ).
  5. (en) Alex Kellogg, « Cherokees Face Scrutiny For Expelling Blacks », sur NPR.org, (consulté le )
  6. https://www2.census.gov/library/publications/decennial/1990/cp-3-7/cp-3-7-1.pdf
  7. https://www.census.gov/prod/2002pubs/c2kbr01-15.pdf
  8. (en) « The American Indian and Alaska Native Population: 2010 » [PDF], sur census.gov, US Census Bureau, .
  9. Susanne Berthier-Foglar, « Lionel Larré, Histoire de la nation cherokee. Bordeaux, Presses Universitaires de Bordeaux, Collection Parcours Universitaire, 2014 », Transatlantica. Revue d’études américaines. American Studies Journal, no 2,‎ (ISSN 1765-2766, lire en ligne, consulté le )
  10. (en) « Oklahoma Indian nations pocket pictorial directory », sur digitalprairie.ok.gov (consulté le )
  11. (en) « NC DOA : NC Tribal Communities », sur ncadmin.nc.gov (consulté le )
  12. (en) « My Tribal Area », sur census.gov (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Duane H. King, The Cherokee Indian nation : a troubled history, Knoxville, University of Tennessee Press, , 256 p. (ISBN 978-0-87049-227-3, OCLC 4194151, lire en ligne).
  • (en) Thomas E. Mails, The Cherokee people : the story of the Cherokees from earliest origins to contemporary times, Tulsa, Council Oak Books, , 368 p. (ISBN 978-0-933031-45-6, OCLC 26660971, lire en ligne).
  • (en) James Mooney, Myths of the Cherokee, Washington, (lire en ligne).
  • Russell Thornton (trad. Judith Gross et Odile Rincklin), Les Cherokees, Monaco, Éditions du Rocher, coll. « Nuage rouge », , 313 p. (ISBN 978-2-268-02722-7, OCLC 38238144).
  • Bernard Vincent, Le sentier des larmes : le grand exil des Indiens Cherokees, Paris, Flammarion, , 250 p. (ISBN 978-2-08-210113-4, OCLC 401601493).
  • Lionel LarrĂ©, Histoire de la nation cherokee, Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, (ISBN 9782867819292)

Articles connexes

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