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Chenghuang

Chenghuang (chinois: 柎隍 ; pinyin: chĂ©nghuĂĄng ou 柎隍çˆș chĂ©nghuĂĄngyĂ©; « dieu de la ville ») est dans la religion traditionnelle chinoise une dĂ©itĂ© qui veille en maire ou prĂ©fet au bon ordre terrestre et infernal de sa circonscription, dont l'Ă©tendue peut varier d'un quartier Ă  une ville ou un comtĂ©. Il existe donc une multitude de chenghuang. Ces dieux occupent le niveau le plus Ă©levĂ© de l'ensemble des fonctionnaires territoriaux divins, juste au-dessus des « dieux du sol » (tudigong). Le chenghuang exerce Ă©galement des fonctions judiciaires.

Statue du dieu flanqué de ses deux acolytes, le juge civil à sa gauche et le juge militaire à sa droite

Origine

Temple de Xiahai, Taipei

La premiĂšre mention d'un « temple de la ville » (ćŸŽéšć»Ÿ chĂ©nghuĂĄngmiĂ o, littĂ©ralement : «  temple de la muraille et des douves  ») date des Trois royaumes (239 Ă  Wuhu dans la province de l’Anhui). Le culte, ainsi que les reprĂ©sentations personnifiĂ©es du dieu, se sont gĂ©nĂ©ralisĂ©s sous les Tang. C'est Ă  partir de cette pĂ©riode que les diffĂ©rents Chenghuangye reçurent des titres de l'administration impĂ©riale, comme il est coutume pour les dieux chinois d'une certaine importance. Parfois le titre marque le grade du dieu (ville, district ou comtĂ©). À partir des Ming, les temples des villes furent dĂ©clarĂ©s « temples d'État » (ćź˜ć»Ÿ), entĂ©rinant le parallĂšle entre les chenghuang et les fonctionnaires impĂ©riaux responsables des villes et comtĂ©s, qui eurent dĂ©sormais l'obligation d'aller saluer le dieu lors de leur prise de fonctions, ainsi que les 1er et 15 de chaque mois.

Identité

Comme toutes les divinitĂ©s chinoises, les diffĂ©rents chenghuang sont censĂ©s ĂȘtre d'anciens mortels choisis par un grand dieu (l’Empereur de jade selon la vision taoĂŻste) pour leur conduite exemplaire ou leurs talents. Quelquefois ce sont des hĂ©ros locaux, comme Yamuwang [1], le « Roi des canes », meneur d'une rĂ©volte populaire sous les Qing Ă  TaĂŻwan, ou mĂȘme de dangereux fantĂŽmes ayant amendĂ© leur conduite. S'ils effectuent mal leur travail, ils peuvent ĂȘtre dĂ©mis par le dieu qui les a nommĂ©s. L'anniversaire de chaque dieu a lieu Ă  une date diffĂ©rente. Celui du titulaire du plus cĂ©lĂšbre temple du genre Ă  Taiwan, le temple Xiahai (霞攷) Ă  Taipei, est fĂȘtĂ© les 11 et 12 du 5e mois lunaire.

Le temple, yamen divin

Trois représentations de chenghuang en juge

Tout comme son homologue humain, le chenghuang est responsable du maintien de la sĂ©curitĂ© et de la prospĂ©ritĂ© sur l'Ă©tendue de sa circonscription, avec une forte emphase sur ses pouvoirs judiciaires Ă  l'Ă©gard des hommes et des fantĂŽmes. Il dispose pour les exercer d'assistants, dont le « juge civil » [2] et le « juge militaire »[3], placĂ©s respectivement Ă  sa gauche et Ă  sa droite, en rĂ©fĂ©rence aux deux assistants dits « de gauche » et « de droite » des juges de l'Ă©poque impĂ©riale. Le premier tient dans la main gauche un document oĂč sont inscrits les faits et gestes des habitants, le second dans sa main droite une masse d'arme pour exĂ©cuter les sentences. La disposition intĂ©rieure du temple, semblable Ă  celle de la salle principale d'un yamen (èĄ™é–€) (siĂšge autrefois de l'administration locale), vise Ă  impressionner, faisant du temple de Chenghuang un lieu oĂč l'on n'entre pas sans une bonne raison. L'autel du dieu est une table de juge entourĂ©e des tables des deux assistants, parfois des instruments de supplice sont accrochĂ©s au mur. Un miroir symbolise l'intĂ©gritĂ© et un boulier rappelle un adage qui dit que « les comptes du Ciel sont plus justes que ceux des hommes »[4].

Fonctions

En tant que juge et maire ou prĂ©fet, le dieu de la muraille et des douves peut ĂȘtre sollicitĂ© pour rĂ©soudre toutes sortes de problĂšmes rencontrĂ©s par les habitants. La forme des requĂȘtes imite souvent les dĂ©marches administratives.

  • On prie collectivement le dieu en cas d'Ă©pidĂ©mie ou de calamitĂ©. Individuellement, il est possible de demander une aide pour rĂ©parer un mauvais destin[5] ou une injustice. Les plaintes sont alors Ă©crites puis brĂ»lĂ©es au temple[6]. Il ne faut pas oublier de venir remercier si l'on a Ă©tĂ© exaucĂ©. Le dieu peut rectifier la destinĂ©e des enfants nĂ©s sous des auspices violents ou des personnes sous mauvaise influence astrale.
  • Le chenghuang dispose du pouvoir de punir les malfaiteurs qui ont Ă©chappĂ© Ă  la justice en les rendant malade ou leur envoyant des calamitĂ©s (chĂątiment Yin)[7]. Une personne qui s'estime injustement soupçonnĂ©e peut faire un serment solennel au temple devant ses accusateurs, rite accompagnĂ© autrefois du sacrifice d'un poulet manifestant la volontĂ© de subir le mĂȘme sort en cas de mensonge. Les juges de l'administration impĂ©riale soumettaient parfois les accusĂ©s Ă  ce rituel. En cas de possession, il est possible de faire un procĂšs nocturne Ă  l'esprit responsable[8].
  • Si le corps d’une personne morte hors de la circonscription doit y ĂȘtre ramenĂ©, un laissez-passer[9] doit ĂȘtre sollicitĂ© du dieu. On peut procĂ©der au temple Ă  un virement d'argent infernal en faveur de parents dĂ©cĂ©dĂ©s, par incinĂ©ration de papier-monnaie, ou Ă  un transfert d'hĂ©ritier, cĂ©rĂ©monie par laquelle quelqu'un accepte de rendre un culte aux mĂąnes d'une personne sans descendance. Les morts font parvenir ces requĂȘtes en rĂȘve aux vivants.
  • Bien qu'en principe les fonctions du dieu auprĂšs des dĂ©funts se limitent au maintien de l'ordre dans les enfers, il arrive qu'il soit crĂ©ditĂ© du pouvoir d'accĂ©lĂ©rer les rĂ©incarnations.

À l'occasion de son anniversaire, en plus des tournĂ©es d’inspection comme en font tous les dieux, le Chenghuang fait aussi des tournĂ©es nocturnes[10] pour les fantĂŽmes. Celle du temple Xiahai Ă  Taipei a lieu le soir du 11 du cinquiĂšme mois. Les « gĂ©nĂ©raux » qui traditionnellement ouvrent le cortĂšge tiennent en main des chaĂźnes et des menottes, remplacĂ©s par un Ă©ventail et un mouchoir lors de la tournĂ©e diurne du lendemain, pour montrer que les esprits malfaisants ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s et que l'ordre rĂšgne.

Notes

  1. éŽšæŻçŽ‹
  2. wenpanguan æ–‡ćˆ€ćź˜
  3. wupanguan æ­Šćˆ€ćź˜
  4. äșșçź—äžćŠ‚ć€©çź—
  5. buyun èŁœé‹
  6. shaowanggao 燒王摊
  7. yinfa 陰眰
  8. shenyetang ćŻ©ć€œć ‚
  9. falupiao ç™Œè·Żç„š
  10. anfang 暗èšȘ

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