Charles Berlet
Charles Berlet, né le et mort le , est un militant royaliste lorrain et un écrivain régionaliste français.
Nom de naissance | Charles Berlet |
---|---|
Naissance |
Nancy |
Décès |
Réméréville |
Nationalité | Française |
Profession |
Avocat |
Autres activités |
Militant royaliste, Ă©crivain |
Distinctions | |
Ascendants |
Ernest Berlet et Mme Grandjean, fille de médecin |
Conjoint |
Marguerite Lombard, épousée en 1914, décédée en 1918; Cécile Mathis, épousée en 1920 |
Biographie
Charles Berlet suit des études de droit à Nancy - où il fonde une revue littéraire, Le Chardon, en 1897 -, puis à Paris (1900-1902), où il fréquente la Fédération régionaliste française. Licencié en droit, avocat, il s'inscrit au barreau de Nancy en 1902. Il est l'un des fondateurs l'année suivante de l'Union régionaliste lorraine, dont il est le secrétaire général de 1904 à 1910[1] - [2]. Il organise un congrès régionaliste en 1909[3]. Collaborateur de la revue de Charles Sadoul, Le Pays lorrain, fondée en 1904, il est l'un des animateurs d'une académie, le Couarail. Il obtient son doctorat en droit en 1913, avec une thèse soutenue à la Faculté de Nancy sur les tendances unitaires et provincialistes en France à la fin du XVIIIe siècle[4].
Il est élu conseiller d'arrondissement de Nancy-Ouest en 1910 comme « progressiste libéral »[5], candidat de la Fédération républicaine. Lieutenant de réserve, il préside la société de tir de Réméréville. Il est mobilisé lors de la "Grande Guerre", est plusieurs fois blessé, et est démobilisé en 1918, comme capitaine d'état-major à la 165e division, sept fois cité. Il est décoré de la croix de guerre et promu chevalier de la Légion d'honneur en 1919[6]. Du fait de la mort en 1914 de ses deux frères[7], il hérite du domaine familial de la Gaye à Réméréville[8], une petite commune à l'est de Nancy dont il raconte le martyre lors d'une permission[9] et dont il devient le maire après la guerre, jusqu'à son décès. Commandant de réserve, il préside la section des anciens combattants (affilée à l'AMC[10]) de Réméréville.
Catholique pratiquant[11], il préside l'Union catholique de Réméréville avant la condamnation pontificale de l'Action française en 1926. Son épouse[12] collabore avant 1926 à l'une des plus anciennes œuvres du diocèse de Nancy, l'Œuvre diocésaine des bibliothèques cantonales, fondée en 1847, dont le vice-président de 1921 à 1927 est le vicomte Yves du Fou, président de l'Action française en Lorraine jusqu'en 1927 et fondateur de la section nancéienne de la ligue royaliste. Il a adhéré à l'Action française en 1925 - « quand il vit les promesses de la victoire chèrement acquise se flétrir »[13] -, est devenu le président de la section de Nancy (jusqu'en 1928[14]), l'un des vice-présidents[15] puis le président de la Fédération de Meurthe-et-Moselle et de la Fédération de Lorraine d'Action française, de janvier 1927[16] à la dissolution de la ligue en février 1936[17]. Il est aussi le cofondateur en 1927 et le directeur politique du périodique royaliste nancéien le Courrier de Lorraine, devenu Courrier de Lorraine et de Franche-Comté (1931-1939)[18], ainsi que le délégué local puis le secrétaire général pour la Lorraine des Compagnons de Jeanne d'Arc[19]. Il préside également l'antenne nancéienne des anciens combattants royalistes (Association Marius Plateau). Il est jugé en correctionnelle à Metz en février 1936 pour complicité de coups, alors qu'il présidait une réunion royaliste, en mars 1935 à Château-Salins, au cours de laquelle un Camelot du Roi avait donné un coup de poing à un contradicteur ayant crié « Vive la République! ». Il est acquitté, son défenseur Adrien Sadoul ayant plaidé « le juste droit de répression » du service d'ordre d'une réunion privée[20].
Il est après la dissolution de la ligue d'Action française vice-président du Cercle Jacques Bainville, fondé à Nancy. Annoncé à l'été 1936, sa réunion inaugurale n'a lieu qu'en décembre [21]. Le cercle est présidé par un royaliste d'AF, le colonel en retraite Dodun des Perrières[22], avec lequel Berlet milite pour diffuser la doctrine de l'AF[23]. Il est suspendu de ses fonctions de maire pendant un mois par décision préfectorale en 1936, à la suite du suicide du ministre Salengro, pour avoir refusé d'obéir à une circulaire ministérielle enjoignant de mettre en berne le drapeau tricolore au fronton de la mairie[24].
Proche du Rassemblement national lorrain (RNL) fondé à l'été 1936 pour combattre le Front populaire, il intègre son comité directeur en 1938[25]. Il organise et préside en janvier 1938 à Nancy une réunion royaliste à laquelle participe Charles Maurras ainsi que des représentants du RNL, du Front lorrain, du Parti populaire français (PPF), du PNRS et de la Fédération républicaine[26]. Des dirigeants du RNL et du PPF assistent à un meeting du cercle Bainville, avec Charles Trochu[27]. En mars 1939, il reçoit Maurras, avec Adrien Sadoul et Me Bertin, lors d'un banquet[28].
Il est membre-associé (1919), membre titulaire (janvier 1927), secrétaire annuel (1927 et 1935), vice-président (1936-37) puis président en 1937-1938[29] de l'Académie de Stanislas à Nancy.
Il est le père d'Henry Berlet, avocat, avoué à la Cour, membre de l'Académie de Stanislas.
Ĺ’uvres
- Les tendances unitaires et provincialistes en France à la fin du XVIIIe siècle (la division des provinces en départements), Thèse pour le doctorat, Nancy, Impr. réunies, 1913, 280 p.
- Les provinces au XVIIIe siècle et leur division en départements : essai sur la formation de l'unité française, Paris, Bloud et Cie, 1913, 580 p.
- Un village lorrain pendant les mois d'août et septembre 1914 : Réméréville, Paris, Bloud et Gay, 1916, 59 p. (Lire en ligne)
- Un ami de Barrès : Stanislas de Guaita, Paris, Bernard Grasset, 1936, 95 p.
- Les journées révolutionnaires : la révolte de la garnison de Nancy en 1790, Nancy, Impr. de Bailly et Wettstein, 1944 préface de Jean Godfrin[30] (lire en ligne)
Bibliographie
- Jean-François Colas, Les droites nationales en Lorraine dans les années 1930 : acteurs, organisations, réseaux, thèse de doctorat, Université de Paris X-Nanterre, 2002, 3 volumes.
- Paul d'Arbois de Jubainville (1893-1961), Dictionnaire biographique lorrain, Metz, Ed. Serpenoise, rééd. 2003, p. 47
- Dictionnaire biographique illustré, Flammarion, 1910, p. 45-47
Liens externes
- Ressource relative Ă la recherche :
Notes et références
- « L'Action régionaliste », sur Gallica, (consulté le )
- Paul Sadoul, « L'Union régionaliste lorraine ( 1903-1912 ) », sur Gallica, Le Pays lorrain : revue régionale bimensuelle illustrée, (consulté le ), p. 139
- Le Cri de Nancy, 9 janvier 1909
- L'Est républicain, 28 juin 1913, p. 2
- L'Est républicain, 25 juillet 1910
- Bulletin de la Société industrielle de l'Est, novembre 1919, Journal de la Meuthe et des Vosges, 5 janvier 1919, "Avis mortuaire".
- Ses frères sont morts au combat, François, capitaine, en 1914, et Henry, sous-lieutenant, en 1914 également. Il leur a rendu hommage: L'Est républicain, 2 juin 1920, "Les frères Berlet, soldats lorrains"
- Cf. supra la préface de Jean Godfrin à l'ouvrage de Berlet paru en 1944, p. IV
- Un village lorrain pendant les mois d'août et septembre 1914 : Réméréville, Bloud et Gay, 1916
- Association des mutilés et anciens combattants, la plus ancienne ( 1916 ) et la plus puissante des associations d'anciens combattants de Meurthe-et-Moselle, affiliée à l'Union fédérale. Elle est présidée par Gaston Rogé.
- Cf. supra la préface de Jean Godfrin au livre de Berlet paru en 1944. Selon Godfrin, Berlet replaça le « christ à l'école » le 24 juin 1940 dans sa commune
- Il avait épousé Margerite Lombard, fille de Ernest Lombard, industriel, et de Mme d'Anglémont de Tassigny, en février 1914 à Sedan ( Gil Blas, 3 février 1914, "Mariages"Le Journal, 22 janvier 1914, "Mariages" ). Son épouse est décédée en décembre 1918 ( Journal de la Meurthe et des Vosges, 5 janvier 1919, "Avis mortuaire" ). Il s'est remarié en 1920, à Cécile Mathis ( 1876-1948 ), fille du général Mathis: Journal de la Meurthe et des Vosges, 18 janvier 1920, L'Est républicain, 9 novembre 1923
- Selon le témoignage de son ami Jean Godfrin: cf. supra sa préface, p. VI
- L'Action française, 9 décembre 1928
- L'Action française, 28 janvier 1927
- L'Action française, 31 janvier 1927
- La fédération comprend la Meurthe-et-Moselle, les Vosges, la Meuse et la Haute-Marne, puis la Meurthe-et-Moselle, les Vosges, la Meuse et la Moselle, auxquels s'ajoute la Franche-Comté: Almanach de l'Action française, 1931, Ibid., 1935. La ligue est en déclin depuis la condamnation de 1926. Elle se fait connaître par des affiches, quelques réunions de propagande et par sa participation au défilé nancéien de la fête de Jeanne d'Arc. Une réunion attire cependant en janvier 1933 à Nancy plus de 1 000 personnes, venus écouter Charles Maurras et Léon Daudet ( L'Action française, 10 janvier 1933 ). Les camelots du roi nancéiens ( leur chef régional est le Nancéien Maurice Cochinaire ) se montrent actifs à la fin de l'année 1933 et au début de l'année 1934, exploitant l'affaire Stavisky, aux côtés des Jeunesses patriotes ( certains sont arrêtés le 23 janvier, dont le fils de Berlet, Henri Berlet, alors jeune étudiant de 19 ans ): Jean-François Colas, op. cit, t. I, p. 51-53, p. 80-81, p. 118-120
- L'autre fondateur est Charles Vergnaud, décédé en 1933: Almanach de l'Action française, 1934, p. 72, L'Action française, 28 mai 1933. Les autres dirigeants et collaborateurs du périodique sont Emile Lebon, rédacteur en chef ( L'Est républicain, 11 avril 1937, "Bibliographie" ), secrétaire général du Cercle Jacques Bainville à partir de 1936, Charles Barth, délégué général à la propagande, et l'avocat nancéien Jean Godfrin ( cf. sa préface au livre de Berlet paru en 1944 ). Le Courrier ne publie pas de manchettes antisémites, contrairement à l'Action française, mais il publie cependant des articles antisémites, tel ce jugement de Berlet sur le Front populaire en novembre 1936 : « Dans ce fleuve de boue, on voit un juif président du conseil asservir, corrompre et menacer (...) des représentants de la Nation, sénateurs et députés, à plat ventre sous le fouet d'un dictateur hébraïque » (Le Courrier de Lorraine et de Franche-Comté, 29 novembre 1936)
- Le Journal, 6 janvier 1935, L'Est républicain, 4 juin 1939. Cf. un de ses articles évoquant Jeanne d'Arc au moment de la dissolution de l'AF : L'Action française, 11 mai 1936
- Jean-François Colas, op. cit., L'Action française, 22 février 1936, L'Action française, 3 mai 1936
- Eugen Weber, L'Action française, Stock, 1962, p. 458, Jean-François Colas, op. cit., T. I, p. 188, L'Action française, 11 décembre 1936, "Echos", « Les conférences », L'Est républicain, 11 décembre 1936, p. 4.
- « A Nancy »L'Action française, 10 mai 1937. Concernant Dodun des Perrières (1872-1960), cf. Jean-François Colas, op. cit., t. II, p. 390 (Il a dû démissionner en novembre 1935 de la présidence de la section des anciens combattants de Bulgnéville dans les Vosges, après avoir pris la parole à une réunion de l'AF), Dossier de la Légion d'honneur dans la base Léonore (officier en 1926), Fiche dans geneanet.org
- « La réunion de Bourbonne-les-Bains », L'Action française, 10 octobre 1938. Dodun des Perrières devient le président en mars 1938 de l'Union royaliste de la plaine des Vosges, rassemblant les royalistes d'AF de Neufchâteau et Monthureux-sur-Saône, en présence de Berlet (« A Monthureux-Sur-Saône »L'Action française, 2 avril 1938)
- L'Action française, 29 novembre 1936
- Jean-François Colas, op. cit., t. I, p. 187-189, 222. Il écrit dans le Courrier de Lorraine et de Franche-Comté (19 juillet 1936) : « Les royalistes apportent au RNL le concours le plus loyal et le plus complet (...). Ils l'apportent non pas à titre individuel mais comme faisant partie de la vaillante troupe des Amis de L'Action française et du Courrier de Lorraine et de Franche-Comté, solidement groupés autour de leurs journaux »
- Selon Charles Berlet, « la présence des orateurs nationaux, républicains et royalistes, atteste de la volonté des groupements auxquels ils appartiennent d'agir dans un même effort pour faire une France française et pour lutter contre les métèques qui l'envahissent et les politiciens qui la trahissent ». Les représentants du RNL sont Pierre André, Adrien Sadoul et l'avocat François Xardel, le représentant du Front lorrain est son secrétaire général Albert Eiselé, le représentant de la Fédération républicaine est Maurice Ehlinger et celui du PNRS est Jean Michaut : « Réunion politique à Nancy-Thermal », L'Est républicain, 10 janvier 1938, L'Action française, 11 janvier 1938, Jean-François Colas, op. cit., t. I, p. 257
- L'Action française, 19 décembre 1938 (Adrien Sadoul, Pierre André, Bayer, du PPF)
- « Le banquet des professions libérales en l'honneur de Maurras », L'Est républicain, 11 mars 1939, « Nos orateurs », L'Action française, 13 mars 1939
- L'Est républicain, 27 mai 1932 (discours de réception), L'Est républicain, 5 juin 1937
- Godfrin ( 1894-1965 ) est avocat et catholique ( président des anciens du GEC - Groupe des étudiants catholiques, fondé en 1020 par le R.P. Lejosne - de Nancy: La Croix, 18 février 1931, "Le congrès des étudiants catholiques à Nancy" et membre de son conseil d'administration: Giovanni Orsina, Gaetano Quagliariello, La formazione della classe politica in Europa: 1945-1956, P. Lacaita, 2000, p. 248, 250 : il a été le premier président du GEC en 1920 et 1921 ), comme Berlet, royaliste aussi, un temps conseiller municipal de Gerbéviller, ancien combattant ( vice-président d'honneur de la section de l'AMC de Gerbéviller dans les années 1920. ), lettré et érudit local à l'instar de Berlet. Il est le trésorier de l'Union de la presse périodique de l'Est ( 1932 ). Membre depuis 1926 de la société d'archéologie lorraine et du musée historique lorrain ( comme aussi Emile Lebon ), il est associé-correspondant de l'Académie de Stanislas en 1937 ( Mémoires de l'Académie de Stanislas, 1939, présentation de J. Godfrin ), membre titulaire ( 1945 ) et président de cette société savante ( 1953-54 ). Cf. le Dossier de la Légion d'honneur de Jean Godfrin sur la base Léonore.