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Charles-Pierre Colardeau

Charles-Pierre Colardeau, né à Janville le et mort le à Paris[1], est un poète français.

Charles-Pierre Colardeau
Charles-Pierre Colardeau, par Guillaume Voiriot.
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  43 ans)
Paris
Pseudonymes
Mr. C ...., M. C ***
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Les meilleurs poèmes de Colardeau - l’imitation de la Lettre d’Héloïse à Abailard de Pope, la traduction des deux premières Nuits d’Young notamment - portent témoignage de la sensibilité préromantique du XVIIIe siècle. Il a en outre créé le terme « héroïde » pour désigner les lettres en vers imaginaires de personnages célèbres.

La minceur relative de son œuvre doit être attribuée selon les uns à une santé fragile - que confirme un décès prématuré à 43 ans - et pour les autres à une paresse proverbiale.

Biographie

Charles-Pierre Colardeau par Thérèse-Éléonore Lingée, 1777.
Charles-Pierre Colardeau par Thérèse-Éléonore Lingée, 1777.
Charles-Pierre Colardeau, 1779.
Charles-Pierre Colardeau, 1779.

Charles-Pierre Colardeau était le fils de Charles Colardeau, receveur du grenier à sel de Janville et de sa femme Jeanne Regnard. Orphelin à 13 ans, il fut élevé par un oncle maternel, curé de Pithiviers, qui l’envoya achever au collège de Meung-sur-Loire les humanités qu’il avait commencées chez les jésuites d’Orléans. Puis il vint faire sa philosophie au collège de Beauvais à Paris et retourna ensuite à Pithiviers.

Son oncle le fit entrer comme secrétaire chez un procureur au Parlement de Paris, avec l’intention de le préparer à l’étude du droit et à la profession d’avocat. Colardeau revint donc dans la capitale en 1753 mais n’y resta que peu de temps car sa santé s’altéra et il dut retourner à Pithiviers où il s’adonna à son penchant pour la poésie, traduisant en vers quelques fragments de l’écriture sainte et entreprenant la rédaction de ses tragédies Nicéphore et Astarbé, le sujet de la première ayant été tiré de la Bible et celui de la seconde des Aventures de Télémaque de Fénelon.

En 1755, avec le rappel des Parlements, Colardeau pu rentrer à Paris où il acheva sa tragédie d'Astarbé dont il donna lecture aux Comédiens-Français en . Devant le bon accueil fait à sa pièce, il décida de renoncer au droit pour se consacrer uniquement à la carrière littéraire. Astarbé ne fut cependant pas jouée d’emblée, et l’attentat de Damiens amena Colardeau à la remanier, cependant qu’il composait une imitation de la Lettre d’Héloïse à Abélard de Pope qui eut un grand succès et le rendit aussitôt célèbre.

Astarbé fut enfin représentée en et fut bien accueillie. La même année Colardeau, poursuivant dans la veine des épîtres en vers, donna une héroïde intitulée Armide à Renaud.

Sa deuxième tragédie, Caliste, représentée en 1760, eut un certain succès grâce au talent de Mademoiselle Clairon mais suscita des commentaires critiques, en raison notamment de son sujet scabreux (un viol). Colardeau entreprit une traduction en vers français de la Jérusalem délivrée du Tasse, mais il en détruisit le manuscrit avant sa mort. Il s’essaya ensuite à une traduction de l'Énéide de Virgile à laquelle il renonça lorsqu’il apprit que l’abbé Delille travaillait de son côté à une entreprise identique.

En 1762, son poème Le Patriotisme le fit remarquer par le duc de Choiseul et lui valut une mordante satire à laquelle il répondit dans son Epître à Minette.

Retourné à Pithiviers en 1766, il composa une comédie en cinq actes et en vers, Les perfidies à la mode, qui ne fut pas représentée. En 1770, il mit en vers les deux premières Nuits d’Edward Young, dont la traduction française venait de paraître. Il publia en 1772 un Temple de Gnide composé dix ans auparavant, adapté de Montesquieu, comme le poème de Nicolas-Germain Léonard paru peu de temps auparavant. En 1774, il publia son Epître à M. Duhamel de Denainvilliers sur les charmes de la campagne et un poème descriptif : Les Hommes de Prométhée qui décrit l’éveil du sentiment amoureux chez les deux premières créatures humaines.

Les MĂ©moires secrets de Bachaumont[2] attribuent la mort prĂ©maturĂ©e de l’écrivain Ă  une maladie vĂ©nĂ©rienne contractĂ©e au cours d'une relation passagère avec une « courtisanne (sic) ingrate et perfide ». Cette sirène que les "MĂ©moires…" dĂ©signent comme Demoiselle Verrières serait Marie Rinteau (1730-1775) dite Marie Verrières ou De Verrières. Marie et sa sĹ“ur avaient Ă  Auteuil une maison accueillante et pourvue d'un théâtre charmant. (En 1890, Gaston Maugras Ă©crivit le rĂ©cit de leur vie : voir Gaston Maugras Les Demoiselles de Verrières, Paris, 1890).

De la liaison de Marie avec Maurice de Saxe une fille Ă©tait nĂ©e en 1748, Aurore, qui devint la grand-mère de George Sand. Marie n'avait pas grandes dispositions pour la sagesse et la Dauphine enleva Aurore Ă  sa mère pour la faire Ă©lever dans un couvent : après la mort du marĂ©chal de Saxe (1750) le nom de Marie se trouve associĂ© dans les chroniques du temps avec celui de nombreux gentilshommes parmi lesquels on note la prĂ©sence durable de celui de Denis-Joseph Lalive de Bellegarde, marquis d’Épinay, issu d'une famille de fermiers gĂ©nĂ©raux, Ă©poux de Louise d'Epinay (qui eut pour amant Louis Dupin de Francueil, futur Ă©poux d’Aurore et grand-père de George Sand). L'idylle de Marie avec Colardeau – poète par trop dĂ©sargentĂ© â€“ ne fut donc qu'une trop brève parenthèse et le pauvre Charles-Pierre fut d'abord priĂ© "de s'Ă©loigner pour deux ans" pour faire place Ă  un plus riche protecteur, puis dĂ©finitivement renvoyĂ© Ă  son Ă©critoire. La chronique des MĂ©moires… de l’annĂ©e de sa mort nous apprend que, une fois convaincu de sa disgrâce, Charles-Pierre avait fait circuler dans Paris une « satire sanglante Â» oĂą Marie fut cruellement traitĂ©e.

Colardeau vĂ©cut, pendant quelques annĂ©es et jusqu’à sa mort – et comme bien des Ă©crivains dĂ©sargentĂ©s de son Ă©poque – chez une aristocrate, la marquise de ViĂ©ville, dont les MĂ©moires… nous disent qu'elle Ă©tait une « femme donnant dans le bel esprit et la philosophie », ajoutant que « le bruit courait qu'elle l’avait Ă©pousĂ© [Colardeau] ou qu’elle l’épouserait Â». Il semble que la marquise se donna du mal pour faire de son poète un acadĂ©micien mais il ne faut pas pour autant oublier que – toujours selon les rĂ©dacteurs des MĂ©moires… – Colardeau avait, dans le monde des lettres, la rĂ©putation d’écrire fort peu mais d'ĂŞtre le meilleur versificateur de France.

En , Colardeau succéda à Paul-Hippolyte de Beauvilliers, duc de Saint-Aignan, à l’Académie française. Mais il n’eut même pas le loisir de prononcer son discours de réception car il mourut le , âgé seulement de 43 ans.

Ĺ’uvres

  • Lettre d’HĂ©loĂŻse Ă  Abailard, imitĂ©e de Pope, (1756) ;
  • AstarbĂ© (1758), tragĂ©die ;
  • Armide Ă  Renaud (1758) ;
  • Caliste (1760), tragĂ©die ;
  • Le Patriotisme (1762) ;
  • EpĂ®tre Ă  Minette (1762) ;
  • Les Perfidies Ă  la Mode (1766), comĂ©die ;
  • Les Nuits d’Young (1770) ;
  • Le Temple de Gnide (1772) ;
  • EpĂ®tre Ă  M. Duhamel de Denainvilliers (1774) ;
  • Les Hommes de PromĂ©thĂ©e (1774).

Ses œuvres forment 2 volumes in-8°, 1779. fig. de Monnet. Il existe des exemplaires sur grand papier.

  • Ĺ’uvres de Colardeau de l'AcadĂ©mie Française 3 tomes, chez Casin Libraire Ă  Paris, 1793.

Références

  1. Paris, État civil reconstitué, vue 39/51.
  2. Londres, 1784, vol. 9, p. 81.

Voir aussi

Bibliographie

  • Pierre Jabineau de la VoĂ»te, « Vie de M. Colardeau », in : Ĺ’uvres de Colardeau, Paris, Billard et Le Jay, 1779, 2 vol. ;
  • Lucien Merlet, membre correspondant de l'Institut, Poètes beaucerons antĂ©rieurs au XIXe siècle, tome deuxième, Chartres, imprimerie Durand, rue Fulbert, , 310 p. (BNF 30931101), p. 125-140, lire en ligne sur Gallica ;
  • Renata Carocci, Les HĂ©roĂŻdes dans la seconde moitiĂ© du XVIIIe siècle, Fasano et Paris, Schena-Nizet, 1988 ;
  • Jean-NoĂ«l Pascal, La belle PĂ©nitente (La belle PĂ©nitente de MaupriĂ©, Caliste de Colardeau), Presses Universitaires de Perpignan, 2001.

Liens externes

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