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Chapelle Sainte-Barbe de Wihr-au-Val

La chapelle Sainte-Barbe est une chapelle disparue, autrefois située à Wihr-au-Val, dans le département du Haut-Rhin. Probablement construit au début du XIVe siècle, l’édifice est remanié vers le début du XVIe siècle, puis au cours du XVIIIe siècle. Confisqué puis vendu à la commune en 1792, à la suite de la Révolution, la chapelle est transformée en dépôt d’incendie et de bois. Le bâtiment est fortement endommagé lors du bombardement de Wihr-au-Val du , puis, en l’absence de réparations, se dégrade dans les décennies suivantes. Le maire fait finalement démolir la chapelle le , en dépit de nombreuses protestations.

Chapelle Sainte-Barbe
Présentation
Type
Fondation
Vers
DĂ©molition
Usage
Chapelle (-), entrepĂ´t (d) ( - )
Patrimonialité
Recensé à l'inventaire général
État de conservation
détruit (d)
Localisation
Localisation
Coordonnées
48° 03′ 11″ N, 7° 12′ 10″ E
Carte

Histoire

La chapelle est construite à côté du château de Sonnenburg probablement vers 1300, à l’époque où la ville se fortifie et croît en importance[1] - [2]. Il s’agit alors du seul lieu de culte se trouvant à l’intérieur de l’enceinte de la ville, l’église paroissiale se trouvant à l’extérieur[3]. De cet édifice original semblent avoir datés la sacristie et quelques parties du chœur, tandis que la nef et le reste du chœur auraient été reconstruits vers le début du XVIe siècle, campagne ayant vu la transformation complète des ouvertures et une remise à neuf de la décoration intérieure. Les ouvertures sont de nouveau modifiées au XVIIIe siècle pour apporter davantage de lumière, tandis que l’intérieur de l’édifice est badigeonné de blanc[4] - [5] - [2].

Ă€ la RĂ©volution, la chapelle est saisie avec les biens du clergĂ© et vendue pour 1 000 livres en 1792 Ă  la commune, qui transforme le chĹ“ur et la sacristie en dĂ©pĂ´t pour le matĂ©riel d’incendie, tandis que le reste de l’édifice sert au stockage de bois[3] - [1]. Avant mĂŞme cette date, l’édifice ne semble toutefois utilisĂ© que de manière irrĂ©gulière : le reprĂ©sentant du clergĂ© constitutionnel Ă©crit ainsi en 1792 qu’aucune messe n’y a Ă©tĂ© cĂ©lĂ©brĂ©e depuis près de dix ans[1]. MalgrĂ© les altĂ©rations liĂ©es Ă  son nouvel usage, comme le percement de portes supplĂ©mentaires, la chapelle reste en bon Ă©tat jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, pendant laquelle elle est, Ă  l’instar de la majeure partie du village, sĂ©rieusement endommagĂ©e pendant le bombardement punitif du [6].

Après la guerre, l’édifice fait l’objet de mesures de sauvegarde à minima, mais des travaux plus conséquents sont requis pour le rendre à son usage. Ne souhaitant pas remettre l’édifice en état, le maire Auguste Fritsch cherche à le faire détruire à partir de 1965 pour construire un dépôt d’incendie moderne à sa place. Il se heurte néanmoins à une forte opposition, le préfet du Haut-Rhin demandant en particulier l’inscription de la chapelle sur la liste de l’inventaire supplémentaire des monuments historiques[6]. Invoquant le risque d’effondrement, Fritsch parvient tout-de-même à faire détruire la sacristie[2]. Le projet de démolition complète est relancé en 1968, avec les mêmes oppositions, le curé proposant par exemple un contre-projet pour utiliser la chapelle comme lieu de culte en semaine, afin d’épargner à la commune les frais de chauffage de l’église paroissiale en semaine. Le maire passe cependant cette fois outre, et la chapelle est rasée en . Le site reste cependant inoccupé et est transformé en square[7] - [2].

Architecture

La chapelle Ă©tait un Ă©difice orientĂ© construit en galets et moellons de grès enduits, composĂ© d’une nef de 10 Ă— 7,5 m ouvrant sur un chĹ“ur carrĂ© Ă  chevet plat de 5,70 m de cĂ´tĂ© et dotĂ© de contreforts aux angles orientaux. Au sud, l’angle faisant jonction entre le chĹ“ur et la nef Ă©tait occupĂ© par une petite sacristie de 4 Ă— 2,40 m, dĂ©bordant lĂ©gèrement du mur gouttereau de la nef[8] - [2].

L’accès à la nef se faisait à l’ouest par une porte en plein cintre aux congés sculptés de palmettes, qui était surmontée de deux oculi disposés l’un au-dessus de l’autre. Le volume intérieur n’était pas voûté, mais couvert d’un plafond en bois et coiffé d’un toit à longs pans. Les murs gouttereaux étaient chacun percés d’une grande fenêtre à l’est, et d’une plus petite à l’ouest. Cet arrangement a toutefois été modifié sur le côté nord après 1792, la grande fenêtre étant transformée en porte, tandis que la petite a été doublée par une ouverture similaire percée en-dessous d’elle. La tribune en bois des choristes, qui s’appuyait sur le mur occidental, avait toutefois été conservée[9] - [2].

Un arc triomphal en arc brisé ouvrait sur le chœur, qui était également couvert d’un plafond, coiffé d’un toit à longs pans à croupe du côté du chevet. Il était éclairé par deux fenêtres à arc segmentaires, percées dans chaque mur gouttereau, ainsi que par une grande baie brisée, au réseau de style gothique tardif, ouverte dans le mur oriental ; cette baie avait été en grande partie murée à une date indéterminée. De la même manière que dans la nef, une porte a été ajouté après 1792 dans le mur nord du chœur[9] - [2]. La sacristie était la seule partie couverte d’une voûte d’ogive et ouvrait sur l’extérieur par deux petites fenêtres[9].

Mobilier

L’ensemble du mobilier a Ă©tĂ© dispersĂ© Ă  l’époque de la RĂ©volution, la cloche de 1726 Ă©tant par exemple vendue en 1792 pour la somme de 200 livres[1] - [2]. Certains Ă©lĂ©ments semblent toutefois avoir Ă©tĂ© prĂ©servĂ©s : ainsi, une statue de sainte Barbe, transfĂ©rĂ© en 1859 d’une maison proche de la porte de la ville Ă  l’église paroissiale, pourrait originellement provenir de la chapelle[9]. Cette statue du XVIIIe siècle, attribuĂ©e Ă  Jean Antoine WerlĂ© ou Ă  son fils François Antoine est classĂ©e monument historique depuis le [10].

L’intérieur était décoré de peintures a secco dont la datation est incertaine : selon les auteurs la réalisation oscillerait entre le XIVe siècle et le XVIe siècle et il est par ailleurs probable que l’ensemble n’était pas homogène, mais constitué de scènes de périodes différentes juxtaposées sans programme particulier. Aby relevait en 1936 la présence sur le mur sud de la nef d’une représentation de saint Antoine accompagné d’un sanglier, d’un Christ de taille réelle portant la croix, d’un bourgeois devant une maison et d’un saint Sébastien entouré de quatre archers, tandis qu’autour de l’arc triomphal se trouvaient des rinceaux et deux saints évêques ; le chœur était décoré autour de l’arc triomphal d’une représentation de la résurrection des morts, ainsi que d’un Christ entouré d’anges sur le mur nord. Les dommages subis en 1940 ont empêché de confirmer ce programme lors des relevés effectués en 1968, mais ceux-ci ont montré d’autres peintures, qui n’étaient pas visibles à l’époque d’Aby, dont un saint à bord d’un vaisseau sur le mur nord de la nef. L’intégralité des peintures subsistantes ont été détruites lors de la démolition de la chapelle en 1970[4] - [11].

Culte

Avant sa désaffection en 1792, la chapelle était dédiée à sainte Barbe, réputée avoir une connexion particulière avec les lieux fortifiés, ainsi que comme protectrice contre les incendies et le mauvais temps. Cette dédicace ferait ainsi sens dans le cas de Wihr-au-Val, village fortifié dont l’économie était fortement dépendante de la culture de la vigne, particulièrement sensible au mauvais temps[12].

S’il est établi que la messe se tenait dans la chapelle lors des épisodes de mauvais temps, d’autres formes du culte qui se déroulait sont moins certaines : Aby émet ainsi l’hypothèse que les espèces eucharistiques y étaient conservées la nuit pendant les périodes de troubles et rapporte que, selon la tradition orale, le rosaire y était récité[1].

Références

Annexes

Bibliographie

  • (de) H. Aby, « Die Barbarakapelle in Weier im Thal », Annuaire de la SociĂ©tĂ© d'histoire du val et de la ville de Munster, vol. 10,‎ , p. 170-175 (ISSN 1146-7363, lire en ligne, consultĂ© le )
  • Pierre Brunel, « Un monument disparu: la chapelle Sainte-Barbe Ă  Wihr-au-Val », Annuaire de la SociĂ©tĂ© d'histoire du val et de la ville de Munster, vol. 35,‎ , p. 91-95 (ISSN 1146-7363, lire en ligne, consultĂ© le ).
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