Championnats de France de football (1894-1920)
Cinq championnats de France de football sont organisés par autant de fédération en France entre 1894 et 1919, date à laquelle est créée la Fédération française de football qui gère dès lors les compétitions de football sur le territoire. À partir de 1907 s'organise de plus un Trophée de France, qui met aux prises chaque année les vainqueurs des cinq championnats.
Un premier championnat de France de football est créé en 1894 à Paris par l'USFSA. Il s'ouvre aux clubs de Province en 1899 et reste amateur. Nombre de ligues suivent l'exemple de l'USFSA en créant leurs propres compétitions. La dernière édition du championnat USFSA se tient en 1919. Avec l'émergence de la Coupe de France de football, les championnats se tiennent désormais au rang régional. Ceci reste en l'état jusqu'en 1932, et la création du championnat de France professionnel.
Les Championnats de France amateurs de football (1894-1920)
Les débuts parisiens (1894-1898)
Le premier championnat de football organisé sous l'égide du Comité Football de l'USFSA a lieu en avril-mai 1894 et met aux prises cinq clubs parisiens : Standard A.C., White-Rovers, Club français, Neuilly et Asnières. En 1895-1896, on adopte la formule championnat, les deux premières éditions du championnat de France s'étant déroulées par élimination directe. Chaque rencontre a lieu sur terrain neutre, sans revanche. La première « Division 1 » de l'histoire du football français comprend neuf clubs parisiens : Standard AC, White-Rovers, Club français, Neuilly, Asnières, United SC, Paris Star, et l'UA 1er arrondissement. Après les deux triomphes du Standard, le Club Français enlève le titre en 1896. Depuis 1895, l'équipe victorieuse reçoit un trophée offert par Gordon Bennett, directeur du New York Herald, grand pourvoyeur de trophées sportifs aux quatre coins de la planète.
La Province entre en scène (1899)
En Normandie et Nord-Picardie, la floraison des équipes scolaires et des compétitions inter-scolaires forme un terreau particulièrement riche pour l'installation de clubs extra-scolaires. Devant la pression de ces provinciaux, l'USFSA ouvre les portes du championnat de France au Havre AC et à l'Iris Club lillois. Ainsi, en 1899, Le Havre AC doit affronter le champion de Paris (Club français) pour l'attribution du titre national. Les Parisiens contestent la légitimité de ce challenger, qui n'est pas champion de sa région, et la rencontre n'a pas lieu. Large vainqueur d'une sélection anglaise Southampton - Oxford, 7-1, le HAC fait peur... Le club havrais pratique le football depuis quelques saisons à peine (et pas depuis 1872), mais son effectif est quasi exclusivement composé de joueurs britanniques, rompus au jeu. L'USFSA, qui tient à garder l'ascendant sur le comité parisien qui gère le football dans la capitale, couronne alors Le Havre AC du titre de champion de France. La saison suivante, les deux mêmes finalistes se qualifient. Le Club Français accepte cette fois la confrontation. Le Havre vient d'être sacré premier champion de Normandie et s'impose en finale nationale, légitimant de façon éclatante l'entrée des clubs de province à la table des « grands ». Dans la foulée, les Havrais enlèvent le Challenge International réunissant principalement des clubs belges et français, en battant en finale le Club français, 3-2.
Un phénomène national (1900-1904)
Le Havre AC, donc, mais aussi le RC Roubaix, s'avèrent alors de coriaces adversaires face à l'armada des clubs parisiens. Ces clubs sont encore issus de la zone originelle du football en France. Il faut en effet attendre les premières années du XXe siècle pour voir le football partir à l'assaut de l'Hexagone. Les clubs fleurissent alors aux quatre coins du pays et des sections football sont créées dans des clubs sportifs existants. Les ligues régionales de l'USFSA. se constituent et le football devient un phénomène national. Ainsi, le , l'hebdomadaire La Vie au Grand Air concède que le football mérite le titre de sport athlétique autant que le rugby tout en faisant remarquer qu'il est encore bien moins connu. On passe ainsi de 4 régions désignant un champion (Paris depuis 1894, Nord depuis 1898 et Normandie et Basse-Normandie depuis 1900) en 1902 à 13 dès 1904, Bretagne, Picardie et Champagne ouvrant leurs palmarès en 1903.
Les autres ligues (1905-1906)
Prisonnier de son environnement (1905 : loi de séparation de l'Église et de l'État marquant le summum de la guerre froide religieuse qui divise alors la France), le football connaît un changement d'orientation majeur en 1905 avec la montée en puissance de la Fédération de Gymnastique Sportive des Patronages de France (FGSPF) fondée en 1898. Sous l'impulsion du Dr Michaux, Charles Simon et Henri Delaunay, cette fédération regroupant les clubs sportifs mis en place au sein des patronages catholiques, décide de faire du football le sport référence. L'Étoile des Deux Lacs, le Patronage Olier, les Bons Gars de Bordeaux ou l'AJ Auxerre, sont les principaux animateurs des compétitions entre patros. Le football est le sport qui monte et l'USFSA tente encore d'en limiter l'expansion ; la FGSPF en profite pour attirer à elle toute une jeunesse avide de jouer, provoquant par contrecoup la réplique des clubs laïcs qui ne tiennent pas à abandonner aux seuls patros le monopole du football.
En 1906, la Fédération cycliste et athlétique de France (FCAF), dissidente de l'Union Vélocipédique de France, doit mettre en place un championnat de France de Football, les clubs qui la composent accueillant désormais majoritairement une section football. D'autres ligues voient le jour à Paris (FSAPF qui admet des clubs « pros » dès 1897) ou en Province (FASO dans le Sud-Ouest, entre autres). Citons l'Union des Sports de France, champion pro 1897, 1898 et 1899 ou l'Union Athlétique Batignollaise, champion pro de 1902 à 1905. Ces ligues professionnelles étaient évidemment dénigrées par les sportsmen typiques de la Belle Époque. Ces championnats pros de l'époque héroïque connurent toutefois un remarquable succès populaire à Paris et bénéficiaient d'une couverture importante dans la presse. L'étude de ces compétitions aujourd'hui totalement tombées dans l'oubli reste à faire.
Vers la réconciliation (1907-1914)
Devant ce développement anarchique, une première tentative d'union est testée avec la mise en place d'un Trophée de France en 1907 par le Comité français interfédéral. Groupant plusieurs fédérations, le CFI est fondé par Charles Simon le . Admis en 1908 par la FIFA comme représentant de la France au grand désespoir des dirigeants de l'USFSA, le CFI prend un ascendant déterminant sur l'Union. Le Trophée de France du CFI oppose en fin de saison les champions des différentes ligues. L'USFSA se refuse à y prendre part. Certains clubs parisiens de l'Union se lassent alors de l'attitude bornée de leur fédération. En 1910, la LFA (Ligue de football association) est lancée par des clubs dissidents de l'USFSA comme le Red Star (Jules Rimet, président-fondateur) et le CA Paris. La LFA adhère évidemment au CFI.
« La paix est faite » titre le quotidien sportif L'Auto du . Suivant l'exemple donné en Angleterre par l'AFA qui trouve un accord avec la toute puissante FA, l'USFSA rejoint finalement le CFI ; son champion, l'Olympique lillois, s'adjuge d'ailleurs le Trophée de France au printemps 1914.
La Guerre et la Coupe tuent le championnat (1915-1920)
La Coupe de France (ou Coupe Charles-Simon, mort au front en 1915), créée en 1917, est alors la seule épreuve à caractère national. C'est la conséquence de l'accord signé entre le CFI et la société Hachette, sponsor de l'épreuve, qui interdit la mise en place d'une autre compétition à caractère national pendant dix ans. S'ouvre alors l'ère des ligues régionales qui se créent à l'initiative des clubs, souvent sur les ruines des comités régionaux de l'USFSA La Ligue du Nord est la première fondée (1918). En 1921, 18 ligues régionales se partagent le territoire national. Les championnats de Division d'Honneur qu'elles organisent permettent l'émergence de nombreux clubs cultivant les rivalités locales. La Coupe de France s'affirme, surtout de 1920 à 1932, comme la compétition référence par excellence. Dès cette période, les grands clubs tentent de limiter le nombre des inscrits afin d'en faire une compétition élitiste. C'est pourtant son caractère ouvert qui fait la grandeur de cette Coupe nationale à la réputation sans égale sur tout le continent. Même les poussives tentatives de mise en place d'un championnat de France à la fin des années 1920 ne font que peu d'ombre à la Coupe Charles Simon. Ce championnat de France opposait pourtant les champions régionaux mais intéressa peu les joueurs et les spectateurs. À l'époque, le champion désignait le vainqueur de la Coupe de France.