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Château de Flumet

Le château de Flumet, récemment appelé château des Faucigny localement, est un ancien château fort, du XIIe siècle, aujourd'hui disparu, situé dans le val d'Arly. Il se dressait au-dessus de la commune de Flumet, dans le département de la Savoie, en région Auvergne-Rhône-Alpes. Entre les XIIIe et XVe siècles, il est le siège d'une châtellenie.

Château de Flumet
Image illustrative de l’article Château de Flumet
Nom local Château des Faucigny
Période ou style Médiéval
Type Château fort
Début construction XIIe siècle, remanié XIIIe siècle
Fin construction En ruines à partir du XVe siècle
Propriétaire initial Maison de Faucigny
Destination initiale Résidence seigneuriale
Destination actuelle Ruiné
Pays Drapeau de la France France
Anciennes provinces du Duché de Savoie Val d'Arly
(Faucigny)
Région Auvergne-Rhône-Alpes
Département Savoie
commune française Flumet

Localisation

Flumet est situé sur la frontière sud de la seigneurie du Faucigny, voisine du comté de Savoie[1]. Le château contrôle ainsi l'accès au haut-Val d'Arly en provenance de la combe de Savoie, depuis le bourg d'Ugine. Le château ou le donjon est en effet édifié sur un « molard rocheux » (une colline), ce dernier domine la confluence de l'Arly avec l'Arondine[2].

Histoire

L'édification du château remontre très probablement au milieu XIIe siècle, peu de temps avant la formation du bourg fortifié[3]. Le bourg est mentionné dans l'acte de la fondation de la chartreuse du Reposoir, en 1151[3]. Sous le règne du baron Aymon II de Faucigny, au début du XIIIe siècle, un village fortifié s'installe autour de la forteresse[4]. La première attestation du château remonte à 1228, année d'obtention d'une charte des franchises pour le bourg[5] - [6].

Les sires de Faucigny possèdent le château et la seigneurie au XIIIe siècle, avant de passer aux sires de Savoie. En effet, Pierre de Savoie épouse, en 1234, Agnès de Faucigny seule héritière du baron Aymon II[7] - [8] - [9]. À la mort de son beau-père, en 1253, Pierre de Savoie réorganise la baronnie du Faucigny en châtellenies[10] - [11].

Pierre de Savoie fait fortifier le château avant 1263, année où il hérite du trône comtal de la Savoie[4] - [12].

Béatrix, fille de Pierre, hérite du titre et des terres des baronnies de Faucigny et du Beaufortain, dont le val d'Arly et le château de Flumet[7], selon les volontés de son grand-père[13] - [8] - [9].

Vers la fin du XIIIe siècle, le château est le centre de l'une des neuf châtellenies dépendante du bailliage de Faucigny[14].

En 1339, le Dauphin, maître du Faucigny, dispose d'un péage à Flumet[15].

Le château est en ruines dès le XVe siècle. Le bourg de Flumet connaît un important incendie en juin 1679[16]. Les habitants sont autorisés par la régente du duché de Savoie, Marie-Jeanne Baptiste, à reconstruire les habitations avec des éléments du château[16].

Description

Selon l'enquête dite « delphinale Â» d'avril 1339, le château de Flumet s'organise autour d'une tour carrée située au centre de la construction[2]. Une seconde est située au-dessus de l'entrée[2]. Une enceinte referme l'ensemble avec des logis[2]. Le mur est plus élevé côté Savoie, côté Sud-Ouest[2].

Châtellenie de Flumet

Organisation

Le château de Flumet est le centre d'une châtellenie, dit aussi mandement, de Faucigny[17], mise en place à partir du XIIIe siècle[18]. Le Faucigny serait organisée autour de neuf châtellenies[Note 1] à la fin du XIIe siècle dont Flumet occupait le 9e rang dans l'ordre de préséance, selon l'ancien inventaire des titres du Faucigny (1431), cité notamment par le chanoine Jean-Louis Grillet[19] - [17].

Durant la période delphinale, le Faucigny serait organisé (à partir de 1342-1343) autour de quinze châtellenies, dont Flumet[20].

Lorsque le Faucigny devient l'une des terres du comte apanagiste du Genevois, titrés également barons de Faucigny et de Beaufort, la châtellenie de Flumet devient une vice-châtellenie[21]. Elle relève dès lors de la châtellenie du châtelet du Crédoz[21].

Villages, paroisses, fortifications de la châtellenie de Flumet[22]
CommuneNomType
Demi-QuartierChâtelard du Demi-Quartierchâtelet
FlumetFlumetchâteau fort
Flumetmaison forte de Riddesmaison forte
FlumetTour des Bieuxmaison forte
La Giettazchâtelard de la Giettazchâtelet
La Giettazchâtelard des Aravischâtelet
Notre-Dame-de-Bellecombechâteau de Notre-Dame-de-Bellecombechâteau
Notre-Dame-de-Bellecombechâtelet de Notre-Dame-de-Bellecombechâtelet
Praz-sur-Arlychâteau de Praz-sur-Arlychâteau

Au cours de la première partie du XIVe siècle, la baronnie du Faucigny est à nouveau réorganisée autour de 17 châtellenies[23].

Au XVIIe siècle, les armes du mandement se blasonnaient ainsi : Trois paux de gueules sur or[24].

Châtelains

Dans le comté de Savoie, le châtelain est un « officier, nommé pour une durée définie, révocable et amovible »[25] - [26]. Il est chargé de la gestion de la châtellenie, il perçoit les revenus fiscaux du domaine, et il s'occupe de l'entretien du château[27].

L'érudit local, Bernard Ducretet, dans une présentation lors du XXXIIe congrès des sociétés savantes de Savoie qui s'est déroulé à Moûtiers, en 1988, à propos de la châtellenie de Beaufort, précise les rôles de cette charge, à l'aune de la thèse de droit d'Étienne Dullin, Les châtelains dans les domaines de la Maison de Savoie en deçà des Alpes (1911), en indiquant que « [ceux-ci], jusqu'à la seconde moitié du XVIe siècle, furent les intermédiaires obligés entre les Communiers[Note 2] de leur Châtellenie et la Curia du Prince, où ils étaient couramment présents soit pour rendre compte de leur gestion administrative, soit pour exposer les vœux et doléances de la population »[30].

À partir de l'intégration de la châtellenie dans le domaine savoyard, en 1355, le rôle militaire du châtelain est abandonné[30]. Leur rôle étant devenu moins prestigieux, la charge, qui revêtait une responsabilité personnelle, devient un office, un bien patrimonial, dont on abandonne la gestion réelle à son lieutenant[30]. La châtellenie intègre le nouvel apanage de Genevois (1514-1659) qui englobait tant le Faucigny que la baronnie de Beaufort[30].

Voir aussi

Bibliographie

Fonds d'archives

Articles connexes

Lien externe

  • Fiche sur le site de l'Office de tourisme du Val d’Arly (www.valdarly-montblanc.com)

Notes et références

Notes

  1. Liste des neuf châtellenies reprenant l'ordre de préséance : Châtillon, Toisinges (Bonneville), Bonne, Sallanches, Faucigny, Le Châtelet du Crédoz, Samoëns, Montjoie et Flumet[19].
  2. Les « communiers ou comparsoniers, consorts ou jomarons » sont un regroupement ou encore association de plusieurs familles paysannes[28], « soit dans le cadre d'une paroisse, soit dans la possession ou l'exploitation d'un bien indivis »[29].
  3. Maître est une qualité associée « aux procureurs, notaires, praticiens et commissaires »[35].

Références

  1. Dufour, Rabut 1867, p. 15.
  2. Carrier, de La Corbière, 2005, p. 99 (lire en ligne).
  3. Dufour, Rabut 1867, p. 14.
  4. Nicolas Carrier, La vie montagnarde en Faucigny à la fin du Moyen Âge : économie et société, fin XIIIe-début XVIe siècle, Éditions L'Harmattan, , 620 p. (ISBN 978-2-7475-1592-4, lire en ligne), p. 53.
  5. Jean-Yves Mariotte, « La charte de fondation de Flumet (1228) source du droit de Fribourg Â», in Mémoires de la société pour l'histoire du droit et des institutions des anciens pays bourguignons, comtois et romands, Faculté de droit et de science politique, 1971, 20 pages.
  6. Ruth Mariotte Löber, Ville et seigneurie : Les chartes de franchises des comtes de Savoie, fin XIIe siècle-1343, Librairie Droz - Académie florimontane, , 266 p. (ISBN 978-2-600-04503-2, lire en ligne), p. 197.
  7. Adolphe Gros, Dictionnaire étymologique des noms de lieu de la Savoie, La Fontaine de Siloé (réimpr. 2004) (1re éd. 1935), 519 p. (ISBN 978-2-84206-268-2, lire en ligne), p. 191.
  8. Demotz 2000, p. 458-459.
  9. Acte de février 1234, « Testament de Pierre, fils de feu Thomas, comte de Savoie, fait à l'occasion de ses fiançailles avec Agnès, fille d'Aimon, seigneur de Faucigny. (...) », Régeste genevois, 1866 (REG 0/0/1/664).
  10. Bernard Demotz, Le comté de Savoie du XIe au XVe siècle : Pouvoir, château et État au Moyen Âge, Genève, Slatkine, , 496 p. (ISBN 2-05-101676-3), p. 354.
  11. Histoire des communes savoyardes 1984, p. 405.
  12. Acte du , Régeste genevois, 1866 (REG 0/0/1/955).
  13. de la Corbière, 2002, p. 45
  14. Institut de Saint-Gervais (collectif fondée par Rémy Knafou), L'Institut de Saint-Gervais : une recherche-action dans la montagne touristique, , 263 p., p. 90.
  15. Carrier, de La Corbière, 2005, p. LVIII.
  16. Histoire des communes savoyardes 1984, p. 406.
  17. Dufour, Rabut 1867, p. 62-63 (lire en ligne).
  18. Guy Gavard (préf. Paul Guichonnet), Histoire d'Annemasse et des communes voisines : les relations avec Genève de l'époque romaine à l'an 2000, Montmélian, La Fontaine de Siloé, coll. « Les Savoisiennes », , 439 p. (ISBN 978-2-84206-342-9, lire en ligne), p. 65-66.
  19. Jean-Louis Grillet, Dictionnaire historique, littéraire et statistique des départements du Mont-Blanc et du Léman, contenant l'histoire ancienne et moderne de la Savoie, vol. 3, t. 2, Chambéry, J.F. Puthod, , p. 264. (Volume 2, lire en ligne)
  20. Matthieu de la Corbière, L'invention et la défense des frontières dans le diocèse de Genève : Étude des principautés et de l'habitat fortifié (XIIe - XIVe siècle), Annecy, Académie salésienne, , 646 p. (ISBN 978-2-901102-18-2), p. 195.
  21. Dufour, Rabut 1867, p. 68.
  22. Payraud 2009, p. Annexe 8 : liste des ensembles fortifiés intégrés au corpus.
  23. Carrier, de La Corbière, 2005, p. XX (lire en ligne).
  24. J.-F. Gonthier, « Funérailles de Charles-Amédée de Savoie, duc de Nemours (1659) », Revue savoisienne, vol. XI, no série II,‎ , p. 249 (lire en ligne)
  25. Christian Sorrel, Histoire de la Savoie : images, récits, La Fontaine de Siloé, , 461 p. (ISBN 978-2-84206-347-4, lire en ligne), p. 146-147.
  26. Nicolas Carrier, « Une justice pour rétablir la « concorde » : la justice de composition dans la Savoie de la fin du Moyen Âge (fin XIIIe -début XVIe siècle) », dans Dominique Barthélemy, Nicolas Offenstadt, Le règlement des conflits au Moyen Âge. Actes du XXXIe Congrès de la SHMESP (Angers, 2000), Paris, Publications de la Sorbonne, , 391 p. (ISBN 978-2-85944-438-9), p. 237-257.
  27. Alessandro Barbero, « Les châtelains des comtes, puis ducs de Savoie en vallée d'Aoste (XIIIe-XVIe siècle) », dans Guido Castelnuovo, Olivier Mattéoni, « De part et d'autre des Alpes » : les châtelains des princes à la fin du moyen âge : actes de la table ronde de Chambéry, 11 et 12 octobre 2001, , 266 p. (lire en ligne).
  28. Thérèse Leguay et Jean-Pierre Leguay, Histoire de la Savoie, Paris, Éditions Jean-paul Gisserot, , 128 p. (ISBN 978-2-87747-804-5, lire en ligne), p. 43.
  29. Henri Baud, Jean-Yves Mariotte, Histoire des communes savoyardes : Le Chablais, Roanne, Éditions Horvath, , 422 p. (ISBN 978-2-7171-0099-0), p. 413.
  30. Bernard Ducretet, « Les châtelains de Beaufort du XIIIe au XVIIIe siècle », Notables et notabilité dans les pays de Savoie : actes du XXXIIe congrès des sociétés savantes de Savoie, Moûtiers, 10-11 septembre 1988 publié par l'Académie de la Val d'Isère, Moûtiers,‎ , p. 31-52 (lire en ligne)
  31. ADS1.
  32. Payraud 2009, p. 671-682, Annexe 11 : liste des châtelains recensés dans le cadre de cette étude.
  33. Dufour, Rabut 1867, p. 64 à 66 (lire en ligne).
  34. Laurent Perrillat, L'apanage de Genevois aux XVIe et XVIIe siècles : pouvoirs, institutions, société, vol. 113, t. 2, Académie salésienne, , 1070 p. (lire en ligne), « Annexe n°4 - Listes des châtelains et fermiers de châtellenies de l'apanage aux XVIe et XVIIe siècle », p. 941-943, « Flumet ».
  35. Jean Nicolas, La Savoie au XVIIIe siècle, Noblesse et Bourgeoisie, Les Marches, La Fontaine de Siloé, coll. « Le Champ régional », , 1242 p. (ISBN 978-2-84206-222-4, lire en ligne), p. 66.
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