Château de Delémont
Le château de Delémont (aussi appelé Château des princes-évêques ou Nouvelle résidence de Delémont) est un vaste ensemble bâti occupant le quart sud-ouest de la vieille ville de Delémont (JU), en Suisse.
Château des princes-évêques
Nouvelle résidence de Delémont
Partie de |
Liste des biens culturels de Delémont (d) |
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Destination initiale |
Résidence d'été des Princes-Évêques de Bâle |
Destination actuelle |
École primaire de Delémont |
Style |
Baroque rustique |
Architecte |
Pierre Racine |
Début de construction |
1716 |
Fin de construction |
1721 |
Propriétaire initial |
Jean-Conrad de Reinach-Hirtzbach |
Propriétaire actuel | |
Patrimonialité |
Coordonnées |
47° 21′ 50″ N, 7° 20′ 34″ E |
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Le château à l'origine servait à l'administration et aux séjours estivaux des princes-évêques de la Principauté épiscopale de Bâle. Il accueille aujourd'hui une partie des écoles primaires de la ville, ainsi que diverses activités sociales et culturelles.
Le château et les dépendances sont classés comme « bien culturel d'importance nationale » par l'Office fédéral de la protection de la population[1] - [2].
Situation
Situé précisément dans le lieu-dit du Château Sur-le-Grioux, le château se trouve dans l'actuelle vieille-ville de Delémont, dans le district homonyme, dans la République et canton du Jura, en Suisse.
Composition
Sa silhouette imposante accompagnée de celle de l'Église St-Marcel et de son clocher est devenue le symbole de la cité Delémontaine.
Château
La demeure représente un vaste complexe baroque, avec cour et jardin, qui allie les influences de la France et de l'Allemagne du Sud. L'accès aux visiteurs est limité à la cour et aux corridors, permettant d'admirer les grandes façades, l'escalier monumental, la cour d'honneur fermée par une haute grille de fer forgé, et l'immense toiture qui coiffe l'ensemble, agrémentée de mansardes, de cheminées et de gargouilles.
Respectant un schéma de distribution usité en terres d'Empire, le bâtiment est muni à chaque étage, du côté nord, d'un corridor sur toute sa longueur ; celui-ci permettait d'accéder aux différentes pièces qui communiquaient également entre elles. Le rez-de-chaussée était occupé par les cuisines, les offices et les salles à manger. Le premier étage (dit Étage des Princes) comprenait deux appartements : celui réservé au prince-évêque, l'autre destiné à un prince étranger de passage. Le second étage était conçu pour accueillir des hôtes et les courtisans. Au sous-sol une grande cave voûtée pouvait accueillir le produit des vignes possédées par le prince-évêque dans la Vallée de la Birse et en Allemagne du sud (Ötlingen). À l'entre-étage on trouvait une boulangerie avec deux fours à pain. Deux étages de greniers prenaient place sous la toiture ; des treuils permettaient, entre autres, d'y monter les réserves de grains de la Seigneurie de Delémont.
Dépendance du Châtelet
À l'ouest du château se trouve un court rempart doté d'un clocher et le bâtiment du Châtelet (ou Recette) qui habite actuellement les classes de cours d'économie familiale du collège de Delémont.
Granges et écuries
Construite en 1719, les granges et écuries se situent à l'est du château. Depuis 1908, celles-ci sont transformées en halle de gymnastique.
Cour d'honneur
La cour d'honneur, se situe au centre de l'ensemble bâti. On y accède depuis la Rue du 23-juin par un portail en fer forgé datant de 1787 et rénové en 1980. Le portail est flanqué d'une forge et d'une buanderie. Au centre de la cour se trouve un bassin central.
Jardin
Situé au sud du château, le jardin, est accessible depuis la bâtisse par un grand escalier. Rappelant le style baroque du château, le jardin est découpé de huit grandes surfaces carrées cernant la fontaine. Les quatre premières entourant le point d’eau sont engazonnées et celles attenant aux limites est et ouest du jardin sont composées de grandes dalles en béton calcaire blanc. Son flanc ouest est occupé par l'ancienne orangerie (qui servit de synagogue de 1880 à 1909)[3]. Les jardins sont aménagés pour la dernière fois en 2002 et en 2014[4].
Histoire
À l'époque, il existait à cet emplacement une ancienne maison forte médiévale recensée dès 1383. qui est restauré en 1647[4].
L'actuelle bâtisse est commandée par le Prince-évêque Jean-Conrad de Reinach-Hirtzbach (1705-1737) qui désirait une résidence d'été, dépourvue de l'appareil de défense et des fortifications qui caractérisaient les châteaux construits durant les siècles antérieurs, et à vocation économique, administrative et résidentielle[5]. La construction fut dirigée par l'architecte Pierre Racine (1665-1728) et s'étala sur plusieurs années, entre le 3 octobre 1716 et 1721[4]. À l'est, les granges et écuries sont construites en 1719 et à l'est, la dépendance le Châtelet (ou Recette) où est entreposé les produits agricoles prélevés par les receveurs du Prince-évêque. La grille monumentale est posée en 1787[4].
À la suite de la Révolution française, de la proclamation de la République rauracienne, le Prince-évêque s'enfuit. Avec l'annexion de la République rauracienne sous forme de département du Mont-Terrible à la France en mars 1793, le château fut vendu comme bien national à un industriel le 23 octobre 1793. Le 27 janvier 1794, le château et la chapelle des capucins sont dévastés par la population. Le 26 octobre 1795, le commissaire des guerres demande l'aménagement de logements pour officiers au château de Delémont. Demande refusée par le Directoire exécutif du Département du Mont-Terrible[4].
Le 15 mai 1796, le château est acquis par le négociant François Verdan et l'achète officiellement le 14 juin 1796[4]. En 1815, le territoire jurassien est donnée à la Suisse et au canton de Berne lors du congrès de Vienne. À la mort de François Verdan en 1818, le château reste dans la famille avant d'être vendu à la ville de Delémont le 26 janvier 1821. Dès lors, il accueille des locataires, des activités artisanales et commerciales[6]. Dès 1846, le château accueil le collège de Delémont[4].
En 1849, le conseil municipal eut l'idée d'y placer l'hospice cantonal des aliénés. Idée oubliée par la suite[4].
En 1859, deux pierres funéraires sont découvertes dans le château : celle des princes-évêques Christophe d'Utenheim et Jean-Henri d'Ostein[4].
En 1867, le château accueille l'école des filles puis l'école secondaire des filles l'année suivante. En 1908, les anciennes granges et écuries sont transformées en halle de gymnastique et en 1911, l'école de commerce est installée dans le château. En 1919, le château reçoit une rénovation intérieure.
Entre 1937 et 1940, le château est complètement rénové[4].
En 1953, il est décidé de transférer une partie du collège dans le Châtelet. Par la suite, le château est rénové jusqu'en 1955 où, à partir de cette date, il habitera seulement l'école primaire. Lors de la rénovation, des vestiges d'une chapelle du XIIIe siècle dans la cour du château sont découverts[4].
Entre 1964 et 1965, le Châtelet est complètement rénové et classé monument historique par le Conseil-exécutif bernois le 7 décembre[4].
Avec le contexte de la Question jurassienne, le territoire francophone nord du canton de Berne décide de son indépendance par votation populaire régionale le 23 juin 1974 ; de ce fait, une Assemblée constituante jurassienne est créée, en 1976, pour élaborer la Constitution du nouveau canton. Pendant ses débats, l'Assemblée constituante aura des discussions autour de la future fonction du Château de Delémont. En 1977 est organisé une première rencontre entre une délégation de l'Assemblée constituante jurassienne et les autorités communales de Delémont qui se mettent d'accord sur l'éventualité d'installer le siège du futur Gouvernement jurassien et une partie de l'administration cantonale dans le château[4].
En parallèle, en 1978, le conseiller d'Etat de Bâle-Ville Lukas Burckhardt propose aux cantons d'acheter le château de Delémont pour cinq millions de francs afin de l'offrir à la République et canton du Jura. Cette idée ne fut pas très bien accueilli par les autres cantons qui n'osaient cependant pas le dire clairement. Dès l'entrée en souveraineté de la République et canton du Jura le 1er janvier 1979, le premier Gouvernement jurassien, nouvellement élu, décide d'organiser des festivités pour fêter le nouveau canton. La Confédération et tous les cantons sont donc invités le 11 mai 1979 à Delémont. Cependant, le 6 mars 1979, le conseiller national jurasso-bernois Jean-Claude Crevoisier intervient lors des débats de l'Assemblée fédérale pour critiquer l'additif constitutionnel ayant organisé le plébiscite jurassien de 1974-1975 qu'il juge antidémocratique. Le conseiller fédéral Kurt Furgler s'énerve et traitre l'intervention de Jean-Claude Crevoisier de « bêtises ». Le Rassemblement jurassien, jugeant qu'en injuriant Jean-Claude Crevoisier, c'est « tous le peuple jurassien qui a été atteint dans son honneur », demande, par une pétition populaire, des excuses officielles. Kurt Furgler refusant de s'excuser, le Rassemblement jurassien demande au Gouvernement jurassien d'annuler les festivités qui décide de les maintenir avant de les supprimer au dernier moment. L'annulation des festivités a arrangé tous les cantons qui contestait le cadeau confédéral d'offrir le château au canton du Jura. Dès l'instant où le conseiller fédéral Kurt Furgler s'est désisté, plusieurs canton ont suivi[7].
En 1980, la grille monumentale est rénovée[4].
Le Gouvernement jurassien, souhaitant tout de même acquérir le château pour y implanter son siège et une partie de l'administration cantonale, décide, le 7 septembre 1982, d'acheter le château à la municipalité de Delémont pour un prix estimé à six millions de francs. La municipalité de Delémont favorable à cet achat, les deux entités annoncent officiellement le projet le . Cependant, la municipalité de Delémont souhaite soumettre la vente du château au corps électoral communal par votation populaire qui l'accepte le 22 septembre 1985[4].
Le 15 janvier 1986, Le Gouvernement jurassien décide de soumettre un crédit global de rachat du château de Delémont au peuple jurassien par votation populaire cantonale. Le 28 octobre, le Parlement jurassien vote un crédit-cadre de 28,7 millions de Francs pour l'acquisition et l'aménagement du château. Cependant, le 22 février 1987, le corps électoral jurassien refuse (par 7 270 non et 6 525 oui) le crédit de 28,7 millions de francs pour l'achat, la transformation et la rénovation du château. Le projet est, par la suite, abandonné[4].
Le 28 août 1990, le Gouvernement jurassien inscrit le château de Delémont au catalogue des monuments historiques protégés[4]. La même année, la halle de gymnastique est rénovée[6].
Entre 2000 et le 21 mars 2003, le château est complètement restauré pour un montant de 7,2 millions de francs[4].
Destination actuelle du château
Ce monument abrite aujourd'hui encore une partie des classes des écoles primaires et enfantines de la ville[8]. Des enfants ont donc classe, qui dans l'ancienne chapelle, qui dans la cuisine, qui dans la salle à manger ou autre salon muni d'une cheminée française. La cave est louée elle à un marchand de vin et les deux étages de greniers servent en partie de dépôt à diverses institutions publiques.
Galerie
- La façade sud et le jardin.
- La dépendance du Châtelet.
- L'orangerie du jardin.
- Le château en hiver.
Références
- Office fédéral de la protection de la population, « Inventaire des biens culturels d'importance nationale : Château des princes-évêques » , sur api3.geo.admin.ch (consulté le ).
- Protection des biens culturels PBC, « Château » [PDF], sur data.geo.admin.ch (consulté le )
- Upper Rhine Valley, « Château de Delémont » , sur www.upperrhinevalley.com (consulté le )
- Chronologie jurassienne, « Château » , sur www.chronologie-jurassienne.ch (consulté le )
- Les châteaux suisses, « Jura : le château de Delémont » , sur www.swisscastles.ch (consulté le )
- Panneau d'information à l'entrée du château.
- Jean-Pierre Molliet, Les événements qui ont modelé l'Histoire jurassienne, Delémont, D+P SA, , 180 p. (ISBN 978-2-9701182-1-3), p. 86-87
- « Index of /eped », sur ecoles-du-jura.ch (consulté le ).
Bibliographie
- Adrien Paul Noirjean, La nouvelle résidence de Delémont (1716-1724), Université de Lausanne, Lausanne, , 112 p.