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Château d'Heilly

Le château d'Heilly était un château mi-féodal mi-classique, aujourd'hui détruit pour partie, situé sur le territoire des communes d'Heilly et de Ribemont-sur-Ancre, dans le département de la Somme, non loin d'Amiens.

Château d'Heilly
Image illustrative de l’article Château d'Heilly
Estampe du château d'Heilly, sur la base d'un dessin de la BNF. Vers 1770.
Période ou style Château fort & Architecture classique
Type château
Architecte Pierre Contant d'Ivry
Destination initiale maison de plaisance
Propriétaire actuel propriété privée et communale
Destination actuelle Château détruit pour majeure partie
Protection Logo monument historique Inscrit MH (2001)
Coordonnées 49° 57′ 03″ nord, 2° 32′ 05″ est
Pays Drapeau de la France France
Région Hauts-de-France
Département Somme
Commune Heilly & Ribemont-sur-Ancre
Géolocalisation sur la carte : Somme
(Voir situation sur carte : Somme)
Château d'Heilly
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Château d'Heilly

Histoire

Selon la légende, c'est au château d'Heilly que Ganelon, personnage de la Chanson de Roland, fils de Griffon, comte d'Hautefeuille, aurait trouvé refuge et aurait été jugé, condamné à mort et écartelé après l'épisode de la mort de Roland à Roncevaux, en 778 [1].

Le château a rythmé pendant des siècles l'histoire d'Heilly. Les seigneurs d’Heilly ont pris part à différents épisodes de l’histoire : la Bataille de Bouvines en 1214, la Bataille d'Azincourt en 1415, ou ont vécu à la cour du roi de France, François Ier. Des membres de la famille d'Heilly furent chanoines du chapitre cathédral ou évêque d'Amiens.

La seigneurie d'Heilly passa ensuite dans les familles de Créqui, Bailleul, Belloy, Hargicourt, Pisseleu, Gouffier, Choiseul et enfin Chabrillan.

Ce fut l'une des résidences d'Anne de Pisseleu, duchesse d'Étampes, favorite de François Ier où elle passa une grande partie de son enfance. Elle y retourna vivre lors de son exil de la cour, après la mort de François Ier, en 1547. Elle y mourut aux premiers jours de septembre 1580.

Le château a été en grande partie détruit après sa vente en 1848.

Le château

Du château médiéval remanié à la Renaissance, il ne reste pratiquement rien. Il fut incendié à deux reprises, en 1553 et 1636 par les armées espagnoles et il fut réparé par la suite.

Dessins du château d'Heilly en 1737, avant sa reconstruction. État tout au long du XVIIe siècle.
  • Le château d'Heilly en 1737, côté jardin, avant sa reconstruction. Dessin de Voisin, Bibliothèque municipale d'Abbeville.
    Le château d'Heilly en 1737, côté jardin, avant sa reconstruction. Dessin de Voisin, Bibliothèque municipale d'Abbeville.
  • Le château d'Heilly en 1737, côté de l'entrée et du village, avant sa reconstruction. Dessin de Voisin, Bibliothèque municipale d'Abbeville.
    Le château d'Heilly en 1737, côté de l'entrée et du village, avant sa reconstruction. Dessin de Voisin, Bibliothèque municipale d'Abbeville.

La reconstruction du XVIIIe siècle

Au milieu du XVIIIe siècle, le marquis Louis-Charles de Gouffier fait reconstruire le château par l’architecte Pierre Contant d'Ivry.

Pour dégager le château, on déplaça une partie du village vers l’est et on reconstruisit l’église à son emplacement actuel.

Le château fut en grande partie transformé à partir de 1737 par la volonté de Charles Antoine de Gouffier, marquis d’Heilly [2], suivant des plans[3] de l’architecte Pierre Contant d’Ivry. Celui-ci imagine la construction tout en pierre, d’un corps de logis de style néo-classique sur une seule face du château, en remplacement de murailles d'aspect médiéval, la façade sur le parc conservant, pour sa part, dans ses grandes lignes, son aspect ancien, avec ses tours, ses créneaux, ses fossés [4].

Il insère cet édifice dans un vaste parc parsemé de magnifiques grilles en fer forgé [5]. Ces grilles sont exécutées par le ferronnier Jean Veyren [6].

Contant d'Ivry prévoyait, face à la façade nouvelle du château, le creusement d’un grand canal, et sur le côté, face à l'orangerie, celui d'un petit canal. Ces aménagements ne seront pas terminés [7].

L'intérieur du château est, lui aussi, réaménagé avec la création d'un grand escalier tout en pierre orné de sculptures, l'ornementation des pièces avec un somptueux décor de style rocaille.

Au rez-de-chaussée, se trouvent les espaces de service : cuisine, office et salles de bains.

Au premier étage, sont les espaces de réception : grand salon, salle à manger, salon d'hiver, petite salle à manger, billard, bibliothèque, appartement du marquis, appartement de la marquise, chapelle (bénie en 1756). La chapelle est desservie par un chapelain.

Au second étage, sont les autres chambres[8].

  • Plan du château et domaine d'Heilly vers 1750, BnF.
    Plan du château et domaine d'Heilly vers 1750, BnF.
  • Dessin du château d'Heilly, du côté du parterre, BnF.
    Dessin du château d'Heilly, du côté du parterre, BnF.
  • Restitution de la vue depuis le premier étage du château d'Heilly du côté de l'entrée et du canal, XVIIIe siècle.
    Restitution de la vue depuis le premier étage du château d'Heilly du côté de l'entrée et du canal, XVIIIe siècle.
  • Restitution du grand parterre d'Heilly, XVIIIe siècle.
    Restitution du grand parterre d'Heilly, XVIIIe siècle.
  • Vue sur le château d'Heilly depuis le bout du grand parterre, XVIIIe siècle
    Vue sur le château d'Heilly depuis le bout du grand parterre, XVIIIe siècle

Abandon et destruction

Au début du XIXe siècle, le château était encore entretenu, mais n'était plus habité qu'épisodiquement et partiellement. Son aspect à cette époque nous est connu par des dessins des frères Duthoit.

En 1846, le château fut cédé [9], puis démoli l'année suivante, servant de carrière de pierre.

La qualité artistique des éléments décoratifs du château d'Heilly fit que certains d'entre eux furent vendus en 1846 et réemployés en d'autres lieux :

Après 1847, à un pavillon subsistant de la façade XVIIIe du château d'Heilly, fut accolé un logis en brique pour former une habitation, qui fut occupée jusqu'au XXe siècle. Après plusieurs décennies d'abandon, ce pavillon et ce logis subsistent aujourd'hui dans un état très dégradé.

Depuis juillet 2021, la Communauté de communes du Val de Somme propose une visite de l'ancien domaine d'Heilly en réalité virtuelle, au moyen de la reconstitution numérique de son aspect visuel[15] - [16] - [17].

Vestiges

Le domaine appartient pour partie à des propriétaires privés, et pour partie à la commune. Les vestiges du château :

  • la terrasse supérieure,
  • l'orangerie,
  • le parterre,
  • les rampes d'escaliers,
  • le boulingrin,
  • les murs de clôture et de soutènement,
  • les talus des aménagements du château,
  • la basse-cour primitive,
  • le grand canal, qui était prévu pour se prolonger jusqu'à Ribemont-sur-Ancre. Son extrémité ouest est aménagée aujourd'hui en espace vert, le Parc du grand canal,

sont protégés au titre des monuments historiques par l'arrêté du [18].

  • un pavillon du château subsiste, mais menace aujourd'hui de s'effondrer faute d'entretien.

Voir aussi

Bibliographie

  • Christian Du Passage, Châteaux disparus dans la Somme, Amiens, C.R.D.P., 1987
  • Odette et André-Charles Gros, Le Compagnon Jean Veyren « Vivarais » artiste-serrurier au XVIIIe siècle en Picardie, Mémoire d'Ardèche et Temps Présent, Société des Enfants et Amis de Villeneuve de Berg, 2013 (ISSN 0765-9563)

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

Notes

    Références

    1. Abbé Edouard Jumel, Monographies de Picardie - Deuxième série : Heilly, Amiens, Delattre-Lenoel, , 100 p. (lire en ligne), p. 16-20
    2. Jacques Cuvillier, Famille et patrimoine de la haute noblesse française au XVIIIe siècle, le cas des Phélypeaux, Gouffier, Choiseul, Paris, L'Harmattan, , 560 p. (ISBN 2-7475-9154-9, lire en ligne), p. 222-226
    3. Des plans du château d'Heilly et de son parc sont conservés par la Société des Antiquaires de Picardie, à Amiens.
    4. Christian du Passage, Châteaux disparus dans la Somme, Amiens, CRDP, , p. 26 à 28 et 127
    5. Jacques Foucart, « Un grand artiste du fer, Vivarais. », Bulletin de la Société des Antiquaires de Picardie,‎ , p. 289-309
    6. Almanach historique et géographique de la Picardie, Amiens, Veuve Godart, , 280 p., p. 256-257
    7. Jacques Cuvillier, Famille et patrimoine de la haute noblesse française au XVIIIe siècle, le cas des Phélypeaux, Gouffier, Choiseul, Paris, L'Harmattan, , 560 p. (ISBN 2-7475-9154-9, lire en ligne), p. 226-231
    8. Jacques Cuvillier, Famille et patrimoine de la haute noblesse française au XVIIIe siècle, le cas des Phélypeaux, Gouffier, Choiseul, Paris, L'Harmattan, , 560 p. (ISBN 2-7475-9154-9, lire en ligne), p. 224
    9. Odette et André-Charles Gros, Le compagnon Jean Veyren, "Vivarais", Artiste serrurier au XVIIIe siècle en Picardie, Villeneuve de Berg, Mémoire d'Ardèche et Temps Présent, Société des Enfants et Amis de Villeneuve de Berg, , 112 p., p. 64
    10. Jacques Foucart, « Un grand artiste du fer, Vivarais », Bulletin de la Société des Antiquaires de Picardie,‎ , p. 289-309
    11. Christian du Passage, Châteaux disparus dans la Somme : ou histoire de 75 châteaux picards détruits... accompagnée de généalogies inédites..., Amiens, CRDP, , 152 p. (ISBN 2-86615-008-2), p. 29
    12. Odette et André-Charles Gros, Le compagnon Jean Veyren, "Vivarais", Artiste serrurier au XVIIIe en Picardie, Villeneuve de Berg, Mémoire d'Ardèche et temps présent, , 112 p., p. 97
    13. Paule Roy, Chronique des rues d'Amiens, tome 6, Amiens, CRDP, , p. 95-96
    14. « Heilly », sur La Somme de Tef (consulté le )
    15. mthomas, « Le château d'Heilly se reconstitue en réalité virtuelle », sur fr.valdesomme-tourisme.com, (consulté le )
    16. « visite guidée en réalité virtuelle du château d'Heilly », sur unidivers.fr (consulté le )
    17. « Le château d'Heilly en réalité virtuelle », sur facebook.com (consulté le )
    18. « Château d'Heilly », notice no PA80000030, base Mérimée, ministère français de la Culture.
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