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Château Beauce

Le château Beauce, appelé un temps le monastère des Oblates de Béthanie ou maison Notre-Dame-du-Rosaire, est une ancienne résidence bourgeoise construite en , située au cœur du centre-ville de Sainte-Marie en Nouvelle-Beauce, au Québec (Canada). La maison, de style éclectique, présente un intérêt patrimonial pour des motifs historiques et architecturaux. D'abord occupée par des notables, elle est cédée en à des communautés religieuses qui la transforment en couvent, puis en monastère.

Château Beauce
Monastère des Oblates de Béthanie
Maison Notre-Dame-du-Rosaire
Le pavillon principal.
Présentation
Partie de
Site patrimonial du Château-Beauce (d)
Destination initiale
Résidence, Étude
Destination actuelle
Vacant
Fondation
Style
Architecte
Commanditaire
Georges-Siméon Théberge, Ernest Larue
Propriétaire
Société Alzheimer Chaudière-Appalaches
Patrimonialité
Immeuble patrimonial classé ()
Partie d'un bien patrimonial du Québec (d) ()
Localisation
Adresse
102, rue Notre-Dame Sud
Sainte-Marie, Québec
Canada
Coordonnées
46° 26′ 13″ N, 71° 01′ 15″ O
Carte

Menacé de démolition en , puis sinistré par la crue printanière historique de la rivière Chaudière en 2019, le château Beauce est protégé par la ministre de la Culture et des Communications du Québec depuis .

Histoire

Vocation résidentielle

Georges-Siméon Théberge et Ernest Larue, deux notaires associés depuis 1887, acquièrent en un terrain du descendant des seigneurs Taschereau de Sainte-Marie, Gabriel-Narcisse-Achille Fortier. Georges-Siméon Théberge, investisseur prospère, mandate un cabinet de jeunes architectes formé de Jean-Omer Marchand et de Samuel Stevens Haskell, afin de dresser les plans pour une résidence pour sa famille et celle de son associé[1].

Les concepteurs dessinent un bâtiment empruntant un style inusité pour le Québec hors de la bourgeoisie anglo-canadienne montréalaise, reflétant ainsi le succès de l'homme d'affaires beauceron[2]. Les travaux de maçonnerie sont confiés à l'entrepreneur lévisien Joseph Couture, mais on ignore qui a réalisé les travaux de charpente et de menuiserie[1]. Une laiterie et une écurie sont construites environ au même moment que la résidence[1].

En , une mission des Sœurs de l'Immaculée-Conception est fondée par les notaires ainsi que la sœur de Théberge[1]. Les religieuses s'installent dans l'écurie, réaménagée en couvent[3]. La propriété est donnée à la congrégation religieuse à condition que Théberge et Larue en conservent l'usufruit jusqu'à leur décès[1] et que l'immeuble conserve perpétuellement une vocation religieuse[4]. En , en prévision de la conversion de l'ensemble de la résidence en couvent, un 3e étage mansardé est ajouté afin d'y loger des chambres. L'architecte Jean-Berchmans Gagnon en prépare les plans, et Irénée Giguère assure la maîtrise-d'œuvre[1].

  • Photographie monochrome reprĂ©sentant une rĂ©sidence revĂŞtue de brique et comprenant de nombreux Ă©lĂ©ments architectoniques, dont une tourelle imitant un château.
    Le château peu après sa construction.
  • Une annexe de bâtiment de deux Ă©tages et demie de plan rectangulaire, revĂŞtue de briques de couleur beige.
    L'écurie est transformée en couvent en .
  • La façade d'un bâtiment de trois Ă©tages, de plan complexe, revĂŞtue de briques de couleur beige.
    Un troisième étage est ajouté en .

Vocation religieuse

Théberge meurt en et Larue quitte la résidence en . À son départ, une chapelle est aménagée en vue de la conversion complète du bâtiment à des fins religieuses. Les plans sont présumés être préparés par Raoul Chênevert[1]. De à , le bâtiment, nommé « Maison Notre-Dame-du-Rosaire », est occupé par les Sœurs missionnaires de l'Immaculée-Conception[3], qui y offrent des retraites fermées à des femmes et des jeunes filles[1].

Les Oblates de BĂ©thanie reprennent la maison en afin d'en faire leur couvent. Une infirmerie est ajoutĂ©e derrière l'Ă©curie en selon des plans prĂ©parĂ©s par D'Anjou, Bernard et Mercier Architectes[1]. En , la congrĂ©gation quitte l'Ă©difice[3]. Elle fait lever en Cour supĂ©rieure du QuĂ©bec la clause contractuelle l'obligeant Ă  perpĂ©tuer la vocation religieuse[4] et le donne l'annĂ©e suivante Ă  la SociĂ©tĂ© Alzheimer de Chaudière-Appalaches[5]. Cette dernière ne l'occupe pas, n'ayant pas les 4 000 000 CA$ nĂ©cessaires Ă  l'adaptation du bâtiment pour des personnes ayant des troubles cognitifs[5].

  • Une allĂ©e dans un jardin longeant un bâtiment. L'allĂ©e est partiellement recouverte de feuilles mortes.
    Les jardins devant la chapelle construite en .
  • Un oriel surmontĂ© d'une croix saillant d'un bâtiment revĂŞtu de brique beige.
    Oriel sur la passerelle reliant la chapelle Ă  l'infirmerie.
  • Un garage près d'un autre bâtiment, de plan complexe, revĂŞtu de brique beige.
    La laiterie est transformée en garage.

Menace de démolition et protection

La démolition du bâtiment, alors en « excellent état », est annoncée en afin de faire place à une résidence pour personnes âgées. Le ministère de la Culture et des communications est alerté par un avocat et un urbaniste, qui dénoncent la primauté accordée par la Ville de Sainte-Marie à l'intérêt privé sur la préservation du bien commun[2]. Le jour même de son assermentation, la ministre de la Culture Nathalie Roy publie un avis d'intention de classement, protégeant de façon temporaire le bâtiment, tant son enveloppe que son contenu[6].

Le château Beauce est inondĂ© pendant la crue printanière historique de la rivière Chaudière en 2019. En l'absence d'occupants, l'intĂ©rieur du bâtiment n'est pas assĂ©chĂ© suffisamment rapidement ; les moisissures se dĂ©veloppent au sous-sol[7]. Les rĂ©parations Ă  effectuer des suites de l'inondation sont estimĂ©es Ă  700 000 CA$[8]. La SociĂ©tĂ© Alzheimer Chaudière-Appalaches cherche Ă  vendre, mais les travaux Ă  effectuer font fuir les acheteurs Ă©ventuels[9].

À l'automne , l'avis d'intention de classement est prorogé, ayant pour effet d'allonger d'une année supplémentaire la protection temporaire[10].

Au printemps , la SociĂ©tĂ© Alzheimer Chaudière-Appalaches ne peut plus supporter financièrement le bâtiment qu'elle s'est fait donner : les dĂ©penses mensuelles atteignent 2 750 $ en chauffage et 500 $ en assurance. Des acquĂ©reurs potentiels se manifestent, mais les frais Ă©levĂ©s rebutent les intĂ©ressĂ©s[11].

La résidence du château Beauce, ainsi que le site qu'elle occupe, est classée immeuble patrimonial en [11], après avoir atteint « l'extrême limite » du statut temporaire de protection[12].

Architecture

Le château Beauce est un bâtiment de plan irrĂ©gulier comptant 3 Ă©tages hors-sol. Il est implantĂ© en retrait de la voie publique sur une parcelle-jardin, en plein cĹ“ur du noyau institutionnel au centre-ville de Sainte-Marie[1], voisin du presbytère, de l'Ă©glise, de l'ancienne caserne de pompiers, de l'hĂ´tel de ville et de la bibliothèque municipale[13]. La rĂ©sidence arbore un style Ă©clectique, d'inspiration Tudor et Queen Ann, un style que l'on ne retrouve pratiquement jamais au QuĂ©bec hors des faubourgs marchands de MontrĂ©al et QuĂ©bec. Il s'agit probablement de la première rĂ©alisation de Jean-Omer Marchand au QuĂ©bec, le premier Canadien diplĂ´mĂ© des Beaux-Arts de Paris et l'un des architectes quĂ©bĂ©cois les plus marquants du dĂ©but du xxe siècle[2].

Le revêtement des murs extérieurs est de brique de couleur claire. Les briques de l'écurie, de la laiterie et de la résidence sont peintes, alors que celles de la chapelle et de l'infirmerie sont teintes[1]. Une tour ornée de mâchicoulis et de créneaux, surmontée d'une tourelle, fait office de tour d'observation[2].

L'intérieur de la résidence est « bien préservé ». Des moulures « complexes » en plâtre couronnent les murs et chambranles. Les foyers en marbre[2] ou en granit sont encore fonctionnels[1]. Les boiseries ouvrées, le plafond à caissons, les vitraux[2] et le vitrage des portes, impostes et contre-fenêtres sont représentatifs du style éclectique. Les plans originaux comptent quatre salles de bains complètes au rez-de-chaussée, un luxe inédit pour une maison de l'époque. La cage de l'escalier, dont les murs sont revêtus des tentures d'origine[1], est éclairée grâce à des fenêtres à meneaux dotés de vitraux. L'escalier monumental est fait de bois sculpté[2].

L'annexe-chapelle témoigne du changement de vocation de l'ensemble immobilier[1].

Notes et références

  1. Ministère de la Culture et des Communications, « Château Beauce », sur Répertoire du patrimoine culturel du Québec, (consulté le ).
  2. Jean-François Nadeau, « La municipalité de Sainte-Marie autorise la destruction du Château Beauce » Accès limité, sur Le Devoir, (consulté le ).
  3. Agence QMI, « Patrimoine: le château Beauce de Sainte-Marie protégé », sur Le Journal de Québec, (consulté le ).
  4. Alexandre Poulin, « Le château Beauce, entre indifférence et férocité », sur Le Verbe, (consulté le ).
  5. Marc-Antoine Lavoie, « Après les inondations, la moisissure s’empare du Château Beauce | Inondations en Beauce 2019 », sur Radio-Canada, (consulté le ).
  6. Jean-François Nadeau, « Le Château Beauce sauvé de la démolition » Accès limité, sur Le Devoir, (consulté le ).
  7. Jean-François Nadeau, « La protection du Château Beauce compromise ? » Accès limité, sur Le Devoir, (consulté le ).
  8. Sébastien Tanguay, « Un acheteur est intéressé par le Château Beauce », sur Radio-Canada, (consulté le ).
  9. Fanny Samson, « Le Château Beauce n’a plus d’acheteur potentiel », sur Radio-Canada, (consulté le ).
  10. Jean-François Nadeau, « Le sort du Château Beauce en suspens », sur Le Devoir, (consulté le ).
  11. Marc-Antoine Lavoie, « La Société Alzheimer abandonne le Château Beauce », sur Radio-Canada, (consulté le ).
  12. Jean-François Nadeau, « Le Château Beauce sera finalement protégé par Québec » Accès limité, sur Le Devoir, (consulté le ).
  13. Benoît Boucher, « Sainte-Marie de Beauce », Continuité, no 45,‎ , p. 20–26 (ISSN 0714-9476 et 1923-2543, lire en ligne Accès limité, consulté le ).

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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