Cavalerie rouge
Cavalerie rouge (russe : Конармия, littéralement « L'armée à cheval ») est le titre d'un recueil de nouvelles de l'écrivain soviétique Isaac Babel. Le recueil parut pour la première fois en 1926. Son succès populaire lui valut plusieurs rééditions dans les années 1920 en Union soviétique.
Cavalerie rouge | |
Publication | |
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Auteur | Isaac Babel |
Titre d'origine | Конармия
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Langue | russe |
Parution | 1926 |
Recueil | Cavalerie rouge
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Intrigue | |
Date fictive | 1920 |
Lieux fictifs | Russie, Pologne |
Composition
L'écrivain débutant, Isaac Babel, avait reçu l'appui de Maxime Gorki dès 1916. Mais celui-ci lui avait conseillé de mettre provisoirement de côté ses velléités d'écrivain et « de courir le monde » pour acquérir de l'expérience.
« Votre production ne vaut plus rien du tout... Vous n'avez pas assez vécu... De quel droit parlez-vous d'une vie que vous ne connaissez pas ? »
Babel s'engage donc comme correspondant de guerre dans l'Armée rouge dans la guerre soviéto-polonaise de 1920. Il tient un journal, confié à des amis à la fin des années 1920, et qui sera édité par sa veuve à partir de 1955 sous le titre de Journal de 1920[2].
Les trente-quatre brèves nouvelles[3] qui composent le recueil furent d'abord publiées individuellement avant d'être réunies dans un recueil. De mai à , il accompagne la 1re armée de cavalerie en Volhynie sous le pseudonyme de Kirill Lioutov[4] - [5] et publie ses articles dans le journal Le Cavalier rouge[6].
La troupe était commandée par Semion Boudienny, qui deviendra un critique violent et opiniâtre (jusque dans les années 1930) de Babel. La « cavalerie rouge » était une troupe auréolée de gloire, et Boudienny ne pardonne pas à Babel de l'avoir présentée sous un jour plus ambigu[7]. Dès 1924, il s'en prend au « babisme[8] » de Babel, attaques qu'il renouvelle en 1928. Il compare les récits de Babel à des commérages de bonnes femmes (« Il farfouille dans du linge sale ») et lui reproche son « incapacité à voir les bouleversements grandioses de la lutte des classes ». Il lui fait grief de ne pas être « un dialecticien, un artiste-marxiste ».
Réception
En 1924, quelques récits du recueil (Le Sel, La Lettre, La Mort de Dolgouchov) sont publiés dans LEF de Vladimir Maïakovski[9]. L'ouvrage paraît en 1926, puis connaît plusieurs rééditions, en 1927 et les années suivantes. Il est traduit en français dès 1928[10]. En 1931, Babel fait publier une version corrigée et augmentée[11]. En 1936, Cavalerie rouge est inclus dans une anthologie de ses nouvelles, Récits. Certains textes sont légèrement remaniés : on y a supprimé certaines allusions politiques. Sophie Benech y recense une centaine de changements, sans pouvoir se prononcer sur l'origine des modifications (auteur, éditeur, censure, autres pressions...)[12].
Liste des nouvelles
Édition de 1926
- La Traversée du Zbroutch, (Novohrad-Volynskyï, )
- L'Église de Novograd
- La Lettre
- Le Chef de la remonte
- Pan Apolek
- Le Soleil de l'Italie
- Guédali
- Ma première oie
- Le Rabbin
- Sur la route de Brody
- L'Enseignement de la Tatchanka
- La Mort de Dolgouchov
- Le Commandant de la 2e brigade
- Sachka le Christ
- La Vie authentique de Matveï Rodionovitch Pavlitchenko
- Le Cimetière de Kozine
- Prichtchepa
- Histoire d'un cheval
- Konkine
- Berestetchko
- Le Sel
- Un soir
- Afonka Bida
- Chez saint Valentin
- Le Chef d'escadron Trounov
- Les Deux Ivan
- Suite de l'histoire d'un cheval
- La Veuve
- Zamostié
- La Trahison
- Tchesniki
- Après la bataille
- La Chanson
- Le Fils du rabbin
Ajouts de l'édition de 1931
- Argamak
- Grichtchouk
- Le Baiser
- Ils étaient neuf
- Chez notre père Makhno
- Une femme qui travaille dur
Bibliographie
Éditions en français
- Isaac Babel (trad. Jacques Catteau), Cavalerie rouge, Lausanne, L'Âge d'Homme, coll. « Classiques slaves » (no 16), , 234 p.
- Isaac Babel (trad. Sophie Benech, préf. Sophie Benech), Œuvres complètes, Paris, Le Bruit du Temps, (1re éd. 2011), 1310 p. (ISBN 978-2-35873-034-1, présentation en ligne), « Cavalerie rouge »
- Isaac Babel (trad. Maurice Parijanine, révision : Andrée Robel, préf. Maurice Parijanine), Cavalerie rouge, Paris, Gallimard, coll. « Folio » (no 1440), (1re éd. 1959), 220 p. (ISBN 2-07-037440-8, lire en ligne)
Étude
- Laurent Fabien, Cavalerie rouge d’Isaac Babel : invitation à la lecture, éd. Publibook 2005
Adaptation en BD
- Cavalerie rouge, dessin de Djordje Milović, scénario et adaptation de Jean-Pierre Pécau d'après le recueil de nouvelles Cavalerie rouge, Soleil Productions, 2018 (ISBN 978-2-302-06872-8)[13]
Notes et références
- Maurice Parijanine 1959, p. 16.
- Sophie Benech 2011, p. 672.
- La traduction de Maurice Parijanine parue chez Gallimard ne comprend que les 34 nouvelles de l'édition de 1926.
- Sophie Benech 2011, p. 492.
- L'adjectif liouty (russe : лютый) signifie « féroce », « farouche ».
- Sophie Benech 2011, p. 662.
- Sophie Benech 2011, p. 1253.
- Le « babisme » est un néologisme formé sur « baba », la grand-mère, la bonne femme.
- (en)Isaac Babel (trad. David McDuff), Red Cavalry and Other Stories, Penguin UK, coll. « Russian History and Culture », (ISBN 9780141908304, lire en ligne), Introduction
- Sophie Benech 2011, p. 28.
- Sophie Benech 2011, p. 636.
- Sophie Benech 2011, p. 1254.
- J. Milette, « Cavalerie rouge », sur BD Gest',
Annexes
Article connexe
- La Charge de la cavalerie rouge, un tableau de Kasimir Malevitch
- 100 livres pour les élèves en fédération de Russie (no 11)
Lien externe
- (ru) Конармия : Cavalerie rouge en version originale russe