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Cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Perpignan

La cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Perpignan est une cathédrale catholique du XIVe siècle de style gothique située dans la ville de Perpignan en France. Collégiale à l'époque de sa construction, elle remplace l'édifice roman, dit Saint-Jean-le-Vieux, qui subsiste néanmoins de nos jours, sur son flanc nord. Elle devient cathédrale en 1602, lors du transfert du siège épiscopal du diocèse de Perpignan-Elne depuis Elne.

Cathédrale Saint-Jean-Baptiste
de Perpignan
Image illustrative de l’article Cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Perpignan
Présentation
Nom local Seu Sant Joan
Culte Catholique
Dédicataire Saint Jean Baptiste
Type Cathédrale
Rattachement Diocèse de Perpignan-Elne
Début de la construction XIVe siècle
Fin des travaux XVIe siècle, remaniée aux XVIIe et XVIIIe siècles
Style dominant Gothique méridional
Protection Logo monument historique Classée MH (1906)
Site web Communauté de Paroisses Saint Jean-Baptiste de Perpignan
Géographie
Pays Drapeau de la France France
Région Occitanie
Département Pyrénées-Orientales
Ville Perpignan
Coordonnées 42° 42′ 02″ nord, 2° 53′ 49″ est
Géolocalisation sur la carte : Perpignan et de Canet-en-Roussillon
(Voir situation sur carte : Perpignan et de Canet-en-Roussillon)
Cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Perpignan
Géolocalisation sur la carte : Pyrénées-Orientales
(Voir situation sur carte : Pyrénées-Orientales)
Cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Perpignan
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Perpignan

La cathédrale fait partie d'un ensemble religieux urbain comprenant : cloître-cimetière Campo Santo, l'église Saint-Jean-le-Vieux, la cathédrale Saint-Jean-Baptiste (dite Saint-Jean-le-Neuf), la chapelle Saint-Jean-l'Évangéliste dite de la Funéraria, la chapelle du Dévot-Christ, l'ancien palais épiscopal et le bâtiment dit du Syndicat. Il comprenait également l'hôpital Saint-Jean et le presbytère, démolis.

Historique

La cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Perpignan est un édifice construit entre 1324 et 1509. À partir de 1602, elle supplanta Elne en tant que siège du diocèse, anciennement diocèse d'Elne, et désormais diocèse de Perpignan-Elne.

Elle succéda à un autre édifice dédié à saint Jean-Baptiste, l'église Saint-Jean-le-Vieux, construite aux XIIe et XIIIe siècles (consacrée en 1246), qui subsiste à son flanc nord. Cette église, siège de la paroisse primitive de Perpignan créée en 1025, devint le siège d'une communauté de chanoines augustins en 1102.

Dès 1230, la chapellenie majeure de cette communauté fut unie au siège épiscopal d'Elne. En 1324, alors que Perpignan était la capitale du royaume de Majorque, le roi Sanche lança le chantier du nouvel édifice qui, s'il n'était pas la cathédrale en titre du diocèse, n'avait pas moins l'ambition de le devenir.

  • Plaque commémorative de la pose de la première pierre : LAPIS PRIMUS (1324).
    Plaque commémorative de la pose de la première pierre : LAPIS PRIMUS (1324).
  • et de la deuxième pierre : LAPIS II (1324).
    et de la deuxième pierre : LAPIS II (1324).

Pour remplacer le cimetière situé au sud de Saint-Jean-le-Vieux, dont l'espace devait être occupé par la nouvelle construction, on avait commencé dès 1298 par construire un vaste cloître-cimetière situé plus au sud, au détriment d'un espace déjà urbanisé.

La nouvelle église devait comporter trois nefs, sans transept et un chevet simple à trois absides, les bas-côtés étant flanqués de chapelles. Le chantier lancé en 1324 ne connut une activité soutenue que durant moins de vingt ans, l'absidiole sud du chevet étant la seule partie atteignant une certaine hauteur de construction, grâce aux libéralités de la sœur du roi, Sancia de Majorque, reine consort de Naples.

Dès 1344 en effet, ce fut la fin du petit royaume, et quatre ans plus tard, les ravages de la peste noire mirent un coup d'arrêt à l'entreprise. Pendant plus de soixante ans, le chantier n'avança que très peu ou pas du tout. C'est sous l'épiscopat de Jérôme d'Ocon, au début du XVe siècle, que la construction reprit, semble-t-il, sous l'impulsion de Galceran Albert, administrateur du diocèse. Le maître d'œuvre de l'édifice était alors le majorquin Guillem Sagrera, cité comme tel en 1416 et qui assuma ces fonctions malgré son retour à Majorque en 1422.

En 1436, Galceran Albert, parvenu à l'épiscopat, changea, sans doute selon le projet de Sagrera, le plan de l'édifice projeté : la construction fut réduite à une seule nef, de grandes largeur (18 m) et hauteur (26 m), flanquée de chapelles entre contreforts qui remplacèrent les bas-côtés initialement prévus. Ce choix traduisait le désir d'une édification plus facile et moins coûteuse, en même temps qu'il était un choix esthétique en faveur de la nef unique qui s'est imposée depuis la fin du XIIIe siècle comme la formule-type des grandes églises dans le domaine méridional.

La construction suivit à partir de ce moment un rythme régulier, progressant d'ouest en est : c'est au cours la première occupation française du Roussillon, entre 1490 et 1493, que le sanctuaire fut voûté. La première messe fut célébrée en 1504, alors que l'édifice était solennellement consacré le , cent quatre-vingt-cinq ans après la pose de sa première pierre.

  • Partie supérieure de la façade occidentale de style Mudéjar.
    Partie supérieure de la façade occidentale de style Mudéjar.
  • Le portail.
    Le portail.
  • Vue du chevet depuis le Campo Santo.
    Vue du chevet depuis le Campo Santo.
  • Vue de la nef centrale.
    Vue de la nef centrale.
Plan de la cathédrale.
Congrès archéologique de France, 1906.

Description

La cathédrale actuelle est de style gothique méridional : large nef unique (80 mètres de longueur, 18 de large, 26 de hauteur) de sept travées s'ouvrant sur un transept et une vaste abside à sept pans.

La façade occidentale ne semble pas avoir été achevée. Un porche a été construit en 1630-1631, en même temps que le parvis devant l'église était clos d'une balustrade et orné des statues de la Patrie et de la Fidélité (statues disparues au XVIIIe s., parvis détruit vers 1900). Lors des restaurations des XIXe et XXe siècles, une fenêtre de style gothique percée dans la façade remplaça la grande baie rectangulaire que l'on peut voir sur d'anciennes cartes postales. L'actuelle tour de l'horloge, XVIIIe siècle, fut construite en 1743 avec son campanile.

Le mobilier de la cathédrale est riche. Parmi les nombreuses pièces : le retable du maître-autel (XVIe au XIXe siècle, qui eut une histoire mouvementée), le retable de Nostra Senyora de la Mangrana (XVe siècle), l'orgue (dont l'origine remonte à 1504 : les panneaux peints et la décoration remontent à cette date), les vitraux néo-gothiques (deuxième moitié du XIXe siècle), le Dévot Christ du XIVe siècle (exposé dans la chapelle du même nom, attenante à la cathédrale et dont l'origine remonte au XVIe siècle).

Le Campo Santo

Bas-relief funéraire de Bernat Miafre (représente le Jugement dernier).

Attenant au côté sud de l'édifice, le Campo Santo (ou cloître Saint-Jean) était le cimetière urbain de Perpignan. Il est d'ailleurs la plus ancienne construction de ce type subsistant en France. Sa construction débuta selon toute vraisemblance au tout début du XIVe siècle (voire à la fin du XIIIe), et s'étala durant toute la première moitié du XIVe.

Après la Révolution, les cimetières étant déplacés hors les murs, l'espace fut utilisé pour la construction du Grand Séminaire diocésain (1825). La galerie ouest du cloître fut détruite. Il fallut attendre 1984 pour que la décision fût prise par le conseil général des Pyrénées-Orientales de dégager l'emprise du cloître. La restauration s'acheva en 1991.

Il ne reste plus aujourd'hui que les enfilades d'enfeus des murs de clôture nord, est et sud. De plus, cinq enfeus du côté ouest ont pu être rétablis lors des restaurations. On voit de nombreux éléments de sculptures (pierres funéraires, bas reliefs) intégrés dans les parois de ces enfeus. La chapelle funéraire s'ouvre dans le côté est. Les galeries à claire-voie, très simples (poteaux en bois portant la couverture, avec des piliers aux angles), qui entouraient le cloître ont disparu au début du XIXe siècle, et lors du déblaiement du site quelques éléments en provenant ont été retrouvés et transportés au couvent des Minimes de Perpignan pour les entreposer.

Chapelle du Dévot-Christ

La chapelle du Dévot-Christ a été construite en 1534 entre la cathédrale et le cloître Saint-Jean en profitant de l'espace délaissé entre le mur du cloître et la cathédrale réduite en largeur par le changement de plan en 1436, pour y placer ce crucifix en 1543. Cette sculpture a longtemps été supposée être une œuvre espagnole datée de 1529 à partir d'un document du chapitre de la cathédrale. La relecture de ce document a montré que cette date correspondait à une restauration de l'œuvre. Une thèse avait été soutenue par Frederick B. Deknatel (en), à partir des ressemblances de ce Christ avec des crucifix de Westphalie et de la région rhénane, en particulier avec celui de l'église Sainte-Marie-du-Capitole de Cologne, daté de 1304.

Le , on a découvert des reliques dans une cavité aménagée dans le dos du Christ. On y a trouvé un papier détérioré portant des écritures caractéristiques du XIVe siècle. Les services de la Direction des archives ont pu lire : Anno D(om)ni M°CCC° sept(imo) die s(anct)i Mauricii et so(ciorum) (ejus) (po)site fuerunt (hic) reliq(uie) (iste).

L'analyse de cette sculpture a pu montrer que la forme initiale de la sculpture ressemblait avec celle de Cologne. Le Christ était initialement cloué sur deux branches d'arbre courbes partant du tronc qui ont été remplacées par une traverse horizontale.

Cette découverte a pu confirmer que ce Christ date de 1307 et qu'il vient probablement de Rhénanie. Il serait arrivé à Perpignan en 1528 sans que l'on puisse dire comment[1] - [2].

  • Dévot Christ de Perpignan (1307).
    Dévot Christ de Perpignan (1307).
  • Christ de l'église Sainte-Marie-du-Capitole (1304).
    Christ de l'église Sainte-Marie-du-Capitole (1304).

Les orgues

La cathédrale possède un orgue de tribune et un orgue de chœur.

L'orgue de tribune

Cul-de-lampe.

L'orgue de tribune est installé en nid d'hirondelle au milieu de la nef.

Le buffet, de style gothique flamboyant hispanique date de la toute fin du XVe siècle ; le facteur n'en est pas connu. Une particularité en est la tête de Maure qui orne son point le plus bas, suspendue au « cul-de-lampe ».

Plusieurs instruments se sont succédé dans ce buffet : le premier, modifié par les facteurs Eustache, père et fils, puis celui de Jean de Joyeuse, plus tard modifié par Christophe Moucherel puis Jean Pujol, enfin l'instrument actuel, par Aristide Cavaillé-Coll, entre 1854 et 1857, qui supprime le positif de dos.

Les transmissions sont mécaniques, avec deux machines Barker.

Composition

I. Bombarde
56 notes
Flûte 16'
Bourdon 16'
Bourdon 8'
Flûte harmonique 8'
Prestant 4'
Flûte octaviante 4'
Octavin 2'
Cornet V
Bombarde 16'
1re Trompette 8'
2e Trompette 8'
Clairon 4'
II. Grand-Orgue
56 notes
Montre 16'
Bourdon 16'
Gambe 16'
Bourdon 16'
Montre 8'
Gambe 8'
Bourdon 8'
Prestant 4'
Octave 4'
Doublette 2'
Fourniture V
Cymbale IV
Trompette 8'
Clarinette 8'
Clairon 4'
III. Positif
56 notes
Quintaton 16'
Montre 8'
Bourdon 8'
Salicional 8'
Prestant 4'
Dulciane 4'
Quinte 2 2/3'
Doublette 2'
Plein-jeu III
Trompette 8'
Cromorne 8'
Clairon 4'
IV. Récit expressif
56 notes
Flûte harmonique 8'
Violoncelle 8'
Quintaton 8'
Voix céleste 8'
Flûte octaviante 4'
Viole 4'
Octavin 2'
Cornet V
Trompette 8'
Basson-Hautbois 8'
Cor anglais 8'
Voix humaine 8'
Pédale
30 notes
Quintaton 32'
Flûte 16'
Flûte 8'
Flûte 4'
Bombarde 16'
Basson 16'
Trompette 8'
Clairon 4'

L'orgue de chœur

Également construit par Cavaillé-Coll, l'instrument ne possède pas de jeu de pédale indépendant.

Composition

I. Grand-Orgue
56 notes

----

Bourdon 16'
Principal 8'
Bourdon 8'
Prestant 4'
Plein-Jeu ??
Trompette 8'
Clairon 4'
II. Récit
56 notes

----

Flûte traversière 8'
Viole de gambe 8'
Voix céleste 8'
Flûte octaviante 4'
Octavin 2'
Basson-Hautbois 8'
Voix humaine 8'
Pédale
30 notes

----

Aucun jeu indépendant

Les cloches

Brian Swager au clavier du carillon Bollée (1878) de la cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Perpignan.

La cathédrale de Perpignan est dotée d'un carillon de 46 cloches fondues en 1878 par la fonderie Amédée Bollée du Mans[3]. Le carillon est installé dans le clocher de l'église Saint-Jean-le-Vieux, mitoyen de la cathédrale. En 1996, le carillon, propriété de l’État, a été restauré par l’entreprise France carillons d’Hérépian. Depuis, les carillonneurs, nommés par ordonnances épiscopales, sont chargés de mettre en valeur cet instrument, tant sur le plan cultuel que culturel.

Ce carillon constitue le deuxième ensemble campanaire de la région Languedoc-Roussillon après celui de l'église Saint-Vincent de Carcassonne. Couvrant quatre octaves, le carillon est doté d'un clavier de type « coup de poing » permettant de jouer des airs traditionnels profanes ou religieux. Outre lors des grandes fêtes religieuses (Pâques, Noël, Ascension, Pentecôte, Assomption et Toussaint), le carillon est régulièrement utilisé, notamment le samedi après-midi. Parmi ces quarante-six cloches, quatre peuvent sonner en volée (rétro-équilibrée) et sont utilisées pour les offices religieux. Le bourdon pèse 1,63 tonne, mesure 137,7 cm de diamètre et donne la note ré3. Le carillon de Perpignan est classé Monument historique en 1990[4].

La cathédrale est également dotée d'un petit carillon pour l'horloge, situé dans un campanile en fer forgé au sommet de la tour du beffroi, sur la droite de la façade principale. Les cloches sont sonnées par tintements. Le bourdon mesure 202 cm de diamètre et pèse près de 5 tonnes, fondu en 1418 c'est une des plus anciennes et des plus grosses cloches de la région. Il est surmonté d'une cloche plus petite, qui sonne les quarts.

Mobilier

Le , quelques objets liturgiques ont été volés au cours de la nuit[5]. La majorité des pièces ne remontaient qu’au XIXe siècle.

Notes et références

  1. Francis Salet, Le « Dévot Crucifix » de Perpignan, dans Bulletin Monumental, 1953, tome 111, no 3, p. 276-278 (lire en ligne)
  2. Marcel Durliat, Le Dévot Christ de Perpignan, dans Congrès archéologique de France. 112e session. Le Roussillon. 1954, Société française d'archéologie, Paris, 1955, p. 99-102.
  3. Chants des cloches, voix de la terre, Les Presses du Languedoc, p. 241-246.
  4. le carillon de Perpignan sur le site de la mairie
  5. Article du Figaro sur le vol


Annexes

Sources et bibliographie

Par ordre chronologique de parution :

  • « Cathédrale de Perpignan », dans Congrès archéologique de France. 73e session. À Carcassonne et Perpignan. 1906, Société française d'archéologie, Paris, 1907, p. 109-113 (lire en ligne)
  • Albert Mayeux, « Disposition de la toiture de la cathédrale de Perpignan », dans Congrès archéologique de France. 73e session. À Carcassonne et Perpignan. 1906, Société française d'archéologie, Paris, 1907, p. 656-658 (lire en ligne)
  • Pierre Ponsich, « La cathédrale Saint-Jean de Perpignan », dans Congrès archéologique de France. 112e session. Le Roussillon. 1954, Société française d'archéologie, Paris, 1955, p. 51-86
  • Marcel Durliat, « Le mobilier de la cathédrale de Perpignan », dans Congrès archéologique de France. 112e session. Le Roussillon. 1954, Société française d'archéologie, Paris, 1955, p. 87-98
  • Marcel Durliat, Roussillon roman, Saint-Léger-Vauban, Zodiaque, coll. « La Nuit des temps » (no 7), 1986 (4e édition), 321 p. (ISBN 978-2-7369-0027-4 et 2-7369-0027-8)
  • Sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos, Le guide du patrimoine Languedoc Roussillon, Hachette, Paris, 1996, p. 430-431-434, (ISBN 978-2-01-242333-6)
  • Collectif, Études roussillonnaises : Revue d'histoire et d'archéologie méditerranéennes, t. XIX : L'Ensemble cathédral Saint-Jean-Baptiste de Perpignan, Canet-en-Roussillon, Les Amis du Vieux Canet,
  • Géraldine Mallet, Églises romanes oubliées du Roussillon, Montpellier, Les Presses du Languedoc, , 334 p. (ISBN 978-2-8599-8244-7)

Articles connexes

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