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Catastrophe de Martelange

La catastrophe de Martelange est survenue le lundi à Martelange (un village de la province de Luxembourg, dans le sud de la Belgique) et à Rombach, le village luxembourgeois voisin rattaché à l'époque à la commune de Perlé (Rambrouch depuis 1979) formant un continuum bâti avec le premier.

Catastrophe de Martelange
L'endroit de l'accident: le pont de la Sûre.
L'endroit de l'accident: le pont de la Sûre.

Type Accident de circulation
Pays Drapeau de la Belgique Belgique, Drapeau du Luxembourg Luxembourg
Localisation Martelange, Rombach
CoordonnĂ©es 49° 50â€?nbsp;01â€?nbsp;nord, 5° 44â€?nbsp;21â€?nbsp;est
Date
Bilan
Blessés 47 blessés
Morts 22 morts

GĂ©olocalisation sur la carte : Belgique
(Voir situation sur carte : Belgique)
Catastrophe de Martelange
GĂ©olocalisation sur la carte : Luxembourg
(Voir situation sur carte : Luxembourg)
Catastrophe de Martelange

Un camion rempli de 47 000 litres de GPL rate un virage terminant une longue et sinueuse descente sur l'axe principal du village, la route nationale 4, et s'encastre dans le parapet droit du pont de la SĂ»re, la rivière locale. Le camion explose en plein cĹ“ur des deux villages, dĂ©truisant plusieurs maisons et allumant des dizaines d'incendies[1].

L'accident a fait 22 morts et 47 blessĂ©s et est l'une des principales catastrophes de l'annĂ©e 1967 en Belgique, annĂ©e particulièrement dramatique dans le Royaume, marquĂ©e notamment par l'incendie de l'Innovation, celui du Val Vert ou par l'accident ferroviaire de Fexhe-le-Haut-Clocher.

Contexte

La N4 à Martelange fait office de frontière entre la Belgique et le Luxembourg et abrite dès lors de nombreuses stations-service, côté Rambrouch.

Martelange (Belgique) et Rombach (Luxembourg) sont deux petits villages formant un continuum bâti, nichés au fond de la vallée créée par la Sûre, la route nationale belge no 4 faisant office de frontière entre les deux entités et entre les deux pays.

De par les taxes sur le carburant et les produits de luxe qui sont bien moins élevées au Luxembourg qu'en Belgique, la route est jalonnée, sur son côté oriental (donc luxembourgeois), de stations-service proposant à prix grand-ducaux, le carburant, les alcools et le tabac notamment.

Ă€ l'Ă©poque, la « nationale 4 Â» est l'unique grand axe reliant le centre de la Belgique (Bruxelles et Namur), et l'au-delĂ , au sud (Bastogne, Arlon puis Luxembourg-ville) (les autoroutes E42 et E411 n'existant pas encore Ă  ce moment-lĂ ). Elle est en effet Ă  quatre voies sur la majoritĂ© de son tronçon, sauf lors de la traversĂ©e de certains villages de l'Ardenne belge, comme Martelange par exemple. Elle est donc très frĂ©quentĂ©e et ce par tous types de vĂ©hicules, y compris les camions. Traversant le massif ardennais c'est une route rĂ©putĂ©e pour ses montĂ©es et descentes sinueuses et sa dangerositĂ© en pĂ©riode hivernale, vu le climat de la rĂ©gion.

L'accident

Vue de la descente de la nationale 4 depuis Bastogne vers Martelange avec le pont de la Sûre en contrebas, où l'accident eut lieu.

Le lundi , vers 11 h 50, un camion citerne de la sociĂ©tĂ© Cargaz rempli de 47 000 litres de GPL, entame sa descente dans Martelange par la N4. Il a pour destination la France et est en provenance des Pays-Bas via Bastogne. ArrivĂ© en bas de la sinueuse pente le poids lourd rate le virage Ă  l'entrĂ©e du village pour une raison inconnue. Les causes avancĂ©es sont une vitesse excessive, une anomalie des freins ou une distraction du chauffeur mais rien ne sera jamais Ă©tabli avec certitude. Il en rĂ©sulte que le semi-remorque s'encastre dans le pont de la SĂ»re, la rivière locale, et explose en quelques secondes.

La dĂ©flagration des 47 000 litres de GPL souffle des dizaines de maisons et allume autant d'incendies. La citerne du camion est projetĂ©e Ă  400 mètres de lĂ  et retombe sur le toit d'un atelier, rue de la Hardt. La cabine est catapultĂ©e sur la station service Aral, Ă  60 mètres de l'autre cĂ´tĂ© du pont, dans le village voisin de Rombach, au Grand DuchĂ©. Cette dernière s'embrase et explose Ă©galement, entrainant un effet domino enflammant d'autres stations et d'autres maisons aux alentours. Une voiture situĂ©e non loin, s'enflamme instantanĂ©ment et les secours en retireront quatre cadavres calcinĂ©s. La plupart des maisons du village ont leurs vitres brisĂ©es ou leurs toitures soufflĂ©es. Les blessĂ©s se comptent par dizaines, autant que les corps jonchant le sol.

Les pompiers sont prévenus à 12 h 5. C'est la caserne d'Arlon qui couvre le territoire de Martelange. Comme le village se situe juste à cheval sur la frontière avec le Grand-Duché de Luxembourg (la nationale 4 en faisant office), les premiers secours à arriver sur place sont luxembourgeois, provenant de Perlé. Dès leur arrivée, les premiers pompiers comprennent qu'ils sont face à une catastrophe de très grande ampleur. Ils sont renforcés par treize services d'incendie différents : les corps belges d'Athus, d'Arlon, de Bastogne, d'Étalle, de Neufchâteau et de Virton ainsi que leurs collègues luxembourgeois de Diekirch, Differdange, Ettelbruck, Luxembourg, Perlé, Redange-sur-Attert et Steinfort.

Bilan

Plaque commémorative sur le pont de la Sûre.

Bilan humain

Vingt-deux personnes meurent dans cette catastrophe, dont le conducteur du camion, et 47 sont blessées[2].

Bilan matériel

Tout le centre du village ainsi que celui de Rombach (le village jouxtant Martelange mais côté luxembourgeois, donc de l'autre côté de la route), fut détruit, soit par le souffle des explosions du camion et des stations services, soit par le feu.

Les causes

Les causes ne sont pas connues. On avance une défaillance des freins du camion, une vitesse excessive ou une distraction du conducteur, mais ce n'est que spéculation, les indices étant presque tous calcinés et le chauffeur décédé.

Les conséquences

L'une des deux voies de détresse installées dans la descente nord de la nationale 4, vers le village.

L'entrée du village en venant de Bastogne fut équipée à deux reprises de dispositifs permettant l'arrêt d'urgence d'un camion dont les freins seraient défaillants. Ce sont deux bandes de gravier et de sable le long de la route dans le sens de la descente, conçues pour qu'un camion s'y enfonce et s'y arrête avant le village.

La N4 a été modifiée à l'entrée nord du village, en haut de la côte, en élargissant un virage. On ne passe donc plus devant le monument du sanglier mais bien derrière.

C'est à la suite de cette catastrophe que s'accéléra la professionnalisation des pompiers de la province de Luxembourg. La caserne d'Arlon fut la première à franchir le pas en 1967 puis ce fut au tour de celle de Marche-en-Famenne, qui devinrent tous deux des corps de classe Y. Il fallut attendre la fin des années 1990 pour que, petit à petit, d'autres casernes plus modestes emboitent le pas. Elles sont aujourd'hui toutes réunies sous la tutelle de la Zone de secours Luxembourg, qui couvre tout le territoire provincial et compte environ 200 pompiers professionnels en 2017, ainsi que 500 pompiers volontaires.

Notes et références

Bibliographie

  • AndrĂ© Lefèvre et Guy de Pierpont, Les combattants du feu en Belgique, Tome II
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