Carry trade
Le carry trade ou lâopĂ©ration spĂ©culative sur Ă©cart de rendement[1] est une technique financiĂšre trĂšs employĂ©e sur le Forex, et qui consiste Ă profiter des Ă©carts de rendement entre diffĂ©rents types d'actifs. Le carry trade n'est pas un arbitrage, car un arbitrage parfait est certain de gĂ©nĂ©rer un profit au dĂ©nouement. Le carry trade ne gĂ©nĂšre un profit que si le diffĂ©rentiel de rendement ne s'inverse pas. En français on utilise l'expression carry trade essentiellement pour les opĂ©rations de devises.
Carry trade sur devises (utilisant plusieurs devises)
Le carry trade sur devises (currency carry trade) est une spĂ©culation sur taux d'intĂ©rĂȘt.
Les acteurs qui ont recours au carry trade sont nombreux : institutionnels d'une part (Hedge funds, Ătats) et privĂ©s d'autre part (entreprises, spĂ©culateurs). La finalitĂ© du carry trade est de jouer sur un diffĂ©rentiel de taux d'intĂ©rĂȘt entre deux pays, et donc entre deux devises : le principe de base du carry trade est donc de s'endetter dans une devise Ă faible taux d'intĂ©rĂȘt et Ă placer ces fonds empruntĂ©s dans une autre devise Ă taux d'intĂ©rĂȘt plus fort.
Les cambistes classent ainsi les devises en 2 catégories : les devises de Funding et les devises de Carry[2]. Avec la crise des subprimes, les Banques centrales ont modifié fortement leurs taux directeurs et certaines devises sont passées d'une catégorie à l'autre.
Les devises de Funding
Ce sont ici les devises Ă faible taux d'intĂ©rĂȘt, qui servent Ă emprunter. Historiquement, la devise qui a Ă©tĂ© la plus utilisĂ©e dans cette catĂ©gorie est le yen japonais. En raison de la crise japonaise (stagnation) des annĂ©es 1990, le taux directeur de la Bank of Japan est restĂ© trĂšs bas pendant de nombreuses annĂ©es, Ă 0,5 %. Et Ă la suite de l'aggravation de la situation financiĂšre, Ă cause de la crise des subprimes, il a encore Ă©tĂ© abaissĂ© Ă 0,3 % le , puis Ă 0,1 % le .
Le dollar a également fait partie de cette catégorie car la Banque centrale américaine, la Federal Reserve, a notamment, aprÚs le , baissé drastiquement son principal taux directeur. Ce dernier se situe dans une plage de 0 % à 0,25 % entre 2009 et 2016. Pendant cette période, emprunter des dollars est donc quasiment gratuit. Elle a néanmoins commencé à remonter ses taux à partir de mars 2022.
Entre mars 2009 et août 2018, on retrouve la livre sterling puisque le taux directeur, décidé par la Banque d'Angleterre a chuté jusqu'à 0,25 % (tout en restant inférieur à 1 %).
Les devises de Carry
Ce sont les devises Ă fort taux d'intĂ©rĂȘt, qui servent Ă placer. On trouve le plus souvent ici les devises des pays Ă©mergents car ceux-ci cherchent Ă attirer les capitaux Ă©trangers. C'est, par exemple, le cas de la livre turque, du rand sud-africain, du dollar nĂ©o-zĂ©landais ou du forint hongrois.
Avant l'apparition de la crise des subprimes en , le dollar, avec un taux directeur Ă 5,25 %, Ă©tait une devise de Carry. Il en Ă©tait de mĂȘme pour la livre sterling dont le taux directeur Ă©tait montĂ© jusqu'Ă 5,75 % le .
Les investisseurs ont ainsi tendance Ă vendre des yens en grande quantitĂ©, pour profiter des Ă©carts de taux d'intĂ©rĂȘt avec les devises de Carry. Cette vente de yen entraĂźne bien entendu une dĂ©prĂ©ciation de la monnaie japonaise.
L'Islande fut une destination privilĂ©giĂ©e pour les spĂ©culateurs dans les annĂ©es 2000 jusqu'Ă l'Ă©clatement de la bulle immobiliĂšre aux Ătats-Unis, qui provoqua une crise boursiĂšre affectant particuliĂšrement les banques islandaises, les rendant de fait insolvables. Les forts taux d'intĂ©rĂȘt de la Banque centrale d'Islande avaient encouragĂ© de nombreux EuropĂ©ens Ă y placer leur Ă©pargne.
Carry trade sur taux dâintĂ©rĂȘt (sur une seule devise)
Le meilleur exemple de carry trade sur taux dâintĂ©rĂȘt est la transformation [transformation bancaire ou (en) maturity transformation[3]], qui est le cĆur de mĂ©tier des banques de rĂ©seau : utiliser les dĂ©pĂŽts des Ă©pargnants (ressource gratuite ou de trĂšs faible coĂ»t) ou emprunter Ă bas taux (taux interbancaire, ou taux de la Banque Centrale...) et prĂȘter Ă plus long terme Ă un taux plus Ă©levĂ© (plus Ă©levĂ© que le taux court Ă terme si la courbe des taux n'est pas inversĂ©e...).