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Caroline Spurgeon

Caroline Eleanor Frances Spurgeon , nĂ©e le dans la province du Pendjab de l'Empire des Indes britanniques et morte le Ă  Tucson, Arizona est une critique littĂ©raire anglaise, connue pour avoir Ă©tĂ© la première femme professeur d'universitĂ© Ă  Londres, et la deuxième en Angleterre. Elle fut la première universitaire angliciste, et la première Ă  ĂŞtre pleinement acceptĂ©e comme telle en Angleterre.

Caroline Spurgeon
Photographie de Caroline Spurgeon extraite d'une publication de 1920.
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signature de Caroline Spurgeon
Signature
Vue de la sépulture.

Biographie

Caroline Spurgeon naĂ®t en 1869 au Pendjab, fille d'un officier britannique de l'ArmĂ©e de l'Inde, le capitaine Christopher Spurgeon. Sa mère meurt Ă  sa naissance et son père cinq ans plus tard. Elle passe sa jeunesse en France et en Allemagne. Elle a peut-ĂŞtre frĂ©quentĂ© le Cheltenham Ladies' College mais son nom n'apparaĂ®t pas sur le registre des Ă©lèves[1]. Elle poursuit ses Ă©tudes au King's College et Ă  l'University College de Londres. Ă€ partir de , elle donne des confĂ©rences de LittĂ©rature anglaise Ă  Londres. En 1901, elle intègre le Bedford College et en 1913 obtient la chaire de littĂ©rature anglaise nouvellement crĂ©Ă©e[2].

Elle est une spĂ©cialiste de Geoffrey Chaucer Ă  qui elle consacre en 1911 Ă  Paris une thèse rĂ©digĂ©e en français, sous la direction d'Émile Legouis, intitulĂ©e Chaucer devant la critique, publiĂ©e en 1929, Ă  Londres sous le titre 500 years of Chaucer criticism and allusion (500 ans de critiques et d'allusions Ă  Chaucer). En 1912, elle bĂ©nĂ©ficie de la première bourse d'Ă©tudes attribuĂ©e par la British Federation of University Women[3].

En 1936, elle s'installe à Tucson, en Arizona, où elle meurt six ans plus tard, le jour de son soixante-treizième anniversaire, des complications d'une artériosclérose cérébrale[4]. Après la Seconde Guerre mondiale, son amie Virginia Gildersleeve de New York, elle aussi professeure de lettres, fait déplacer ses cendres pour les déposer à côté de la tombe de son ancienne compagne Lilian Mary Clapham (1871-1935) à l'église paroissiale d'Alciston, au Royaume-Uni[5].

Activités scientifiques et engagements institutionnels

Activités en faveur des femmes universitaires

Grâce aux rĂ©seaux qu'elle met en place avec la British Federation of University Women et ses collègues homologues fĂ©minines aux États-Unis plus progressistes, elle parvient Ă  dĂ©crocher des postes clefs dans le domaine des Ă©tudes anglicistes alors en pleine restructuration en Grande-Bretagne (par exemple, Ă  l'English Association) ainsi que dans le lancement de la filière universitaire d'Ă©tudes de littĂ©rature anglaise Ă  l'universitĂ© de Londres. Ses activitĂ©s variĂ©es au sein de son propre dĂ©partement, lui font prendre une part active Ă  la renaissance de la critique littĂ©raire des annĂ©es 1920 et du dĂ©but des annĂ©es 1930. Elle est une militante active en faveur de l'accès des femmes aux diplĂ´mes universitaires. Elle plaide pour l'accueil des femmes Ă©trangères en plus grand nombre dans les universitĂ©s britanniques. Sa propre nomination Ă  une chaire d'enseignement a marquĂ© un tournant dans l'histoire des femmes dans l'enseignement supĂ©rieur[3].

Études sur Geoffrey Chaucer

La thèse de doctorat qu'elle soutient Ă  Paris en 1911, Chaucer devant la critique en Angleterre et en France depuis son temps jusqu'Ă  nos jours, qu'elle publiera par la suite en anglais en trois volumes sous le titre Five Hundred Years of Chaucer Criticism and Allusion, 1357–1900, lui assure une place durable dans l'histoire des Ă©tudes savantes consacrĂ©es Ă  cet auteur moyen anglais. Cette Ă©tude dĂ©voile Ă  ses collègues la riche tapisserie de l'impact littĂ©raire du père de la poĂ©sie anglaise[6].

Études sur William Shakespeare

En 1935, elle rĂ©dige une Ă©tude pionnière sur l'usage des images dans l'Ĺ“uvre de  William Shakespeare, intitulĂ©e Shakespeare's Imagery, and what it tells us (L'Imagerie shakespearienne et ce qu'elle nous enseigne). Cet ouvrage fait l'objet de  plusieurs rĂ©Ă©ditions. Elle y analyse les diffĂ©rents types d'images et de motifs que le poète utilise dans ses pièces. Elle montre aussi qu'il y a un ou plusieurs groupes d'images dans chacune des grandes pièces, par exemple, les images de maladies ou de blessures dans Hamlet, ou d'ombres et de lumières dans RomĂ©o et Juliette.

En voici quelques exemples :

  • Images maritimes : "Sailing in this salt flood; the winds, the sighs ... will overset thy tempest-tossed body" (RomĂ©o et Juliette)
  • Images vestimentaires : par exemple "Why do you dress me in borrowed robes" (Macbeth)
  • Images colorĂ©es : "this my hand will rather The multitudinous seas incarnadine, Making the green one red." (Macbeth)
  • Images de jardinage: "Hang here like a fruit, my soul, till the tree die." (Cymbeline)

En plus d'aider à comprendre le sens de la pièce, cette étude donne un aperçu de l'état d'esprit du poète en montrant quelles idées lui viennent lorsqu'il a besoin d'une expression poétique, donnant ainsi quelques indices sur ses origines, son éducation, sa position sociale.

Elle permet aussi souvent de distinguer son style de celui d'autres auteurs, et est donc un instrument essentiel pour rétablir la paternité de textes d'origine incertaine pour réfuter par exemple une théorie selon laquelle Francis Bacon aurait été le véritable auteur des pièces de Shakespeare. Une comparaison statistique entre les champs d'imagerie des deux auteurs montre en effet des différences révélatrices[7].

Elle reçoit le prix Rose Mary Crawshay en 1936[8].

Références

  1. (en) John H. Schwarz, « Spurgeon, Caroline Frances Eleanor (1869–1942) », dans Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, (lire en ligne) Inscription nécessaire
  2. Renate Haas, « Caroline F. E. Spurgeon (1869–1942). First Woman Professor of English in England », in Jane Chance (dir.), Woman Medievalists and the Academy, Madison, University of Wisconsin Press, 2005, p. 99–109.
  3. Juliette Dor, « Caroline Spurgeon (1869–1942) and the Institutionalisation of English Studies as a Scholarly Discipline », PhiN, no 4,‎ , p. 55–66 (lire en ligne, consulté le ).
  4. John H. Schwarz, « Spurgeon, Caroline Frances Eleanor (1869–1942) », Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, 2009 [lire en ligne].
  5. « Issue 19 . Summer 2006 », sur Brighton Ourstory (consulté le )
  6. Dor, Juliette (2007): "Caroline Spurgeon and Relationships to Chaucer. The Text of her Viva Presentation at the Sorbonne" in Summerfield, Thea and Keith Busby, eds.: People and Texts: Relationships in Medieval Literature, Studies Presented to Erik Kooper. Amsterdam, Rodopi. 87–98
  7. Schabert, Ina (2005): "A Double-Voice Discourse: Shakespeare's Studies by Women in Early 20th Century" in Kauko, Miriam, Sylvia Mieszkowski and Alexandra Tischel, eds., Gendered Academia. Wissenschaft und Geschlechterdifferenz 1890–1945. Göttingen, Wallstein. 255–77.
  8. (en) « The Rose Mary Crawshay Prize, list of winners 1916-1999 »

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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