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Carnaval de Binche

Le carnaval de Binche est un des plus anciens carnavals de Belgique. Il a été reconnu en 2003, par l'UNESCO comme chef-d'œuvre du patrimoine oral et immatériel de l'humanité. Il est repris parmi les chefs-d’œuvre du Patrimoine oral et immatériel de la Fédération Wallonie-Bruxelles depuis 2004 et a été élevé au rang d’officier du Mérite wallon, le 23 février 2017.

Le carnaval de Binche *
Image illustrative de l’article Carnaval de Binche
Binche, « Gilles portant leur masque de cire »
Pays * Drapeau de la Belgique Belgique
Liste Liste représentative
Année d’inscription 2008
Année de proclamation 2003
* Descriptif officiel UNESCO

Les festivitĂ©s se dĂ©roulent en deux parties : le carnaval proprement dit et l'avant-carnaval, temps des « soumonces ». Le carnaval commence 49 jours avant Pâques et les soumonces six semaines avant les trois « jours gras ».

Le carnaval « de type binchois » se célèbre dans toute la Région du Centre, mais c'est à Binche qu'il demeure le plus codifié et le plus traditionnel. Les personnages principaux en sont les Gilles, qui dansent au son des 26 airs traditionnels du carnaval, sons qui sont joués par une batterie (sorte de petite fanfare) composée de cuivres, de tambours (en général, on compte six tamboureurs par batterie) et d'une grosse caisse (parfois deux dans d'autres villes).

Contrairement à leurs homologues des villages environnants, les Gilles binchois ne sortent que le Mardi-Gras et doivent respecter certaines coutumes (ne pas se déplacer sans l'accompagnement d'au minimum un joueur de tambour, ne pas s'asseoir en public, ne jamais être soûls, être obligatoirement Binchois d'origine, d'autres contraintes existent).

Les autres personnages, qui forment les sociétés dites « de fantaisie », sont l'Arlequin (enfants de l'Athénée royal de Binche), le Paysan (enfants du Collège Notre-Dame de Bon secours), le Pierrot (enfants du Petit Collège anciennement 'École des Frères') et le Marin, société recréée pour le carnaval 2018. D'autres sociétés de fantaisie ont participé aux cortèges du Mardi-Gras d'antan et ont disparu ( Princes d'Orient, Mousquetaires, etc).

Les premières traces écrites du carnaval remontent à 1394, les festivités correspondant alors au début du carême. Le port du masque est interdit sous le régime napoléonien, aussi voit-on apparaître pour la première fois dans les textes le Gille en 1795, personnage masqué se révoltant[1].

Journées de fêtes

Départ des Gilles le Mardi gras après-midi.
Les Gilles et leurs accompagnants.
Groupe de Gilles se dirigeant vers la Grand'Place.
Les Gilles portant leur chapeau de plumes d’autruche le jour du Mardi gras.

Le carnaval de Binche se déroule tous les ans, du Dimanche Gras au Mardi gras, c'est-à-dire avant la période du carême pendant laquelle les chrétiens s'abstiennent de manger gras jusque Pâques, quarante jours plus tard.

Le carnaval en quelques chiffres

  • Nombre de participants costumĂ©s le Mardi Gras : +/- 1 000.
  • Nombre de mĂ©dailles pour les jubilaires : +/- 50 mĂ©dailles chaque annĂ©e.
  • Nombre de sociĂ©tĂ©s : 15 (11 de Gilles, les Arlequins, les Paysans, les Pierrots et les Marins).
  • Poids du chapeau : +/- kg.
  • Location du costume par le Gille au louageur : +/- 100 euros.
  • Location du chapeau et du costume par le Gille au louageur : entre 250 et 300 euros.
  • CoĂ»t de la fabrication d’un costume : +/- 600 euros.
  • CoĂ»t de la fabrication d’un chapeau : +/- 3 000 euros
  • Plumes nĂ©cessaires pour un chapeau :
    • en moyenne entre 250 et 350 petites plumes
    • pour former 12 grandes plumes, +/- 80 heures de travail.
  • Nombre de cloches sur l’apertintaille : 7 en moyenne.
  • Motifs sur le costume du Gille : +/- 150 (couronnes, lions, Ă©toiles, Ă©cussons, drapeaux).
  • Ruban pour les pèlerines, manche et pantalon : 150 mètres de ruban Ă  plisser.
  • Franges dorĂ©es sur la pèlerine : 540.
  • Oranges lancĂ©es par un Gille : entre 25 et 40 kg.
  • Airs de Gille : 26.

Répétition de batterie

Les sixième et cinquième dimanches avant le carnaval, les sociétés (groupements de Gilles ou bien des sociétés de fantaisie) se retrouvent en début de soirée et sortent, sans costume, dans les rues de Binche au son des tambours.

Soumonces en batterie

Les quatrième et troisième dimanches avant le carnaval, les sociétés dansent dans les rues de Binche, toujours au son des tambours. Chaque membre de société est chaussé de sabots de bois, porte l'« apertintaille » (ceinture de grelots), le « ramon » à la main.

Soumonces en musique

Les deux dimanches précédant le carnaval. Les instruments de cuivre font leur apparition et se mêlent au son des tambours pour jouer successivement les vingt-six airs traditionnels du carnaval. Les membres de sociétés de Gilles et des sociétés de fantaisie portent en cette occasion leur costume du Dimanche gras de l'année précédente.

Les bals de carnaval

Les trois samedis précédant le carnaval un bal costumé est organisé. Successivement les bals de la « Jeunesse Socialiste », de la « Jeune Garde Libérale » et de la « Royale Jeunesse Catholique ». Ces bals sont des bals de gala où les participants rivalisent d'ingéniosité pour préparer leurs déguisements sur les thèmes qui seront proposés par les comités respectifs. Des prix sont remis aux plus beaux costumes. La tradition, en perdition, veut que les gens non costumés soient en smoking pour les hommes, en robe de bal pour les dames. Si jusqu'au début des années 1980 la ségrégation était réelle parmi les participants en fonction de leur appartenance politique, il n'est plus question dorénavant que d'amusement et il n'est pas rare que les Binchois participent à plusieurs, voire à tous les bals de carnaval. Signe des temps, les trois « Jeunesses » se sont d'ailleurs réunies en l'association de défense du lundi gras.

Les Trouilles de Nouilles

Trouilles de Nouilles.

Aux « Trouilles du Nouilles », le lundi, six jours avant le carnaval, les habitants de Binche et de la région peuvent se promener en ville masqués. Au cours de cette mascarade, la tradition veut qu'un travesti se mette à la recherche de connaissances et les « intrigue » tant qu'elles n'ont pas deviné qui se cache sous le masque. Si elles trouvent, le malheureux devra leur payer un verre mais si elles ne parviennent pas à le « démasquer », elles s'avouent vaincues et offrent le verre de l'amitié.

Le Dimanche gras

Premier jour du carnaval. Les membres des sociĂ©tĂ©s de Gilles, et de fantaisies dĂ©ambulent, vĂŞtus d'un dĂ©guisement prĂ©parĂ© en grand secret et enfin dĂ©voilĂ© au public, dans les rues de Binche au rythme des tambours ou de celui de la « viole » (orgue de Barbarie) ; les cuivres et tambours les rejoignent l'après-midi pour le cortège. Les costumes sont de diverses inspirations (animaux, personnages stĂ©rĂ©otypĂ©s…). On retrouve bien souvent plusieurs groupes (appelĂ©s cagnottes) au sein desquels les membres portent le mĂŞme costume. Vers 15 heures, les diffĂ©rentes sociĂ©tĂ©s se reconstituent aux environs de la gare oĂą dĂ©bute le cortège : au rythme des vingt-six airs du Carnaval, on peut alors danser et s'Ă©merveiller devant l'imagination dĂ©ployĂ©e pour la fabrication des costumes (prĂ©parĂ©s quelquefois un an Ă  l'avance et tenus secret jusqu'au grand jour).

Le Lundi gras

AppelĂ© aussi « jours des enfants » ou « des jeunesses ». Les Binchois et leurs invitĂ©s se retrouvent le matin dans les rues. La « Jeunesse Socialiste » accompagnĂ©e de l'harmonie « En Avant », la « Jeune Garde LibĂ©rale » avec la fanfare « Les Chasseurs » et la « Royale Jeunesse Catholique » avec la fanfare « Les PĂ©lissiers » battent le pavĂ© au son de la « viole » (orgue de barbarie) ou sur des airs de « pas-redoublĂ©s » et cortègent de cafĂ© en cafĂ©. En gĂ©nĂ©ral, les jeunesses sont reçues chez les Ă©lus locaux qui offriront le verre de l'amitiĂ©. Tandis que, dans la plupart des cafĂ©s de la ville, les « batailles de confetti » font rage. L'après-midi, alors que certains Gilles partent se reposer pour prĂ©parer la journĂ©e du lendemain, les trois « jeunesses » accompagnĂ©es chacune d'une batterie et d'un orchestre de cuivres traditionnel prennent la direction du square de la gare oĂą, vers 19 heures, le feu d'artifice dĂ©bute sous l'Ĺ“il admiratif des badauds rassemblĂ©s en foule. Depuis quelques annĂ©es, les "Chics Types" ont refait leur rĂ©apparition.

Le Mardi gras

C'est l'apogĂ©e du carnaval. Pour de nombreux Binchois, cette journĂ©e est la meilleure de l'annĂ©e. Tout commence dès l'aube (vers 4 heures du matin) avec le ramassage ou prise de gilles. Au son de l'Aubade matinale (air de pipeau), les Gilles se rendent les uns chez les autres pour se rassembler. Ils s'accueillent mutuellement avec une coupe de champagne. Les Gilles continuent leur route, chaque groupe de gilles se dirige vers leur local oĂą ils se rĂ©unissent pour prendre leur petit dĂ©jeuner, composĂ© d'huĂ®tres et de champagne lĂ  aussi, comme le veut la tradition.En fin de matinĂ©e, Gilles, Paysans, Pierrots et Arlequins se dirigent vers la Grand-Place pour accomplir le rondeau matinal après avoir revĂŞtu un masque de cire unique, que seuls le Gille et le Paysan de Binche portent et qui symbolise l'Ă©galitĂ© de tous (sauf que le masque du Paysan ne porte pas de moustache). Les Arlequins portent eux un masque adaptĂ©, issu de la commedia dell'arte; les Pierrots entrent dans l'HĂ´tel de Ville masquĂ©s d'un loup noir. Dans l'hĂ´tel de ville, ils recevront ensuite, des mains du bourgmestre ou parfois d'un invitĂ© de marque, des mĂ©dailles qui rĂ©compensent les participations au carnaval (mĂ©dailles pour les 25 ans, 40 ans, voire plus). Après quelques danses sur les pavĂ©s et un passage au local attitrĂ©, le Gille rentre chez lui, toujours accompagnĂ© d'un tamboureur, afin de prendre un bon repas et du repos.

Vers 15 heures, les sociĂ©tĂ©s se reforment. Au son des airs du carnaval, ils se rĂ©unissent pour participer au cortège qui les emmènera de la statue du « Paysan » (lieu-dit Battignies) Ă  la Grand-Place. Pendant ce cortège, oĂą certains Gilles portent un chapeau de plumes d'autruche, des « oranges de Gille » (petites oranges sanguines que l'on appelle aussi « oranges au vin ») sont offertes Ă  la foule.

Les groupes continuent de dĂ©ambuler dans les rues de la ville jusqu'au soir (vers 21 heures). Toutes les sociĂ©tĂ©s sont alors rĂ©unies pour le rondeau final sur la place. Ă€ la lumière des feux de Bengale, les ombres se projettent sur les murs de l'hĂ´tel de ville, qui bientĂ´t s'illuminera des lueurs du feu d'artifice grandiose. Les festivitĂ©s s'achèvent alors avec l'embrasement de la devise de la ville, « PLVS OVLTRE ». Dans la ville, le cĹ“ur des Gilles continuera Ă  battre au rythme des tambours mais les batteries doivent s'arrĂŞter de jouer avant le lever du soleil, le matin du Mercredi des Cendres.

Notes et références

  1. Pierre Stéphany, La Belgique en cent coups d'œil, Lannoo Uitgeverij, , p. 37

Voir aussi

Bibliographie

  • SamuĂ«l Glotz, Le carnaval de Binche, Gembloux, Duculot, coll. « Wallonie, art et histoire » (no 26), .
  • SamuĂ«l Glotz, De Marie de Hongrie aux gilles de Binche, une double rĂ©alitĂ©, historique et mythique : introduction critique aux Triomphes de Binche cĂ©lĂ©brĂ©s du 22 au 31 aoĂ»t 1549, Bruxelles, Traditions et parlers populaires Wallonie-Bruxelles, coll. « Tradition wallonne / Catalogues et monographies 9 », , 251 p. (ISBN 2930047119)

Articles connexes

Liens externes

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