Accueil🇫🇷Chercher

Carl Stooss

Carl Stooss (né le à Berne et mort le à Graz, originaire de Berne) était un avocat pénaliste suisse. Il est considéré comme le créateur spirituel du code pénal suisse, et à ce titre, un des pénalistes suisses les plus connus.

Carl Stooss
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  84 ans)
Graz
Nom dans la langue maternelle
StooĂź (Stooss) Carl
Nationalité
Activités
Autres informations
A travaillé pour
Membre de
Archives conservées par
Archives littéraires suisses (CH-000015-0: SLA-Stoos)[1]

Biographie

Carl Stooss naît à Berne en 1849 de Sigmund Karl Stooss, boucher et membre du Conseil-exécutif du canton de Berne, et de Julie von Rümelin (de), une famille originaire du Wurtemberg[2] - [3]. Il a deux frères cadets, Max Stooss (qui devient professeur en pédiatrie à Berne) et Alfred Stooss (juriste et juge au Tribunal fédéral)[4].

Jeunesse et Ă©tudes

Il fait toute sa scolarité dans la ville fédérale et entame le droit à l'Université de Berne en 1868, de son propre aveu, « sans enclin ni vocation » (« ohne Neigung und Beruf »)[5]. Il rejoint la société d'étudiants Zofingue au semestre d'été 1868[5] et en est le président dans les années 1871-1872. Après un semestre d'études à Leipzig, puis le semestre de printemps 1869 à Heidelberg, il rentre en Suisse pour faire son école de recrues[5]. À la suite de la mort de son père en 1870, il doit remplir les fonctions de pater familias, devant subvenir aux besoins de ses frères (sa mère étant morte en 1864)[5].

Il bĂ©nĂ©ficie d'enseignements particuliers (privatissima dans le langage universitaire) auprès du professeur de droit public et pĂ©nal Adolf Samuely, qui lui donne le goĂ»t du droit pĂ©nal[5]. Il termine ses Ă©tudes en 1873 et obtient son brevet d'avocat Ă  l'âge de 23 ans[5].

Courte carrière en tant qu'avocat

Un an après avoir obtenu le brevet d'avocat, il ouvre sa propre étude à Berne, sans avoir beaucoup de clients[5]. Il est élu président du tribunal du district de Berne en 1876[5]. Après une longue préparation, il rédige sa thèse de doctorat auprès du professeur Samuely en trois semaines[6], portant sur le thème des sanctions pécuniaires[7]. Il y défend l'idée que ces sanctions sont hautement personnelles ; il s'agit là d'une nouvelle vision, car à cette époque, la majeure partie des codes pénaux cantonaux prévoit l'héritabilité de la sanction pécuniaire[6].

Carrière universitaire à Berne

Il rédige son habilitation auprès du professeur Karl Gustav König (de) en 1879 ; il enseigne en parallèle comme Privatdozent le droit de procédure civile bernois à l'Université de Berne[6].

Après la mort inattendue de son directeur de thèse, il se porte candidat à la chaire de Samuelty alors qu'il ne se disait pas prédestiné à une carrière académique[6]. Le , il est élu professeur titulaire de droit pénal, de procédure pénale, de droit constitutionnel et de procédure civile par le Conseil-exécutif du canton de Berne[6]. Sa charge de travail et ses propres doutes sur sa capacité à enseigner le poussent à aller consulter chez son ami, le neurologue Paul Charles Dubois (qui enseigne également à Berne). Ce dernier lui conseiller de prendre congé au début de 1884[8]. Stooss reprend l'enseignement au semestre d'hiver 1884/1885[8].

En 1885, il est élu juge à la Cour suprême du canton de Berne par le Grand Conseil bernois, ce qui l'oblige à démissionner de ses fonctions professorales[8]. En 1890, il est à nouveau élu professeur de droit pénal comparé suisse et fédéral à Berne.

Préparation de l'avant-projet de code pénal

Entre 1890 et 1896, il est mandaté par Département fédéral de justice et police et travaille à la réforme du droit pénal suisse et à son unification. En 1890, il présente un ouvrage de référence sur les systèmes pénaux cantonaux. Deux ans plus tard, il publie deux volumes intitulés : Les codes pénaux suisses : rangés par ordre de matières et publiés à la demande du Conseil fédéral. Enfin, en 1893, il publie l'Avant-projet de Code pénal suisse, qui forme la base du Code pénal suisse entré en vigueur en 1942. Il y proposait de compléter le système punitif traditionnel par un système de mesures. Cette contribution a considérablement influencé la politique pénale européenne du XXe siècle[2]. Sa contribution à l'élaboration du Code pénal en fait un des pénalistes suisses les plus connus[9].

Professeur Ă  Vienne

En 1896, il accepte pour des raisons économiques un poste de professeur de droit pénal à l'Université de Vienne[2]. Il est élu à l'Académie autrichienne des sciences en 1925[2]. Il tente de réformer le droit pénal autrichien, sans succès[2]. Il devient professeur émérite en 1919, prenant ainsi sa retraite[3].

Retraite et mort

Il continue à donner des exercices de politique pénale à l'université, mais vit ensuite d'une pension que l'État autrichien lui accorde[3]. Cette pension d'État (liée au domicile en Autriche) l'empêche de retourner en Suisse[3]. L'inflation d'après-guerre en Autriche réduit presque à néant sa fortune personnelle[3]. Il publie une autobiographie[10] en 1925[3].

Après la mort de sa femme en 1923, il déménage à Graz et vit de manière recluse[9]. Atteint d'une maladie oculaire, il meurt à Graz en , à l'âge de 84 ans[9].

Postérité

Une ruelle du quartier de Floridsdorf Ă  Vienne, la StooĂźgasse, porte son nom depuis 1936.

Notes et références

  1. « https://www.helveticarchives.ch/detail.aspx?ID=168306 » (consulté le )
  2. Christoph ZĂĽrcher (trad. Roxane Jacobi Humbert-Droz), « Carl Stooss » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .
  3. Gschwend 1994, p. 27.
  4. Gschwend 1994, p. 28 (note 12).
  5. Gschwend 1994, p. 28.
  6. Gschwend 1994, p. 29.
  7. (de) Carl Stooss, Zur Natur der Vermögensstrafen, Berne, , 55 p..
  8. Gschwend 1994, p. 30.
  9. Gschwend 1994, p. 26.
  10. (de) Carl Stooss, « [inconnu] », dans Hans Planitz, Die Rechtswissenschaft der Gegenwart in Selbstdarstellungen, vol. 2, Leipzig, Felix Meiner, .

Annexes

Bibliographie

  • Christoph ZĂĽrcher (trad. Roxane Jacobi Humbert-Droz), « Carl Stooss » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .
  • (de) Lukas Gschwend, « Carl Stooss (1849-1934): Originell-kreativer Kodifikator und geschickter Kompilator des schweizerischen Strafrechts : Reflexionen zu seinem 60. Todestag », Revue pĂ©nale suisse, vol. 112, no 1,‎ , p. 26-56 (ISSN 0036-7893)
  • (de) Reinhard Moos, « Carl Stooss in Ă–sterreich », Revue pĂ©nale suisse, vol. 105,‎ , p. 35-79 (ISSN 0036-7893)

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.