Camille Ammoun
Camille Ammoun, né à Beyrouth en 1975, est un écrivain libanais de langue française et un politologue spécialiste des questions de développement urbain.
Biographie
Après des études en économie et sciences politiques effectuées à Beyrouth, Paris et Bologne, Camille Ammoun travaille pendant dix ans à Dubaï sur les questions de durabilité et de résilience urbaine. En parallèle, il écrit son premier roman Ougarit qui « est avant tout un portrait de la ville, comme si l’écriture romanesque était la forme ultime de l’urbanologie, cette discipline créée par l’auteur[1]. »
De retour au Liban en 2018, après 20 ans d'expatriation, il s’engage pour une réforme démocratique des institutions. À la suite du mouvement populaire libanais du 17 octobre 2019, il écrit Octobre Liban qui est « une déambulation dans un certain nombre de quartiers, qui servent de support à un rappel des grandes étapes de la révolution libanaise[2]. »
Lauréat en 2020 du Prix Écrire la Ville, à travers son travail littéraire il souhaite « transformer le texte urbain en texte littéraire[3]. »
Depuis 2015, Camille Ammoun est membre de la Maison Internationale des Écrivains à Beyrouth (Beyt el Kottab). Il enseigne l’environnement urbain à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth et donne un atelier de psychogéographie intitulé marcher/écrire à l'Académie libanaise des beaux-arts. Entre février 2022 et mars 2023, il tient une chronique mensuelle intitulée Beyrouth dans le monde dans le quotidien libanais francophone L'Orient-Le Jour[4].
Bibliographie
- Subsidence, (essai) Éditions Terre Urbaine, 2023
- Ce qui nous arrive, (collectif) Éditions Inculte, 2022
- Octobre Liban, (récit) Éditions Inculte, 2020
- Ougarit, (roman) Éditions Inculte, 2019
Entretiens et influence
Camille Ammoun s’intéresse à la psychogéographie comme dispositif littéraire pour aborder les problématiques urbaines contemporaines à travers la littérature[5]. Son premier roman Ougarit (Inculte, 2019) mêle aux intrigues politique et policière, une réflexion urbaine sur Dubaï et, à travers elle, sur la ville du XXIe siècle. Son deuxième livre, Octobre Liban (Inculte, 2020) est une déambulation dans une rue beyrouthine qui sert de support à une description de la corruption du système politique libanais.
- « Ougarit, Le Premier roman de Camille Ammoun. Rencontre. », Agenda Culturel,‎ [6].
« L’idée de questionner l’urbain à travers la littérature me poursuit depuis longtemps, et c’est paradoxalement Dubaï, cette ville si peu ville, qui m’a inspiré ce roman. »
- « Interview auteur : Camille Ammoun », Le Casier Littéraire,‎ [7].
« Lier une ville à son siècle, au zeitgeist, Walter Benjamin l’a fait dans Paris capitale du XIXe siècle, Bruce Bégout dans Los Angeles, Capitale du XXe siècle et Mike Davis dans Le Stade Dubaï du capitalisme. Avec Ougarit – une sorte de Dubaï, Capitale du XXIe siècle – c’est sous la forme d’un roman, que j’essaye d’aborder ces questions et mon engagement pour une ville qui s’inscrit dans le temps long (le vrai sens, au fond, de la durabilité), une ville libre où la production urbaine se fait de manière participative, protégée des assauts du capitalisme immobilier financiarisé. »
- « Octobre Liban de Camille Ammoun. Rencontre. », Agenda Culturel,‎ [8].
« La ville est en permanence transformée par les pratiques de ses habitants dont les comportements sont à leur tour altérés par la forme de la ville. C’est ce processus de transformation mutuelle que j’essaye de capter par l’écriture. »
- « Octobre Liban : Cette rue, c’est le personnage central et il fallut écrire sa fin », L’Humanité Dimanche,‎ .
« Avec ce slogan, Tous veut dire tous, qui accuse enfin l’ensemble de l’oligarchie au pouvoir, c’est une petite partie du rêve démocratique de Samir Kassir qui se réalise. »
- « Beyrouth est une ville qui se bat, une ville blessée, une ville fatiguée », Le Courrier de l'UNESCO,‎ [9].
« Le personnage principal de ce récit n’est pas le narrateur, mais bien la rue qu’il arpente. Il me fallait écrire ce texte malgré la sidération collective, malgré l’étonnement d’avoir survécu, malgré le deuil, malgré la tristesse, malgré la colère. Il me fallait l’écrire parce que le 4 août 2020 à 18h07, dans cette épouvantable explosion, cette rue, ce personnage meurt. »
- « Camille Ammoun : « La corruption se manifeste dans la forme de la ville. », La Revue AS,‎ [10].
« [C]ette frise n’est pas nécessairement chronologique car les choses ne s’y succèdent pas forcément selon cet ordre. Mais chacune des étapes est le prétexte de digressions historiques, géographiques ou parfois plus personnelles et biographiques. Cette technique de marche, d’écriture, de digressions et de transformation de la phrase urbaine en phrase littéraire à travers la dénonciation d’un fait – ici la corruption de la classe politique libanaise – s’inscrit dans ce que nous appelons la psychogéographie ; une pratique que l’auteur britannique Iain Sinclair a poussée à son extrême avec son London Orbital (Inculte, 2010), ouvrage dont je me suis beaucoup inspiré. Il y arpente le périphérique de Londres en faisant des digressions à des points donnés, à travers des conversations, souvenirs et évocations pour dénoncer les dérives ultralibérales du thatchérisme. »
Prix Littéraires
- Prix Écrire la Ville 2020 pour Ougarit[11]
- Prix France-Liban 2019 pour Ougarit[12]
Liens externes
Notes et références
- « Le roman de Dubaï », Bernard Quiriny, L’Opinion.
- « De Dora à la place Riad el-Solh, les réflexions d’un promeneur révolutionnaire », Joséphine HOBEIKA, L’Orient-Le Jour.
- « Ougarit, de Camille Ammoun, couronné du prix Écrire la ville 2020. », L’Orient-Le Jour.
- « Beyrouth est un fleuve », Camille Ammoun, Beyrouth dans le monde, L’Orient-Le Jour.
- « Nous ne sommes pas résilients, nous sommes subsidents », Camille Ammoun, Beyrouth dans le monde, L’Orient-Le Jour.
- (fr) « Rencontre », sur Agenda Culturel
- (fr) « Interview auteur », sur Le Casier Littéraire
- (fr) « Rencontre », sur Agenda Culturel
- (fr) « Entretien », sur Le Courrier de l'UNESCO
- (fr) « Entretien », sur La Revue AS
- « Ougarit, de Camille Ammoun, couronné du prix Écrire la ville 2020 », sur L'Orient-Le Jour
- « Ougarit de Camille Ammoun obtient le prix France-Liban de L'ADELF », sur Agenda Culturel