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Caméra Mitchell

La Mitchell est une caméra de cinéma professionnelle à pellicule argentique fabriquée à Los Angeles à partir de 1919, qui fut l’appareil de prise de vues cinématographique de base des studios de cinéma américains et fut diffusée également en Europe, jusqu’à l'arrêt de sa production à la fin des années 1970.

Mitchell
Image associée à la caméra
Caméra Mitchell BNC, comme vue de l’arrière par le cadreur.

Marque Mitchell Camera Corporation
Visée Viseur clair et visée interne (caméra arrêtée)
Monture d'objectif Mitchell, Ă  baĂŻonnette
Format 35 mm, 16 mm, 65 mm
Chargement magasin coplanaire 120 m (400 feet), 240 m (800 feet), 300 m (1 000 feet)

Histoire

Une Mitchell BNC en action sur le tournage de La ForĂŞt interdite en 1958.

En 1917, Henry Boeger et George Alfred Mitchell créent la société Mitchell Camera Corporation et lancent les premières caméras de cinéma Mitchell A et B au format 35 mm, qui ressemblent à la Bell & Howell 2709, la meilleure caméra de l’époque, qu’elles n’arrivent pourtant pas à concurrencer. L’usine qui les produit est installée à Hollywood dans les années 1920-30.

Caméra Mitchell NC (1935).

La Mitchell est l’objet de plusieurs aménagements et perfectionnements. La société évite la faillite durant le krach de 1929, car le producteur William Fox la rachète, le cinéma étant l’un des rares domaines épargnés par la crise économique, un spectacle au contraire développé par la dépression morale générale. Un nouveau modèle est mis sur le marché, la Mitchell NC (Newsreel Camera). Cette machine qui comprend une tourelle à 4 objectifs, est équipée d’un obturateur variable (le temps de pose peut être modifié en fonction du sujet filmé, plus ou moins rapide), et d’un système d’entraînement du film particulièrement précis, à quatre griffes par photogramme et un jeu de deux contre-griffes qui immobilisent la pellicule pendant l’exposition de l’image (tandis que les quatre griffes se remettent en position). Mais ce qui lui permet de détrôner la 2709, c’est son équipement de double visée. Le viseur latéral à correction de parallaxe permet au cadreur de contrôler le cadrage de ses plans sans effort, le tube de visée étant large et très lumineux, ce qui est pratique et confortable durant la prise de vues. Le point crucial est un mécanisme ingénieux, disposé à l’intérieur de la caméra, mais facilement manipulable de l’extérieur à l’aide d’une simple poignée, que l’on peut positionner à la place de la pellicule avant de tourner, et qui autorise le cadreur à viser directement à travers la fenêtre de cadrage du film. Cette seconde opération assure un cadrage plus exact et surtout une mise au point parfaite de l’objectif. Ce travail fait, la poignée ramène tout aussi facilement le film à sa place pour effectuer la prise de vues même. Sa concurrente, la 2709, présente la même possibilité de visée interne, mais qui demande une manipulation fastidieuse.

Orson Welles et son directeur de la photographie Gregg Toland discutent d’un cadrage en forte contre-plongée pour le film Citizen Kane (1940).

Le fonctionnement de cette Mitchell NC est assez peu bruyant, mais son niveau sonore est suffisant pour ĂŞtre perçu par un micro. Quand arrive le cinĂ©ma sonore, les studios sont obligĂ©s de bricoler des systèmes d’insonorisation des diffĂ©rentes camĂ©ras ; elles sont d’abord enfermĂ©es dans des cabines vitrĂ©es qui ont l’inconvĂ©nient de les immobiliser. On les recouvre alors de sortes de matelas Ă  coque mĂ©tallique, encombrants et nĂ©cessitant d’être enlevĂ©s pour manipuler certains organes de l’appareil. Ainsi Ă©quipĂ©e, la Mitchell NC pèse un peu plus de 50 kg.
Un autre modèle est mis au point, la Mitchell BNC (Blimped Newsreel Camera), transformĂ© spĂ©cialement pour permettre la prise de vues sonore sans Ă©quipement supplĂ©mentaire, mais elle pèse quand mĂŞme quelque 80 kg. La tourelle Ă  quatre objectifs est supprimĂ©e, car elle a l’inconvĂ©nient de conduire Ă  l’extĂ©rieur le bruit du mĂ©canisme. La BNC est achetĂ©e en plusieurs exemplaires par les deux plus importants producteurs d’Hollywood, Samuel Goldwyn et Albert Warner, ce qui assied son succès planĂ©taire. La fabrication est alors dĂ©placĂ©e dans les annĂ©es 1940 Ă  Glendale (Californie) et fournit au cinĂ©ma quelque 700 exemplaires. Un modèle utilisant la pellicule au format 65 mm (le format est bien de 65 mm en prise de vues pour des projections en 70 mm avec l'ajout des pistes sonores) voit le jour en 1929 sous l’appellation Fox Grandeur, sans succès. Des contrefaçons des Mitchell NC et BNC apparaissent en URSS.
Au dĂ©but des annĂ©es 1950, une Mitchell au format 65 mm, Ă©quipĂ©e d’un objectif anamorphique de l’American Optical Company est Ă  la base des camĂ©ras Todd AO, un procĂ©dĂ© d’écran large lancĂ© par le producteur Michael Todd. Il existe une version Mitchell au format 16 mm. L’une des premières sitcoms tĂ©lĂ©visĂ©es amĂ©ricaines, la cĂ©lèbre I love Lucy (180 Ă©pisodes en noir et blanc), est tournĂ©e dans les mĂŞmes annĂ©es Ă  l’aide de trois Mitchell BNC filmant en mĂŞme temps.
La production des caméras Mitchell BNC s’achève dans les dernières années 1970, d’autres appareils (plus légers) s’étant imposés à sa place (notamment la caméra Arriflex allemande).

Bibliographie

  • Ira B. Hoke: "Mitchell Camera Nears Majority". In: American Cinematographer, December 1938, page 495 f.
  • L. Sprague Anderson: "Mitchell, the Standard". In: Society of Camera Operators Magazine. www.soc.org/magazine.html

Références

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