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Bureaux arabes

Les bureaux arabes sont des structures administratives mises en place par la France après la conquête de l'Algerie en 1830 et ensuite dans tout le Maghreb. Créés en 1844, leur but est le renseignement et la définition d’une politique indigène ayant pour objectif d'unir les Indigènes sous une même Identité "Arabe".

Histoire

Les Français connaissent mal le pays qu'ils occupent et ses habitants. Leurs connaissances de la langue, la religion, la culture sont très pauvres alors qu'ils doivent vivre au quotidien avec la population. Ainsi naît l'idée de bureaux arabes qui permettraient d'établir un contact entre les autorités françaises et la population indigène.

Dès 1833, une première expérience est menée par le capitaine Juchault de Lamoricière dans la province d'Alger. En 1844, l'organisation des Bureaux Arabes est définie par un arrêté ministériel[1]. Dorénavant ceux-ci sont un lien entre l’autorité militaire française et les indigènes. Les officiers travaillant dans ces bureaux doivent donner des renseignements sur l’esprit des populations, fournir ce qui est nécessaire à l’administration des tribus, surveiller que les impôts sont payés, rendre plus facile le prélèvement des terres pour la colonisation, assurer la police et rendre la justice.

Il existe une « direction centrale Â», des « bureaux divisionnaires Â» (bureau de province), des « bureaux de première classe Â» (bureaux de subdivision) et des « bureaux de seconde classe Â» (bureaux de cercle).

Ă€ tous les niveaux, ces bureaux sont subordonnĂ©s Ă  l’autoritĂ© militaire. En 1870, il existe près de 50 bureaux avec un secrĂ©taire arabe (« khodja Â»), un secrĂ©taire français, un interprète, des officiers et souvent un mĂ©decin. La sĂ©curitĂ© est assurĂ©e par un peloton de spahis. Les gens travaillant dans les bureaux arabes possèdent une rĂ©elle autoritĂ© qui dĂ©passe les recommandations officielles et forcĂ©ment cela entraĂ®ne certains abus. Certains officiers pratiquent une politique paternaliste, c’est-Ă -dire qu’eux seuls ont l’autoritĂ© pouvant ainsi crĂ©er et gĂ©rer les entreprises.

Les missions des bureaux arabes évolueront. Dans un premier temps, ils ont pour but de faciliter l'infiltration grâce au renseignement. Le contact avec la population et la compréhension de ses ressorts politiques sont essentiels à la colonisation du pays. Il s’agit par la suite d’administrer un pays qui avait été largement laissé aux tribus par l'administration turque.

Dans les bureaux arabes, de 150 à 200 officiers jouent le rôle de juges et de percepteurs des impôts. Beaucoup d'entre eux considèrent qu'ils ont une mission civilisatrice et que leur but est d'apporter le progrès et l'émancipation aux indigènes. De ce fait, les officiers des bureaux arabes défendent souvent les intérêts des indigènes contre les Européens de plus en plus nombreux à s'installer en Algérie.

Le problème des terres est souvent Ă  l'origine de querelles. Vers 1845, les espaces attribuĂ©s aux nomades que l'on tente de sĂ©dentariser sont de plus en plus rĂ©duits. Une politique de cantonnement prive les musulmans des meilleures terres qui sont alors acquises par des EuropĂ©ens avec l'assentiment d'un « Conseil du Contentieux Â» puis d'une « Commission des Transactions Â».

L'opposition croissante entre les bureaux arabes et les colons va s'amplifier jusqu'au Second Empire. En effet, alors que la constitution de la IIe RĂ©publique affirme « l’AlgĂ©rie partie intĂ©grante de la France Â», NapolĂ©on III se fait l'apĂ´tre d'une « Nation Arabe Â», centrĂ©e Ă  Damas et censĂ©e Ă©tablir un contre-pouvoir Ă  la puissance ottomane.

Cette politique augmente la mĂ©fiance de la population europĂ©enne envers les bureaux arabes qui symbolisent la politique de NapolĂ©on III qui va jusqu'Ă  affirmer : « Il faut cantonner les EuropĂ©ens et non les indigènes Â».

La chute du Second Empire lors de la guerre de 1870 marque la fin de la politique arabe : les bureaux arabes sont progressivement abandonnés. Dans l'administration des terres la politique de cantonnement des musulmans est remise à l'œuvre. Cependant les bureaux arabes renaissent au début de la guerre d’Algérie, c’est-à-dire en 1955, mais cette fois sous le nom de Section administrative spécialisée (SAS).

L’expĂ©rience acquise par les bureaux arabes en AlgĂ©rie sera mise Ă  profit dans les « affaires indigènes Â» au Maroc.

Notes et références

  1. Algeria, Recueil des actes du gouvernement de l'Algérie. 1830-1854, Imprimerie du Gouvernement, (lire en ligne)

Bibliographie

  • Claude Collot, Les Institutions de l'AlgĂ©rie durant la pĂ©riode coloniale : 1830-1962, Paris/Alger, Éditions du CNRS et Office des Publications Universitaires (OPU), , 343 p. (ISBN 2-222-03957-6)
  • Jacques FrĂ©meaux, Les bureaux arabes dans l'AlgĂ©rie de la conquĂŞte, Paris, DenoĂ«l, coll. « Aventure coloniale de la France », , 306 p. (ISBN 978-2-207-24120-2).
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