Bunkeya
Bunkeya est une ville de la province de Lualaba en république démocratique du Congo. Elle est située dans une large plaine près de la rivière Lufira.
Bunkeya | |||
Carte de situation du royaume Yeke et de Bunkeya à la fin du XIXe siècle | |||
Administration | |||
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Pays | République démocratique du Congo | ||
Province | Lualaba | ||
GĂ©ographie | |||
Coordonnées | 10° 23′ 51″ sud, 26° 58′ 05″ est | ||
Localisation | |||
Géolocalisation sur la carte : République démocratique du Congo
GĂ©olocalisation sur la carte : Zambie
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Avant la conquête coloniale belge, c'est un centre majeur de commerce d'esclaves pendant le règne de M'Siri, dirigeant du « royaume Yeke »[1].
Histoire
À la fin du XIXe siècle, Bunkeya est la capitale de M'Siri, fils d'un commerçant d'Afrique de l'Est. Le père de M'Siri commerçait le cuivre du Katanga, qu'il transportait vers la côte orientale du continent pour la revente. M'Siri est, dans sa jeunesse, le représentant de son père dans la région. Il devient le dirigeant d'un groupe de yeke et établit un « royaume » qui s'étend de la rivière Lwapula jusqu'au complexe Congo-Zambèze au sud, et du lac Moero à la Lwalaba (nom donné au cours supérieur du fleuve Congo en amont de Kisangani) au sud, ce qui correspond au territoire de l'actuel Katanga (appelé « Shaba » entre 1971 et 1997, à l'époque de Mobutu Sese Seko). Il est considéré comme un despote par les Européens. Bunkeya est sa capitale, à partir de laquelle il contrôle les routes commerciales du centre de l'Afrique, par lesquelles circulent esclaves, ivoire, sel, cuivre et fer. Les marchands se rendent à Bunkeya ou transitent par elle en provenance de l'Angola, de l'Ouganda et de Zanzibar. Les arabo-swahilis de la côte orientale fournissent M'Siri en armes à feu et munitions, ce qui lui permet de maintenir ses positions[1].
Contacts avec les Européens
Le savant allemand Paul Reichard est le premier Européen à atteindre Bunkeya, le . Il est suivi par Capello et Ivens, deux explorateurs portugais, qui cherchent une route permettant de relier l'Angola au Mozambique[1]. En , le missionnaire écossais Frederick Stanley Arnot arrive à Bunkeya, seul, sans nourriture ni marchandises. M'Siri l'accueille et le laisse s'installer, mais il lui déconseille fermement de chercher à enseigner sa religion. Par la suite, d'autres missionnaires rejoignent Arnot[2].
En 1887, William Henry Faulknor, un jeune Canadien d'Hamilton, en Ontario, membre du mouvement évangélique des Assemblées de Frères, arrive à son tour à Bunkeya[3]. Un autre membre, Dan Crawford, arrive en 1890 ; il sera le témoin de l'assassinat de M'Siri[4]. M'Siri utilise Faulknor et les autres missionnaires comme « garçons de courses » et symboles de son influence, tandis que Faulknor convertit et enseigne à un petit groupe d'esclaves émancipés par rachat[5].
Le territoire est cédé à la Belgique par la conférence de Berlin de 1884-1885, mais Cecil Rhodes manifeste son intérêt pour les ressources minières du Katanga et cherche à s'en emparer[2]. En 1890, il envoie Alfred Sharpe à Bunkeya pour signer un traité avec M'Siri. Ce dernier, furieux des conditions proposées, chasse l'émissaire[6]. Le roi des Belges, Léopold II, envoie quant à lui trois expéditions à Bunkeya. La première, dirigée par Paul Le Marinel, venant de Lusambo, traverse la Lwalaba en pour rencontrer M'Siri[7]. Le Marinel reste sept semaines à Bunkaya mais ne peut convaincre M'Siri de se ranger sous l'autorité belge de l'État indépendant du Congo. Il revient à Lusambo le [7]. Une autre expédition, menée par Alexandre Delcommune, rallie Bunkeya l'année suivante, mais ne rencontre pas plus de succès[8].
ConquĂŞte
La troisième expédition pour le compte des Belges, l'expédition Stairs, est décisive. Menée par William Grant Stairs, adjoint de Henry Morton Stanley lors de l'expédition de 1887 en secours à Emin Pacha, elle atteint le Katanga à la fin de l'année 1891. Omer Bodson, un membre de l'expédition, tue M'Siri et le royaume Yeke tombe sous la coupe belge de l'État indépendant du Congo[9].
Les caravanes évitent Bunkeya, la ville et sa région souffrent d'une dépression économique, entraînant famine et maladies, et la ville se dépeuple massivement[10]. Un fils de M'Siri, Mukanda Bantu, est maintenu en place comme son successeurs, sur un territoire et avec une autorité considérablement réduits[11] - [12]. Durant les années qui suivent, Bunkeya et sa région, l'actuel Katanga, sont massivement exploités pour leurs ressources minières[10], jusqu'à nos jours[13].
Situation Ă l'Ă©poque moderne
La situation s'améliore à nouveau, notamment lorsque des canalisations amènent l'eau potable dans la ville, à l'époque de Musamfya Ntanga (1940–1956)[14]. À partir de 1976, la population croît fortement, grâce à l'agriculture et aux cultures de maïs, de manioc, de patates douces, d'arachides et de diverses légumineuses. L'approvisionnement en eau est cependant insuffisant, entraînant des problèmes de santé, mais la petite ville dispose cependant d'un hôpital ainsi que d'une clinique dévolue au traitement de la tuberculose[14].
Références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Bunkeya » (voir la liste des auteurs).
- Gondola 2002, p. 62.
- Gondola 2002, p. 63.
- Wilson 2007, p. 40.
- Gordon 2006, p. 104.
- Rotberg 1964, p. 285-297.
- Ewans 2002, p. 135.
- Moloney 2007, p. 20.
- Meuris 2001.
- Moloney 2007, p. x.
- Gondola 2002, p. 64.
- Philips 2006, p. 458.
- Cultures et développement 1979.
- « RDC: quel bilan pour la première année de mise en œuvre du nouveau code minier ? », RFI, .
- History of Bunkeya.
Bibliographie
- (en) « History of Bunkeya », sur kingmsiri.com (consulté le ).
- Cultures et développement (1835-1969), vol. 11, Université catholique de Louvain, .
- (en) Martin Ewans, European atrocity, African catastrophe : Leopold II, the Congo free state and its aftermath, Londres, Routledge, , 284 p. (ISBN 0-7007-1589-4, lire en ligne).
- (en) Ch. Didier Gondola, The history of Congo, Wesport (Conn.), Greenwood Publishing Group, , 215 p. (ISBN 0-313-31696-1, lire en ligne), p. 62.
- (en) David M. Gordon, Nachituti's gift : economy, society, and environment in central Africa, Univ. of Wisconsin Press, , 304 p. (ISBN 0-299-21364-1, lire en ligne).
- Pierre Célestine Kalenga Ngoy, Bunkeya et ses chefs : évolution sociale d'une ville précoloniale (1870 -1992) (thèse de doctorat), Leiden Institute for History, Faculty of Humanities, Leiden University, (lire en ligne)
- (en) Christine Meuris, « Scramble for Katanga », sur africafederation.net, (consulté le ).
- (en) Joseph A. Moloney, With Captain Stairs to Katanga : Slavery and Subjugation in the Congo 1891-92, Jeppestown Press, , 193 p. (ISBN 978-0-9553936-5-5 et 0-9553936-5-5, lire en ligne).
- (en) John Edward Philips, Writing African History, University of Rochester Press, , 532 p. (ISBN 1-58046-256-1, lire en ligne).
- (en) Robert I. Rotberg, « Plymouth Brethren and the Occupation of Katanga, 1886-1907 », The Journal of African History, vol. 5, no 2,‎ (DOI 10.1017/s0021853700004849).
- (en) T. Ernest Wilson, Angola Beloved, Gospel Folio Press, , 220 p. (ISBN 978-1-897117-44-6 et 1-897117-44-2).
Bibliographie complémentaire
- Hugues Legros, Chasseurs d'ivoire. Une histoire du royaume Yeke du Shaba (Zaïre), Bruxelles, Éditions de l'Université de Bruxelles, Recension dans Pierre Salmon, « Hugues Legros, Chasseurs d'ivoire. Une histoire du royaume Yeke du Shaba (Zaïre) », Civilisations, vol. 43, no 2,‎ (lire en ligne).
- Jean Omasombo Tshonda (dir.), Haut-Katanga. Lorsque richesses économiques et pouvoirs politiques forcent une identité régionale, t. 2 : Bassin du cuivre : matrice et horizon, Tervuren (Belgique), Africa Museum, Musée royal de l'Afrique centrale (lire en ligne).
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