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Bourane

Le programme de vaisseau spatial rĂ©utilisable soviĂ©tique Bourane, Buran selon la transcription anglaise (« Đ‘ŃƒŃ€Đ°ÌĐœ » signifie « tempĂȘte de neige » en russe), a Ă©tĂ© lancĂ© en 1976 en rĂ©ponse au programme amĂ©ricain de navettes spatiales. Les dirigeants soviĂ©tiques, qui Ă©taient persuadĂ©s que ce programme amĂ©ricain serait utilisĂ© Ă  des fins militaires, ont voulu disposer d'un engin Ă©quivalent afin de maintenir l’équilibre des puissances durant la guerre froide. Ce projet a Ă©tĂ© le plus important et le plus coĂ»teux de l’histoire de l’exploration spatiale soviĂ©tique.

Bourane
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Maquette de la navette Bouraneet de son lanceur Energuia.
Maquette de la navette Bourane
et de son lanceur Energuia.
Données générales
Pays d’origine Drapeau de l'URSS Union soviĂ©tique
Constructeur RKK Energuia
Premier vol 15 novembre 1988
Dernier vol 15 novembre 1988
Lancements (Ă©checs) 1/0
Masse au dĂ©collage 105 t
Base(s) de lancement BaĂŻkonour
Charge utile
Orbite basse 30 000 kg
Maquette de l'orbiteur OK-TVA, en exposition au Centre panrusse des expositions (VDNKh), Ă  Moscou.
Buran OK-TVA exposé à Moscou (2012).
Bourane au Salon du Bourget 1989.

Les caractéristiques de Bourane

La construction de cinq navettes Bourane a Ă©tĂ© lancĂ©e mais une seule a volĂ©. Un deuxiĂšme exemplaire a Ă©tĂ© achevĂ© tandis que la construction des trois autres Ă©tait en cours lorsque le programme a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©. De nombreux autres modĂšles ont Ă©tĂ© construits pour la mise au point de Bourane dont un exemplaire dotĂ© de quatre rĂ©acteurs d'avion, qui a permis de tester son comportement en vol subsonique. Tout comme les premiers essais des navettes amĂ©ricaines, les pilotes disposaient de siĂšges Ă©jectables. La cabine pressurisĂ©e comporte quatre places pour les pilotes et six places passager. D'une masse de 75 tonnes Ă  vide, elle peut emporter 27 tonnes en orbite Ă  450 km (contre 24 tonnes pour les navettes amĂ©ricaines). La fusĂ©e Energuia permet de lancer la navette Bourane.

DĂ©veloppement de Bourane

Le dĂ©veloppement du programme Bourane commence au dĂ©but des annĂ©es 1970 en rĂ©ponse au programme de navettes spatiales des États-Unis. Bien que les ingĂ©nieurs eussent prĂ©fĂ©rĂ© un vĂ©hicule plus petit et plus lĂ©ger avec un corps portant, les SoviĂ©tiques firent pression pour concevoir une navette de la mĂȘme taille que les AmĂ©ricains et s'inspirant fortement de ceux-ci.

La construction de la navette a dĂ©butĂ© en 1980 et, en 1984, le premier et unique modĂšle fut sorti des usines. En 1983 eut lieu le test d’un modĂšle rĂ©duit. Mais comme le projet prenait constamment du retard, par manque de fonds et surtout Ă  cause de nombreux Ă©checs, le programme de la navette Bourane fut abandonnĂ©. Vingt-quatre vols d’essais auraient eu lieu avec le premier modĂšle complet avant que la navette soit dĂ©clarĂ©e apte au service.

L’Antonov An-225 a servi Ă  transporter la navette spatiale Bourane de son site de construction jusqu'Ă  son site de lancement, tenant le mĂȘme rĂŽle que le 747 modifiĂ© (Shuttle Carrier Aircraft) utilisĂ© par les navettes spatiales amĂ©ricaines.

Le premier vol

Le premier vol de la fusĂ©e Energuia s’est fait avec une charge militaire Polious de 80 tonnes. Si la fusĂ©e a accompli correctement sa tĂąche, le systĂšme de guidage de Polious n’a pas fonctionnĂ© correctement et il s’est abĂźmĂ© dans l’OcĂ©an Pacifique.

Le seul et unique vol orbital (en mode automatique) de la navette a eu lieu le Ă  3 h 00 UTC dans des conditions mĂ©tĂ©o dĂ©favorables. L’orbiteur a Ă©tĂ© mis en orbite par une fusĂ©e Energuia. Le systĂšme de support de vie n’était pas installĂ© et il n’y avait aucun logiciel d’interface homme-machine.

AprĂšs huit minutes de vol, Bourane a Ă©tĂ© placĂ©e en orbite Ă  160 km d'altitude ; la navette a ensuite utilisĂ© ses propres moteurs pour atteindre 250 km, a fait deux fois le tour de la Terre avant de revenir et d’effectuer un atterrissage en mode automatique sur l’aĂ©rodrome de BaĂŻkonour[1] (un avion a accompagnĂ© la navette pour la filmer durant l'atterrissage. Celle-ci touche lentement la piste d'atterrissage et freine peu Ă  peu jusqu'Ă  s'arrĂȘter avec l'avion d'accompagnement Ă  cĂŽtĂ© d'elle qui passe de l'autre cĂŽtĂ© en survolant la navette de quelques mĂštres). Elle a aussi dĂ©montrĂ© la possibilitĂ© d’utiliser une navette pour des missions non habitĂ©es.

Une partie de la mission a été retransmise à la télévision, mais pas le décollage, ce qui a provoqué des spéculations sur une possible supercherie. Finalement, la vidéo du lancement a été rendue publique[2].

Fin du programme

Le projet a Ă©tĂ© abandonnĂ© aprĂšs son premier vol faute d’argent et du fait de la situation politique en URSS. Les deux autres navettes qui devaient ĂȘtre livrĂ©es en 1990 et 1992 n’ont jamais Ă©tĂ© achevĂ©es et le projet a officiellement pris fin en 1993.

Bourane devait servir de lien avec la station Mir, qui a Ă©tĂ© lancĂ©e en 1986 et qui est restĂ©e en service jusqu’en 2001. Le module d’arrimage Mir-Bourane qui devait ĂȘtre utilisĂ© pour les rendez-vous spatiaux a finalement Ă©tĂ© modifiĂ© pour servir Ă  la connexion avec la navette amĂ©ricaine.

Le devenir des navettes

OK-GLI au musée des techniques de Spire

Les deux navettes assemblĂ©es 1.01 (Bourane) et 1.02 (Ptichka) et tout le reste du projet sont dĂ©sormais la propriĂ©tĂ© de la rĂ©publique du Kazakhstan. Le , le toit du hangar abritant la navette 1.01 (la seule ayant fait un vol orbital) et le lanceur Energuia sur lequel elle Ă©tait montĂ©e s’est effondrĂ© par suite d'un mauvais entretien. L’accident a totalement dĂ©truit l’engin et tuĂ© sept ouvriers[3] - [4].

Bourane 2.01 et 2.02 (cette deuxiĂšme sĂ©rie avait un poste de pilotage modifiĂ©) n’ont jamais quittĂ© leur usine de Touchino oĂč elles sont dans un piĂštre Ă©tat[5]. Des morceaux de ces vĂ©hicules ont Ă©tĂ© vendus sur Internet.

L’orbiteur 2.03 partiellement assemblĂ© a finalement Ă©tĂ© dĂ©mantelĂ© quand le programme a pris fin et n’existe plus aujourd’hui.

En plus des cinq engins de « production », il y avait huit vĂ©hicules de test utilisĂ©s pour les essais statiques, atmosphĂ©riques, d’intĂ©gration et l’entraĂźnement des Ă©quipages. Ces engins avaient les numĂ©ros de sĂ©rie suivants :

  • OK-ML (plus tard OK-ML-1) - Tests statiques, actuellement Ă  BaĂŻkonour ;
  • OK-GLI - Tests atmosphĂ©riques, Ă©quivalent de l’orbiteur amĂ©ricain Enterprise ;
  • OK-KS - Tests d’intĂ©gration des systĂšmes, actuellement Ă  l’usine Energuia ;
  • OK-MT - Maquette d’ingĂ©nierie, actuellement Ă  BaĂŻkonour ;
  • OK-? - Tests statiques ? ;
  • OK-TVI - Tests de rĂ©sistances aux conditions spatiales ? ;
  • OK-? - Tests statiques ? ;
  • OK-TVA - Tests statiques, actuellement Ă  VDNKh Ă  Moscou[6] (prĂ©cĂ©demment au parc Gorki).

Le véhicule OK-GLI a été équipé de quatre réacteurs avec un réservoir de carburant occupant un quart de la baie cargo de la navette. Ainsi, Bourane eut pu décoller par ses propres moyens, contrairement au véhicule américain de test « Enterprise », qui est largué depuis un avion porteur[7].

AprĂšs l’annulation du programme[8], le vĂ©hicule OK-GLI a Ă©tĂ© stockĂ© dans la base aĂ©rienne Joukovski prĂšs de Moscou et il a Ă©tĂ© achetĂ© par une entreprise australienne, « Buran Space Corporation ». Il a Ă©tĂ© transportĂ© Ă  Sydney en Australie via Göteborg en SuĂšde. ArrivĂ©e le la navette a Ă©tĂ© exposĂ©e comme attraction touristique pendant quelques annĂ©es sur Darling Harbour. Les visiteurs pouvaient marcher dans le vĂ©hicule et une tournĂ©e des villes australiennes et d’Asie Ă©tait planifiĂ©e. À la suite de la faillite du propriĂ©taire, le vĂ©hicule a Ă©tĂ© abandonnĂ© Ă  l’air libre oĂč il a subi de nombreuses dĂ©gradations. La navette OK-GLI a Ă©tĂ© retrouvĂ©e en Ă  BahreĂŻn par une Ă©quipe allemande et a Ă©tĂ© achetĂ©e par le musĂ©e des techniques de Spire qui a entrepris de le transfĂ©rer dans son musĂ©e en 2008.

Apparition dans la culture

  • Dans la version Game Boy du cĂ©lĂšbre jeu vidĂ©o Tetris, le dĂ©collage de Bourane, que nombreux joueurs occidentaux confondent avec la navette spatiale amĂ©ricaine, est le cadeau de fin pour ceux qui rĂ©ussissent le jeu en mode B avec les rĂ©glages les plus difficiles[9].
  • Dans la deuxiĂšme saison de la sĂ©rie uchronique For All Mankind, Bourane est fonctionnelle et militarisĂ©e, et permet aux SoviĂ©tiques de faire le blocus de la Lune.

Notes et références

Presse Ă©crite

Articles connexes

Liens externes

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