Bon usage du médicament
Le bon usage dâun mĂ©dicament se dĂ©finit par lâutilisation du bon mĂ©dicament, Ă la bonne dose, pour une durĂ©e adaptĂ©e, par un patient qui le tolĂšre correctement[1]. La iatrogĂ©nie (ou iatrogĂ©nĂšse) mĂ©dicamenteuse correspond aux consĂ©quences nĂ©gatives ou indĂ©sirables sur lâĂ©tat de santĂ© des patients provoquĂ©es par la prise dâun mĂ©dicament (quâil soit bien utilisĂ© ou non)[2].
Les chiffres
Chaque annĂ©e en France, plus de 10 000 dĂ©cĂšs et 130 000 hospitalisations dâune durĂ©e moyenne dâune dizaine de jours sont imputables Ă une mauvaise utilisation de mĂ©dicaments[3] - [4] - [5]. On considĂšre que dans 45 Ă 70 % des cas ces accidents seraient Ă©vitables[4].
Du fait de leurs pathologies multiples et leur polymédication, les personnes ùgées sont plus particuliÚrement exposées au risque de iatrogénie médicamenteuse[5] - [6].
La France a longtemps été est un des plus mauvais élÚves au regard de la consommation de médicaments en Europe. Si elle s'est classée parmi les plus forts consommateurs européens de médicaments (rapporté à la taille de la population) pendant de nombreuses années[7], des études plus récentes montrent qu'elle se situe désormais dans la moyenne européenne[8].
En 2000, lâOrganisation mondiale de la santĂ© a dĂ©clarĂ© que ârĂ©soudre le problĂšme de la non-observance thĂ©rapeutique serait plus efficace que lâavĂšnement de nâimporte quel progrĂšs mĂ©dicalâ[9].
Les causes dâun mauvais usage du mĂ©dicament
Le mauvais usage dâun mĂ©dicament peut ĂȘtre la consĂ©quence dâune ou plusieurs erreurs lors de la prise du mĂ©dicament[3] - [6] - [10] :
- un mauvais dosage : le patient ne prend pas la bonne dose de médicaments,
- une mauvaise prise : le patient prend ses médicaments au mauvais moment,
- le non-respect du traitement prescrit : le patient ne respecte pas la prescription (posologie, fréquence, durée du traitement)
- une interaction entre plusieurs mĂ©dicaments : un patient prenant plusieurs traitements (= polymĂ©dication) entraĂźne un risque dâincompatibilitĂ© entre les diffĂ©rents mĂ©dicaments et un cumul des effets secondaires,
- une prescription inappropriĂ©e : le mĂ©decin a prescrit un mĂ©dicament ne correspondant pas (ou plus) Ă la pathologie du patient ou un traitement inappropriĂ© (insuffisance ou excĂšs), la multiplicitĂ© des intervenants (mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste, spĂ©cialistes, etcâŠ)
Le bon usage des médicaments
Tous les intervenants de la chaßne du médicament (aussi bien les patients que les professionnels de santé ou encore les industriels) ont un rÎle à jouer pour promouvoir et développer de meilleures pratiques quant au bon usage des médicaments.
Les patients
Au niveau des patients, on recense plusieurs consignes à respecter délivrées par le MinistÚre de la Santé [6] - [11] :
- information Ă son mĂ©decin des mĂ©dicaments utilisĂ©s pour Ă©viter les interactions avec dâautres traitements Ă©ventuels,
- respect de la prescription et de la posologie,
- surveillance des éventuels effets secondaires et leur signalement le cas échéant,
- identification du nom de la substance active des médicaments (dénomination commune internationale : DCI),
- inscription du nom du médicament par le pharmacien sur la boßte en cas de substitution par un médicament générique,
- conservation et stockage des mĂ©dicaments dans leur emballage dâorigine,
- pas dâutilisation de mĂ©dicaments provenant dâun traitement antĂ©rieur ou ayant dĂ©passĂ© la date de pĂ©remption,
- élimination des médicaments non utilisés en les rapportant au pharmacien,
- stockage des médicaments hors de la portée des enfants,
- pas dâautomĂ©dication sans conseil auprĂšs de son pharmacien.
Les professionnels de santé
Au-delĂ de leur rĂŽle de prescription, vĂ©rification ou conseil, on voit le dĂ©veloppement de nombreux outils spĂ©cifiques Ă destination des professionnels de santĂ© (mĂ©decins, infirmiers, pharmaciens, etcâŠ) pour favoriser le bon usage du mĂ©dicament : outils dâaide Ă la prescription, logiciels dâaide Ă la prescription permettant de dĂ©tecter lâensemble des interactions mĂ©dicamenteuses, plateforme dâaide au suivi de la prise des mĂ©dicaments, dossier pharmaceutique (DP), modules dâe-learning, etcâŠ[12] - [13].
Les industriels du secteur
Du cĂŽtĂ© des industriels, on voit apparaĂźtre des solutions permettant dâamĂ©liorer le bon usage du mĂ©dicament. Des start-ups telles que Posos ou Synapse Medicine ont lancĂ© des solutions utilisant lâintelligence artificielle. Elles permettent de proposer aux professionnels de santĂ© (mĂ©decin, pharmacien, soignant) des outils dâaide Ă la dĂ©cision offrant des informations fiables et immĂ©diates sur les mĂ©dicaments prescrits, et ainsi diminuer le risque de mĂ©susage[14] - [15]. Des piluliers prĂ©parĂ©s en pharmacie sont Ă©galement apparus sur le marchĂ© depuis quelques annĂ©es. Ils permettent de sĂ©curiser la prise des mĂ©dicaments et lâobservance du traitement (qui passe de 77% en moyenne Ă 98% avec un pilulier sĂ©curisĂ©)[9]. La sociĂ©tĂ© Medissimo a notamment dĂ©veloppĂ© un pilulier connectĂ© primĂ© au Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas en 2014[16] ainsi que des applications web qui permettent de sâassurer de la bonne prise des mĂ©dicaments par le patient et qui offre aux professionnels de santĂ© un outil de suivi du traitement Ă distance. Ces piluliers connectĂ©s permettent donc aux soignants de connaĂźtre le niveau exact dâobservance de la prescription et donc de favoriser le bon usage du mĂ©dicament[9].
Le collectif Bon usage du médicament
NĂ© en 2015, le collectif Bon usage du mĂ©dicament regroupe 18 acteurs professionnels de la chaĂźne du mĂ©dicament (mĂ©decins, infirmiers, kinĂ©sithĂ©rapeutes, pharmaciens, industriels du mĂ©dicament, acteurs de la protection sociale, âŠ) autour du bon usage du mĂ©dicament. Il a notamment mis en Ćuvre un plan dâaction Ă destination des patients et des professionnels de santĂ©. Ce programme aurait permis dâobtenir des rĂ©sultats significatifs en matiĂšre de santĂ© publique (diminution de la consommation mĂ©dicamenteuse et des associations mĂ©dicamenteuses Ă risque) et de rĂ©duire les dĂ©penses de lâAssurance maladie de 185 millions dâeuros entre le 1er semestre 2015 et le 1er semestre 2016[4] - [17].
Lors de la Tribune du Bon usage du mĂ©dicament qui sâest dĂ©roulĂ©e Ă Paris le 22 mars 2018, le Collectif a prĂ©sentĂ© 10 prĂ©conisations pour lâamĂ©lioration du bon usage du mĂ©dicament[18] :
- Fixer un objectif de réduction des décÚs et des hospitalisations dus au mauvais usage du médicament à 5 ans,
- Créer un Observatoire du bon usage du médicament,
- Renforcer la formation de tous les professionnels de santé au bon usage du médicament,
- Encourager la coopération médecins-pharmaciens au travers du Développement Professionnel Continu,
- Sensibiliser les jeunes et les salariés au bon usage du médicament via le Service Sanitaire,
- Relancer les campagnes dâinformation grand public sur le bon usage, portĂ©es par les autoritĂ©s de santĂ©,
- GĂ©nĂ©raliser dans les logiciels dâaide Ă la prescription, la dĂ©tection des interactions mĂ©dicamenteuses provenant de multi-prescriptions,
- AccĂ©lĂ©rer, via le DMP (Dossier MĂ©dical PartagĂ©), la mise Ă disposition des outils de partage des donnĂ©es patients entre professionnels de santĂ© et Ćuvrer Ă leur bonne utilisation,
- Rendre inter opérables les messageries sécurisées entre professionnels de santé (ville/hÎpital),
- Mettre en place un numéro vert à destination des médecins et pharmaciens pour leur permettre de contacter un référent médicament dans les situations complexes.
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- « Quelques rÚgles de bon usage des médicaments », sur solidarites-sante.gouv.fr,
- « Bon usage du médicament », sur reflexeiatrogenie.com/
- « L'IA dédiée au bon usage du médicament », sur synapse-medicine.com/fr
Notes et références
- Jean-François Bergmann, « Le bon usage du mĂ©dicament : dĂ©finition, rĂ©fĂ©rentiels, pĂ©rimĂštre et champ dâapplication », ThĂ©rapies,â , p. 267-273 (lire en ligne)
- MinistÚres des Solidarités et de la Santé, « Fiche 18 : le bon usage des médicaments mise à jour18.03.19 », sur solidarites-sante.gouv.fr,
- « Le mauvais usage des médicaments tue plus de 10 000 personnes par an », sur lexpress.fr,
- « Bon usage des médicaments », sur leem.org,
- AgnÚs Duperrin, « Médicaments: la liste des médicaments les plus prescrits aprÚs 60 ans », sur notretemps.com,
- « Le guide du bon usage des médicaments », sur reflexeiatrogenie.com
- MinistÚre des Solidarités et de la Santé et MinistÚre des Solidarités et de la Santé, « Remise à Marisol Touraine du rapport sur la surveillance et la promotion du bon usage du médicament en France », sur MinistÚre des Solidarités et de la Santé, (consulté le )
- « Consommation : répartition et financement », sur www.leem.org (consulté le )
- Thomas Estimbre, « Un Pilulier Connecté, Création De Caroline Blochet », sur forbes.fr,
- « Des causes connues », sur reflexeiatrogenie.com
- DICOM_Lisa.C et DICOM_Lisa.C, « Quelques rÚgles de bon usage des médicaments », sur MinistÚre des Solidarités et de la Santé, (consulté le )
- « Des outils à la disposition des professionnels de santé | Bon usage du médicament » (consulté le )
- « Prescription médicamenteuse chez le sujet ùgé (3) - Lors d'une hospitalisation », sur Haute Autorité de Santé (consulté le )
- Zone Bourse, « Santé: des algorithmes et assistants virtuels pour aider les médecins à | Zone bourse », sur www.zonebourse.com (consulté le )
- « POSOS lÚve 2 M⏠pour mettre la connaissance médicale à la portée de tous les praticiens », sur Caducee.net (consulté le )
- « Medissimo, de l'intelligence dans le pilulier », sur usinenouvelle.com,
- Collectif Bon usage du médicament, « Les 10 préconisations du Collectif bon usage du médicament », sur leem.org,
- « Les 10 préconisations du Collectif bon usage du médicament pour éviter 10 000 décÚs par an ! | Pharmaradio, votre dose d'information au quotidien | La Radio des Professionnels de la Pharmacie », sur www.pharmaradio.fr (consulté le )