Beurre (couleur)
Le beurre (la matière grasse issue du lait), dont la couleur varie de l'ivoire au jaune paille, a donné son nom à des jaunes.
L'expression « couleur beurre », attestée en 1652[1], est d'usage plutôt rare, sauf pour préciser des variétés végétales ; ainsi on appelle haricot beurre la variété jaune du haricot vert ou poire beurre une poire à peau jaune. Beurre frais est plus courant dans le domaine de la mode. D'après le Grand dictionnaire universel du XIXe siècle de Pierre Larousse « beurre frais ou simplement beurre se dit d'une couleur particulière analogue à celle du beurre[2] ».
Beurre frais
Beurre frais est un nom de couleur attesté en 1816[3], utilisé fréquemment pour désigner une teinte pâle de gants à la mode au XIXe siècle.
« Sans cesse, il lui fallait des cosmétiques, des robes de soie rose et des gants beurre frais »
— Paul Reboux et Charles Müller, 1913[4].
Chevreul a entrepris au XIXe siècle de repérer les couleurs les unes par rapport aux autres et par rapport aux raies de Fraunhofer. Il cite la couleur beurre frais parmi les « noms de couleur le plus fréquemment usités dans la conversation et dans les livres », et l'évalue comme un orangé-jaune du 2.5 au 3 ton[5], c'est-à -dire un crème très clair[6]. Chevreul a inclus beurre frais dans la section « noms de couleur le plus fréquemment usités dans la conversation et dans les livres », et comme la couleur crème, qui désigne au fond la même chose, n'est pas citée, on peut penser qu'il s'agit d'un synonyme.
Dès lors que l'expression beurre frais était courante, il n'est pas surprenant de la voir servir à la description de toute sorte d'objets :
« Gigonnet ôta sa terrible casquette verte qui semblait née avec lui, montra son crâne couleur beurre frais dénué de cheveux, fit sa grimace voltairienne et dit : — Vous voulez me payer en huile pour les cheveux, quéque j'en ferais. »
— Balzac, César Birotteau, 1835.
Beurre frais peut être modifié par pâle et par grisâtre.
Voir aussi
Article connexe
Notes et références
- cité en 1853, « Testament du sieur curé de Ballon », sur gallica.bnf.fr.
- « Beurre », sur gallica.bnf.fr.
- Colin, « Expériences relatives à la fabrication des savons durs », Annales de chimie et de physique, Paris,‎ (lire en ligne).
- Paul Reboux et Charles Müller, À la manière de (2e série), (lire en ligne).
- Michel-Eugène Chevreul, « Moyen de nommer et de définir les couleurs », Mémoires de l'Académie des sciences de l'Institut de France, t. 33,‎ , p. 130 (lire en ligne). Orangé-jaune est d'une teinte plus jaune que orangé 4, tangent à la raie D côté jaune. Sa longueur d'onde dominante peut donc s'estimer à 586,1 nanomètres. 2,5 ton correspond à une clarté de 18,5/21 (88 %). La couleur est calculée par interpolation cubique des fonctions colorimétriques CIE XYZ, avec une pureté de 21 % avec du blanc D55 correspondant à l'éclairant utilisé par Chevreul, puis convertie en valeurs sRGB. Le rendu n'est correct que sur un écran conforme et réglé selon la norme.
- AFNOR NF X08-010 (annulée en 2014), « Classification méthodique générale des couleurs », reprise dans Robert Sève, Science de la couleur : aspects physiques et perceptifs, Marseille, Chalagam, , p. 247-249.