Bernhard Simon
Bernhard Simon (nĂ© le Ă Niederurnen, dans le canton de Glaris, et mort le Ă Bad Ragaz) est un ingĂ©nieur et architecte suisse. RentrĂ© en Suisse aprĂšs un lucratif dĂ©but de carriĂšre Ă Saint-PĂ©tersbourg, il devient dans son pays natal directeur des chemins de fer, homme politique, entrepreneur et lâun des principaux protagonistes du thermalisme en Suisse au XIXe siĂšcle en raison du dĂ©veloppement qu'il a apportĂ© Ă la station thermale de Bad Ragaz.
Biographie
Bernhard Simon, fils dâun cordonnier et petit paysan, a acquis ses connaissances architecturales Ă Lausanne, oĂč son oncle Fridolin Simon Ă©tait Ă©tabli comme inspecteur des bĂątiments de la Ville de Lausanne. Il y commence en 1835 un apprentissage de maçon et plĂątrier, mais bientĂŽt son oncle lui confie des remplacements, notamment sur les chantiers dĂ©laissĂ©s par lâarchitecte Henri Fraisse malade. Le jeune homme a ainsi lâoccasion de rĂ©aliser des plans de dĂ©tail du lâhĂŽtel Gibbon (1837-1839) ou encore de la Grenette (place de la Riponne) (1838-1840)[1].
En 1839, aprĂšs un bref sĂ©jour Ă Paris, il Ă©migre en Russie, Ă Saint-PĂ©tersbourg, travaillant tout dâabord avec Georg Ruprecht Zollikofer (1802â1874), un confrĂšre saint-gallois. Mais bientĂŽt il ouvre son propre bureau dâarchitecture, qui devient rapidement florissant. Il y emploie Ă©galement ses frĂšres, Sebastian et Balthasar. SpĂ©cialisĂ© notamment dans la construction de palais et de grandes demeures pour lâaristocratie russe, comme le manoir de Bykovo pour le comte Vorontsov-Dachkov, c'est lâun des bĂątisseurs les plus actifs de la capitale. Son projet pour un bĂątiment des postes lui vaut en 1853 une nomination Ă lâacadĂ©mie impĂ©riale. Son Ćuvre russe, bien que trĂšs importante, nâa pas encore Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©e[1].
Toutefois, pour raisons de santĂ©, Bernhard Simon rentre en 1854 dans sa patrie et sâĂ©tablit Ă Saint-Gall. EntrĂ© au conseil dâadministration de la sociĂ©tĂ© des chemins de fer de Saint-Gall et Appenzell (voir Histoire du transport ferroviaire en Suisse), il supervise la construction de la ligne Winterthour-Saint-Gall-Rorschach et, aprĂšs lâouverture de cette ligne en 1856, fonctionne comme directeur dâexploitation. AprĂšs la fusion de la Compagnie de l'Union-Suisse et lâĂ©chec de sa candidature au poste de directeur gĂ©nĂ©ral, Simon retourne en 1859 Ă son mĂ©tier dâarchitecte et rĂ©alise dans les annĂ©es 1860 une sĂ©rie de grands projets. Ainsi, il Ă©lĂšve de sa propre initiative un important quartier commercial et rĂ©sidentiel Ă proximitĂ© de la gare de Saint-Gall. Jusquâen 1867, il est Ă©galement conseiller communal et inspecteur des travaux Ă Saint-Gall, ville oĂč il planifie lâhĂŽpital cantonal en 1867[2].
DĂšs 1861, Bernhard Simon est appelĂ© dans son canton dâorigine, frappĂ© de plein fouet par lâincendie de son chef-lieu, Glaris. Conjointement avec lâinspecteur des travaux de la Ville de Zurich, Johann Caspar Wolff (de), il Ă©tablit les plans pour la reconstruction du chef-lieu, en prĂ©voyant une disposition orthogonale des rues. Il dessine personnellement aussi les plans de lâhĂŽtel de ville (1863-1864) et dirige la construction de lâĂ©glise rĂ©formĂ©e de Glaris dâaprĂšs les plans de Ferdinand Stadler (de)[1].
En 1864 aussi, on le retrouve Ă Lausanne, oĂč il construit la deuxiĂšme maison des postes de Saint-François[3].
La carriĂšre de Bernhard Simon prend un tournant radical en 1868, lorsquâil acquiert du canton de Saint-Gall le domaine de Bad Ragaz ainsi que la concession de la source thermale de PfĂ€fers, village voisin. DĂ©sormais entrepreneur spĂ©cialisĂ© dans le thermalisme, il construit la station thermale de Bad Ragaz, oĂč il inaugure en 1869 dĂ©jĂ le grand hĂŽtel Quellenhof, puis, jusquâen 1871, le Kursaal ou Casino, les bains thermaux (premiĂšre piscine couverte de Suisse), ainsi que les amĂ©nagements paysagers dotĂ©s de diverses dĂ©pendances, Ă savoir : pavillon de musique, chalet suisse et trois villas. Simon reprend son mĂ©tier dâarchitecte en 1874-1875 pour la construction dâune nouvelle buvette et dĂ©pendance de lâĂ©tablissement de cure de Tarasp en Basse-Engadine. Il meurt Ă Bad Ragaz, oĂč son imposant monument funĂ©raire orne le cimetiĂšre de lâĂ©glise catholique[1].
Ćuvres
- HĂŽtel particulier Narychkine Ă Saint-PĂ©tersbourg (1844)[4]
- Palais Chouvalov Ă Saint-PĂ©tersbourg (1844-1846)[5],
- Reconstruction et aménagement du palais Youssoupov sur la Moïka (restent: le salon des gobelins, le salon Antonio Vighi et la salle du couronnement)
- Termine la maison du comte TolstoĂŻ Ă Moscou
- HĂŽtel particulier du prince P. Galitzine Ă Moscou
- Manoir des Vorontsov-Dachkov, Ă Bykovo prĂšs de Moscou (1843-1851)[6]
- Villa Charlottenfels (aujourdâhui Ă©cole dâagriculture), Neuhausen am Rheinfall prĂšs des chutes du Rhin, 1850â1854, planifiĂ©e encore en Russie
- Quartier commercial et dâhabitation, Saint-Gall, 1859â1860
- HĂŽtel Walhalla et ancienne poste, Saint-Gall, 1860â1861 (1955 incendie)
- Glaris, reconstruction de la ville, 1861â1863
- HĂŽtel de ville de Glaris, 1862â1864
- HÎpital cantonal de Saint-Gall, plan 1867, exécution 1870-1872 par Emil Kessler)
- HĂŽtel Quellenhof, Bad Ragaz 1868â1869 (dĂ©moli 1995 et reconstruit)
- Buvette et maison de cure, Tarasp 1874â1877
Bibliographie
- Benno Schubiger: Simon, Bernhard. In: Isabelle Rucki, Dorothee Huber (Ă©d.): Architektenlexikon der Schweiz â 19./20. Jahrhundert. BirkhĂ€user, BĂąle 1998. (ISBN 3-7643-5261-2). pp. 498-499.
Liens externes
- Benno Schubiger, « Simon, Bernhard » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .
- Portrait de l'architecte entrepreneur, www.badragaz.ch]
Références
- (de) Isabelle Rucki, Dorothee Huber (ed.) (trad. de l'italien), Architektenlexikon der Schweiz 19./20. Jahrhundert, Basel/Boston/Berlin, BirkhÀuser Verlag, , 614 p. (ISBN 3-7643-5261-2), p. 498-499
- Benno Schubiger, « Simon, Bernhard » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .
- Marcel Grandjean, Les monuments dâart et dâhistoire du canton de Vaud III. La ville de Lausanne : Ădifices publics (II). Quartiers et Ă©difices privĂ©s de la ville ancienne, vol. III, BĂąle, Ăditions BirkhĂ€user, coll. « Les monuments d'art et d'histoire de la Suisse, 69 », , 415 p. (ISBN 3-7643-1141-X), p. 84-86.
- (ru) « ĐŃĐŸĐ±ĐœŃĐș ĐĐ°ŃŃŃĐșĐžĐœĐŸĐč ĐĐ°ŃĐ°ĐČĐ°ĐœĐœĐ°Ń ŃĐ»., 20 » [archive du ] (consultĂ© le )
- (ru) « Palais des Chouvalov, quai de la Fontanka, 21 - rue des Italiens, 39 » [archive du ] (consulté le )
- (ru) B.N. Botcharnikov, L'architecte Bernhard Simon et le manoir de Bykovo dans les sources Ă©trangĂšres, 2021, in: Đ ŃŃŃĐșĐ°Ń ŃŃĐ°ĐŽŃба, tome 27 (43), p. 76