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Bernard Vaugon

Bernard Modeste Jules Vaugon (né le à Pré-en-Pail et mort le à Paris[2] - [3]) est un haut fonctionnaire français. Il fut préfet dans plusieurs départements.

Bernard Vaugon
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Biographie
Naissance
Décès
SĂ©pulture
Nationalité
Formation
École des hautes études commerciales de Paris
Faculté de droit et des sciences économiques de Paris (d)
Activité
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Distinctions
Archives conservées par
Vue de la sépulture.

Accusé d'avoir servi le Régime de Vichy, il fut l'un des principaux acteurs du procès[4] de Maurice Papon[5] en 1997, qu'il défendit pendant son témoignage sur la préfecture régionale de Bordeaux pendant la seconde guerre mondiale, son organisation, les attributions de Maurice Papon et le service des questions juives.

Parcours

Son parcours dans la préfectorale commence durant le régime de Vichy[note 1]. Il est successivement :

À la Libération de Soissons, fin août 1944, il est le seul sous-préfet de l’Aisne à conserver son poste, pour aide à la Résistance[9], et ce jusqu'en 1950. Il travaille avec les Américains pour faire face aux dégâts de la guerre, sous l'autorité du nouveau préfet de l'Aisne (et ancien résistant francilien) Pierre Pène, nommé par De Gaulle, puis de ses successeurs.

Il reprend ensuite un parcours au sein de la préfectorale dans différents départements :

En juin 1959, il fait partie de vingt personnalités conviées au vol inaugural Caravelle de la première ligne internationale à l'Aéroport de Nice-Côte d'Azur et apparaît à ce titre dans un reportage diffusé au journal télévisé de l'ORTF[12].

En 1960, en Corse, à la suite d'une annonce en avril par le gouvernement de projet d'essais nucléaires dans les mines désaffectées de l'Argentella, au sud de Calvi, il réagit aux premières protestations, le 2 mai 1960, et précise que rien n'est définitivement décidé. Le projet sera abandonné le 14 juin 1960, avant même qu'une manifestation annoncée puisse avoir lieu[13].

Il traite avec modération les réfugiés politiques expédiés en Corse, « prison dorée », pour la durée de la visite du président de l'URSS Nikita Khrouchtchev, en voyage officiel en France, en 1960. Il s'agit des exilés russes en France, de toutes tendances, des trotskistes à l'extrême-droite, relégués dans l'île de Beauté, le temps de la visite du no 1 russe, importante dans le cadre de la politique d'indépendance voulue par le général de Gaulle vis-à-vis des États-Unis. Ils sont hébergés dans des hôtels de luxe, et surveillés par des forces de l'ordre débonnaires et gênés, qui n'hésitent pas à jouer aux cartes et aux boules avec eux. Pour autant, ces relégués garderont une appréciation amère de cette belle entorse à l'hospitalité que leur fait la France[14] - [15] - [16].

Devenu prĂ©fet du Gard (1962-1964)[17], il doit faire face Ă  l'affluence des rapatriĂ©s d'AlgĂ©rie dans le dĂ©partement du Gard, 25 000 personnes le 30 aoĂ»t 1962. Le prĂ©fet dĂ©clare en septembre le dĂ©partement saturĂ© et assure que les prestations de rapatriement ne pourront plus ĂŞtre versĂ©es pour les arrivĂ©es après le 31 aoĂ»t[18]. Il devient ensuite le premier prĂ©fet de la RĂ©gion Franche-ComtĂ© (1964-1968)[19]. Et enfin, prĂ©fet de la rĂ©gion Languedoc-Roussillon et prĂ©fet de l'HĂ©rault[20] (1968-1972), son dernier poste. Il devra faire face aux graves conflits de la crise viticole[21].

Procès Maurice Papon

En novembre 1997, il est appelé, comme témoin de la défense, au vingtième jour du procès de Maurice Papon, pour crimes contre l'humanité, à Bordeaux sur la question de la préfecture de Bordeaux pendant le régime de Vichy, son organisation, les attributions de Maurice Papon et le service des questions juives. L'homme, son argumentation, et ses réponses au procureur général et aux avocats des parties civiles, notamment Arno Klarsfeld, représentant l'association des Fils et filles de déportés juifs de France, sont cités et commentés par la presse française régionale[22], nationale[23] - [24], et internationale[25], ainsi que dans les ouvrages consacrés à cette affaire judiciaire[26] - [4]. Bernard Vaugon met en avant la nécessité selon lui d'une prescription, réclame de l'indulgence, et affirme le caractère impensable du génocide pour les fonctionnaires se prêtant aux opérations de rafle. « Les Français ne savaient pas les Juifs étaient déportés vers leur mort » déclare-t-il[25].

Et la journaliste Pascale Nivelle de conclure, après le compte rendu de son témoignage : « L'ancien préfet était, vendredi, le dernier d'une longue liste de témoins de moralité, dont on se demande s'ils ont vraiment servi la défense de Maurice Papon. Tout au plus, avec leur assurance, leurs certitudes, leurs certificats de bonne conduite et leurs carrières verticales de hauts fonctionnaires, auront-ils prouvé que l'accusé n'est pas le seul à s'être sali les mains sous l'Occupation. Et que les contradictions d'alors sont difficiles à appréhender par « les générations qui n'ont pas connu la guerre ». Les jurés auront découvert aussi le monde immuable de l'administration française, encore soudée, cinquante ans après, autour de la seule idée supportable à l'époque des déportations : « On pensait que les israélites partaient dans des camps de travail à l'Est. » Qu'ils aient 2 mois ou 80 ans »[23]. À l'issue du procès, Maurice Papon est condamné par la cour d'assises de Gironde.

Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (36e division).

Divers

Il fut aussi membre honoraire de la société philanthropique La Gigouillette.

Notes

  1. Qui sont les préfets de Vichy ?, de Marc Olivier Baruch, est une étude approfondie sur les préfets de Vichy (accessible ici)
  2. En 1997, durant le procès Papon oĂą il est un des tĂ©moins appelĂ©s par la dĂ©fense, Arno Klarsfeld lui fera remarquĂ© qu'il Ă©tait chef de cabinet adjoint du prĂ©fet de police de Paris en 1942 au moment oĂą 2 000 enfants juifs ont Ă©tĂ© dĂ©portĂ©s, en particulier durant la rafle du Vel d'Hiv, point qu'il n'avait pas citĂ© en se prĂ©sentant. « C'est exact, j'ai occupĂ© ces fonctions » rĂ©pondra-il de façon sèche, « Mais je ne me suis nullement mĂŞlĂ© Ă  la triste opĂ©ration qui vient d'ĂŞtre Ă©voquĂ©e. » jugera-t-il nĂ©cessaire de complĂ©ter

Références

  1. « http://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/UD/FRAN_IR_001514/d_1910 »
  2. « matchID - Moteur de recherche des décès », sur deces.matchid.io (consulté le )
  3. « Carnet Â», Le Figaro, .
  4. Erhel, Aucher et de La Baume 1998, p. 467-471
  5. Sorj Chalandon, Pascale Nivelle, Crimes contre l'humanité: Barbie, Touvier, Bousquet, Papon, ed. Plon, 1998, (ISBN 2259188699)
  6. René de Chambrun, La Vie de la France sous l'occupation (1940-1944), p. 398, ed. Plon, 1957
  7. J.O, vol.3, 1943
  8. Marie-Agnès Pitois-Dehu, L'Aisne dans la guerre, 1939-1945, p. 136, ed. Horvath, 1986, (ISBN 2717104623)
  9. Grégory Longatte, La libération de l’Aisne : pouvoirs, résistance et population 1944-1945 , p. 72-77, ed. Fédération des Sociétés d'Histoire et d'Archéologie de l'Aisne, 2005, (ISBN 2906543098),
  10. J.O, 1950, p. 6048
  11. Archives départementales de la Nièvre, no 5
  12. ORTF, « Vol inaugural de la Caravelle entre Nice et Rome », sur INA,
  13. « corsematin.com/article/corse/e… »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?).
  14. Thomas Schreiber, Les actions de la France à l'Est : ou Les absences de Marianne, Éditions L'Harmattan, , 254 p., p. 82
  15. Leurs dossiers RG » par Julien Caumet, Flammarion 2000, fragment: Les réfugiés politiques, cité dans http://reellerealite.perso.sfr.fr/index.html
  16. Antoine Marès et Pierre Milza, Le Paris des étrangers depuis 1945, , 470 p. (ISBN 978-2-85944-256-9, lire en ligne), p. 147.
  17. Préfecture du Gard : Les Préfets du Gard depuis 1800 par date de nomination
  18. François Pugnière, Les cultures politiques à Nîmes et dans le Bas-Languedoc oriental du XVIIe siècle aux années 1970: affrontements et dialogues, ed. L'Harmattan, 2008, (ISBN 2296058558),
  19. La Pensée', no 301 à 304 , p. 79, s.n., 1995
  20. Site de la Préfecture du Languedoc-Roussillon et de l'Hérault, liste des préfets.
  21. Bernard Revel, Montredon: les vendanges du désespoir, p. 84-88, ed. Loubatières, 1996 , (ISBN 2862662364)
  22. Dubourg 1997
  23. Nivelle 1997
  24. Bois 1997
  25. Marmie 1997
  26. Conan 1998

Sources

  • Pierre Henry, Histoire des PrĂ©fets, p. 33-346, ed. Nouvelles Éditions Latines, 1950
  • RenĂ© Bargeton, Dictionnaire biographique des prĂ©fets: septembre 1870-mai 1982, ed. Archives Nationales, 1994, (ISBN 2860002324).
  • (en) Nicolas Marmie, « Papon Calls Accuser 'Counterfeiter' », Associated Press,‎ (lire en ligne).
  • Bernadette Dubourg, « L'accusation est incisive sur la question juive - 07/11/1997 », le journal français Sud Ouest,‎ (lire en ligne)
  • Pascale Nivelle, « Maurice Papon devant ses juges: La grande cĂ©citĂ© des serviteurs de Vichy. CitĂ© par la dĂ©fense, un ancien prĂ©fet a justifiĂ© l'attitude du fonctionnaire Papon. », le journal français LibĂ©ration,‎ (lire en ligne).
  • Pierre Bois, « Le poids très discutĂ© d'une signature. », le journal français Le Figaro,‎ .
  • Éric Conan, Le procès Papon – Un journal d'audience, Paris, Éditions Gallimard, , 324 p. (ISBN 2-07-075280-1).
  • Catherine Erhel, Mathieu Aucher et Renaud de La Baume, Le procès de Maurice Papon : 8 octobre 1997- 8 janvier 1998, Éditions Albin Michel, .
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