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Berliner Bewegung

La Berliner Bewegung est un rassemblement antisémite actif dans le royaume de Prusse dans les années 1880.

Débuts et succès

Principaux représentants de la "Berliner Bewegung" : Au milieu Otto Glagau puis, dans le sens des aiguilles d'une montre, Adolf König, Bernhard Förster, Max Liebermann von Sonnenberg, Theodor Fritsch, Paul Förster et Otto Böckel.

La « Berliner Bewegung Â» (Mouvement berlinois) est nĂ©e de l'antisĂ©mitisme montant en Allemagne Ă  la fin des annĂ©es 1870. Il ne s'agit ni d'un parti politique ou d'une association mais plutĂ´t d'une dĂ©nomination commune pour une multitude de groupuscules et de personnes dont la caractĂ©ristique principale Ă©tait la haine des Juifs.

L'idéologie antisémite de la "Berliner Bewegung" a été portée par un antilibéralisme et un anticapitalisme vagues, résultant du krach de 1873, par la crainte de la croissance de la social-démocratie et par la montée d'une entente nationale de type ethno-racial au sein de la bourgeoisie intellectuelle. On retrouve ces idées particulièrement dans les écrits de l'essayiste Otto Glagau. Le tournant conservateur qu'Otto von Bismarck donne à sa politique en 1878-1879 en rompant avec le libéralisme et en engageant une politique intérieure conservatrice sur le plan social (lois socialistes, fin du Kulturkampf) renforce le mouvement. Bismarck instrumentalise sciemment la "Berliner Bewegung" pour affaiblir le libéralisme ; probablement la finançait-il également grâce aux fonds Welfs. Cependant, en raison de son radicalisme et de son faible succès politique, le chancelier s'en détache au début des années 1880.

Le discours d'Adolf Stoecker intitulĂ© "Unsere Forderungen an das moderne Judenthum" prononcĂ© en 1879 marquera l'histoire du mouvement. Ce discours est la marque du dĂ©but de l'antisĂ©mitisme moderne. Adolf Stoecker et son parti chrĂ©tien-social ont alors formĂ© le noyau de ce mouvement qui regroupe une multitude de personnes et de groupuscules antisĂ©mites, antilibĂ©raux, conservateurs et pseudo-anticapitalistes, dont les membres sont principalement des artisans, des propriĂ©taires de magasins de Berlin mais Ă©galement des officiers ou des universitaires. Ă€ ses dĂ©buts, la "Berliner Bewegung" est soutenue par le Deutschkonservative Partei qui veut se constituer une base de masses. Il profite de l'ambiance antisĂ©mite et antilibĂ©rale qui règne alors en Allemagne tout comme du dĂ©but public sur la responsabilitĂ© de l'État concernant les intĂ©rĂŞts sociaux. En 1880-1881 la "Berliner Bewegung" lance la fameuse "PĂ©tition antisĂ©mite", qui a pour but de mettre un frein Ă  l'assimilation juridique des Juifs. 250 000 personnes signent la pĂ©tition.

Entre-temps des petits groupes racistes se sont constituĂ©s Ă  Berlin comme la Ligue antisĂ©mite de Wilhelm Marr, le Soziale Rechtspartei d'Ernst Henrici et le Deutscher Volksverein de Max Liebermann von Sonnenberg. Contrairement aux chrĂ©tiens-sociaux, ils reprĂ©sentent un antisĂ©mitisme raciste et crĂ©ent grâce Ă  l'agitation occasionnĂ©e une atmosphère gĂ©nĂ©ralisĂ©e hostile aux Juifs qui se propage Ă©galement Ă  travers des violences comme les bagarres du Nouvel-An Ă  Berlin, l'affaire Kantorowicz ou l'incendie de la synagogue de Neustett. Cela ne dissuade pas le Deutschkonservative Partei qui coopère avec les antisĂ©mites ultraradicaux au ComitĂ© Central conservateur. Le but avouĂ© Ă©tait de briser la domination des libĂ©raux et de la SPD Ă  Berlin. Lors des Ă©lections au Reichstag de 1881, des membres de la « Berliner Bewegung Â» sont candidats pour les conservateurs. MalgrĂ© le gain de voix, ils n'ont pas pu remporter la circonscription et la collaboration au sein du ComitĂ© Central conservateur fut remise en cause.

Le conflit antisémite de Berlin

La « Berliner Bewegung Â» connaĂ®t son heure de gloire en 1882 : Adolf Stoecker est un orateur très demandĂ©. Le prince Wilhelm, le futur Guillaume II d'Allemagne Ă©tait adhĂ©rent des ChrĂ©tiens-sociaux, et mĂŞme Guillaume Ier d'Allemagne accorde une audience Ă  Stoecker et Ă  quelques-uns de ses adeptes.

C'est également en 1882 que se tient le Congrès international antijuif de Dresde, au sein duquel Stoecker occupe une place centrale.

En dehors du prédicateur qu'était Adolf Stoecker, c'est avant tout l'historien Heinrich von Treitschke qui fit admettre les positions de la "Berliner Bewegung" à la cour lors du conflit antisémite de Berlin. Celui-ci avait publié plusieurs articles dans les Annales prussiennes (1879-1880) dans lesquelles il avait exprimé sa compréhension pour les arguments et les buts de l'antisémitisme et averti que la phrase "Les Juifs sont notre malheur !" retentirait si les Juifs ne changeaient pas. Ses opinions trouvèrent un écho avant tout chez les étudiants, tandis que ses collègues du corps professoral condamnaient sévèrement l'antisémitisme dans la "Notabelnerklärung". Le succès de l'antisémitisme gagna très vite les étudiants, il se propagea non seulement aux associations des étudiants allemands qui s'étaient formées pour diffuser la Pétition antisémite, mais également dans beaucoup de Burschenschaften.

Déclin et répercussions

Lorsque Bismarck met en place sa politique des cartels en 1886, Stoecker et ses adeptes tombent de haut. D'une part, ils ne pouvaient pas remettre en cause leur fidĂ©litĂ© au gouvernement qu'ils avaient constamment proclamĂ©e et d'autre part ils ne pouvaient pas soutenir le Parti LibĂ©ral National, le "parti des Juifs", qui faisait partie du gouvernement. Bismarck abandonne Stoecker et les conservateurs prennent leur distance. Le dĂ©clin de la « Berliner Bewegung Â» ne se fit pas attendre.

Avec la défaite des antisémites aux élections de 1881, la fin avait déjà retenti pour la "Berliner Bewegung". Les adhérents des associations et des partis étaient en nette baisse, tout comme le nombre des réunions et des journaux. Certains agitateurs radicaux déçus comme Bernhard Förster ou Ernst Henrici avaient quitté le pays. D'autres antisémites comme Max Liebermann von Sonnenberg, Oswald Zimmermann et Otto Böckel poursuivirent leurs activités à la fin des années 1880 en province, particulièrement en Hesse et en Saxe. Les partis fondés dans ces provinces restèrent, tout comme le Christlichsoziale Partei de Stoecker, des petits partis.

Importance du mouvement

Très peu de recherches ont Ă©tĂ© faites jusqu'Ă  prĂ©sent sur la « Berliner Bewegung Â» en tant que phĂ©nomène de masse. La plupart du temps, on identifie le mouvement Ă  l'efficacitĂ© d'Adolf Stoecker, ce qui est cependant incorrect, car ce dernier n'Ă©tait qu'une personnalitĂ© parmi les autres. La signification historique de la « Berliner Bewegung Â» a rĂ©sidĂ© dans le fait que pour la première fois en Allemagne, elle a constituĂ© un public de masse pour l'antisĂ©mitisme moderne et a marquĂ© politiquement la petite bourgeoisie de manière durable.

John C. G. Röhl Ă©crit en 1997 Ă  propos de la « Berliner Bewegung Â» que son importance « ne peut ĂŞtre sous-estimĂ©e en ce qui concerne le dĂ©veloppement politique et culturel de l'Allemagne Â» car elle disposait d'une audience importante, car de larges cercles de population Ă©taient concernĂ©s et car d'autre part elle bĂ©nĂ©ficiait d'un fort soutien dans les milieux universitaires, dans le corps des officiers prussiens et Ă  la cour.

Bibliographie

  • (de) John C. G. Röhl: „Kaiser Wilhelm II. und der deutsche Antisemitismus“. In: Wolfgang Benz, Werner Bergmann (Hgg.): Vorurteil und Völkermord. Entwicklungslinien des Antisemitismus. Bundeszentrale fĂĽr politische Bildung, Bonn 1997, p. 252-285. (ISBN 3-89331-274-9)
  • (de) Hans Engelmann: Kirche am Abrund. Adolf Stoecker und seine antijĂĽdische Bewegung. Selbstverlag Institut Kirche und Judentum, Berlin 1984 (Studien zu jĂĽdischem Volk und christlicher Gemeinde, Bd. 5). (ISBN 3-923095-55-4)
  • (de) GĂĽnter Brakelmann, Martin Greschat, Werner Jochmann (de): Protestantismus und Politik. Werk und Wirkung Adolf Stoeckers. Christians, Hamburg 1982 (Hamburger Beiträge zur Sozial- und Zeitgeschichte, Bd. 17). (ISBN 3-7672-0725-7)

Sources

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