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Theodor Fritsch

Theodor Fritsch (Wiesenena, province de Saxe, - Gautzsch, aujourd'hui Markkleeberg en Saxe, ) est un écrivain, éditeur et homme politique allemand antisémite persuadé de la supériorité de la race et du peuple allemand. Il écrit sous les pseudonymes de Thomas Frey, Fritz Thor et Ferdinand Roderich-Stoltheim.

Theodor Fritsch
Theodor Fritsch vers 1920

Biographie

Fritsch effectue ses Ă©tudes d'ingĂ©nierie Ă  l'Institut technique de Berlin. Il dirige un bureau d'Ă©tudes de moulins et est directeur de la publication d'une revue spĂ©cialisĂ©e pour meuniers depuis 1880. Disciple de Wilhelm Marr (Ă  qui on doit la crĂ©ation du terme « antisĂ©mitisme Â»), il publie en 1887 le Antisemiten-Katechismus (« CatĂ©chisme des antisĂ©mites Â»). Cette Ĺ“uvre connait 49 Ă©ditions, toujours actualisĂ©e, avec un tirage de 330 000 exemplaires en tout jusqu'Ă  1944[1] (continuĂ© par Ludwig Franz Gengler (de) après le mort de Fritsch).

Nietzsche écrit en 1887 à son propos : « Il y a quelque temps, un certain Theodor Fritsch de Leipzig m'a écrit. En Allemagne, il n'existe pas d'engeance plus impudente et crétine que ces antisémites. Je lui ai adressé, en signe de remerciement, un beau coup de pied en forme de lettre. Cette canaille ose prononcer le nom de Zarathoustra. Immonde ! Immonde ! Immonde ! »[2]

Theodor Fritsch est en 1889 un des fondateurs du Parti social allemand et se porte candidat (sans succès) aux Ă©lections lĂ©gislatives allemandes de 1890 dans la circonscription de Leipzig. Il est exclu du parti en 1893 et abandonne la politique pour se consacrer aux associations et au journalisme. Il est membre du Deutschbund (Ligue allemande) depuis 1895. En 1902, il fonde sa propre maison d'Ă©dition Ă  Leipzig, nommĂ©e Hammer-Verlag (« Ă©dition marteau Â») et spĂ©cialisĂ©e dans la littĂ©rature antisĂ©mite. Der Hammer (« le marteau ») est aussi le nom d'un revue antisĂ©mite que Fritsch publie[1]. Il est le premier traducteur allemand des Protocoles des Sages de Sion, un faux document rĂ©digĂ© par Mathieu Golovinski Ă  des fins antisĂ©mites.

Fritsch fonde en 1912 une sociĂ©tĂ© secrète ultranationaliste et antisĂ©mite, du nom de Germanenorden (« ordre des Germains Â»), qui exerce une influence dĂ©terminante sur les vues religieuses d'Adolf Hitler. Sous la RĂ©publique de Weimar il est membre du Deutschvölkischer Schutz- und Trutzbund et du Parti populaire allemand de la libertĂ© (DVFP) d'extrĂŞme droite. Candidat du Parti national-socialiste de la libertĂ© (NSFP) – alliance de son DVFP avec le Parti nazi de Hitler – il est Ă©lu au Reichstag en , jusqu'Ă  la nouvelle Ă©lection en dĂ©cembre de la mĂŞme annĂ©e[1].

Après le succès des nazis aux Ă©lections lĂ©gislatives de 1930, Hitler Ă©crit une lettre Ă  Fritsch louant son Ĺ“uvre principale comme « dĂ©terminante pour le mouvement antisĂ©mite Â». En contrepartie, Fritsch appelle Ă  voter pour Hitler Ă  l'Ă©lection prĂ©sidentielle de 1932. Fritsch meurt en , quelques mois après la Machtergreifung des nazis. Ă€ son enterrement assistent plusieurs nazis de haut rang qui le vĂ©nĂ©raient comme « maĂ®tre incontestĂ© Â» du mouvement völkisch[3]. Plusieurs villes honorèrent Fritsch en nommant des rues Ă  son nom. Ă€ Berlin-Zehlendorf un monument Ă  Fritsch fut inaugurĂ© en 1935[4].

Publications

  • (de) Antisemiten-Katechismus, Herrmann Beyer Verlag, 1887.
  • (de) Leuchtkugeln, Alldeutsch-antisemitische KernsprĂĽche, Herrmann Beyer Verlag.
  • (de) MiĂźstände in Handel und Gewerbe, Herrmann Beyer Verlag.
  • (de) Der Sieg der Sozialdemokratie als Frucht des Kartells, Herrmann Beyer Verlag.
  • (de) Verteidigungsschrift gegen die Anklage wegen groben Unfugs, verĂĽbt durch Verbreitung antisemitischer Flugblätter, Herrmann Beyer Verlag.
  • (de) Wem kommt das Kartell zu gute, Herrmann Beyer Verlag.
  • (de) Zur Abwehr und Aufklärung, Herrmann Beyer Verlag 1891.
  • (de) (sous le pseudonyme de Thomas Frey), Thatsachen zur Judenfrage, das ABC der Antisemiten (Ă©d. augmentĂ©e), Herrmann Beyer Verlag.
  • (de) (sous le pseudonyme de Thomas Frey), Zur Bekämfung 2000jähriger IrrtĂĽmer, Herrmann Beyer Verlag.
  • (de) Das Abc der sozialen Frage, Leipzig, Fritsch, "Kleine Aufklärungs-Schriften, no 1", 1892.
  • (de) Die Juden in Russland, Polen, Ungarn usw, Leipzig, Fritsch, "Kleine Aufklärungs-Schriften, no 7", 1892.
  • (de) Statistik des Judenthums, Leipzig, Fritsch, "Kleine Aufklärungs-Schriften, no 10-11", 1892.
  • (de) Halb-Antisemiten. Ein Wort zur Klärung, Leipzig, Beyer 1893.
  • (de) Zwei GrundĂĽbel: Boden-Wucher und Börse. Eine gemeinverständliche Darstellung des brennendsten Zeitfragen, Leipzig, Beyer, 1894.
  • (de) Die Stadt der Zukunft, Leipzig, Fritsch, 1896.
  • (de) Mein Beweis-Material gegen Jahwe, Leipzig, Hammer Verlag, 1911.
  • (de) (sous le pseudonyme de Roderich-Stoltheim), Die Juden im Handel und das Geheimnis ihres Erfolges, avec en annexe une postface tirĂ©e de l'ouvrage de Werner Sombart, Die Juden und das Wirtschaftsleben, Steglitz, Hobbing 1913.
  • (de) (sous le pseudonyme Ferdinand Roderich-Stoltheim), Anti-Rathenau, Leipzig, Hammer Verlag, "Hammer-Schriften, no 15", 1918.
  • (de) (sous le pseudonyme de F. Roderich-Stoltheim), Einstein's Truglehre. Allgemein-verständlich dargestellt und widerlegt, Leipzig, Hammer Verlag, "Hammer-Schriften, no 29", 1921.
  • (de) Die wahre Natur des Judentums, Leipzig, Hammer Verlag, 1926.
  • Handbuch der Judenfrage, Leipzig, Hammer Verlag, 1943

Notes et références

  1. Johannes Leicht, « Theodor Fritsch 1852-1933 Â», dans: Lemo – Lebendiges Museum online, Deutsches Historisches Museum, Berlin 2014.
  2. Nietzsche adressa également à Fritsch deux lettres pour le sommer de ne plus lui envoyer l'Antisemitischen Korrespondenz (journal dont Fritsch était le rédacteur), et dans celle datée du , il lui explique en détail les motifs de son rejet de l’antisémitisme : « Croyez-moi : cette invasion répugnante de dilettantes rébarbatifs qui prétendent avoir leur mot à dire sur la "valeur" des hommes et des races, cette soumission à des "autorités" que toutes les personnes sensées condamnent d'un froid mépris ("autorités" comme Eugen Dühring, Richard Wagner, Ebrard, Wahrmund, Paul de Lagarde - lequel d'entre eux est le moins autorisé et le plus injuste dans les questions de morale et d'histoire ?), ces continuelles et absurdes falsifications et distorsions de concepts aussi vagues que "germanique", "sémitique", "aryen", "chrétien", "allemand" - tout ceci pourrait finir par me mettre vraiment en colère et me faire perdre la bonhomie ironique, avec laquelle j'ai assisté jusqu'à présent aux velléités virtuoses et aux pharisaïsmes des Allemands d'aujourd'hui. - Et, pour conclure, que croyez-vous que je puisse éprouver quand des antisémites se permettent de prononcer le nom de Zarathoustra ? ». Peu après cette correspondance avec Nietzsche, Theodor Fritsch écrivit une recension féroce et extrêmement négative de Par-delà bien et mal. Il déclara y avoir trouvé une « exaltation des Juifs » et une « âpre condamnation de l’antisémitisme ». Dès lors Fritsch qualifie Nietzsche de « philosophe superficiel » ne disposant d' « aucune compréhension pour l’essence de la nation » et cultivant « des bavardages philosophiques de vieilles commères ». Il ajoute, s’agissant des considérations de Nietzsche à propos des Juifs : « Ce sont des idioties superficielles d’un pauvre savant de pacotille, corrompu par les Juifs. »
  3. Andreas Herzog, « Das schwärzeste Kapitel der Buchstadt vor 1933. Theodor Fritsch, der Altmeister der „Bewegung“, wirkte in Leipzig Â», dans: Leipziger Blätter, vol. 30 (1997), p. 56–59.
  4. Thomas Irmer, « Das 'erste antisemitische Denkmal Deutschlands' Â», dans: Der Tagesspiegel, .

Annexes

Bibliographie

  • Massimo Ferrari Zumbini, « Le maĂ®tre de Hitler ? Theodor Fritsch, La lettre de Hitler et les Lager », Revue d'histoire de la Shoah, Paris, MĂ©morial de la Shoah, no 208 « Les racines intellectuelles de Mein Kampf »,‎ , p. 173-205.
  • Gerhard Henschel: Neidgeschrei. Antisemitismus und Sexualität. Hoffmann und Campe (de)
  • Peter G. J. Pulzer (de): German antisemitism revisited. Archivio Guido Izzi, Roma 1999. (= Dialoghi/FacoltĂ  di Lingue e Letterature Straniere, UniversitĂ© de la Tuscia, Band 2) (ISBN 88-85760-75-9), Hamburg 2008 (ISBN 345509497X) (Fritsch passim).
  • Christian Wiese (de): Jahwe – ein Gott nur fĂĽr Juden? (ĂĽber den „Gotteslästerungsprozess“ 1910/11). In: Leonore Siegele-Wenschkewitz (de) (Hrsg.): Christlicher Antijudaismus und Antisemitismus. Theologische und kirchliche Programme Deutscher Christen. Haag und Herchen, Frankfurt am Main 1994 (ISBN 3-86137-187-1).

Article connexe

Procès de Berne

Liens externes

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