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Berliet GAK

Le Berliet série GAK est une gamme de camions de moyen tonnage du constructeur français Berliet dont le premier modèle a été lancé en 1958 et inaugure l'apparition de la cabine avancée fixe Relaxe étroite sur les véhicules de moyen tonnage et large sur les véhicules lourds. Lancé avec les versions 5 et 19, il sera décliné, par la suite, dans les versions GAK 4 - 5 - 17H - 19 et 20H.

Berliet série GAK
Berliet GAK
Berliet GAK 20H - Fourgon pompe-tonne

Marque Berliet
Années de production 1958 - 1968
Usine(s) d’assemblage Vénissieux
Classe Porteur & tracteur moyen tonnage
Moteur et transmission
Énergie Essence / Diesel
Moteur(s) Citroën MKY.23 - Berliet Magic M.410 / Perkins
Position du moteur Longitudinal avant
CylindrĂ©e 4 950 cm3
Puissance maximale Ă  2 500 tr/min : 100 ch SAE
Couple maximal Ă  1 300 tr/min : 320 N m
Transmission 4x2 Propulsion
Boîte de vitesses Manuelle à 4 rapports
Poids et performances
Poids Ă  vide 4 900 kg
PTAC 9 300 kg
Vitesse maximale ± 68 km/h
Châssis - Carrosserie
Carrosserie(s) Camion de distribution, benne, plateau, citerne, incendie
Châssis Cadre droit, 2 longerons en U en tôle d'acier emboutie avec traverses rivées
Suspensions MĂ©talliques Ă  lames semi-elliptiques et ressorts
Direction Vis et Ă©crou oscillant sur billes
Freins Pneumatiques freins Ă  tambour - 1 seul circuit
Dimensions
Longueur 5 510 mm
Largeur 2 210 mm
Hauteur 2 350 mm
Empattement 2 800 mm
Voies AV/AR 1 824 mm / 1 672 mm
Chronologie des modèles

La gamme Stradair, lancée en 1965, aurait dû remplacer la gamme GAK mais son échec cuisant repoussera la disparition des GAK qui ne sera effective qu'après l'arrivée de la série K en 1968.

Seule la version spéciale 20H - (photo) destinée à la lutte contre les incendies, restera en production jusqu'en 1971.

Historique

Contexte de l'Ă©poque

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la société Automobiles Marius Berliet ne dispose plus que de son département poids lourds, la division automobiles ayant été arrêtée en 1939.

Le , Marius Berliet est arrĂŞtĂ© sans mandat judiciaire, les FTP rĂ©quisitionnent les usines Berliet[1], le Commissaire de la RĂ©publique Ă  Lyon Yves Farge, s'appuyant sur la loi du [2], place l'entreprise sous sĂ©questre le et fait arrĂŞter les quatre fils — Jean, Henri, Maurice et Paul — le . Après deux annĂ©es d'emprisonnement, Marius, Paul et Jean sont jugĂ©s en — Maurice et Henri n'Ă©tant passibles que de la chambre civique. Le , le prĂ©venu Marius Berliet « dit coupable d'avoir sciemment accompli un ou plusieurs actes de nature Ă  nuire Ă  la dĂ©fense nationale Â» est condamnĂ© Ă  deux ans de prison, Ă  l'indignitĂ© nationale, Ă  la confiscation de ses biens et Ă  une interdiction de sĂ©jour dans l'agglomĂ©ration parisienne, les dĂ©partements du RhĂ´ne et limitrophes. En raison de son Ă©tat de santĂ©, sa peine est commuĂ©e en assignation Ă  rĂ©sidence surveillĂ©e, sous surveillance mĂ©dicale judiciaire Ă  Cannes[3]. MalgrĂ© l'exil, le vieillard, diminuĂ© par la maladie, reste pugnace. Entre 1946 et 1949, il rĂ©dige des centaines de lettres, tracts et brochures la VĂ©ritĂ© sur l'affaire Berliet, ExpĂ©rience soviĂ©tique chez Berliet qu'il envoie Ă  des personnalitĂ©s de l'administration, de la politique, du monde Ă©conomique. Il dĂ©cède le .

Par arrêt du , le Conseil d'État saisi par la famille Berliet, annule l'arrêté du qui avait nommé Marcel Mosnier administrateur provisoire. Ipso facto, la nomination d'Henri Ansay devient caduque. Le , celui-ci est maintenu dans ses fonctions par le gouvernement[4]. Il s'ensuit un bras de fer entre le Conseil d'État et le gouvernement qui se termine par l'arrêt du Conseil d'État du qui casse l'arrêté nommant Henri Ansay administrateur provisoire[5]. Automobiles M. Berliet est restitué à ses propriétaires. Entre et , le sort juridique de l'entreprise a fait l'objet d'une vingtaine de projets de nationalisation déposés au Parlement[6].

Histoire

Ă€ partir de 1950, l'entreprise Berliet connaĂ®t une forte expansion. Après le lancement dans l'urgence en 1950 des GLA/GLB avec une cabine de conception obsolète en structure bois, le bureau d'Ă©tudes se reprend et Ă©tudie des modèles qui doivent rĂ©pondre aux besoins de la reconstruction et du dĂ©veloppement des infrastructures en France. Sous la direction d'Émile Parfait, PDG de la sociĂ©tĂ©, Berliet Ă©largit sa gamme de produits et mise sur l'innovation. L'utilisation de composants communs Ă  plusieurs types de vĂ©hicules caractĂ©rise la gamme Berliet GLC, GLR et GLM. C'est le principe de la conception modulaire. PrĂ©sentĂ© au Salon de l'Automobile de Paris en 1951, le GLC 6 est lancĂ© avec un moteur 4-cylindres de 6,3 L de cylindrĂ©e. Il est utilisĂ© sur les courtes distances tandis que, pour les transports lourds sur longues distances, le GLM 10, 19 t de PTC autorisĂ© avec le MDZ 6-cylindres de 10 L de cylindrĂ©e de 150, puis 180 ch, est prĂ©sentĂ© en 1953.

Ces vĂ©hicules sont tous Ă©quipĂ©s de la fameuse cabine M Ă  capot, chère Ă  la marque, mais le confort, la finition comme la visibilitĂ© sont très sommaires. Les concurrents Ă©trangers, non encore autorisĂ©s Ă  commercialiser librement leurs modèles en France, offrent depuis des annĂ©es des cabines avancĂ©es spacieuses et confortables. Le constructeur lyonnais se doit de rĂ©agir rapidement surtout s'il veut conserver sa part de marchĂ© dans la classe des camions de moyen tonnage (5 - 10 t de PTC) destinĂ©s Ă  la distribution qui voit la prĂ©fĂ©rence des transporteurs pour les camions italiens OM distribuĂ©s par la filiale de Fiat V.I. en France, Unic.

À l'automne 1958, Berliet présente les nouveaux modèles GAK 5 et 19 dotés de la nouvelle cabine avancée Relaxe due au designer franco-américain Raymond Loewy[7]. Elle est exposée au Salon de l'Automobile de Paris 1958 en même temps que le moteur Magic à injection directe MAN.

A cette Ă©poque, les frontières de la France Ă©taient très fermĂ©es et les produits importĂ©s lourdement taxĂ©s. Les constructeurs français rĂ©gnaient en maĂ®tres absolus dans le marchĂ© national. Sur les routes de l'Hexagone commençaient seulement Ă  circuler quelques camions de marque Ă©trangère, des gros porteurs de chantier Magirus, Mercedes ou Fiat, mais dans la gamme 5-10 t, l'italien OM, distribuĂ© par la filiale de Fiat, Unic, Ă©tait le seul constructeur Ă  offrir une gamme complète.

Gamme GAK

En 1958, l'entreprise inaugure la gamme GAK, un camion de moyen tonnage inaugurant la nouvelle cabine avancĂ©e fixe Relaxe, avec deux premières versions GAK 5 et GAK 19 Ă©quipĂ©es du nouveau moteur diesel Magic, avec le « M Â» pour injection MAN, un 6-cylindres de 4,95 L dĂ©veloppant 100 ch SAE, une transmission manuelle Ă  cinq rapports, des freins Ă  tambours alimentĂ©s par un seul circuit d'air, un camion porteur deux essieux de 8,5 t de PTAC.

En 1960, la gamme s'Ă©tend vers le bas avec le GAK 4 de 7,5 t de PTAC, Ă©quipĂ© d'un moteur Perkins de 4,7 L dĂ©veloppant 83 ch DIN. En 1961, s'ajoutent les GAK 6 de 12,5 t de PTAC et du GAK 8 de 16 t mais Ă©quipĂ© du moteur MDU M, alias M.520, dĂ©jĂ  montĂ© sur les GLR.

La gamme incendie : Ă€ partir de 1960 pour rĂ©pondre aux besoins des sapeurs pompiers, Berliet ajoute les versions 17TP ( fourgon pompe tonne) et 17 CI (camion citerne d'incendie) puis par la suite des Fourgons Mixtes et Fourgons d'Incendie. Tous deux sont Ă©quipĂ©s du moteur essence Hotchkiss, 6-cylindres de 180 cv rĂ©gulĂ© Ă  150cv. Tous châssis confondus, le GAK 17 sera produit Ă  854 exemplaires. En 1963 la gamme s'Ă©largit avec le GAK 16 ( CI, TP et EG24), version moins onĂ©reuse reconnaissable entre autres Ă  ses phares encastrĂ©s en face avant et aux roues de plus petit diamètre ; motorisĂ© par un 4 cylindres Hotchkiss de 140 cv rĂ©gulĂ© Ă  125 cv. 76 exemplaires seront produits jusqu'en 1969. En 1965 apparaĂ®t le GAK 18 avec une tonne augmentĂ©e Ă  3500 litres pour le FPT. Le moteur Hotchkis Lago se voit dĂ©sormais rĂ©gulĂ© Ă  170 cv. 49 exemplaires seront produits entre 1965 et 1966. Le GAK 70 est prĂ©sentĂ© en 1966 Ă©quipĂ© du moteur 4 cylindres diesel M420.30A avec une production de 52 fourgons ou CCI et 16 Ă©chelles hydrauliques de 30mètres MAGIRUS/BERLIET. En 1965, les tensions entre BERLIET et son fournisseur de moteurs essence dĂ©bouchent sur la recherche d'un nouveau partenaire. C'est FORD dont le moteur V8 Ă©quipe le GBC34 d'aĂ©roport, qui fournira 2 moteurs ( type 390 pour les CCFM et 490 de 170 cv rĂ©gulĂ© Ă  145 cv pour les FF 6X6 et le GAK ) donnant naissance au GAK 619 ( 6 tonnes 19 cv fiscaux). 185 exemplaires ( TP, CI, FM et Ă©chelles) seront produits jusqu'en avril 1969. Pour disposer d'une puissance supĂ©rieure au GAK 619, en 1968, Berliet revient chez Hotchkiss qui propose un nouveau moteur :le 5102 de 215 cv rĂ©gulĂ© Ă  170 cv. Cela donnera le GAK 20H qui sera produit Ă  588 exemplaires ( 533 porteurs d'eau et 55 Ă©chelles). Le GAK 20H restera en production jusqu'en 1971 avant d'ĂŞtre remplacĂ© par le GAK 20H2 disposant d'une pompeBG60/3 en remplacement de la P23. DĂ©but 74, le GAK 20H2 sera sorti Ă  55 exemplaires sous la nouvelle marque CAMIVA. Son Ă©quipement incendie sera ensuite montĂ© sur le 770 KEH qui rĂ©sulte du montage du moteur Hotchkiss essence sur le châssis du 770 K jusqu'en novembre 1974 oĂą le 770KB6 est lancĂ© et devient le châssis incendie rĂ©fĂ©rence de la marque.

Le TAK version tracteur du GAK

Dévoilé au Salon 1961, le TAK est la version tracteur de semi-remorques de la gamme GAK. C'est le premier modèle tracteur de la gamme Berliet destiné aux longues distances, doté d'une cabine avancée. Jusque là, Berliet ne proposait que des modèles avec ses anciennes cabines à capot type M2.

Le remplaçant des GAK, le Stradair

Conscient que ses cabines à capot sont vraiment dépassées et que l'avenir ne peut s'envisager qu'avec des cabines avancées, que la gamme GAK est techniquement à bout de souffle face aux modèles des concurrents nationaux Saviem et Unic, au début des années 1960, Paul Berliet lance les études de conception pour un nouveau véhicule destiné à remplacer la gamme GAK/TAK, baptisé Stradair.

Trois annĂ©es seront nĂ©cessaires pour mener Ă  bien le projet car il s'agissait d'un vĂ©hicule entièrement nouveau qui n'Ă©tait en rien l'extrapolation d'un vĂ©hicule existant. En industriel habile, Paul Berliet s'est rapprochĂ© de Michelin/CitroĂ«n qui lui vend une surface pneumatique en doigt de gant, ce qui lui permet d'Ă©quiper le Stradair d'une suspension rĂ©volutionnaire : un combinĂ© comprenant six coussins d'air et quatre ressorts. Cette suspension Airlam est mal desservie par un ancien moteur de 120 ch qui autorise toutefois des performances inhabituelles dans cette catĂ©gorie. La cabine est spacieuse avec un plancher plat et un poste de conduite situĂ© 35 cm plus bas que sur les autres camions. MalgrĂ© un brillant dĂ©marrage, le Stradair sera un Ă©chec technique et commercial. Un manque de fiabilitĂ© chronique de plusieurs Ă©lĂ©ments mĂ©caniques accĂ©lĂ©rant la fatigue des matĂ©riaux et provoquant des casses. Des difficultĂ©s commerciales vont venir de l'Ă©volution prĂ©vue de la rĂ©glementation du transport en zone urbaine, avec une limitation Ă  m2 de la surface au sol autorisĂ©e, pĂ©nalisant le Stradair et son long porte-Ă -faux avant.

La fabrication des modèles qui auraient dû remplacer les GAK/TAK est arrêtée et l'ancienne gamme reste en production pour ne pas laisser le champ libre à la concurrence. Berliet réagit en lançant l'étude de la gamme K avec le moteur repoussé dans la cabine du Stradair dont il a été supprimé la partie saillante tout en devenant enfin basculante. La suspension Airlam va être abandonnée sur les camions et appliquée uniquement pour les autocars et autobus de la marque.

Gamme Dauphin / série K

La gamme dérivée du nouveau Dauphin/Série K est assez large :

  • 180, version badgĂ©e CitroĂ«n, limitĂ©e Ă  3,5 t de PTC, accessible avec un simple permis voiture, ne sera commercialisĂ©e que durant les trois premières annĂ©es ;
  • 350K et 450K, versions disponibles avec le choix entre les moteurs essence CitroĂ«n DS de 82 ch SAE ou diesel Perkins de 80 ch, disponibles en version camions plateau, bâchĂ© ou tĂ´lĂ© ou fourgon fermĂ© tĂ´lĂ© ;
  • 350K - 450K & 480K, versions Ă©quipĂ©es du moteur diesel Perkins de 80 ch SAE ;
  • 480K, disponible en version châssis pour autobus-autocar destinĂ©e aux carrossiers spĂ©cialisĂ©s, 21 places adultes ou 41 enfants pour transports scolaires ;
  • 530K, version apparue en 1976 Ă©quipĂ©e d'un moteur MAN dĂ©veloppant 96 ch SAE.

Notes et références

  1. Jean-François Grevet, Au cœur de la révolution automobile, l'industrie française du poids lourd, 1944-1974 (thèse), université Charles-de-Gaulle Lille III, 2005, p. 119.
  2. Renaud de Rochebrune et Jean-Claude Hazera, Les patrons sous l'occupation, Éditions Odile Jacob, p. 97.
  3. Monique Chapelle, Berliet, Éditions le Télégramme, 2005, p. 17.
  4. Ibid., p. 149.
  5. Ibid., p. 153.
  6. Louis Muron, Marius Berliet, 1866-1949, Éditions Lugd, , p. 201.
  7. Monique Chapelle, op. cit., p. 23.

Voir aussi

Bibliographie

  • France Routes, Hors-sĂ©rie N° 114,
  • Charge Utile, Berliet 1973-1974, hors-sĂ©rie n° 96

Article connexe

Liens externes

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